Afleveringen

  • Cap en Chine ce matin au Guangzhou FC, l’équipe de football la plus titrée de Chine et double championne d’Asie qui semble avoir reçu cette semaine le coup de grâce. Endetté jusqu’au cou, incapable de redresser la situation, le club a été exclu cette semaine, par la Fédération chinoise de football, du championnat professionnel pour 2025.

    L’épilogue d’une longue descente aux enfers

    Pour comprendre, il faut remonter à 2010, lorsque le club de Canton a été racheté pour 13 millions d’euros par le géant chinois de l’immobilier Evergrande qui a massivement investi ensuite sur le marché des transferts pour attirer les grands noms du football international. Pendant cette décennie dorée, l’équipe, anciennement connue sous le nom de « Guangzhou Evergrande » a été entraînée par des légendes vivantes, Marcello Lippi, Felipe Scolari, ou l’ancien ballon d’or Fabio Cannavaro. À noter aussi les passages remarqués au sein du club des stars brésiliennes comme Paulinho et Robinho, ou du buteur colombien Jackson Martinez, transféré pour la modique somme de 45 millions d’euros, un record à l’époque pour une équipe asiatique.

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    Une stratégie qui s’est avérée payante sur le court terme, puisque la formation chinoise a remporté entre 2011 et 2017, sept titres de champion consécutifs et deux Ligues des champions d’Asie en 2013 et 2015.

    Dans la spirale de la crise immobilière

    Son sort est étroitement lié aux déboires de son principal actionnaire, le géant immobilier Evergrande. Après cette frénésie de dépenses, le groupe se lance en 2020 dans un autre projet faramineux : la construction d’un nouveau stade pour un coût évalué à un milliard 800 millions d’euros. Mais deux ans plus tard, le projet est annulé. Guangzhou FC est relégué en 2ᵉ division. La Chine est frappée de plein fouet par l’effondrement du marché immobilier, Evergrande plonge dans la tourmente, endetté à plus de 288 milliards d’euros, le promoteur fait faillite et est placé début 2024 en liquidation, entraînant dans son sillage le club qui n’a jamais réussi depuis à rembourser ses dettes ni à répondre aux exigences financières imposées par la Fédération chinoise de football.

    Investir dans la jeunesse

    L’équipe ne jouera pas cette année dans le championnat professionnel, c'est officiel, en revanche, il est difficile de savoir si elle réussira un jour à remonter la pente. Une chose est sûre : la Fédération de football chinoise a sifflé la fin des dépenses extravagantes. Aujourd’hui, il n’y a quasiment plus de grands joueurs internationaux en Chine, les clubs devront faire attention à leurs finances et investir raisonnablement. Depuis 2020, ralentissement économique et pandémie de Covid-19 oblige, une trentaine de clubs ont dû fermer, frappés par des faillites ou des cas de corruption. La Fédération a appelé tous les clubs nationaux à se concentrer désormais sur le long terme et à construire un avenir solide en investissant dans la jeunesse.

  • En début de semaine, quelque 300 réfugiés afghans sont arrivés à Manille, aux Philippines, dans le cadre d’un accord avec les États-Unis. Depuis trois ans, les deux pays négocient l’accueil en « transit » aux Philippines, de plusieurs familles afghanes en danger dans leur pays. Ce programme d’accueil américain appelé « Allies Welcome » prévoit de donner l’opportunité à des Afghans qui ont travaillé, entre 2001 et 2024 au service des États-Unis, d’obtenir un visa pour s’y réfugier. Ce visa leur sera délivré au consulat américain à Manille. Éclairages.


    Avec notre correspondant aux Philippines, Nemo Lecoq-Jammes

    L'idée de cet accord, c’est de permettre au gouvernement américain de déléguer à une autre administration les traitements des dossiers des candidats à un visa pour les États-Unis. En fait, depuis que ce programme d’accueil « Allies Welcome » a été mis en place en 2021 par Joe Biden, l’administration américaine croule sous la longue liste d'Afghans dans l’attente d’un visa. Parce que comme vous vous en doutez, rentrer sur le territoire américain, c’est compliqué. Les ressortissants afghans doivent être soumis à un contrôle médical et à plusieurs contrôles de sécurité. L'idée, c’est que tout ce processus se fasse ici aux Philippines.

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    En attendant, quelque 300 Afghans sont nourris, logés à Manille. Ils ont accès à des soins médicaux et à un programme éducatif pour les enfants, qui sont nombreux, tout ça aux frais du gouvernement américain.

    Le président Ferdinand Marcos Junior a été clair : pas un seul peso ne sera dépensé par les Philippines, et surtout, les Afghans devront quitter le territoire maximum 59 jours après leur arrivée, peu importe le statut de leur demande de visa.

    Pourquoi les Philippines ?

    Ce choix peut en effet surprendre... D’un point de vue géographique, les Philippines ne sont pas vraiment sur la route de Kaboul vers les États-Unis. Mais d'un point de vue pratique, Manille est un endroit adapté pour abriter une mission diplomatique d’une telle ampleur.

    En raison d'une cinquantaine d'années de colonisation américaine, l'ambassade et les services consulaires sont très développés : la mission de Manille est l'un des plus grands postes du Département d'État américain. Mais il y a aussi un intérêt stratégique : Manille est un allié historique de Washington, et le président Marcos Junior a à cœur de rendre service aux États-Unis, en échange d’une collaboration, notamment militaire. Les Philippines bénéficient d’un soutien financier et sécuritaire de la part des USA. Un soutien qu’il faut entretenir face aux menaces croissantes de la Chine en mer Chine méridionale.

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    Dans son alliance avec les États-Unis, le président Marcos Junior s'est opposé à sa sœur, la sénatrice Maria Imelda Marcos, qui n’est pas vraiment favorable à l'accueil des ressortissants afghans… Depuis le début des négociations, elle exprime des craintes d’un point de vue sécuritaire et pose des questions quant aux intentions des Américains : pourquoi ont-ils voulu héberger des ressortissants afghans dans un autre pays en attendant de savoir s’ils étaient fiables ? Est-ce que les services de renseignement philippins sont en danger ? Et surtout, comment pourrait réagir le sud du pays, où des militants de l'État islamique opèrent toujours ? Toutes ces craintes ont été soumises à une enquête avant la signature de l’accord. Et pourtant, les 300 afghans arrivés aux philippines sont retenus dans un centre tenu secret, sans aucune autorisation de sortir, sauf une seule fois, pour assister à leur entretien consulaire à l'ambassade des États-Unis à Manille.

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  • Cap en Thaïlande, où la fortune colossale de l’actuelle Première ministre de 38 ans, Paetongtarn Shinawatra, fait parler ces derniers jours. Selon sa déclaration auprès de la Commission nationale anti-corruption, partagée par la presse locale la semaine passée, le total de ses avoirs s’élève à 13,84 milliards de bahts, la monnaie locale, soit l’équivalent de 390 millions d’euros.

    de notre correspondant à Bangkok

    L’extrême richesse de la Première ministre thaïlandaise n'est pas vraiment une surprise pour les Thaïlandais. Paetongtarn Shinawatra est bien connue pour afficher son train de vie luxueux sur les réseaux sociaux. Un Thaïlandais nous a dit sur un ton ironique : « On savait qu’elle était richissime, mais on ne connaissait pas les détails ».

    Or, depuis quelques jours, les détails de sa fortune sont connus, grâce à la déclaration de patrimoine qu’elle était tenue, selon la loi, de fournir à la Commission nationale anti-corruption.

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    Le document mentionne une douzaine de propriétés en Thaïlande, au Royaume-Uni et au Japon. Et on y trouve, entre autres, 75 montres et 217 sacs à main de luxe d’une valeur totale de plus de 6 millions d’euros. Ou encore une collection de 23 véhicules de grand standing, dont une Rolls-Royce.

    Dans ce pays qui est l’un des plus inégalitaires de la zone Asie Pacifique, les Thaïlandais préfèrent en rire et disent que c’est un énième commérage sur la saga des Shinawatra, la famille la plus puissante du royaume.

    Une héritière

    Car la Première ministre est aussi une héritière : c’est la fille du milliardaire Thaksin Shinawatra, figure aussi incontournable que controversée en Thaïlande. Et la fortune de Paetongtarn Shinawatra fait écho à celle de son père qui, avec 2 milliards d’euros, selonForbes, est la dixième personne la plus riche du royaume.

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    Magnat des télécom, Thaksin s’était servi de sa richesse pour construire sa carrière politique. Premier ministre de 2001 à 2006 avant d’être renversé par un putsch militaire puis de s’enfuir, pour échapper à des accusations de corruption, il a toujours exercé, même depuis l’étranger, une forte influence sur la vie politique thaïlandaise.

    De retour au pays en 2023 après 15 ans d’exil, l’homme de 75 ans qui fut un temps le propriétaire du club de Manchester City, est depuis omniprésent dans la sphère politique.

    Au point qu’ici, beaucoup l’accusent d’être en réalité aux manettes du pouvoir thaïlandais, dans l’ombre de sa fille cadette.

    Il n’y a pas qu’en Thaïlande où la politique est une affaire de famille…

    L’Asie du Sud-Est est marquée par les dynasties politiques. Au Cambodge, en 2023, le Premier ministre Hun Manet a pris le relais de son père, Hun Sen, qui s’accrochait au pouvoir depuis quatre décennies. Un an plus tôt, aux Philippines, Bongbong Marcos, fils du dictateur Ferdinand Marcos, était élu à la tête de l’archipel.

    Et en Indonésie, le gendre du dictateur Suharto a accédé, en octobre dernier, à la présidence, et son vice-président n’est autre que le fils du président sortant.

  • À Taïwan, un parti pro-unification avec la Chine est menacé de dissolution par le gouvernement. Fondé par un ancien chef de la mafia taïwanaise, ce parti est accusé d’être lié au crime organisé et de compromettre la sécurité nationale. Sa dissolution est une proposition inédite et radicale.

    Avec notre correspondant à Taipei, Jules Bois

    Officiellement, ce que le gouvernement reproche au parti, ce ne sont pas ses liens idéologiques avec la Chine, d’ailleurs le parti ne s’en cache pas, il en est même très fier, en témoigne son nom : « le Parti pour la promotion de l’unification avec la Chine ». Mais le gouvernement l’accuse de recevoir des financements chinois, ce qui est interdit par la loi. Dernier élément en date, en novembre dernier, un couple affilié au parti a été poursuivi par la justice pour avoir reçu plus de deux millions d’euros sur dix ans de la part du Parti communiste chinois. Leur mission : faire de la propagande pro-Chine et encourager Taiwan à rendre les armes en cas d’invasion. D’ailleurs, le ministère de l'Intérieur affirme avoir monté un dossier pour dissolution à la suite de ces révélations.

    Usage de la violence et liens avec la mafia

    Le fondateur du parti, parfois surnommé « Loup Blanc », est un ancien chef officiellement repenti de la triade taïwanaise Bambou Uni. Elle est connue pour ses nombreuses activités criminelles, dont le trafic de drogue et d’êtres humains. Alors, le parti prétend ne pas avoir de lien direct avec la triade, mais a déjà admis que plusieurs de ses membres actifs avaient, eux aussi, un passé dans l’organisation criminelle. Menaces de mort sur des dissidents politiques hong-kongais, altercations avec la police, agression de manifestants... Depuis sa création en 2005, les controverses et condamnations ont été nombreuses. Sur les plus de 30 000 adhérents que le parti se vante d’accueillir, le ministère de l'Intérieur affirme en avoir recensé plus d’une centaine directement liée à des activités criminelles.

    Depuis plusieurs années, les autorités taïwanaises au pouvoir et en faveur de l’autonomie de l’île vis-à-vis de Pékin s’inquiètent du pouvoir de déstabilisation du parti. Avec notamment la crainte de ce que ses membres pro-unification et proches de la mafia pourraient faire de l’intérieur, en cas de conflit ouvert avec la Chine.

    Inquiétudes de l’opposition

    Selon Liao Da-chi, une proche du KMT – le principal parti d’opposition plutôt favorable à un dialogue avec la Chine –, cette mesure est politique. Si le parti pro-unification représentait une réelle menace pour la sécurité du pays, le gouvernement devrait utiliser la voie judiciaire plutôt que de faire appel à la Constitution. Ce qu’elle craint le plus, c’est que si la cour valide la dissolution, il puisse y avoir des abus politiques à l’avenir. Mais les experts en droit constitutionnel Liu Ting-chi et Zhang Tong-rui de l’université nationale de Chengchi restent, eux, confiants dans la capacité de la cour à jouer son rôle de garde-fou.

    En fait, ce qui est vraiment inédit avec cette demande de dissolution, c’est que le gouvernement brise le consensus qui était jusqu’ici de ne pas dissoudre de partis politiques via le ministère de l’Intérieur. Ce qu’il faut retenir, c’est que face à la menace chinoise bien réelle pour la stabilité démocratique de Taïwan, le gouvernement a décidé d’employer une mesure radicale. À voir si la Cour constitutionnelle valide ou non cette demande. D’ailleurs, pour le moment, plusieurs sièges sont vacants et des réformes sont en cours, donc, on ne sait pas quand ce dossier sera traité. Mais, surtout, à voir quelles seront les conséquences politiques de cette nouvelle approche du gouvernement pour se défendre face à la menace chinoise.

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  • Surnommé le « champignon-chenille » le Yartsa Gunbu est le champignon le plus cher du monde. Réputé dans la médecine traditionnelle chinoise pour soigner presque tous les maux, sa culture sur les pentes tibétaines est aujourd'hui menacée par le réchauffement climatique.

    Pour espérer une bonne récolte à la fin du printemps, c'est en hiver que tout se joue. Le Yartsa Gunbu, longtemps abondant à basse altitude, ne pousse plus que dans les pâturages au-dessus de 3 200 mètres. Car il aime les températures froides, une neige abondante et surtout précoce : il faut qu’il neige en octobre, novembre et décembre. Or, sur les sommets de l'Himalaya, la neige tombe de plus en plus tard et dans des quantités bien moindre qu'avant. L'hiver dernier, il a fallu attendre janvier pour voir les premiers flocons. Dans certaines régions, il n'a même pas neigé du tout, ce qui a de très graves conséquences pour les réserves d'eaux dans les vallées et les pays limitrophes. Sans neige, pas de fonte des glaces, des fleuves à sec en été, et pas de Yartsa Gunbu. Depuis une dizaine d’année, les cueilleurs en trouvent de moins en moins.

    Pourquoi est-il si prisé ?

    Peu étudié en Occident, ce champignon pas plus gros qu’une épingle, qui se consomme en infusion ou en soupe, est réputé dans la médecine traditionnelle chinoise. Ces dernières années, des chercheurs en Chine, mais aussi en Inde et au Népal, ont confirmé qu'il a un intérêt thérapeutique pour les maladies rénales, hépatiques et cardiovasculaires. Erigé en super-remède, le Yartsa Gunbu stimule le système immunitaire, avec ses vertus anti-inflammatoires, antivirales et antioxydantes. Il aurait même - mais ça reste à prouver - des effets aphrodisiaques, d'où son autre surnom de « Viagra de l'Himalaya ».

    Ce champignon qui devient de plus en plus rare se vend donc, après moult intermédiaires, de plus en plus cher. Littéralement, à prix d'or : comptez entre 20 000 et 100 000 euros le kilos de Yartsa Gunbu, selon sa qualité et sa fraîcheur. Légalisé en 2001 au Népal, le commerce de ce produit de niche a transformé la vie des communautés agro-pastorales himalayennes, historiquement pauvres et marginalisées. Les ventes de Yarsta Gunbu, représentent désormais entre 50 et 70% de leurs revenus aujourd'hui. Ces familles vivent mieux, elles ont enfin les moyens d'envoyer leurs enfants à l'école à Katmandou, augmenter leurs troupeaux de yaks... Le déclin des récoltes de ce champignon les inquiète donc au premier chef.

    Le réchauffement climatique met à mal des récoltes

    Si le réchauffement climatique met à mal les récoltes, le très attractif Yartsa Gunbu, souffre aussi de surexploitation. Le principal marché est la Chine et la demande explose d'autant plus que ce champignon est devenu un marqueur de statut social. Chaque printemps, c'est la ruée vers le Yarta Gunbu sur les pentes himalayennes, avec des pratiques de récolte agressives qui empêchent le champignon de se reproduire, de créer des spores. D'où son classement depuis 2020 dans la liste des espèces vulnérables.

    Son système de reproduction, très particulier, a longtemps rendu très difficile sa culture en laboratoire. Le champignon prend en fait le contrôle du système nerveux des chenilles quand elles sont en hibernation en hiver, sous terre, et les force à remonter vers la surface, où la tige du champignon fini par les tuer en transperçant la carapace à quelques centimètres du sol, au printemps. Depuis 2014, une entreprise chinoise, a réussi à produire des Yartsa Gunbu en culture industrielle. Elle fournirait 20% du marché désormais, mais ça ne fait pas baisser la pression sur le champignon sauvage pour autant.

  • En Corée du Sud le feuilleton politique se poursuit, et l'arrestation du président déchu Yoon Suk-yeol pourrait être imminente. Un mandat d'arrêt à son encontre a été émis cette semaine, s'inscrit dans le cadre d'une enquête pour rébellion, suite à sa tentative avortée de proclamer la loi martiale. Selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, il pourrait être mis en œuvre dès ce jeudi.

    Partisans et opposants de Yoon Suk-yeol qui s’invectivent devant la résidence de l’instigateur de la loi martiale, séparés par un cordon de police. Sur les réseaux sociaux les images attestent de la tension croissante à l’heure où pour la première fois de l’histoire du pays, un président certes suspendu, mais toujours en exercice pourrait être arrêté. Une première qui pourrait avoir lieu dès ce jeudi selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap.

    Le mandat a été émis il y a deux jours, par un tribunal de Séoul mais l’arrestation n’a toujours pas eu lieu. Les enquêteurs du Bureau d'enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO), qui centralise les investigations sur le coup de force du 3 décembre, manœuvrent avec précaution. Tout d’abord car Yoon Suk-yeol bénéficie toujours de la protection de la garde présidentielle, jusqu’à la décision définitive de la Cour constitutionnelle qui est attendue d’ici juin. Trois fois, son service de sécurité a empêché les tentatives de perquisition du domicile ou des bureaux du président déchu. Une opposition qu’ils justifient par une loi interdisant les perquisitions dans les lieux contenant des secrets d'État sans l'accord de la personne responsable. On ignore combien de gardes se trouvent avec M. Yoon, et comment ils réagiront en cas d'arrestation. La ligne officielle du service de sécurité présidentiel est d'obéir aux décisions de justice.

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    Défiance

    Et le camp ultraconservateur joue également avec l’atmosphère de tension qui règne autour de la résidence de Yoon Suk-yeol. Présents jours et nuit, ses partisans issus de la mouvance ultra conservatrice sont de plus en plus nombreux à camper devant la résidence, faisant craindre à une escalade de violence si les autorités tentent d’arrêter leur « champion ». Il est déjà arrivé, en 2000 et 2004, que les autorités sud-coréennes échouent à arrêter des élus recherchés par la justice parce qu'une foule de partisans avait empêché la police de s'emparer des suspects pendant les sept jours durant lesquels les mandats d'arrêt étaient valides.

    Le président déchu ne semble pas prêt à se soumettre à la justice, bien qu’il soit désormais interdit de quitter le pays. Depuis son domicile, il continue de mobiliser sa base ultra-conservatrice. Dans une lettre envoyée cette nuit à ses soutiens, il a assuré qu’il suivait leur combat en direct sur Youtube et promis de se « battre jusqu’au bout ». Nourrissant une rhétorique complotiste, Yoon Suk-yeol a évoqué un « danger » imminent pour la Corée, citant à la fois des forces internes et externes menaçant la souveraineté du pays, sans oublier de dénoncer ce qu'il appelle des éléments « anti-étatiques ». Un discours qui tend à faire un pont entre ses deux grands ennemis : la Corée du Nord et l’opposition menée par le Parti démocrate.

    De leur côté, les avocats de l'ex-président réfutent la légalité du mandat d'arrêt, arguant que l’enquête sur la corruption des hauts responsables ne relève pas de la compétence des autorités en charge de l’affaire. Ils n’hésitent pas à dénoncer une manipulation politique derrière cette procédure judiciaire.

    Et si l’arrestation a lieu ?

    Le mandat d’arrêt, qui expire ce lundi, permettrait la détention de Yoon Suk-yeol pour une période de 48 heures. En cas d'arrestation, l’ex-président serait transféré au siège du bureau d'enquête, situé à Gwacheon au sud de Séoul, où des mesures de sécurité sont actuellement renforcées. Là, il serait enfin confronté aux questions de la justice, après avoir jusqu’ici refusé de s’y soumettre. Sa détention à proprement parler aurait lieu dans un centre à proximité En fonction des réponses qu’il donnera, les enquêteurs pourraient alors demander un nouveau mandat d'arrêt ou décider de le relâcher. Une arrestation entraînerait un précédent historique dans la politique sud-coréenne : jamais un président en exercice n’a été placé en détention.

    Les prochaines heures s’annoncent cruciales pour l’avenir politique de la Corée du Sud et la stabilité de ses institutions. Un premier président par intérim a déjà été destitué alors que l’opposition majoritaire au Parlement estimait qu’il ralentissait l’avancée du processus de destitution de Yoon Suk-yeol. Désormais les regards se tournent vers le ministre des Finances Choi Sang-mok, qui a promis de faire tout son possible pour mettre fin au chaos politique.

  • Cap en Thaïlande, où les fêtes de fin d’année riment aussi, hélas, avec l’augmentation des accidents de la route. La preuve en est : au cours des trois premiers jours d’une campagne de sécurité routière lancée le 27 décembre et qui prendra fin le 5 janvier, c’est-à-dire durant la période festive des vacances du Nouvel An, le pays d’Asie du Sud-Est a déjà recensé 143 morts et 841 blessés dans 872 accidents de la route.

    Avec notre correspondant à Bangkok, Valentin Cebron

    Ces derniers jours, les principales causes de ces accidents de la route sont les excès de vitesse, les changements brusques de voie, et la conduite en état d’ivresse. Du 27 au 29 décembre, les autorités ont recensé plus de 1600 cas de conduite dangereuse à cause de l’alcool au volant.

    Les deux roues, omniprésents dans le royaume, sont impliqués dans près de 85 % de ces récents accidents de la route. La presse locale rapporte par exemple qu’à la veille du réveillon de Noël, un motard en état d’ébriété a renversé 10 personnes devant une école, tuant un agent de la circulation sur le coup et un petit garçon de 5 ans qui, avant-hier, a succombé à ses blessures.

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    Et même si la Thaïlande observe une baisse du nombre d’accidents par rapport à l’an passé, à la même période, les décès, quant à eux, ont augmenté.

    Les routes thaïlandaises parmi les plus meurtrières du monde

    Les accidents de la route font près de 20 000 morts et un million de blessés par an. D’après l’Organisation mondiale de la santé, la Thaïlande a les routes les plus meurtrières d'Asie, juste derrière le Népal. Et le royaume se classe au 16e rang mondial pour la mortalité routière.

    Celles et ceux qui voyagent régulièrement sur les routes thaïlandaises connaissent le comportement dangereux de nombreux conducteurs. En ville comme à la campagne, les motocyclistes ne portent généralement pas de casques et, quand ils en ont un, celui-ci est rarement aux normes.

    Les véhicules utilitaires sont souvent surchargés, mal conçus, mal éclairés. Et les infractions aux règles de sécurité ne sont pas assez sanctionnées : il n’est pas rare que des agents de la circulation de rang inférieur reçoivent des pots-de-vin pour fermer les yeux sur les excès de vitesse ou le non-port du casque. De même que les contrôles techniques des véhicules sont affaiblis par la corruption.

    La sécurité routière n'est pas une priorité

    Malgré les statistiques effroyables, la sécurité routière n’est pas considérée comme une question de premier plan. Cette problématique ne retient guère l’attention de la population thaïlandaise, à part quand un drame de grande ampleur se produit : ce fut le cas en octobre dernier, quand vingt écoliers et trois instituteurs sont morts lorsque leur bus, qui n’était pas aux normes, s’est enflammé.

    Ce drame a remis à l'ordre du jour la nécessité d’une réglementation stricte et d’une meilleure application du code de la route.

    La Thaïlande a par ailleurs mis en place en 2022 un plan quinquennal sur la sécurité routière visant à réduire le taux de mortalité à 12 pour 100 000 d'ici à 2027, soit moins de 8500 décès par an. Il y a une semaine, la capitale Bangkok a fixé une nouvelle limitation de vitesse maximale de 60 km/h pour la plupart des routes de la mégalopole. Reste à savoir si cette nouvelle règle sera appliquée par les automobilistes.

  • Aujourd’hui aux Philippines, le dernier Pogo du pays ferme ses portes. Les Pogo sont des casinos en lignes très populaires aux Philippines, à destination de joueurs étrangers, en particulier des Chinois. Mais depuis la pandémie de Covid, ils cachent surtout des opérations de cyberescroquerie sous le contrôle des mafias chinoises, alors, en juillet dernier, le président philippin Ferdinand Marcos a annoncé leur interdiction.

    Avec notre correspondant à Manille, Nemo Lecoq-Jammes

    Les Pogo (pour Philippine Offshore Gaming Operator existent depuis une vingtaine d’année aux Philippines, mais c’est vraiment en 2016, que Rodrigo Duterte, l’ancien président décide de les relancer. Son but : assouplir les politiques de jeux sur Internet tout en créant de nouveaux emplois et une nouvelle économie avec les jeux offshore.

    Le principe, c’est qu’ils sont destinés uniquement aux clients situés à l’extérieur du pays. Ce qui vient très vite intéresser une forte population chinoise, parce que la plupart des jeux de hasard sont interdits en Chine.

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    On assiste alors à une arrivée massive de ressortissants chinois, dont beaucoup sans papiers, qui viennent pour travailler comme croupiers dans des Pogo à Manille et dans d’autres villes du pays.

    En parallèle de cette diaspora chinoise qui se développe dans les Pogo viennent se greffer des activités illicites. Les Pogo deviennent une couverture. Et on parle d'espionnage, de blanchiment d'argent, mais aussi de prostitution, de torture, et même de meurtre.

    L’affaire Alice Guo…

    Tout commence en mars dernier, quand les autorités reçoivent une alerte : un jeune Vietnamien, roué de coups, vient de s’échapper d’un Pogo à Bamban, ville au nord de Manille. La police antigang y effectue une descente et elle découvre plusieurs centaines d’employés illégaux, dont une majorité de Chinois, mais aussi des Vietnamiens, des Malaisiens et des Rwandais, qui sont en fait les petites mains d’un vaste réseau illicite.

    La spécialité de ce Pogo, derrière sa couverture d’entreprise légitime, c’est de mener des activités de surveillance et de piratages de sites web du gouvernement philippins. C’est de l’espionnage.

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    Alice Guo, la maire de la ville de Bamban, est mise en cause : élue maire de la ville en 2022,elle est soupçonnée d'être une citoyenne chinoise qui opère, depuis le début de son mandat, sous une fausse identité. Démise de ses fonctions et sous el coup d'une enquête, la jeune femme a depuis fui les Philippines. Elle a été arrêtée en Indonésie en septembre dernier.

    Cette affaire a tenu en haleine tout le pays, sur fond de conflit sino-philippin en mer de Chine du Sud. Le gouvernement philippin décide alors de trancher et de mettre fin aux activités des Pogo.

    Des conséquences économiques importantes...

    En 2019, l’économie des Pogo représentait près d’1 % du PIB du pays ! Et donnait du travail à des milliers de Philippins et de Chinois. Aujourd'hui, le bureau de l’immigration prévoit 20 000 expulsions d’étrangers qui travaillaient dans les Pogo. Mais pour ceux qui restent, les Philippins, l’avenir est difficile à envisager.

    Un exemple concret : l’ancienne ville agricole de Santa Anna au nord de l’archipel s’est développée depuis une dizaine d’années grâce à l’industrie des Pogo dont elle est devenue complètement dépendante. Aujourd’hui, près de 2 000 habitants de cette ville sont sans emploi.

  • La Chine craint que l'augmentation des droits de douane dégénère en un conflit commercial plus large, ce qui aurait des répercussions négatives sur le commerce mondial et la stabilité économique. Le gouvernement chinois a critiqué les augmentations tarifaires unilatérales, affirmant qu'elles ne résoudraient pas les problèmes sous-jacents et pourraient nuire aux deux économies. Si cela ne changera pas la donne pour le porte-monnaie des Chinois, les commerçants, eux, pourraient voir leurs exportations prendre un nouveau cap.

    de notre correspondante,

    Nous sommes dans le centre d’export de petits produits de base de Yiwu, dans la province du Zhejiang. On trouve tout ce que l'on veut dans ces milliers de petites boutiques.

    Li, par exemple, vend des souvenirs bon marché. Pour elle, la menace de droits de douane plus élevés ne changera pas vraiment la donne : « Ce n'est pas vraiment un problème. Nous n'avons pas beaucoup de clients américains. Il est plus facile pour nous de commercer avec le Moyen-Orient et des pays comme la Russie, qui sont plus amicaux à notre égard. Il y a 10 ou 20 ans, c'était peut-être plus important. Aujourd'hui, beaucoup moins ».

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    Mais pour d’autres commerçants, c’est surtout la crainte d’un changement économique global qui inquiète.

    Yue, vend des objets colorés de décoration : « Je serai certainement inquiète. Cela dépend de l'évolution des taux de change mondiaux. Certains clients pourraient trouver les prix trop élevés. Nos produits sont non essentiels puisqu'il s'agit de souvenirs de voyage. Les gens ne l'achètent que lorsqu'ils ont de l'argent en poche... J'espère donc un développement stable et pacifique sans trop de problèmes. Nous avons des clients américains, mais les affaires n'ont pas bien marché ces dernières années ».

    Mais elle a déjà le regard ailleurs, notamment tourné vers les possibilités qu’offre le marché du Proche-Orient : « Il est plus favorable aujourd'hui. Comment l'expliquer ? L'environnement de ce marché s'est beaucoup amélioré par rapport à avant. Ces dernières années, le volume des commandes et les prix ont augmenté de manière significative. Mes clients américains sont de moins en moins nombreux, et leurs prix sont de plus en plus bas ».

    Le professeur Ma est un économiste de l’Université de Pékin. Selon lui, cela aura un impact limité : « Le coût global des importations s'en trouverait augmenté et le principal problème pour les États-Unis serait l'inflation. La Chine a largement contribué à réduire l'inflation américaine en raison de ses tendances déflationnistes. L'interaction entre la déflation chinoise et l'inflation américaine contribue à faire baisser l'inflation mondiale. Sans cela, l'inflation américaine aurait pu être beaucoup plus élevée. L’impact de ces contre-mesures pourrait ne pas être aussi important ou prononcé que par le passé. La voie la plus viable pourrait consister à se concentrer sur la circulation intérieure. Il faudrait pour cela revitaliser la consommation et l'investissement internes afin de stimuler la croissance sur le marché intérieur ».

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    Des droits de douane plus élevés obligeraient les vendeurs à augmenter leurs prix ou à accepter des marges bénéficiaires beaucoup plus faibles. Si les clients américains n'acceptent pas les nouveaux prix, ces commerçants n’auront pas d’autre choix que de se tourner vers d'autres pays.

  • Un évènement diplomatique majeur s’est déroulé cette semaine à Pékin. Les ministres des Affaires étrangères chinois Wang Yi et japonais Takeshi Iwaya se sont rencontrés mercredi 25 décembre. Les représentants de la deuxième et de la troisième économie mondiale, deux partenaires commerciaux clés, ont décidé d’aplanir leurs divergences et de renforcer le dialogue au nom de la stabilité régionale. Cela après des années de tensions et rivalités. Plusieurs mesures ont été annoncées, laissant entrevoir une possible détente dans les relations sino-japonaises.

    Parmi les annonces concrètes, le Japon a annoncé assouplir ses règles de visas pour les ressortissants chinois. À partir du printemps prochain, les visas à entrées multiples destinés aux touristes chinois à haut revenu seront prolongés et valables désormais 10 ans. Autre nouveauté, les détenteurs de visas de groupe pourront rester au Japon jusqu’à 30 jours au lieu de 15 actuellement. Cette mesure intervient après la décision en novembre de Pékin d’autoriser les Japonais à entrer en Chine sans visa pour une période de 30 jours, exemption valable jusqu’à la fin 2025.

    Tokyo espère ainsi stimuler sa croissance et sa consommation intérieure, et battre son dernier record de 33 millions de visiteurs, en majorité des Chinois.

    Tokyo accepte que Pékin participe à la surveillance des eaux de Fukushima

    Le deuxième signe positif concerne le commerce, crucial pour le Japon puisque la Chine est sa plus grande partenaire commerciale.

    À ce titre, Takeshi Iwaya a annoncé des avancées concernant la reprise des importations chinoises de produits de la mer en provenance du Japon. Il y a un an et demi, la Chine avait imposé une interdiction totale des importations des fruits de mer Japonais, après le rejet dans le Pacifique des eaux usées traitées par la centrale nucléaire de Fukushima.

    Pékin avait alors posé des conditions à Tokyo : l’autoriser à effectuer ses propres échantillonnages et contrôles et à prendre part au mécanisme de surveillance international. Cette condition a été acceptée. La levée de l’interdiction devrait intervenir dans la première moitié de cette année. Le dialogue économique devrait se poursuivre l’an prochain, avec notamment la relance des négociations sur la reprise des importations de bœuf et de riz japonais.

    Activités militaires chinoises inquiétantes, volonté d’avancer

    Ces avancées montrent que les deux voisins cherchent à stabiliser leurs relations compliquées, après une année marquée par des activités militaires chinoises qui inquiètent Tokyo.

    Wang Yi et Takeshi Iwaya, dont c’était le premier voyage en Chine depuis sa prise de fonction en octobre, ont évoqué des discussions « très franches » et de « grande envergure », afin « d’avancer ensemble » pour la « paix et la prospérité » régionale et mondiale. Derrière ces termes très diplomatiques, Iwaya n’a évidemment pas fait l’impasse sur la situation en mer de Chine orientale, et notamment autour des îles Senkaku/Diaoyu, des îlots inhabités administrés par le Japon et revendiqués par Pékin.

    En août, l’armée de l’air chinoise a pour la première fois effectué une incursion dans l’espace aérien japonais, puis la Chine a lancé en septembre un missile balistique intercontinental dans l’océan Pacifique. Sans compter ses exercices maritimes record au large de Taïwan, qui ont alarmé le Japon. Les deux pays rivaux ne cessent d’ailleurs ces dernières années d’augmenter leurs dépenses militaires.

    Cette rencontre sino-japonaise démontre malgré tout une volonté de rapprochement et de coopération, dans un environnement sécuritaire dégradé. Les deux parties se préparent déjà une visite du chef de la diplomatie chinoise Wang Yi au Japon, qui devrait être suivie dès que possible l’an prochain par celle du Premier ministre chinois Li Qiang.

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  • La Corée du Sud vient de devenir une « société très âgée » : 20 % de ses habitants est âgé de 65 ans et plus. La population vieillit et diminue. Pour la maintenir, il faudrait un taux de 2,1 enfants par femme. Mais la quatrième économie d'Asie comptait 0,7 naissance par femme à la fin 2023. Soit un des taux de natalité les plus faibles au monde.

    De notre correspondante à Séoul,

    Il y a plusieurs facteurs qui expliquent ce taux de natalité très faible. La Corée du Sud reste une société profondément patriarcale. Les normes de genre jouent un rôle essentiel. Par exemple, quatre Sud-Coréennes sur dix quittent leur travail après avoir donné naissance, et restent à la maison pour prendre soin de l’enfant.

    Revenir sur le marché du travail après un congé maternité est un véritable parcours de combattante. Dès les débuts de leurs parcours professionnels, les Sud-Coréennes font face à de la discrimination à l’embauche, à propos de leur désir ou leur non-désir d’être mère.

    La moitié des Sud-Coréens de moins de 50 ans ne comptent pas avoir d’enfants

    Par ailleurs, la parentalité en Corée du Sud est encore largement associée au mariage. Les naissances hors union ne représentent que 5 % des naissances en 2023. Ce taux en France atteint plus de 60 %. Même si la société est en train d’évoluer sur le sujet, avoir un enfant hors union reste très mal vu. Or, les cérémonies coûtent très cher. Les Français estiment le budget moyen d’un mariage à 7 500 euros environ. En Corée du Sud, les frais s’élèvent à plus de 36 000 euros en moyenne, sans compter l’achat d’un logement pour les mariés, un investissement pourtant presque systématique.

    D’autres facteurs rendent les Sud-Coréens réticents à avoir des enfants, comme le coût de la vie, entre autres. Les prix de l’immobilier atteignent des sommets. Cela rend l’accès à un logement difficile pour les jeunes couples. L’éducation en Corée du Sud est également extrêmement coûteuse. Près de 80 % des élèves suivent des cours privés, en plus de l’école, dès la maternelle pour certains. Ces frais peuvent représenter, pour les ménages les plus modestes, autant que le budget mensuel consacré à l’alimentation.

    Face à cette pression financière, un sondage de 2023 révèle que la moitié des Sud-Coréens de moins de 50 ans ne comptent pas avoir d’enfants, principalement à cause de ces coûts élevés.

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    Un ministère de la Planification

    Le gouvernement a annoncé faire de la natalité une priorité nationale. Pour faire face au vieillissement de sa population, le gouvernement a créé un ministère dédié : le ministère de la Planification. L'équivalent de milliards d'euros sont investis pour encourager les naissances. Par exemple, il existe des aides pour la congélation des ovocytes, mais elles ne permettent pas d’obtenir de résultat satisfaisant. Les entreprises sont aussi incitées à favoriser l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

    Les villes se sont également saisies de la question. La mairie de Séoul par exemple, met une vingtaine de lieux gratuitement à disposition de jeunes fiancés pour leur mariage. De son côté, l’OCDE préconise surtout de réduire les inégalités de genre, et de modifier le système de congés parentaux pour soutenir les parents qui travaillent.

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  • Au Vietnam, pays placé à la 174ème place sur 180 au classement de Reporters sans frontière, un nouveau décret de régulation d'internet entre en vigueur mercredi 25 décembre. L'objectif est de forcer les géants d'internet à divulguer des informations sur leurs utilisateurs.

    Un nouveau texte vient s’ajouter à la loi sur la cybersécurité adoptée en 2018, et déjà très critiqué par les partisans de la liberté en ligne, les États-Unis ou l’Union européenne. Le Décret 147 légifère sur les plateformes numériques vietnamiennes telles que Zalo ou ZingMe, et les réseaux sociaux étrangers - Facebook, YouTube ou TikTok - qui devront désormais vérifier les identités des utilisateurs qui naviguent sur leur site.

    Il leur sera demandé leur nom complet, leur date de naissance, ainsi que leur numéro d'identification ou de téléphone portable. Seuls les comptes vérifiés seront autorisés à poster, commenter ou diffuser en direct. Toutes les données sur les utilisateurs devront être stockées et pourront désormais être transmises aux autorités, à leur demande. Enfin, l'État vietnamien pourra réclamer de retirer, dans les 24 heures, les publications, comptes, chaînes ou groupes d'échange jugés illégaux.

    L'objectif affiché, c'est de lutter contre les contenus « néfastes » ou « toxiques », avant qu'ils ne deviennent viraux. Le ministère de l'Information et de la Communication indique que l'authentification des comptes va faciliter les enquêtes puisqu'il sera possible d'identifier des malfaiteurs qui se cachent derrière des pseudos, par exemple. Il sera ainsi plus aisé de poursuivre les coupables d'infractions, de fraude ou de fausses informations, quelques-unes des activités illégales citées par l'état vietnamien qui dit vouloir « réguler les comportements pour maintenir l'ordre social, la sécurité nationale et la souveraineté nationale dans l'espace numérique ».

    Si les intentions sont louables, la mise en application de ce décret fait craindre qu’il ne devienne « un nouvel outil de répression de la dissidence », comme l’explique Patricia Gossman, directrice adjointe de la division Asie de Human Rights Watch.

    Menaces pour la liberté d’expression

    Car au Vietnam, toute critique du gouvernement peut être considérée comme une activité illégale. Les arrestations de journalistes se sont multipliées, plusieurs militants de l'environnement ont été emprisonnés pour avoir dénoncé des projets écocides. Les blogueurs sont également inquiets, depuis qu’en octobre dernier, Duong Van Thai a été condamné à 12 ans de prison pour la publication de vidéos où il dénonçait la corruption au sein du parti communiste, le parti unique au Vietnam. Ses vidéos, regardées par près de 120 000 abonnés sur YouTube, ont été considérées comme « hostiles à l'État ».

    Au nom de la transparence, le décret 147 de régulation d'internet fait courir un risque à tout Vietnamien qui s'exprime sur les réseaux sociaux, puisque les publications ne pourront plus être anonymes. Les organisations de la société civile estiment que les gens auront désormais davantage recours à l’autocensure.

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    Ventes en ligne et jeux vidéo

    Le Vietnam est un pays hyper connecté. Sur les 100 millions d'habitants, 65 millions ont un compte Facebook, 60 millions sont sur YouTube et 20 millions sur TikTok. Des sites qui sont aussi devenus des plateformes importantes du commerce en ligne, avec des ventes qui génèrent l’équivalent d'un cinquième de l'économie du pays. Les nouvelles règles d'identification font craindre une baisse de revenus pour des millions d'internautes.

    Les plateformes concernées n'ont pour l'instant pas réagi à ce décret 147, dont un autre aspect est la lutte contre l'addiction aux jeux vidéo : une limite d'une heure par session et de trois heures par jour sera désormais imposée.

  • Aux Philippines, Noël est le moment le plus important de l’année. Avec une population de 90 % de chrétiens dans le pays, les Philippins détiennent le record de la plus longue célébration de Noël du monde : ils commencent à décorer leurs maisons et à chanter dans les rues dès le mois de septembre. Cette longue période est aussi l’occasion de faire preuve de charité. Maria Cristina Benal, qui a monté l’association Share a hope avec sa famille, distribue tous les jours des repas chauds et des cadeaux aux enfants des rues de Manille.

    De notre envoyée spéciale à Manille, Nemo Lecoq-Jammes

    Dans le jardin de Maria Cristina Bernal s’entassent des paquets de couches, des boîtes de médicaments et des cartons remplis de cadeaux. Ils sont emballés par ses enfants et ses petits-enfants pour la distribution du jour. La petite équipe est rapide, c’est devenu une habitude : tous les jours depuis le 15 novembre, et jusqu'au 24 décembre, ils partent dans les rues de Pasig, au sud-est de Manille, pour les distribuer aux enfants des rues.

    Selon l’Unicef et les ONG locales, ils seraient au moins 250 000 enfants à dormir dehors. Et la plupart d’entre eux ont moins de 15 ans.

    Mère célibataire de six enfants, Mari Cristina Benal subventionne de sa poche les actions de l’association Share-a-hope qu’elle a créé il y a cinq ans : « On cible 100 enfants aujourd’hui. Parfois, on peut monter à 500 repas par distribution, cela dépend des endroits. On sait qu’on ne pourra pas les maintenir en bonne santé, mais au moins, on sait qu’ils ont mangé avant d’aller dormir ».

    L’association de la petite famille commence à être bien connue à Manille. Dès l'arrivée de la camionnette à l’effigie de Share-a-hope, des dizaines d’enfants se mettent en ligne devant la portière, impatients de découvrir les surprises de Noël. Aujourd’hui, chacun d’entre eux aura un tee-shirt, « de couleur moka, car c’est la couleur porte-bonheur de l’année 2025 » explique Maria Cristina, un sac rempli de chips et de bonbons, et une peluche.

    En guise de remerciements et pour s’occuper dans la file d’attente, les enfants se mettent à chanter des chansons de Noël, sous l’œil attendri de l’équipe de bénévoles. La chorale est une autre tradition de Noël aux Philippines. Chaque occasion est bonne pour chanter en échange de quelques pièces dans les rues de Manille.

    Très vite, les stocks de nourriture et de cadeaux se vident. Quelques enfants repartiront bredouilles. « C’est triste, car tout le monde n’a pas pu avoir quelque chose. Bien sûr, nos ressources sont limitées », regrette Angelina Bernal, la fille aînée de Maria Cristina.

    De quoi motiver Maria Christina à s’engager davantage. Il y a un an, elle a quitté son travail d’assistante médicale pour se consacrer entièrement à son association. Son rêve, créer officiellement une ONG pour recevoir de l’aide du gouvernement.

  • Les scandales autour du prince Andrew continuent de se multiplier et font de nouveau la Une de la presse britannique. Le 13 décembre, le journal The Telegraph a révélé qu’un homme banni du Royaume-Uni, parce que soupçonné d'être un espion pour le compte du Parti communiste chinois, était un proche confident du Prince Andrew. L’homme qui a été publiquement identifié par la Haute Cour de Londres aurait été impliqué dans « des activités secrètes et trompeuses » au profit de la Chine, selon les juges. Problème, il aurait aussi été reçu au Palais de Buckingham et au château de Windsor à de nombreuses reprises par le duc d'York. Que sait-on de ce personnage et de ses activités ?

    Avec notre correspondante au Royaume-Uni, Sara Menai

    L’homme s'appelle Yang Tengbo, c’est un homme d'affaires chinois, jusqu'ici désigné dans la presse britannique sous l'appellation « H6 », un nom de code.

    Il est interdit d'entrée au Royaume-Uni depuis un an en raison de la menace qu’il représenterait pour la sécurité nationale. Après une première condamnation en 2023, il avait choisi de faire appel avant d’être, de nouveau, condamné à l’exil.

    Les juges lui reprochent notamment ses liens avec le prince Andrew comme avec d’autres personnalités britanniques qu’il aurait tenté de mettre en relation avec de hauts fonctionnaires chinois à des fins d’ingérence politique.

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    Pas de réaction de Buckingham

    Buckingham Palace n'a pas directement réagi à ce dernier scandale. Mais les équipes du prince Andrew ont fait savoir qu'ils avaient rencontré ce businessman chinois par le biais de « canaux officiels », sans « jamais discuter de sujets sensibles ».

    Enfin, dans un communiqué diffusé la semaine dernière par la BBC, le cabinet personnel du prince assurait que le duc n’avait plus aucun contact avec Yang Tengbo.

    Prince Andrew banni du dîner de Noël de la famille royale

    Conséquence, le Prince Andrew devrait être banni du dîner de Noël de la famille royale. Selon les dernières informations rapportées par la presse britannique, la crise est d'une ampleur telle que le prince Andrew ne passera pas Noël à Sandringham, dans le Norfolk, avec le reste de la famille royale, comme le veut la tradition. Il devrait rester dans sa résidence de l’ouest de Londres, avec son ex-femme avec qui il vit toujours, Sarah Ferguson.

    La duchesse d'York qui se retrouve, elle aussi, éclaboussée par cette affaire, alors qu'elle venait juste d'être re-admise parmi les têtes couronnées. L’an dernier, elle passait son premier Noël depuis des années au château de Sandringham. D’après le tabloïd The Daily Mail, c'est elle qui aurait, en pleine tourmente, « fait entendre raison » à son ex-mari pour le faire renoncer à ce moment symbolique. Parce que si Noël est un moment cher au cœur de la famille royale, c’est aussi un exercice de représentation pendant laquelle la famille s’affiche unie et s'offre un bain de foule, donnant aux Britanniques l'image d'un clan soudé.

    Cette année donc, aucun membre de la famille d'York ne devrait se joindre aux Windsor.

  • Les îles du Pacifique sont devenues ces dernières années une plaque-tournante pour les narcotrafiquants. Les saisies records témoignent d’un phénomène en expansion. Victimes de leur positionnement géographique, sans ressources et insuffisamment équipées, ces petites nations insulaires paient aujourd’hui un lourd tribut avec une hausse de la criminalité et de l’addiction. Le phénomène n’est pas nouveau, cela fait au moins dix ans que les Samoa, Fidji ou Tonga sont utilisées comme des points de transits par les cartels. Mais de récents rapports font état d’une augmentation préoccupante du narcotrafic.

    En observant la carte du monde, on comprend tout de suite pourquoi les îles du Pacifique sont un itinéraire prisé des narcotrafiquants. Elles se trouvent à mi-chemin des routes océaniques reliant l’Amérique à l’Asie. La drogue est donc acheminée depuis les États-Unis, le Mexique, la Colombie, l’Équateur ou le Panama, via ces archipels isolés pour approvisionner les marchés australiens et néozélandais. Il s’agit surtout de cocaïne. Dans l’autre sens, d’Est en Ouest, c’est de la méthamphétamine ou des opioïdes produits dans les laboratoires d’Asie du Sud-Est qui sont acheminés via les îles Palaos ou la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour le marché américain. Concernant les trafiquants, on retrouve évidemment les cartels d’Amérique latine, comme Sinaloa au Mexique, ou les triades asiatiques comme le 14K, l’une des plus puissantes mafias de Hong Kong et bien sûr des milliers d’autres gangs et de petites mains qui font fructifier ce trafic estimé à un milliard de dollars.

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    S’agissant du mode opératoire, c’est bien connu, les trafiquants ont toujours une longueur d’avance. Les cargaisons transportées à bord de yachts, ou dans les coques des voiliers, sont soit déchargées dans les ports insulaires très peu contrôlés, avant d’être réexpédiées vers les marchés lucratifs, soient sont attachées à des bouées en pleine mer avant d’être récupérées par les réseaux de contrebande. L’an dernier, la police néozélandaise avait mis la main sur 3 tonnes de cocaïne qui étaient attachées à un point de transit flottant qui partait à la dérive.

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    Des autorités insulaires dépassées

    Le principal problème des autorités, c’est l’immensité du territoire à contrôler, le manque de personnels dans les ports et de moyens technologiques aussi pour surveiller toutes les embarcations, navires de croisière, cargos, bateaux de plaisance qui accostent sur les milliers d’îles et îlots. L’archipel des Tonga par exemple, c'est 176 îles, dont la plupart sont inhabitées, le contrôle est juste impossible.

    Alors que la consommation de drogue était quasiment inexistante il y a encore quelques années, les données de l’ONU et des polices insulaires sont très inquiétantes. Au Tonga, on parle d’épidémie. La consommation de drogue de synthèse, moins chère que la cocaïne et très addictive, explose. Face à la hausse des crimes, blanchiment d’argent et prostitution en tête, le système judiciaire croule sous les dossiers. Même chose aux Fidji où l’on parle de « crise nationale » en lien à la drogue, consommée par toutes les tranches d’âge, y compris par des enfants.

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  • Il est devenu une véritable épine dans le pied de la royauté britannique : les fréquentations douteuses du prince Andrew font les titres de la presse outre-Manche. Déjà mis au ban de la famille royale à la suite d’une accusation d’agression sur mineur et pour sa proximité avec le criminel sexuel Jeffrey Epstein, le duc de York est à nouveau au centre des critiques : cette fois à cause de son amitié avec un homme d’affaires soupçonné d’être un espion chinois. Le scandale met Londres dans l’embarras et Pékin en colère.

    Le supposé agent « H6 » a dévoilé lui-même son identité : il s’appelle Tengbo Yang. Patron de cinq entreprises au Royaume-Uni, il cherchait des investisseurs chinois au nom du prince Andrew et aurait profité de son amitié avec le duc de York pour l’espionner au profit de Pékin.

    Des photos montrent Tengbo Yang aux côtés du petit frère du roi Charles III, mais aussi en bonne compagnie de l’ex-Premier ministre David Cameron. Sur un autre cliché, publié par la BBC, l’homme d’affaires chinois pose à Pékin devant le Palais du Peuple, lors d’une réunion du parti communiste, badge officiel clipsé sur la pochette de son costume. En exploitant son téléphone, les autorités britanniques ont constaté des liens étroits entre Tengbo Yang et le Front Uni, cette branche nébuleuse du parti communiste, qui mène des opérations d’influence et de propagande à l’étranger. Une accusation « totalement fausse », selon l’intéressé, qui estime être la « victime » d’un « changement de climat politique ». Pékin qualifie d’« absurde » les soupçons qui pèsent sur son ressortissant.

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    La Chine : une menace pour la sécurité nationale ?

    Ce nouveau scandale ravive le débat au Royaume-Uni autour de l’influence chinoise. Faut-il désigner la Chine comme une « menace » pour la sécurité nationale ? « Oui », dit le député conservateur Sir Iain Duncan Smith. Selon cet élu, sanctionné par Pékin pour ses positions critiques, Tengbo Yang est loin d’être un « loup solitaire ». Des milliers d’agents auraient déjà infiltré les institutions britanniques. Une autre Chinoise fait d’ailleurs parler d’elle : l’avocate Christine Lee. Elle vient de perdre son procès contre l’agence de renseignement intérieur britannique MI5, qu’elle poursuivait pour discrimination. Christine Lee aurait offert près de 600.000 euros à un ancien député, alors qu’il dirigeait un groupe parlementaire chargé de promouvoir les relations sino-britanniques, dissout aujourd’hui.

    Une nouvelle loi pour protéger le Royaume-Uni contre les ingérences étrangères

    Afin de protéger le Royaume-Uni contre ces ingérences, une nouvelle loi, votée en 2023, mais maintes fois retardée, devrait entrer en vigueur à l’été prochain. Chaque individu, chaque organisation devra alors déclarer ses activités politiques en faveur d’un pays étranger, ce qui risque d’énerver davantage Pékin. Pendant ce temps, l’ex-ami du prince, Tengbo Yang, reste, lui, interdit d’entrer au Royaume-Uni.

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    Le nouveau gouvernement travailliste se serait bien passé de cette énième affaire, d’autant que le Premier ministre Keir Starmer est en pleine opération de charme pour réchauffer les relations commerciales avec la Chine, alors que les dossiers épineux s’accumulent. Un vrai dilemme, estime la BBC. En mars dernier, Londres avait accusé la Chine de « cyber-malveillance », à la suite de piratages de listes électorales. Autres sujets qui fâchent : la chape de plomb imposée par la Chine dans l’ex-colonie britannique de Hong Kong, tout comme la répression de la minorité musulmane des Ouïghours. Dernier bras de fer en date : Pékin compte ouvrir une ambassade monumentale sur le site historique du Royal Mint Court à Londres. Les riverains n’en veulent pas – justement par peur de devenir la cible d’une surveillance chinoise.

  • En Corée du Sud, après la destitution du président par le Parlement, le pays est plongé dans une crise politique sans précédent depuis 40 ans. Yoon Suk-yeol avait déclaré la loi martiale le 3 décembre, avant de la retirer sous la pression de la rue et de l’opposition. Tous les soirs depuis ce coup de force, des manifestations ont été organisées devant l’Assemblée nationale, car une première motion de destitution avait échoué, aggravant la colère du peuple, avant que la seconde ne soit adoptée, samedi dernier.

    De notre correspondante à Séoul,

    Les défis sont nombreux. Le président déchu est sous le coup d’une enquête pour « rébellion ». L’immunité présidentielle ne peut rien contre ce chef d’accusation. S’il est jugé coupable, il risque la prison à vie, et même, théoriquement, dans les textes, la peine de mort. La peine capitale est considérée comme de facto abolie en Corée du Sud puisque sa dernière application remonte à 1997. Le sort de Yoon Suk-yeol est entre les mains de la Cour constitutionnelle, qui a lancé sa procédure lundi. La Cour doit examiner la décision des députés. Samedi dernier, le Parlement a adopté une motion de destitution à son encontre, à 204 voix, dont 12 de son propre parti.

    Décision attendue de la Cour constitutionnelle

    La Cour constitutionnelle a six mois, maximum, pour réinstaller Yoon Suk-yeol au pouvoir ou le destituer définitivement. Pour cela, six juges sur les neuf qui composent la Cour doivent se prononcer en faveur de la destitution. Seulement, il y a trois sièges vacants actuellement. Il faut donc l’accord de la totalité des six juges pour destituer le président. Mais l'opposition, avec le Parti démocrate, fait tout pour désigner des candidats aux sièges vacants le plus rapidement possible, pour maximiser ses chances de chasser Yoon Suk-yeol du pouvoir. Tandis que le parti présidentiel, le Power People Party, lui, fait tout pour ralentir le processus. Principal argument : le Premier ministre Han Duck-soo, qui assure l’intérim pour le moment, n’aurait pas le pouvoir de nommer les juges que l’Assemblée nationale désigne.

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    Arrestations à la chaîne

    Han Duck-soo pourrait être, lui aussi, arrêté, pour complicité dans le coup de force du 3 décembre dernier, quand le président a instauré pendant six heures la loi martiale sur le territoire. Car depuis, les mandats d’arrêt pleuvent sur les hommes de confiance de Yoon Suk-yeol. Le commandant en chef en charge pendant la loi martiale a été arrêté hier, mardi. Avec trois lieutenants généraux et l’ex-ministre de la Défense, c’est le cinquième haut responsable que la police arrête depuis deux semaines.

    Le Premier ministre, aussi menacé de poursuites, continue de travailler sur les affaires courantes. Si la Cour confirme la destitution de Yoon Suk-yeol, une élection devra se tenir dans les deux mois. Le nouveau président élu sera investi dès le lendemain des résultats. Le chef d'État déchu refuse pour le moment de coopérer sur les deux enquêtes qui le visent. Il repousse les convocations de la justice sud-coréenne depuis dimanche. Les procureurs en charge menacent de l’arrêter s’il ne se présente pas d’ici samedi pour être interrogé.

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  • L’Australie a signé la semaine dernière un nouveau traité de sécurité avec une île du Pacifique, l’île de Nauru. Un accord qui verra l’Australie soutenir le pays économiquement en échange d’un droit de veto sur ses décisions en matière de sécurité, alors même que la Chine tente d’étendre son influence dans cette région.

    De notre correspondant à Sydney,

    Nauru c’est un tout petit pays, le troisième plus petit au monde derrière Saint-Marin et le Vatican. Mais pour l’Australie, c’est surtout son emplacement géographique qui compte. Nauru est située dans le Pacifique à 3 000 kilomètres des côtes australiennes, entre la Micronésie, les îles Salomon et l’archipel des Tuvalu, une zone géographique où la Chine cherche à étendre son influence depuis plusieurs années. Pékin est aujourd’hui le principal partenaire commercial et le premier créancier des îles du Pacifique. Et cela ne plait pas aux Occidentaux. Donc l’Australie, en étant l’alliée des États-Unis, tente de mettre à sa botte plusieurs îles du Pacifique pour ne pas que celles-ci ne finissent par se tourner vers la Chine. Nauru avait fait un pas vers Pékin au début de l’année en décidant de ne plus reconnaître Taïwan comme un État indépendant. Avec ce traité, l’Australie veut donc empêcher tout rapprochement supplémentaire de l’île à la Chine.

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    Un droit de veto en échange d'un soutien économique

    Canberra s’engage d’abord à fournir à Nauru une aide financière de 100 millions de dollars australiens, soit 60,5 millions d’euros sur cinq ans, pour que le gouvernement investisse dans les secteurs de la santé, de l'éducation et des services sociaux. En plus de ça, Canberra va investir 40 millions de dollars, soit 24,2 millions d’euros dans la sécurité du pays, notamment dans le recrutement et la formation des policiers. Mais en contrepartie, l’Australie va récupérer un droit de veto sur les décisions de Nauru en matière de sécurité nationale, mais aussi sur tout partenariat de pays tiers dans les secteurs de la sécurité et des infrastructures essentielles de Nauru. C'est une manière de garder la Chine à distance de l’île.

    En novembre 2023, l’Australie avait déjà signé un traité similaire avec les Tuvalu. Canberra avait alors annoncé la création d’un visa de réfugié climatique pour les habitants de l’archipel, qui est menacé de disparition par la montée des eaux. L’Australie a aussi promis d’aider les Tuvalu en cas de catastrophe, de pandémie et d’attaque. Mais en échange, Canberra avait déjà récupéré un droit de veto sur les accords de sécurité conclus par les Tuvalu avec d’autres pays. En venant en aide financièrement à ces petites îles du Pacifique, l’Australie se réapproprie donc la pratique dite de la « diplomatie du chéquier » chère à la Chine : un soutien financier, contre des relations diplomatiques.

  • La Chine étend son programme de fonds de pension privés à l’échelle nationale, après une phase pilote lancée en 2022 dans 36 villes. Ce système, conçu pour faire face aux défis du financement des retraites, a déjà montré ses limites : des performances peu convaincantes et un manque d’engouement des investisseurs. Cette réforme intervient alors que le gouvernement prévoit de repousser l’âge de la retraite dès l’année prochaine, une décision qui suscite de vives réactions.

    Ce programme permet aux travailleurs chinois de cotiser jusqu’à 12 000 yuans, soit environ 1 650 dollars, sur des comptes à l’abri de l’impôt, un dispositif semblable aux comptes de retraite individuels aux États-Unis. Mis en place dans le cadre de la réforme des retraites, ce programme vise à répondre aux défis d’une société vieillissante. Et pour cause : d’ici 2035, plus de 400 millions de Chinois auront 60 ans ou plus.

    Souvent qualifié de « troisième pilier » du système de retraite chinois, ce programme rencontre toutefois des obstacles. Sur plus de 60 millions d’inscrits, seuls 22 % des participants ont effectivement effectué des dépôts.

    L’objectif de cette expansion est clair : atténuer les pressions financières qui pèsent sur le système public dans un contexte où la population active diminue, alors que le nombre de retraités augmente. En encourageant l’épargne privée, Pékin espère assurer la viabilité financière du système à long terme et réduire la dépendance aux fonds publics.

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    Économie chinoise en berne

    La Chine tente de réorienter son économie, longtemps axée sur les exportations, vers une croissance tirée par la consommation intérieure. L’expansion des pensions privées pourrait jouer un rôle clé en renforçant la sécurité financière des retraités. Cela pourrait inciter à davantage de dépenses et soutenir cette transition économique.

    De plus, un système de retraite solide pourrait limiter le besoin d’épargne excessive. Ainsi, les ménages auraient plus de revenus disponibles à consacrer à la consommation durant leur vie active.

    Les fonds de pension privés devraient également investir dans divers instruments financiers, apportant des capitaux à long terme aux marchés chinois. Cela pourrait renforcer leur stabilité et favoriser leur développement. Enfin, un système de retraite bien structuré pourrait rassurer les investisseurs, tant nationaux qu’internationaux, et attirer davantage de capitaux.

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    Impact global

    Avec cette réforme, les gestionnaires d’actifs, les assureurs et d’autres prestataires financiers internationaux pourraient trouver de nouvelles opportunités sur le marché chinois.

    Par ailleurs, un système de retraite performant renforcerait la stabilité économique de la Chine. Et étant donné son poids dans l’économie mondiale, les effets se feraient ressentir au-delà de ses frontières.

    En favorisant l’épargne structurée, ce dispositif pourrait réduire les inégalités sociales et s’inscrit dans une série de réformes visant à moderniser l’économie chinoise. Ce n’est donc pas seulement une mesure de politique intérieure, mais une initiative stratégique aux implications économiques et sociales majeures.

  • La Corée du Sud a le souffle coupé à la veille du deuxième vote samedi 14 décembre sur une éventuelle destitution du président. Yoon Suk-yeol est sur un siège éjectable depuis sa tentative d’imposer la loi martiale le 3 décembre et a été lâché par son propre parti qui espère organiser une sortie anticipée. Mais le chef de l’État s’accroche malgré tout à son siège. En plus de la procédure de destitution, l’opposition multiplie les initiatives pour mettre fin à son mandat.

    Le vote pour la destitution du Président à t-il cette fois-ci des chances de passer ? Chaque jour, on s'en rapproche un peu plus, car les députés conservateurs lâchent, un par un, le chef de l'État : l'opposition a besoin de huit voix de députés du camp présidentiel pour que la motion soit adoptée... et ils sont déjà sept à avoir annoncé voter en faveur de la destitution. Il n'en manque donc qu'un.

    Si le texte est voté, la Cour constitutionnelle doit trancher et décider si le président alors suspendu est définitivement destitué ou non.

    La situation semble presque perdue d’avance pour le chef de l’État. Et pourtant il est déterminé à ne rien lâcher, selon ce qu’il avançait jeudi 11 décembre, lors d’une longue allocution télévisée : « Je me battrai pour le peuple jusqu’à la dernière minute. Nous devons à tout prix empêcher les forces et les groupes criminels, qui ont conduit à la paralysie du gouvernement et perturbé notre constitution, de prendre le contrôle de l’administration de l’État et de menacer le futur de la Corée. Je me battrai jusqu’à la fin », a-t-il.

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    L'opposition ne se satisfait pas d'une « démission anticipée »

    Alors qu’il avait présenté ses excuses et remis son destin dans les mains de son parti, Yoon Suk-yeol fait marche arrière. Le président se dit prêt à affronter la procédure de destitution et l’enquête pour rébellion. Il défend même sa décision de déclarer la loi martiale : pire, il estime qu’il s’agissait d’un mal nécessaire en accusant, sans aucune preuve, la Corée du Nord d’avoir piraté les élections législatives d’avril 2024 qu'il a largement perdues.

    Cette excuse ne passe pas dans son propre camp qui espérait organiser une « démission anticipée », bien avant la fin du mandat en 2027. Celle-ci aurait lieu en février ou en mars.

    Mais cela ne satisfait pas l’opposition. D’autant que Yoon Suk-yeol, qui semblait avoir accepté l’idée, s’accroche désormais à son siège. Mais ce scénario déplait à l'opposition pour d'autres raisons : d’abord, il n’a aucune base légale, mais surtout, il laisse aux conservateurs la maîtrise du calendrier.

    En cas d'élection anticipée, un grand favori visé par de nombreuses affaires de corruption

    Pour l'instant, en cas d'élection anticipée, le chef du Parti démocrate Jae-myung est le grandissime favori. Cette figure controversée, battue de peu à la dernière présidentielle, a survécu à une attaque au couteau en janvier et dispose d'une très belle cote de popularité. Seul problème, ses ennuis judiciaires. Visé par quatre affaires pour corruption ou violation du Code électoral, il pourrait être interdit de se présenter à une élection.

    Le temps presse pour Lee Jae-myung, qui multiplie les recours judiciaires et les procédures au Parlement pour faire pression sur le camp présidentiel. Le leader démocrate place aussi ses espoirs dans l’enquête pour « rébellion » à l’encontre de Yoon Suk-yeol et de ses proches. Celle-ci a déjà envoyé en prison l’ancien ministre de la Défense et pourrait y conduire Yoon Suk-yeol. Son immunité présidentielle ne le protège pas contre ce chef d’accusation.

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