Afleveringen

  • Cent vingt-sept prisonniers ont été remis en liberté à Cuba, dont le dissident José Daniel Ferrer, dans le cadre de l'accord négocié avec l'église catholique après le retrait de l'île de la liste noire américaine des pays soutenant le terrorisme. L'opposant historique âgé de 54 ans a été libéré jeudi matin (16 janvier 2025) de la prison de Mar Verde, à Santiago de Cuba.

    Dans une interview à RFI, José Daniel Ferrer dit son soulagement mais estime que sa libération n'en est pas vraiment une. « Je suis en liberté conditionnelle et je ne l’accepte pas pour une raison très simple : je n’ai commis aucun des délits qu’ils ont inventés. »

    L’opposant cubain a été emprisonné le 11 juillet 2021, date à laquelle il avait tenté de se joindre aux manifestations antigouvernementales qui secouaient le pays, les plus importantes depuis l'avènement de la révolution castriste en 1959.

    Un mois plus tard, un tribunal avait révoqué sa liberté conditionnelle et l'avait renvoyé derrière les barreaux pour terminer de purger une peine de quatre ans et demi de prison à laquelle il avait été condamné en 2020, accusé d'avoir frappé un homme, ce qu'il nie.

    «Ils m’ont dit que j'allais sortir de prison quoi qu'il arrive, et que si je ne me conformais pas aux termes de ma libération, que si je ne m'appliquais pas à mener une vie qui rentre dans les normes de la légalité socialiste, ils allaient de nouveau m’enfermer » confie-t-il, « je dois obéir une série de règles, comme me rendre tous les mois dans un tribunal pour déposer ma signature - ce que je ne ferai jamais, ou me présenter au tribunal pour qu’ils me confient tout travail qu’ils jugent approprié. Je refuse de travailler pour l’Etat pour une raison simple : mon temps, mon espace, je veux uniquement les consacrer à la lutte non-violente pour la démocratisation de mon pays. »

    Le régime cubain s'est engagé à relâcher 553 prisonniers.

    À Los Angeles, le retour difficile des habitants dans leurs quartiers dévastés par les flammes

    À Los Angeles, les incendies commencent peu à peu à être maîtrisés. Mais pour les sinistrés, la reprise d’une vie normale est un véritable défi. Notre envoyé spécial à Los Angeles a rencontré les habitants du quartier d’Altadena, qui a perdu un tiers de ses habitations, ravagées par le Eaton Fire. Le quartier est situé sur les hauteurs de la ville. Contrairement à Pacific Palisades, Altadena est un quartier modeste, avec une forte population d’immigrants, pour la plupart locataires. « Quand les incendies ont débuté dans les montagnes, je n’aurai jamais pensé qu’ils descendraient aussi vite », témoigne Selma, une habitante d’Altadena, « Nous avons tout perdu, mon quartier ressemble à un endroit où une bombe aurait explosé. C’est une tragédie ! Des gens sont morts et on ne sait même pas encore combien. Mon appartement c’était mon premier chez moi depuis 10 ans après mon divorce… et mon assurance habitation a annulé mon contrat, il y a un an et demi.». Comme beaucoup d’habitants, Selma a trouvé refuge dans des centres d’hébergement provisoire. Le sien est tenu par la Croix Rouge et accueille actuellement plus de 400 personnes. « Altadena, c’est une communauté très vulnérable », explique Diana Ramirez, la chargée de communication du centre d’accueil, « Il y a des Latinos, des Afro-Américains, des Asiatiques, des personnes âgées... beaucoup ont besoin de soins médicaux. Ici tout le monde est le bienvenu, quels que soient sa nationalité ou son statut, légal ou non. Car toutes les personnes qui sont ici, n’ont aucun autre endroit où aller. »

    Venezuela : la question migratoire au cœur de la relation avec Donald Trump

    L’invité de ce vendredi est Thomas Posado, maître de conférences en Civilisation latino-américaine contemporaine à l'Université de Rouen Normandie. Il répond à RFI sur la situation au Venezuela après l’investiture contestée du président Nicolas Maduro et à quelques jours de l’investiture de Donald Trump aux États-Unis.

    RFI : Pensez-vous que l'administration Trump puisse appuyer Edmundo Gonzalez Urrutia, le candidat de l'opposition qui revendique la victoire à l'élection présidentielle vénézuélienne, de la même manière qu'elle l'avait fait avec Juan Guaido qui s’était auto-proclamé « président intérimaire » après la réélection contestée de Nicolas Maduro en 2018 ?

    Thomas Posado : Le cas du président Guaido a été un échec reconnu par l'ensemble des chancelleries occidentales, y compris par l'opposition vénézuélienne elle-même. Ce qu'on pressent, d'après les premières déclarations de Donald Trump, c’est la mise en avant de la question migratoire pour menacer de sanctions et pour faire un chantage concernant la déportation massive de migrants vénézuéliens présents sur le sol étatsunien. Il y aurait en échange le maintien de l'allègement des sanctions qu’a établi Joe Biden mais on reste pour l'instant sur des suppositions. Il faut dire que les Vénézuéliens sont devenus la première nationalité aux frontières des États-Unis et sachant le poids de de la question migratoire dans l'agenda de Donald Trump, il est possible qu'il s’en serve pour faire un chantage comme il va le faire à l'égard du Mexique et de l’Amérique centrale.

    RFI : La crise qui touche le Venezuela à cause notamment des sanctions américaines, a poussé ces dernières années près de 8 000 000 de personnes à fuir. C'est 1/4 de la population vénézuélienne et nombre d’entre eux sont installés aux États Unis. Aujourd’hui, Caracas refuse d’accueillir les migrants qui sont expulsés par l’administration américaine. Est-ce que cette position des autorités pourrait changer ?

    Thomas Posado : Les premières déclarations de Donald Trump laissent présager un chantage autour des migrants mais rien n’est sûr. Cela pourrait laisser entendre un règlement Trump/Maduro aux dépens des migrants vénézuéliens. Mais est-ce que Nicolas Maduro acceptera cela ? Au prix d'un bras de fer ? Au prix de négociations sans doute assez tendues ? La question est posée. C'est aussi possible que Donald Trump veuille maintenir la politique très offensive qu'il avait pendant son premier mandat et qu’il maintienne des sanctions quelle que soit l'issue des négociations sur la question migratoire.

    RFI : Donald Trump semble poussé par un certain nombre de chefs d'entreprise dont le mot d'ordre avait été repris, il y a quelques semaines, par le Wall Street Journal : « Plus de pétrole, moins de migrants » ?

    Thomas Posado : C’est en effet plutôt la tendance qui semble advenir. Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, des négociations ont été mises en œuvre par l'administration Biden avec le gouvernement de Nicolas Maduro. Et désormais, le Venezuela exporte entre 200 000 et 300 000 barils de pétrole chaque jour aux États-Unis. Est-ce que ce commerce va se poursuivre ? C'est tout l'enjeu mais les États-Unis ne sont pas dépendants du pétrole vénézuélien même si cela a permis de peser à la baisse sur le prix du baril dont on sait qu'il a des conséquences sur l'économie américaine.

    RFI : Le président Nicolas Maduro a parlé de nouveau départ avec Donald Trump, est-ce que des contacts ont déjà été pris entre les deux présidences ?

    Thomas Posado : Je pense qu'il y a un effet un peu performatif dans les paroles de Nicolas Maduro. Dès l'élection de Donald Trump, il a essayé de le saluer et il essaie de d'amadouer Donald Trump, comme le font beaucoup de chefs d'État, avec un succès relativement limité à l'heure actuelle. Tout ce qu'on peut pressentir aujourd'hui, c'est que les personnes nominées dans l’administration Trump sont des personnes extrêmement hostiles au gouvernement de Nicolas Maduro et ils sont plutôt partisans de la ligne dure. Mais on sait que le fonctionnement de Donald Trump est assez imprévisible et qu’il peut prendre le contre-pied de toutes les personnes qu'il a nommées dans son administration pour décider lui-même d'une politique plus conciliante. C'est possible. Et d'autant plus qu'il n'a pas besoin de l'électorat anti-Maduro de Floride pour une possible réélection puisqu'il ne peut plus être réélu.

    RFI : Est-ce que cela peut s’inscrire dans une politique internationale plus large, avec notamment comme objectif de ne pas laisser le champ libre à la Chine et à la Russie, qui sont des soutiens de Nicolas Maduro ? Est-ce que les dernières années d'absence américaine ont profité à Moscou et à Pékin ?

    Thomas Posado : Jusqu’en 2018, avant les sanctions américaines les plus dures à l'encontre du Venezuela. Les États-Unis étaient le premier fournisseur, le premier client du Venezuela. Ces sanctions ont brutalement offert le Venezuela à la Chine et à la Russie. La Chine est désormais le premier client du pétrole vénézuélien. Si Donald Trump considère que sa priorité est l'affrontement avec la Russie et la Chine, il pourrait reconsidérer sa position. Donald Trump ne pourra sans doute pas maintenir des pressions aussi maximales à l'égard d'autant de pays qu'il a pu menacer avant son investiture.

    Mexique : la menace des taxes douanières

    Le Mexique se prépare également au retour de Donald Trump. Les relations entre les deux pays sont telles que leurs dirigeants n'ont pas vraiment d'autre choix que de s'entendre et de collaborer sur certains dossiers. Cela n'a pas empêché le président élu américain de menacer le Mexique comme le Canada de droits de douanes considérables : 25%, du jamais vu.

    Si 25% de frais de douanes étaient instaurés, cela aurait un impact énorme sur les industries automobiles et électroniques au Mexique, sans parler des fruits et des produits alimentaires, rapporte Gwendolina Duval, correspondante à Mexico de RFI.Mais Marcelo Ebrard, le ministre mexicain de l’Économie, se veut rassurant et met en avant l’interdépendance de chacun, premier partenaire commercial de l’autre : « On va avoir besoin l’un de l’autre et nous allons travailler ensemble. On a déjà vécu des situations avec des frais de douanes, des révisions de l’accord de libre-échange… On est liés comme dans un mariage. »

    Le départ d’un géant du cinéma

    David Lynch, réalisateur de la série «Twin Peaks», mais aussi de films aussi célèbres qu'étranges et nébuleux comme «Mulholland Drive», «Blue Velvet», «Elephant Man» ou «Dune». Il avait remporté la Palme d'or à Cannes en 1990 pour le film «Sailor et Lula».

    « Il était si visionnaire, si audacieux », écrit le magazine Variety

    « Qu'il était devenu difficile d'imaginer le monde sans lui. »

    Le journal vante « l'avant-gardisme de son cerveau que David Lynch avait laissé s'épanouir dans une esthétique ayant retourné les tripes d'Hollywood. »

    « À l'inverse de ses films », ajoute le Los Angeles Times,

    « Le charme désarmant de David Lynch est une œuvre d'art à part entière. »

  • Le gouvernement israélien doit donner son feu vert ce jeudi (16 janvier 2025) à l'accord annoncé par le Qatar et les États-Unis sur un cessez-le-feu à Gaza. Aux États-Unis, Joe Biden comme Donald Trump revendiquent leur rôle dans la conclusion d’un accord.

    « Biden et Trump dépassent leur animosité pour sceller l’accord de cessez-le-feu à Gaza », titre le New York Times. Mais, note The Hill, « s’il a fallu 15 mois pour conclure un cessez-le-feu, il n’a pas fallu plus d’une seconde à une bataille politique pour surgir à Washington sur la paternité de l’accord ». En tous cas, chacun avait un intérêt à régler la question avant lundi prochain (20 janvier 2025), jour de l’investiture : pour Joe Biden, une « ultime justification de son mandat ». Pour Donald Trump, l'accord est une épine de moins dans son pied alors qu'il revient au pouvoir. Et « il peut se féliciter de cet accord », estime un éditorialiste du Washington Post, selon qui les pressions du président élu pour la libération des otages ont peut-être, plus que sur le Hamas, eu un effet sur le Premier ministre israélien. Interrogé par Politico, un spécialiste estime que « Netanyahu veut peut-être adopter une approche différente avec l’administration Trump », quand selon lui c'est « le soutien inconditionnel de Joe Biden à Netanyahu qui lui a permis de continuer sa guerre ».

    Discours d’adieu

    Joe Biden ce mercredi (15 janvier 2025) est apparu à la télévision américaine pour faire son discours d’adieu. Et il s’est inquiété de voir l'Amérique tomber aux mains d'une « oligarchie » – il n’a pas nommé Donald Trump et les multimilliardaires de la tech qui le soutiennent, mais tout le monde a compris.

    Politico parle d’une « utilisation inhabituelle » de ce genre de discours, qui est « traditionnellement l'occasion de vanter ses réalisations et d'exprimer sa confiance en l'avenir ». Or, ce fut un discours d’adieu « sombre ». C’est dire si, comme l’écrit USA Today, « son mandat sera à jamais marqué par les deux mandats de Trump ». Joe Biden a exhorté les Américains à défendre les institutions du pays contre ces « forces puissantes », parlant de ce qu’il appelle le complexe techno industriel – selon le New York Times, Donald Trump, Elon Musk, ou encore le groupe Meta de Mark Zuckerberg.

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    Le Canada s’interroge sur les menaces de Donald Trump

    À quatre jours de l'investiture de Donald Trump, les pays voisins affinent les préparatifs. Donald Trump a ainsi affirmé qu'il imposerait des tarifs douaniers 25% plus élevés au Canada – or, les trois quarts des exportations canadiennes partent aux États-Unis. Et le président élu n’exclut pas de voir le Canada devenir le 51ème État des États-Unis. Les autorités canadiennes prennent la menace au sérieux : le Premier ministre démissionnaire Justin Trudeau en a parlé ce mercredi avec les chefs des gouvernements provinciaux. La correspondante de RFI au Canada, Pascale Guéricolas, a interrogé Julie White, la porte-parole de l’Association des manufacturiers et exportateurs du Québec. Selon elle, les menaces de Donald Trump vont peut-être avoir un impact sur la localisation des usines, qui s’implanteraient de l’autre côté de la frontière, « ce qui va être négatif pour beaucoup de régions du Québec ». La crise qui s’annonce pousse plusieurs analystes à multiplier les nations clientes, et changer les produits vendus pour réduire la dépendance du Canada vis-à-vis des États-Unis.

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    Libérations à Cuba

    Un premier groupe d'une vingtaine de prisonniers a été remis en liberté ce mercredi (15 janvier 2025) à Cuba, sur les 553 qui doivent être libérés. La veille, Joe Biden avait annoncé le retrait de l'île de la liste noire des États soutenant le terrorisme. Mais 14 y medio s’inquiète : selon l'organisation Prisoners Defenders, « le langage ambigu utilisé fait craindre qu'il ne s'agisse pas de libérations mais de sorties de prison ». Et à Cuba, sorties de prison signifie plutôt libération conditionnelle ou bonifications de peine, transformée par exemple en travail forcé sans internement. La presse d’État cubaine, elle, se félicite surtout du retrait de la liste noire : ce n'est, titre Granma, « rien de plus que la reconnaissance de la vérité ». Mais la future administration américaine ne semble pas être sur la même longueur d'ondes que Joe Biden : Marco Rubio, choisi par Donald Trump pour être son futur ministre des Affaires étrangères, était auditionné ce mercredi par le Sénat. Et, rapporte 14 y medio, ce fils d’immigrants cubains a affirmé qu'il n’a « aucun doute sur le fait que Cuba soutient le terrorisme ».

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    L’administration Trump et Haïti

    Marco Rubio a aussi parlé d'Haïti ce mercredi : selon lui, le problème fondamental, c'est la faiblesse de l'État haïtien : « il n’y a pas de légitimité de l’autorité, et je dis cela en reconnaissant le fait que certaines forces de la police haïtienne en Haïti ont été extraordinairement courageuses ». Le futur secrétaire d’État américain a répété que les États-Unis n’interviendraient pas sur le sol haïtien, et il a « encouragé les partenaires étrangers » à « contribuer à cet effort pour fournir un certain niveau de stabilité ». Réaction de Frantz Duval, rédacteur en chef du Nouvelliste : Marc Rubio est sur la même position que l’administration américaine sortante. Le journaliste remarque aussi que son appui à la force multinationale « signifie peut-être que les États-Unis ne vont pas appuyer sa transformation en force de l’ONU. » Enfin, Marc Rubio désire que les autres pays de l’hémisphère collaborent à la mission, ce que l’administration Biden n’avait pas obtenu. « Pour le moment, c’est le statu quo mais c’est mieux que ce qu’on craignait, c’est-à-dire un abandon total du dossier », explique Frantz Duval.

    Le rédacteur en chef du Nouvelliste se demande par ailleurs où est passée la diplomatie haïtienne : « Haïti a beaucoup de dossiers qui sont chauds, et Haïti n’a pas de présence ces jours-ci de présence ni à Washington, ni à Mar-a-Lago. On ne sait pas si Haïti fait un lobbying pour avoir des appuis », aussi bien de la part de Joe Biden - qui multiplie les décisions dans ses derniers jours de présidence - que du président élu qui prend ses fonctions lundi prochain (20 janvier 2025).

    Rentrée des classes à Los Angeles

    À Los Angeles, les pompiers continuent de lutter contre les feux qui ravagent les alentours de la ville. Mais une semaine après le début des incendies, c’est malgré tout un petit retour à la normale pour certaines familles sinistrées : leurs enfants ont pu reprendre les cours ce mercredi, dans un autre établissement scolaire. Une rentrée des classes qu'Achim Lippold, l’envoyé spéciale de RFI à Los Angeles, a suivie dans la Brentwood Science School où une crèche transitoire a été mise en place accueillir les enfants du quartier de Pacific Palisades, ravagé par les feux. Mais un autre défi de taille attend maintenant ces familles : trouver un logement abordable dans une ville où les prix immobiliers ont explosé.

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    Le journal de la Première

    Les pratiques « ultramarines » de la grande distribution seront-elles bientôt dans le collimateur de la justice ?

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  • Les nouveaux chiffres de l’Organisation internationale (OIM) pour les migrations montrent que le nombre de familles délogées a triplé en l’espace d’un an, du fait des violences orchestrées par les groupes armés. Entretien avec Grégoire Goodstein, le représentant de l’OIM en Haïti.

    RFI : Quels sont les grands mouvements de population causés par les accès de violence qui secouent Haïti ?

    Les déplacés partent des quartiers situés dans la périphérie de la capitale. Soit en essayant de se recentrer dans les zones sécurisées qui ne représentent plus que 15% de la ville, soit vers les provinces. Et davantage vers le sud du pays, car le Nord est de plus en plus sujet aux attaques des gangs. Le problème des déplacements vers la province, c'est que les gangs encerclent la capitale et établissent des check-points. Ces traversées représentent une véritable prise de risque.

    RFI : Quelles sont les conditions de vie dans les camps de déplacés qui se multiplient aux abords de Port-au-Prince ?

    En l’espace d’un an, la situation s'est dégradée, d’autant qu’un certain nombre de ces camps sont situés hors des zones sécurisées et restent difficiles d'accès. La vie et l’approvisionnement y sont difficiles, qu’il s’agisse de nourriture, d’eau ou des conditions sanitaires, qui font partie du minimum vital.

    RFI : Qui accueille les familles qui prennent le risque de partir vers la province ?

    La majorité d’entre elles sont hébergées dans des familles d'accueil, chez des proches ou des connaissances qui partagent leur maison et qui sont déjà en difficulté. Lorsque l’on parle d’un million de déplacés du fait des violences, il faut ajouter à ce chiffre les communautés d'accueil qui ont aussi besoin d'assistance. L’ensemble des services publics a du mal à fonctionner, ce qui confère un rôle essentiel aux organisations internationales qui agissent en complément de l’État. Or, en 2024, faute de bailleurs, les Nations-unies n’ont pu financer leurs missions humanitaires en Haïti qu’à hauteur de 42 ou 43% des sommes demandées. C’est insuffisant et nous ne savons pas ce que 2025 nous réserve.

    Une nouvelle impulsion pour l’appareil sécuritaire haïtien ?

    Les autorités haïtiennes viennent d'installer un nouveau secrétaire d'État chargé de la sécurité publique : Mario Andrésol reprend du service et sa nomination semble faire l'unanimité. C'est un homme expérimenté, formé en Haïti, aux États-Unis et en France, qui a fait carrière dans l'armée avant d'entrer dans la police et de grimper tous les échelons de l'institution policière. Il a été directeur de la PNH, la police nationale, entre 2005 et 2012, et crédité à l'époque de résultats notables dans la lutte contre les groupes armés. D’après Le Floridien, l'un des journaux de la diaspora haïtienne, basé à Miami, c'est « l'un des rares hauts fonctionnaires doté d'une connaissance approfondie des mécanismes du banditisme et son passage à la PNH avait permis d'affaiblir un certain nombre de réseaux criminels ».

    Il est de retour, sa nomination est encourageante, mais il va falloir du concret, prévient Le Nouvelliste, qui liste tout ce qui lui manque : « Il faut d'urgence, écrit Frantz Duval, un budget, des moyens, du personnel qualifié pour revitaliser la secrétairerie d’État à la Sécurité publique alors qu’elle est coincée entre le ministère de la Justice, celui de l’Intérieur, la Primature, le Conseil Supérieur de la Police Nationale, le nouveau Conseil National de Sécurité et la présidence ». Autre point, souligne le Nouvelliste, Mario Andrésol « devra soigner ses relations avec la communauté internationale et les pays amis qui financent, surveillent et produisent des rapports sur la sécurité en Haïti. Parmi ces mastodontes, il devra se faire une place et faire la différence ».

    Les adieux de Joe Biden

    Le rideau tombe après quatre ans de présidence américaine. Il y aura, certes, d’autres discours cette semaine devant les représentants des forces armées ou les maires de villes moyennes, indique le New York Times. Mais celui de ce soir, en prime time, résonne comme un adieu aux Américains. Et. NBC nous en livre quelques éléments en avant-première. Le président sortant « devrait insister sur son bilan économique et environnemental, la croissance de l'emploi, les investissements dans les énergies renouvelables, la lutte contre le changement climatique. Et saluer la gestion de la pandémie de Covid19 ». Prise de parole prévue à 20h heure de Washington, soit 2h du matin, heure française.

    Quel rôle pour Elon Musk ? Analyse de Romuald Sciora

    Le milliardaire libertarien a désormais pour mission de sabrer dans les dépenses fédérales américaines avec l’aval de Donald Trump. Éclairage du chercheur Romuald Sciora, directeur de l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’Iris, à l’occasion de la sortie de son nouvel ouvrage à paraître aujourd’hui : L'Amérique éclatée, plongée au cœur d'une nation en déliquescence.

    « Ironiquement, Elon Musk est porteur d'une mission qui est de réformer, restructurer l'État fédéral qui est entré en déliquescence depuis quelques décennies et qui est la colonne vertébrale des États-Unis. Le constat est juste mais les remèdes que proposent Donald Trump et Elon Musk ne feront qu'accélérer le processus de dislocation de l'Union. Car un pouvoir plus autoritaire à Washington, à la Viktor Orban, ne fédérera pas la majorité des Américains autour du gouvernement et suscitera plutôt le rejet d'une large partie de la population. »

    « Les interventions d’Elon Musk en Europe s’inscrivent dans une stratégie de contre-révolution culturelle, une guerre anti-woke lancée contre les valeurs progressistes que Trump, Musk et Susie Wiles, la secrétaire générale de la Maison Blanche, jugent décadentes. Ces interférences dans la politique européenne, au Royaume-Uni ou ailleurs, ont pour but de déstabiliser le système multilatéral, y compris l’Union européenne. Il ne s’agit pas seulement de montrer aux Américains qu'il y a un nouveau shérif en ville et aux élites de Washington qui est le patron. »

    « Elon Musk a pris une place considérable dans le paysage politique américain, il est aujourd'hui très proche de Trump, ils passent leur temps ensemble. Or, Elon Musk a besoin de Donald Trump pour mener à bien la mission qu’il s’est fixée, qui consiste à œuvrer pour le transhumanisme, à mener la conquête spatiale pour sauver l'humanité. C’est un personnage habité, qui incarne le « pouvoir spirituel » là où Trump possède le pouvoir temporel. Mais cela dit, ils sont en quelque sorte otages l’un de l’autre. Essayez de vous débarrasser de l'homme le plus riche du monde... C’est une alliance qui devrait perdurer au moins jusqu'au 4 juillet 2026, date à laquelle Elon Musk est censé boucler la restructuration de l'État fédéral. Et c'est le jour où nous fêterons le 250è anniversaire des États-Unis. »

    L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

    Dans une tribune libre, le président de la Collectivité territoriale de Guyane, Gabriel Serville, s’interroge sur la volonté de l’État en matière d’évolution institutionnelle des départements d’Outre-mer.

  • Quelques jours après sa démission, le procureur spécial chargé de plusieurs enquêtes visant Donald Trump publie un rapport accablant pour le futur locataire de la Maison Blanche.

    En deux mots, si Donald Trump n'avait pas été réélu, il était bon pour une nouvelle sanction. Après plus de 250 entretiens menés par les services d'enquête et des dizaines de témoignages indiscutables, Jack Smith assomme le futur patron de la Maison Blanche à moins d'une semaine de sa prise de fonction, en le plaçant au cœur de ce qu’il qualifie « d’entreprise criminelle visant à réfuter le résultat des élections pour garder le pouvoir ». L’accusation, condensée dans un document de plus de 130 pages cible d’abord et avant tout les évènements du 6 janvier 2021, jour de l’attaque du Capitole par les partisans Make America Great Again (MAGA) et de l’ahurissant envahissement du siège de la démocratie américaine, assorti de scènes d’une violence inouïe entre forces de l’ordre et manifestants. Or, d’après ce rapport, ces manifestants pensaient tous agir, si ce n’est sur ordre de Donald Trump, du moins à son initiative.

    Mais les conclusions de l’enquête judiciaire englobent en réalité tout un bouquet d’entraves à l’État de droit : des manigances de Donald Trump visant à convaincre certains membres du Congrès qu’il avait gagné la présidentielle de 2020, en passant par les pressions exercées sur les fonctionnaires électoraux dans les États-clés, de la dénonciation de fraudes qui n’ont jamais existé aux mensonges sciemment adressés à l’électorat conservateur.

    Après avoir passé plus de deux ans à établir et vérifier les faits, un travail colossal mené au pas de charge pour éviter de perturber la dernière présidentielle, Jack Smith et ses équipes ont fini par se heurter à un mur. La réélection de Donald Trump le 5 novembre 2024 a stoppé net le processus judiciaire, puisque la politique du ministère de la Justice a toujours été de ne pas poursuivre un président en exercice. Contraint et forcé d’enterrer l’enquête, Jack Smith a jeté l’éponge, mais prend bien soin ici de préciser que la protection statutaire dont bénéficie le président n’enlève rien à la gravité des infractions qu’il a commises.

    Quelques heures après la publication de ce rapport, le procureur spécial a essuyé, comme toujours, une réaction immédiate et furieuse du principal intéressé. Dans un premier temps, les avocats de Donald Trump ont tout fait pour que ce rapport ne soit pas publié avant le 20 janvier, jour de l’investiture. Ils ont raté leur coup, mais Trump en personne s'est fait un plaisir d'y revenir au milieu de la nuit sur les réseaux sociaux, toujours sur le même thème. « Jack, écrit Donald Trump, est un procureur débile qui n'a pas été foutu de boucler son dossier avant l'élection que j'ai gagné triomphalement. Les électeurs ont parlé ».

    La question migratoire au centre des préoccupations dans plusieurs villes démocrates des États-Unis

    Six jours avant l'investiture de Donald Trump, qui a promis la plus grande opération d'expulsions de l'histoire américaine, gros plan sur la ville de New York, bastion démocrate qui a pourtant décidé de fermer petit à petit les abris mis à disposition des immigrés et s’est décidé à démanteler son système d’hébergement. Reportage de notre envoyé spécial Éric Samson.

    Un million de déplacés en Haïti l’an dernier, selon les derniers chiffres de l’ONU

    Retour avec Gotson Pierre, notre confrère de l’agence de presse haïtienne Alterpresse, sur les données mises à jour par les Nations unies : 1 041 000 personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, ont été forcées de quitter leur lieu de vie en Haïti en 2024 du fait de la violence des gangs. Un chiffre à mettre en rapport avec la population de Port-au-Prince, estimée à 3 millions d’habitants.

    De nouveaux affrontements ont par ailleurs été signalés hier dans la périphérie sud de la capitale, des heurts entre des agents de la police nationale et des bandits armés qui ont paralysé l’ensemble des les transports publics pendant plusieurs heures.

    L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

    En Guadeloupe, les discussions se poursuivent autour d’une éventuelle « évolution institutionnelle » du département…

  • C'était un week-end de recueillement en Haïti, 15 ans après le terrible séisme qui a ravagé l'agglomération de Port-au-Prince, détruisant constructions précaires et bâtiments officiels. La communauté internationale s'était mobilisée massivement pour reconstruire. Pour quels résultats ?

    Le géographe Antoine Rivière, doctorant à l'Université Paris 8, explique à Vincent Souriau qu’au-delà des bonnes intentions, il y a eu des erreurs, et des objectifs n'ont pas été atteints. Le centre-ville de la capitale n’a ainsi pas été reconstruit. Antoine Rivière rappelle qu’après le tremblement de terre, « toutes agences de développement du monde, les ONG, les organisations de coopération régionales, tout le monde est arrivé en soutenant divers projets et en apportant sa contribution ». Tout cela était très dur à coordonner, d’autant que tous ces acteurs dépendaient de nombreux ministères – des ministères déjà structurellement « faibles et peu efficaces » avant le séisme, et qui le sont devenus encore plus après (locaux effondrés, employés décédés…) L’international a donc pris une part active dans le processus de décision. Michel Martelli se fera ensuite en partie élire sur une reprise en main par Haïti de la reconstruction. Beaucoup d’inaugurations de chantiers suivront, mais « cherchez un élément fini, il n’y a rien ».

    Arrestation d’un député soupçonné de connivence avec les gangs

    L’ancien député Prophane Victor a été arrêté ce dimanche (12 janvier 2025), il est soupçonné de connivence avec les gangs armés dans l’Artibonite. Prophane Victor est, rappelle Alter Presse, un membre influent du parti politique Bouclier, allié du Phtk de Michel Martelly. Le Nouvelliste rappelle que Prophane Victor fait déjà l’objet de sanctions du Canada, du Trésor américain et du Conseil de sécurité de l’ONU pour ses liens présumés avec les groupes criminels. L'arrestation de ce dimanche, écrit Gazette Haïti, intervient dans le cadre d’une enquête sur les liens présumés entre Magalie Habitant, l’ancienne directrice du Service national de gestion des résidus solides, et les gangs armés de la coalition « Vivre ensemble ». Or Leslie Voltaire, le chef du Conseil présidentiel de transition, affirmait ce dimanche sur la radio Magik Neuf : « j’ai l’impression que Magalie Habitant chante »,elle« dénonce des gens », et peut-être faut-il s’attendre à d’autres arrestations.

    Leslie Voltaire a, durant la même interview, condamné ce qu’il appelle l’alliance conclue entre certains partis politiques et « Vivre ensemble » - c’est à lire dans Gazette Haïti. Une condamnation qui fait suite aux propos tenus, toujours sur Magik 9, par Liné Balathazar, président du parti Phtk. Liné Balathazar qui déclarait que « les gangs armés travaillent avec des groupes politiques en vie de proposer une solution à la crise ». Leslie Voltaire s’est dit consterné, et a estimé qu’agir ainsi menaçait la République d’Haïti.

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    À Los Angeles, les incendies continuent

    Les principaux incendies sont loin d’être totalement maîtrisés à Los Angeles - et il est prévu que le vent souffle jusqu’à ce mercredi (15 janvier 2025). En attendant, la solidarité s’organise, notamment sur l’hippodrome de Pasadena. Un hippodrome devenu « le point central de tous les dons à Pasadena et Altadena », selon Gerardo Romero, que l’envoyé spécial de RFI Guillaume Naudin a rencontré alors qu’il proposait des repas : « Nous sommes ici pour donner notre temps et pour nourrir tout le monde et notamment avec des repas chauds. Tout le monde dans les communautés du coin vient pour soutenir, pour donner de son temps. Et voir la communauté se rassembler, simplement pour soutenir et pour aider, c’est génial. »

    Pendant ce temps, les enquêtes se poursuivent sur les causes des incendies. Selon le Washington Post, le feu de Pacific Palisades a pris près d’un ancien feu, qui s’était déclaré lors du réveillon du Nouvel an. Cet ancien feu pourrait s'être rallumé, ce qui est possible, selon les experts, en cas de vent fort. De fait, du Colorado à Hawaï en passant par la Californie, ces anciens feux qui se rallument ont déjà été, par le passé, « à l’origine des feux de forêts les plus catastrophiques et mortels du pays ».

    USA Today note que ces feux de forêt touchent l'ensemble de la société de Los Angeles.« Ici », rappelle le quotidien, « les méga-riches vivent côte à côte avec des sans-logis qui survivent en fouillant dans les poubelles des riches. Entre les deux, des générations de travailleurs et de familles de la classe moyenne, dont certaines ont eu la chance, ou l'intelligence, d'investir il y a plusieurs décennies dans quelques milliers de mètres carrés d'un des biens immobiliers les plus recherchés de la planète. » À lire aussi dans Politico, un article constatant que, malgré les déclarations du président Joe Biden liant les feux au changement climatique, les habitants d’Altadena, qui ont commencé à retourner chez eux ce jeudi, invoquent le vent, Dieu, ou l’augmentation de la population. Mais personne ne parle du changement climatique, dans une Altadena pourtant fortement démocrate.

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    Le Mexique tente de lutter contre l’obésité

    Cette année 2025 sera celle de la lutte contre l'obésité au Mexique, le pays le plus touché au monde par cette maladie chronique, contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce ne sont pas les US, mais leur voisin. Au Mexique, explique la correspondante de RFI Marine Lebègue, les trois-quarts de la population adulte sont soit obèses soit en surpoids, et deux enfants sur cinq sont concernés. Les autorités ont donc décidé d'interdire la vente de bonbons ou autres sucreries devant les écoles. Le nutritionniste Rigoberto Torres parle d’une « très bonne idée », mais « pour que ça marche, il faudrait aussi proposer un temps dédié à la nutrition dans les écoles, parce que tout vient de l’éducation. »

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    Le journal de la Première

    Au menu : la Guadeloupe, et son évolution statutaire.

  • Le Venezuela se barricade en prévision de la cérémonie d’investiture de Nicolas Maduro, qui prête serment sans jamais avoir publié les preuves de sa réélection.

    Notre correspondante à Caracas, Alice Campaignolle témoigne d’un climat « extrêmement tendu, le déploiement des forces de l’ordre est impressionnant, surtout dans la capitale, les autorités sont sur les dents, elles craignent des attaques de l’opposition, ou tout simplement des manifestations, surtout après les évènements de la veille où l’on a cru à une arrestation de Maria Corina Machado ».

    La cheffe de l’opposition, qui vit dans la clandestinité depuis la présidentielle contestée de juillet, est réapparue ce jeudi au milieu de la foule qui s’était massée pour contester l’investiture pour un troisième mandat de Nicolas Maduro. « Quand les gens l’ont vu, c'était l’hystérie », rapporte Alice Campaignolle, « elle est toujours aussi populaire. Sa brève interpellation a fait très peur à ses partisans. Et elle ne cesse de promettre qu’elle ira jusqu’au bout, qu’elle parviendra avec Edmundo Gonzalez à prendre le pouvoir, mais cela parait très difficile. »

    L'opposition revendique la victoire d'Edmundo Gonzalez Urrutia à la présidentielle du 28 juillet. Elle assure que les procès-verbaux des bureaux de vote qu'elle a recueillis prouvent que l'ancien diplomate a remporté le scrutin haut la main – plus de 67 % des voix – face à « un régime qui se sait battu » et isolé sur le plan international. Edmundo Gonzalez Urrutia a d'ailleurs promis de rentrer de son exil espagnol, lui qui avait fui la répression très dure et qui s'est encore accentuée ces derniers jours. Alice Campaignolle témoigne d’une « opposition très affaiblie par des mois et des années de répression, d’arrestations arbitraires, de démantèlement des partis politiques ».

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    Pourtant hier, dans la manifestation de Caracas, les supporters du candidat de l’opposition continuaient d’y croire. Pour Maria, rencontrée dans la manifestation et venue soutenir son candidat Edmundo Gonzalez : « Oui, il va venir, il va arriver avec une surprise pour tous les Vénézuéliens, parce que nous le méritons. On a affronté beaucoup de choses très difficiles et on s’est toujours relevé. Donc, on espère que d’ici demain, on soit libre ! »

    D’un point de vue diplomatique, si une grande partie de la communauté internationale ne reconnait pas la victoire de Nicolas Maduro, certains pays, notamment européens, veulent rester ouverts au dialogue. Pour Colette Capriles, sociologue du Foro Civico, si le Venezuela « ferme les relations diplomatiques, si [le pays] perd ces relations de coopération avec l'Union européenne, les États-Unis et d'autres pays de l'Amérique latine, il y a un grand danger humanitaire. Il y a encore sept, huit millions de personnes au Venezuela qui ont besoin d'une aide alimentaire, humanitaire. Qu'est-ce qu'on va faire avec ça ? »

    Incendies à Los Angeles : la désolation et la colère

    « C'est comme si une bombe atomique était tombée sur certaines zones. Je n'attends pas de bonnes nouvelles », déclare le shérif du comté de Los Angeles, Robert Luna. Notre correspondant Loïc Pialat a rencontré des habitants de Pacific Palisades, un quartier très durement touché par les incendies.

    Pour Jon Turtletaub, un réalisateur de cinéma qui marche sur les cendres de la crèche de ses enfants : « Beaucoup de gens disent que ça ressemble à un décor de cinéma, […] mais ce n’est pas comme un film, les films sont en deux dimensions. » Beaucoup de rescapés mettent en cause la gestion des autorités locales : « La sévérité de ces feux aurait pu être évitée de mon point de vue », dit Paul, un jeune homme qui a perdu sa maison. « Je ne comprends pas... Ils connaissaient les dangers de cet épisode venteux et personne n’avait de plan apparemment. Il y aura un prix politique à payer pour ça. »

    Les images à la Une de la presse américaine sont très impressionnantes : des quartiers entièrement dévastés et des centaines de maisons réduites en cendres, comme le montrent ces photos à voir dans le Washington Post : la skyline de Los Angeles engloutie sous la fumée des incendies et dont on distingue à peine le haut des immeubles, des rues où se sont engouffrées les flammes, qui dévastent tout sur leur passage. Des habitants qui aident les pompiers avec les moyens du bord, comme cet entrepreneur qui a pu protéger neuf maisons dans le quartier de Pacific Palisades avec son équipe d'ouvriers, en se servant d'un long tuyau de fortune… mais il raconte que les bouches d'incendie étaient très rapidement vides. Dans le Los Angeles Times, d'autres images montrent des amas de ferraille en bord de mer, où l'on devine les vestiges d'anciennes maisons à Malibu. Seul un escalier se dresse, témoin de l'ampleur de ces incendies titanesques. Les habitants, eux, marchent hagards au milieu des routes, bordées par des carcasses de voiture calcinées. Certains tombent dans les bras de leur voisin, après avoir perdu le rêve de toute une vie, leur maison dévorée par les flammes. Il y a aussi les pompiers à l'œuvre, épuisés, dont des centaines, comme le souligne Forbes sont des prisonniers : un programme de réhabilitation, vieux de plus de cent ans, leur permet d'intervenir durant de grands incendies tout en purgeant leur peine.

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    Haïti : la fermeture du port de Port-au-Prince

    Le Nouvelliste, nous apprend que le Caribbean Port Services, le principal opérateur du port de Port-au-Prince, a dû suspendre ses activités seulement un mois après sa ré-ouverture, sous pression du puissant chef de gang « qui contrôle la zone des plus grandes installations portuaires du pays » rappelle le quotidien. Celui-ci avait orchestré la tuerie collective d'une violence inouïe perpétuée il y a un mois dans le centre de Wharf Jeremie, tout près de Port-au-Prince : « Il a ordonné l'exécution de plus de 200 personnes habitant dans les parages du port », rappelle le Nouvelliste.

    Le journal Ayibopost, consacre également un article aux agents de la BSAP, la Brigade de la sécurité des aires protégées.

    L’actualité des Outre-Mer

    Benoît Ferrand revient sur le protocole de lutte contre la vie chère.

  • Deux jours de cauchemar, écrit le Los Angeles Times, mais la ville n'en a pas fini et se prépare à plusieurs jours encore d'incendies. Des vents très forts, des flammes immenses ont déjà fait des dégâts considérables, laissé des centaines de personnes sans-abri et causé la mort de cinq personnes.

    Les vents avaient légèrement baissé ce jeudi en début de journée, raconte le correspondant de RFI aux États-Unis, Guillaume Naudin. Mercredi soir, les flammes ont atteint les collines situées au-dessus du célèbre quartier de Hollywood, qui a été évacué. Elles menacent également Pasadena. 130 000 personnes ont été évacuées. Le président Joe Biden, qui était en déplacement à Los Angeles, s’est rendu auprès des pompiers. Et il a annulé son voyage en Italie, qui devait être le dernier de son mandat, pour superviser la réponse fédérale aux incendies.

    « Un mur de flammes alimenté par les vents consume les enclaves de L.A. », titre le New York Times, au-dessus d’une photo du quartier de Pacific Palisades, une photo d'arbres tordus par les vents ou en feu, une photo rendue orange, un orange intense, par la lueur des flammes. Le New York Post résume la situation : « Hell.A. », jeu de mot sur Hell (Enfer), L.A. (Los Angeles). « Apocalypse Los Angeles », renchérit le Washington Post. Mercredi soir, deux nouveaux feux sont apparus, dont l’un a provoqué, écrit le LA Times, des évacuations « chaotiques » près du quartier d’Hollywood. Deux feux sur lesquels ont été envoyés des pompiers déjà épuisés, souligne le quotidien.

    Des pompiers qui ont manqué d’eau pour combattre le feu : à trois heures du matin mercredi, tous les réservoirs d’eau du quartier de Pacific Palisades étaient à sec, ce qui, écrit le LA Times, a réduit le débit des bouches d'incendie situées en hauteur. « La demande était énorme dans le quartier, quatre fois plus que la normale, ce qui a fait baisser la pression de notre système », a expliqué le directeur général du département de l'eau et de l'électricité de Los Angeles.

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    Polémiques

    Mais le président élu Donald Trump affirme que le manque d’eau est dû au gouverneur démocrate Gawin Newsom : « J'ai essayé de convaincre Gavin Newsom de laisser l’eau arriver sur place, mais il l’envoie dans le Pacifique pour sauver un petit poisson appelé "éperlan", qui en plus habite ailleurs, et à cause de cet éperlan ils n’ont plus d’eau. » Une polémique qui désole le principal intéressé, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom : « Je ne trouve même pas de réponse à cela. Les gens doivent littéralement s’enfuir, d’autres ont perdu la vie (…), et lui, il cherche à politiser tout cela. »

    Autre polémique : des véhicules bloqués par des bouchons au moment d’évacuer. Le New York Times parle d’une « évacuation catastrophique en préparation depuis des années » : « Les habitants de Pacific Palisades demandent depuis longtemps que l'on accorde plus d'attention à la préparation aux incendies qui frappent la région avec une fréquence et une férocité de plus en plus grandes. » Une résidente interrogée par le quotidien rapporte qu’à une réunion, on leur a dit que les itinéraires d'évacuation devraient être déterminés au moment de l'incendie. Résultat : des résidents qui tentent de fuir les feux et se retrouvent bloqués dans des voitures qu’ils doivent finalement abandonner, et qui seront à moitié détruites par les bulldozers venus libérer le chemin pour les équipes de secours.

    Manifestations ce jeudi au Venezuela

    Au Venezuela, le président Nicolas Maduro doit prêter serment pour un troisième mandat consécutif ce vendredi. L’opposition, qui affirme que son candidat a remporté la présidentielle de juillet dernier, appelle à une grande manifestation ce jeudi. « C’est fini. Demain, nous nous serrerons tous dans nos bras », veut croire la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado, reprise par El Nacional. El Nacional qui écrit dans son éditorial : « Il est temps de nous engager jusqu'à la moelle de nos os à changer de politique, à restaurer la démocratie, à faire fleurir la liberté. » Mais au Venezuela, écrit Tal Cual, « la reconquête de la démocratie semble plus un idéal lointain qu'une réalité atteignable ». Tal Cual qui dans son éditorial rappelle – quand même – que « le destin n’est pas écrit ». Pendant ce temps, rapporte Ultimas Noticias, la vice-présidente affirme que l’opposition s'est associée à « des réseaux internationaux de trafiquants de drogue, de pédophiles et d'assassins, qui distillent la saleté » pour continuer à nuire au pays.

    Haïti : l’argent liquide manque en province

    Frantz Duval, le rédacteur en chef du Nouvelliste, revient sur un problème récurrent et quotidien pour les Haïtiens : la difficulté à trouver de l'argent liquide hors de la capitale, un argent liquide d’autant plus important qu’il n’y a quasiment pas de moyens de paiement alternatif dans les villes de province. Comme les routes principales sont bloquées, les bateaux attaqués en mer et qu’il n’y a pas de circuit aérien reliant la capitale et les autres villes, les banques ne peuvent pas transférer de montants importants en cash aux banques de province. En province, où il y a donc un rationnement sur les retraits, or « les gens ont besoin de cash ».

    Enquête sur Camisea, un des plus grands projets gaziers en Amérique latine

    Gros plan sur l'un des plus grands projets gaziers en Amérique latine : Camisea. C'est un gisement de gaz situé dans le sud-est du Pérou, au cœur de la forêt amazonienne. Chaque année, ce consortium de six entreprises en extrait près de 14 milliards de mètres cubes de gaz.

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    Cette exploitation gazière fait l'objet de recherches menées par nos confrères de France 24 et le média d'investigation Disclose. RFI s'y est associée – à lire sur le site internet de RFI une série d'articles, « La ruée vers le gaz ». Objectif : comprendre le fonctionnement de ce site gazier et l'implication des banques françaises dans le secteur. Stefanie Schüler a interrogé le journaliste Alexander Abdelilah, qui s’est rendu sur le site de Camisea. Il lui a entre autres expliqué que l’impact de l’extraction gazière sur cet écosystème fragile est en théorie contrôlé, entre autre, par des structures « dont la nature nous a surpris » : des structures de type associatives, mais financées par les entreprises qu’elles sont censées contrôler.

    Le journal de la Première

    Un an après sa signature, le « contrat territorial de prévention et de sécurité » a fait l’objet d’une première évaluation en Martinique…

  • Le 8 janvier 2023, plusieurs milliers d’émeutiers d’extrême droite dévastaient les principales institutions brésiliennes, situées sur la place des Trois-Pouvoirs, à Brasilia, une semaine après l’investiture du président élu, Luiz Inacio Lula da Silva. Des actes violents qui laissent encore des traces dans la société brésilienne.

    La question de l'amnistie est notamment toujours brûlante. Environ 1 500 personnes ont été arrêtées et une trentaine d'émeutiers ont été condamnés à des peines allant jusqu'à 17 ans de prison pour tentative de coup d'État.

    Le journal Folha de Sao Paulo montre des images de l'évènement pour ne pas oublier ce qu'il s'est passé ce jour-là. On y voit des milliers de partisans de l'ancien président Jair Bolsonaro affluer vers le siège des trois pouvoirs à Brasilia et pénétrer dans le palais du Planalto, siège du pouvoir exécutif, mais aussi le bâtiment du Tribunal suprême fédéral.

    Une marée humaine, vêtue de vert et de jaune, les couleurs du Brésil, qui en quelques heures a détruit et vandalisé des œuvres d'art, dont un tableau du peintre brésilien Emiliano Augusto Cavalcanti, estimé à 8 millions de reais (plus de 12,6 millions d'euros), troué à six reprises. Le quotidien montre comment l’œuvre intitulée As Mulatas a été restaurée et a été rendue cette semaine au palais du Planalto. Lors d’une cérémonie de commémoration en présence du président Lula, le tableau a été présenté comme d’autres œuvres endommagées lors de l’invasion du bâtiment.

    À cette occasion, la première dame Rosangela da Silva a prononcé un discours dans lequel elle a déclaré que le palais du Planalto avait « été victime d'une haine qui continue d'encourager les actes antidémocratiques, ainsi que les discours fascistes et autoritaires » rapporte le Folha de Sao Paulo.

    Mais il n'y a pas que les œuvres d'art qui demandent réparation. Le journal El Globo publie une interview de la future présidente du tribunal militaire supérieur.

    Maria Elizabeth Rocha estime qu'il est trop tôt pour parler d'amnistie pour les personnes impliquées dans cette insurrection, car tous les inculpés n'ont pas encore été jugés, notamment les logisticiens qui ont permis le transport ou aidé l'installation des émeutiers lors du campement devant le quartier général de l'armée. « Il faut avoir une vision complète de ce qu'a été le 8 janvier, tout clarifier, et pouvoir en parler, car l'amnistie, c'est le pardon, pas l'oubli », précise celle qui aura la tâche de superviser l'enquête sur ces évènements, et pour qui la date du 8 janvier est toujours « une blessure ouverte qui prendra du temps à cicatriser ».

    15 ans après le séisme en Haïti : « Une réponse internationale motivée par une certaine peur »

    16h53, le dimanche 12 janvier 2010. Une date et une heure qui resteront à jamais gravées dans la mémoire des Haïtiens. Ce jour-là, un séisme de magnitude 7 au large de Port-au-Prince engloutissait la capitale haïtienne, faisant plus de 280 000 morts et 300 000 blessés. Dimanche prochain, le pays commémorera les 15 ans de la catastrophe, dans le contexte d’insécurité que l’on connait. Une situation qui n’est pas étrangère à la gestion directe de l’après-séisme par la communauté internationale. C’est la thèse défendue par l’Américain Jake Johnston dans son livre paru l’an dernier Aid State : « La réponse internationale au tremblement de terre était motivée par une certaine peur », estime le chercheur au Center for Economic and Policy Research de Washington DC dans un entretien avec RFI. « C’est une peur qui a eu des conséquences fatales : définir comme priorité la sécurité, les ressources militaires dans une situation qui exigeait une réponse humanitaire, a de fait ralenti la délivrance de cette aide. » Jake Johnston estime que les objectifs capitalistes américains et européens de longue date ont piégé et ré-asservi Haïti, sous couvert de l’aider : « C'est de cette manière que fonctionne le système d’aide que nous avons créé et que les pays riches soutiennent. En grande partie, il est fait pour bénéficier aux pays qui développent cette aide, et pas à ceux qui en ont besoin. » Le chercheur donne l’exemple des agriculteurs haïtiens qui n’ont pas pu lutter contre l’arrivée massive de nourriture importée et distribuée gratuitement après le séisme.

    À Cap Haïtien, les appels à l’aide se multiplient après les pluies diluviennes

    Dans une interview au Nouvelliste, l'ingénieur Raoul Lecompte, qui est aussi le directeur départemental Nord du ministère des Travaux publics, Transports et Communications, appelle à la mise en place d’une « urgence gouvernementale » et dénonce une administration paralysée par le manque de moyens et notamment « l'absence criante de matériel » pour faire face aux catastrophes naturelles. La plupart des véhicules sont soit en panne, soit insuffisants pour permettre d'intervenir après chaque pluie diluvienne. Mais la problématique est bien plus profonde, souligne Le Nouvelliste, qui évoque « un environnement devenu invivable » pour les habitants qui doivent évoluer parmi les immondices qui s'accumulent, et « amplifient les risques sanitaires » en raison d'une gestion inadaptée des déchets et d'un « mauvais drainage des eaux de pluies ».

    États-Unis : l’état d’urgence déclaré à Los Angeles pour « des incendies sans précédent »

    Le violent feu de forêt qui ravage le quartier huppé de Pacific Palisades qui surplombe Los Angeles, a forcé des milliers de personnes à fuir alors que des vents de la puissance d'un ouragan posent un « danger mortel », selon les autorités.

    La reporter du Washington Post Brianna Sacks témoigne sur place de vents violents qui attisent le feu et qui ont obligé des habitants paniqués à abandonner leurs véhicules sur l'une des seules routes entrant et sortant de la zone et à fuir à pied le feu qui a déjà ravagé près de 1 200 hectares.

    La journaliste relate des problèmes de circulation alors que des voitures sont en feu au bord de la route. Son père qui vit dans les environs a dû être évacué et elle témoigne de la difficulté pour elle de couvrir cet évènement d’un point de vue émotionnel. Environ 30 000 personnes sont sous le coup d'un ordre d'évacuation, selon les autorités qui ont déclaré l'état d'urgence, « plus de 1 400 pompiers ont été mobilisés pour combattre ces incendies sans précédent », explique le gouverneur de Californie, Gavin Newsom.

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    La vente de voitures électriques encouragée par la politique climat de Joe Biden

    Toujours aux États-Unis, la présidence de Donald Trump laisse craindre un recul sur les politiques environnementales. Le futur locataire de la Maison Banche a vivement défendu l’usage des énergies fossiles pendant sa campagne. Lors de son premier mandat, il a sorti son pays de l’Accord de Paris et il n'a eu de cesse de critiquer les dépenses engagées par Joe Biden pour une transition vers les énergies vertes. Le président démocrate Joe Biden se vante d'ailleurs d'avoir mené les politiques climatiques les plus ambitieuses de l'histoire américaine, à travers l'IRA, l’Inflation Reduction Act, un vaste plan d’aide qui permet notamment d’encourager la vente des véhicules électriques. Reportage Edward Maille.

    Journal de la 1ère

    Neuf agents EDF en poste en Martinique s’envolent ce mercredi pour Mayotte, dans le sud de l’océan Indien. Benoît Ferrand.

  • Le Premier ministre canadien a jeté l’éponge hier, après neuf années à la tête du gouvernement qui ont abîmé son image et celle du Parti libéral. Le grand invité : Frédéric Boily, professeur de politique canadienne et québécoise à l’université de l’Alberta.

    RFI : Quel bilan tirez-vous des années Justin Trudeau à la tête du Canada ?

    Frédéric Boily : C'est un bilan contrasté, sous-tendu par deux périodes distinctes. Entre 2015 et 2019, le gouvernement est archi-majoritaire. À ce moment-là, Justin Trudeau avait les coudées franches et il a quand même pu initier un certain nombre d'initiatives politiques intéressantes : un processus de réconciliation avec les autochtones, une politique environnementale plus vigoureuse, une véritable défense de la classe moyenne qui s'est surtout manifestée lors de la pandémie. Mais ça s'est dégradé par la suite avec les élections de 2019 et 2021, lorsque le gouvernement a été mis en minorité.

    Le vote libéral est resté très efficace, surtout dans les grandes villes. Mais ces résultats électoraux ont aussi montré un pays en train de se fractionner entre l'Est et l'Ouest. Il aurait fallu entendre que le pays était en train de se diviser et apporter les correctifs qui n'ont pas été apportés, soit par entêtement politique, soit par aveuglement idéologique.

    On a la sensation que la popularité de Justin Trudeau s'est usée à l'épreuve du pouvoir et que son image en a beaucoup souffert ?

    Elle est devenue très mauvaise. Et c'est un peu paradoxal, parce qu'en 2015, Justin Trudeau apparaissait comme un vent de fraîcheur par rapport à son prédécesseur Steven Harper, un conservateur qui passait pour l'homme politique d'une autre époque. La « Trudeaumania » s’est totalement estompée et son capital politique a disparu, non seulement auprès de la population, mais de surcroit, à l’intérieur de son groupe parlementaire. On a vu ces derniers mois de plus en plus de libéraux affirmer que Justin Trudeau ne pouvait plus être l'homme de la situation, et que malgré sa gestion convenable de la pandémie de Covid-19, il appartenait désormais au passé, loin de la figure rassembleuse de 2015.

    Quels sont les éléments qui ont précipité sa chute ?

    Beaucoup de choses. Mais avant tout, les élections partielles dans certaines circonscriptions, du côté de Toronto ou de Montréal, considérées comme des bastions libéraux, qui ont été perdues, dans une odeur de débandade électorale. Petit à petit, il a perdu l’art de gouverner. On aurait pu penser qu’après la pandémie, l'État reste très présent pour soutenir l’économie canadienne. Mais, au contraire, c’est le discours selon lequel le Canada avait perdu la maîtrise de ses finances publiques qui s’est imposé, et cette idée a fait beaucoup de mal aux libéraux. Comme s’il n’y avait plus de pilotes dans l’avion et qu’il était temps de changer tout l’équipage pour y remettre une touche conservatrice, si l’on en croit les sondages.

    Le Parti libéral a-t-il une chance de garder la main sur le pouvoir ?

    C’est très compromis. Depuis deux ans, dans les intentions de vote, les conservateurs ont la faveur de l'électorat canadien, avec un écart considérable : 20 à 25 points d’avance par rapport aux libéraux. Dans le système majoritaire à un tour que connaît le Canada, on peut imaginer que les libéraux soient balayés et passent par une longue période de purgatoire politique.

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    Quels sont les grands thèmes sur lesquels s'appuient les conservateurs pour capitaliser sur les échecs de l'administration Trudeau et qu'est-ce qu'incarne le leader conservateur et favori des sondages, Pierre Poilievre ?

    Il s'est notamment mis en opposition sur un point central de l'approche libérale, à savoir la lutte contre le changement climatique avec une taxation sur le carbone. Cette mesure mise en avant par le gouvernement libéral était relativement bien acceptée par la population et avait été jugée constitutionnelle par la Cour suprême. Mais, sur la foi de son slogan « Axe the tax » (en finir avec la taxe, ndlr), Pierre Poilievre est parvenu à opérer un retournement de l’opinion, sous prétexte que les mesures climatiques prises par le gouvernement canadien portaient préjudice à l'économie. Tout ça a mis Justin Trudeau sur la défensive. Ainsi que les sorties sur le wokisme et certaines politiques libérales jugées trop inclusives ou favorables à la diversité ethnique ou culturelle, qui ont conduit une partie de l'électorat à se tourner vers les conservateurs. À tel point d'ailleurs qu'on a vu les libéraux reculer sur l’un des fondements de leur identité, la politique migratoire, dénoncée par Pierre Poilievre au motif que le Canada est disloqué et n’arrive plus à son niveau de performance économique passé parce qu’il a perdu le contrôle de ses frontières ou de son système d’immigration.

    Nouvelle passe d’armes au Venezuela à l’approche de la cérémonie d’investiture

    Le 10 janvier, Nicolas Maduro entend bien prêter serment pour un troisième mandat, car pour lui, c'est une certitude : il a remporté le scrutin présidentiel qui s'est tenu en juillet 2024 par près de 52% des voix contre 43% à l'opposition. Mais ces chiffres sont ceux du Conseil national électoral, totalement acquis à la cause du président sortant et, malgré les accusations de fraude massive, cet organe n’a jamais produit aucun document détaillé à l’appui de ce calcul. Or, l’opposition, elle, l’a fait, en compilant des milliers de récépissés de bulletins électoraux issus des votes électroniques, et en a conclu que Nicolas Maduro était battu à plate couture. Conséquence de ce conflit : des semaines de violences post-électorales, près de 30 morts, 200 blessés et 2 500 arrestations.

    Depuis lors, le candidat de l'opposition, Edmundo Gonzalez Urrutia, s'est exilé en Europe pour éviter les rafles du régime, mais se considère toujours comme le président légitime du Venezuela. Il est allé chercher hier à Washington le soutien de la Maison Blanche, d'où il a lancé un appel à l'armée vénézuélienne, appel à la reconnaître comme le seul et unique dirigeant élu du Venezuela. Ce message, très mal reçu par les militaires, lui a valu une réponse cinglante hier de Vladimir Padrino Lopez, le ministre vénézuélien de la Défense : « Nous rejetons catégoriquement cet acte de bouffonnerie politique qui n'aura pas le moindre impact sur la conscience patriotique et révolutionnaire des forces armées bolivariennes. L'armée, en parfaite cohésion politique, populaire et militaire avec les autorités, défendra la Constitution et les lois de notre nation, ainsi que sa liberté et son indépendance. »

    Padrino Lopez ajoute que, le 10 janvier, Nicolas Maduro sera bel et bien reconnu comme le président du Venezuela et commandant en chef des armées, et qu'il n'est pas question de lui désobéir. Et pour enfoncer le clou, les forces de sécurité sont déployées dans les rues de Caracas, où l’on s’attend à un coup de chaud, car Edmundo Gonzalez Urrutia, qui a quitté le pays il y a quatre mois, affirme vouloir revenir au Venezuela alors qu'il a déjà un mandat de recherche sur le dos et que le pouvoir promet 100 000 dollars à quiconque permettra de le localiser. Le ministre de l’Intérieur a d’ailleurs explicitement menacé de l’arrêter s’il remettait un pied au Venezuela, mais Maria Corina Machado, l'autre figure de l'opposition, qui vit dans la clandestinité sur le sol vénézuélien, estime que la population en a vu d’autres et que la balle est dans le camp des manifestants. « De toute évidence, le régime n'a plus que la peur. Il a perdu tout soutien populaire, il a perdu toute légitimité et il est complètement isolé. Et nous, les Vénézuéliens, nous savons que si nous sortons tous, des millions d'entre nous, comment quelques centaines ou quelques milliers de personnes armées pourraient-elles s'en prendre à 30 millions de Vénézuéliens ? En fin de compte, la seule façon d'être libre est de vaincre la peur. Nous, les Vénézuéliens, nous l'avons démontré. Et je pense que toutes ces menaces, ce déploiement d'armes et ce langage grossier et agressif proviennent de ceux qui savent qu'ils vont quitter le régime. »

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    Attention à la journée de jeudi, veille de la cérémonie d'investiture, où chacun de leur côté, l'opposition et le gouvernement appellent leurs partisans à manifester.

    Le cimetière de Falfurrias au Texas, symbole de la crise migratoire

    À deux semaines de la prestation de serment de Donald Trump, gros plan sur les migrants, qui figurent dans le collimateur du prochain président américain depuis plusieurs années. Il a promis pendant la campagne présidentielle la plus grande opération d’expulsion de l’histoire américaine, fondée sur une chasse implacable des clandestins qui risquent leur vie pour rejoindre les États-Unis. Reportage d’Eric Samson, notre envoyé spécial dans la petite ville de Falfurrias, au Texas, où le cimetière local fait office de tombeau pour de nombreux migrants fauchés avant la fin d’un périple dangereux et incertain. À écouter dans son intégralité dans l’édition du jour.

    L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

    Malgré les récents évènements politiques liés à la lutte contre la vie chère, la haute saison touristique a plutôt bien démarré en Martinique.

  • Dans la capitale haïtienne, l’insécurité force des milliers de familles à fuir leur quartier, mais la tension immobilière empêche la majorité des déplacés de se reloger et les pratiques frauduleuses explosent.

    « C’est un problème sérieux, relate un jeune homme croisé à Pétion-Ville par notre correspondant en Haïti, Peterson Luxama. La question du logement est devenue presque insoluble, extrêmement difficile. Une chambre que l’on pouvait louer autrefois pour 50 000 gourdes (environ 400 dollars américains), peut maintenant être proposée à 125 000 ou même 150 000 gourdes (entre 1 000 et 1 200 dollars). Et malgré ces prix exorbitants, il est souvent impossible d’en trouver une. »

    Certains habitants de Port-au-Prince sont à la recherche d’une maison depuis plusieurs semaines, impossible à trouver en raison de la forte demande qui provoque une flambée des loyers.

    « Nombreux sont ceux qui quittent une zone pour s’installer dans une autre, raconte un passant. Cela provoque une concentration dans les quartiers où ils arrivent, qui n’étaient pas aménagés pour accueillir autant de personnes. Les propriétaires en profitent pour doubler, voire tripler, les prix des maisons. »

    L’argent, un casse-tête aussi pour Jeantel Lainé et sa famille, qui habitaient Nazon, un quartier pris d’assaut par les bandits armés. Aujourd’hui séparés, ils souhaitent se réinstaller, mais la hausse des prix du logement les freine.

    « À dire vrai, je n'ai même pas cherché de logement, car nous n’avons pas suffisamment de fonds. Ces logements coûtent 2 000, voire 3 000 dollars américains. C'est impossible si vous n’avez pas quelqu’un pour vous aider. Avant, ma famille et moi vivions ensemble, mais maintenant, chacun est obligé de se débrouiller de son côté. »

    Trouver un logement à Port-au-Prince est devenu un véritable parcours du combattant, en raison de la montée en puissance des gangs armés. Des communes comme Pétion-Ville et Delmas servent de refuge pour certains déplacés internes. Mais même ceux qui réunissent la somme demandée par les propriétaires se heurtent parfois à des refus. Les propriétaires hésitent à louer à des personnes venant de quartiers jugés dangereux, comme le souligne Wedson : « Parfois, le propriétaire hésite à louer sa maison, car il ne sait pas à qui il a affaire. Si vous êtes un jeune homme, c'est encore pire. Si vous êtes une jeune femme avec des tatouages, ils hésitent encore plus à louer. Et même si vous arrivez à louer la maison, cela reste dangereux, car vous pourriez être victime de violences à tout moment. On vous surveille constamment pour savoir de quelle zone vous venez, ou si vous êtes en fuite. »

    Mais la crise du logement ne se limite pas seulement aux réticences des propriétaires à louer à des personnes inconnues. Carlin, journaliste photographe, décrit un autre phénomène inquiétant : « Il y a beaucoup de gens qui se font passer pour des courtiers et recherchent des maisons à louer sans que les propriétaires soient au courant. Ces courtiers identifient des maisons à louer et les publient sur internet. Par exemple, un propriétaire peut décider de louer sa maison à 2 000 dollars, mais le courtier, lui, en demande 2 500. Ensuite, pour qu’il vous fasse visiter la maison, vous devez payer des frais supplémentaires. À cela s’ajoute un pourcentage que le courtier exige si vous réussissez à louer la maison. »

    Une situation qui reflète l’ampleur de la crise humanitaire à Port-au-Prince. Et pour beaucoup, la question n’est plus seulement de trouver un toit, mais de savoir s’ils pourront un jour retrouver une vie normale.

    Du renfort pour la MMAS

    La Mission multinationale d'assistance à la sécurité, censée soutenir la police haïtienne dans sa lutte contre les groupes armés, accueille 77 officiers guatémaltèques, qui sont arrivés il y a deux jours à Port-au-Prince à bord d'un avion américain, relate Le Nouvelliste. Ils viennent s’ajouter aux 75 soldats du Guatemala qui avaient atterri la veille en Haïti en compagnie de huit militaires du Salvador. La MMAS totalise à ce jour environ 700 personnes, un contingent encore loin des 2 500 membres qui devaient la composer à l'origine.

    Un exemple parmi tant d'autres de l’insécurité qui demeure : la mort hier d'un jeune entrepreneur de 37 ans, Robenson Rendel, tué dans la cour de l'église Notre-Dame du Perpétuel Secours, dans le quartier de Delmas 75 à Port-au-Prince. Il a été abattu, rapporte Gazette Haïti, par des hommes à moto, un assassinat condamné par l'archevêque de Port-au-Prince qui fustige « un acte barbare qui ne témoigne d'aucun respect pour la vie humaine ni pour les lieux sacrés ».

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    Quatre ans après l’attaque du Capitole

    Il y a quatre ans jour pour jour, le 6 janvier 2021, le Congrès américain était pris d'assaut par les partisans de Donald Trump, lors d’une journée particulièrement violente, qui restera dans l’histoire politique américaine. Quatre ans plus tard, en ce 6 janvier 2025 qui verra l’élection de Donald Trump certifiée sans incident, Joe Biden en personne a tenu à y revenir dans une tribune publiée par le Washington Post. « Après ce que nous avons vécu ce jour-là, en 2021, on sait qu'il ne faut plus rien prendre pour acquis, écrit le président sortant. Nous devons être fiers de notre démocratie qui a survécu à cet assaut, mais nous ne devons pas l'oublier, malgré le mouvement permanent qui cherche à réécrire, voire à effacer, l'histoire de cette journée. » Joe Biden rappelle à ses lecteurs que des milliers d'insurgés ont grimpé les murs du Capitole, brisé les fenêtres et abattu les portes. Il évoque aussi les policiers frappés, traînés au sol, assommés ou piétinés. « Il faut, conclut l'encore locataire de la Maison Blanche, s'engager à se rappeler du 6 janvier 2021. Se rappeler d'un jour où notre démocratie a été mise à l'épreuve. Et se rappeler que cette démocratie, même en Amérique, n'est pas garantie. »

    À découvrir sur le site de POLITICO, l’histoire d'Howie Liebengood, un agent de police qui s'est suicidé après l'assaut du Capitole. En tout, quatre membres des forces de l'ordre qui ont fait face à la foule du 6 janvier se sont ôtés la vie dans les jours, les semaines ou les mois qui ont suivi. POLITICO nous raconte à quel point l'attaque du Capitole a servi de détonateur, révélé l'ampleur de la détresse psychique des forces de sécurité, leur niveau de stress post-traumatique 25 fois plus élevé que la normale et débouché sur un texte de loi sur-mesure. Ces dispositions ont permis de requalifier le suicide d'Howie Liebengood et de ses collègues policiers qui sont considérés depuis 2022 comme morts en service. Et leurs familles habilitées à recevoir les garanties financières et juridiques prévues par l'État américain dans ce genre de circonstances.

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    L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

    À un peu plus de deux semaines du procès de son leader Rodrigue Petitot, le RPPRAC (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens) reste mobilisé contre la vie chère en Martinique.

  • Après une année 2024 marquées par les coupures de courant, les catastrophes naturelles… quelles perspectives pour l’île à la veille de l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche ? Entretien avec Janette Habel, politologue, enseignante à l'Institut des hautes études de l'Amérique latine à Paris III.

    « Un état de délabrement, une situation catastrophique ». Pour notre invitée, l’année 2024 a été l’une des pires qu’ait connue Cuba, « un tableau terrible, pire qu’après l’effondrement de l’URSS », estime la spécialiste. Une année marquée par des coupures de courant « rarement vues, l’île est restée dans une obscurité totale pendant plusieurs jours », conséquence d’ « installations trop vieilles ». À cela s’ajoute une « situation alimentaire faite de pénuries ».

    Pour Janette Habel, deux raisons à une telle situation : « les sanctions économiques états-uniennes depuis 60 ans qui ont des effets catastrophiques », et « le résultat de la politique économique menée par le gouvernement qui a fait du tourisme la priorité, au détriment d’autres secteurs comme l’agriculture ou la santé ». Et l’arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis risque d’aggraver encore plus la situation, selon la politologue. « On peut attendre le pire avec le choix de Marco Rubio, fils d’exilé cubain, au secrétariat d’État. Le pire étant de laisser le pays s’effondrer ».

    Haïti : retour sur le drame de l’hôpital général de Port-au-Prince

    Une semaine et demie après le drame sanglant survenu à l’hôpital général, la douleur et le traumatisme restent vifs chez les journalistes présents ce jour-là. Le 24 décembre 2024, alors que la presse était conviée pour couvrir la réouverture de l'établissement à Port-au-Prince, les gangs de la coalition « Vivre Ensemble » ont ouvert le feu sur l'hôpital. Entre les blessures physiques et les séquelles psychologiques, ces professionnels de la presse tentent de se remettre de l’horreur qu’ils ont vécue. Tandis que certains reçoivent encore des soins, le gouvernement a annoncé la mise en place d’une commission de suivi pour accompagner les victimes. Une mesure qui, selon des journalistes, devra s’accompagner d’actions concrètes pour répondre à leurs besoins immédiats et prévenir de nouvelles tragédies. Retour avec notre correspondant sur cette tragédie qui a marqué à jamais le paysage médiatique haïtien au cours de l’année 2024. Reportage de notre correspondant Peterson Luxama.

    Journal de la Première

    En Guyane, « l'année Gaston Monnerville » a été officiellement lancée hier dans le cadre du jardin botanique de Cayenne.

  • À la Nouvelle-Orléans, le FBI enquête sur l'attaque d'un ancien militaire américain, « inspiré » par le groupe État islamique, qui a précipité sa voiture sur une foule dans le quartier touristique français, mercredi 1ᵉʳ janvier 2025, en pleines festivités du Nouvel An. Bilan : au moins 15 morts et une trentaine de blessés.

    Will McGrew est journaliste à TéléLouisiane, il s'est rendu sur place quelques heures après l'attentat – Daniel Vallot l’a joint au téléphone. Le quartier est actuellement bloqué par la police, alors que, souligne-t-il, il s’agit habituellement du lieu le plus festif de la ville. Si le calme règne, c’est aussi « parce qu’on ne sait pas encore comment réagir à cet évènement ». La Nouvelle-Orléans et la Louisiane en général ont toujours été « un carrefour de cultures différentes », un endroit d’accueil pour la minorité juive, et plus tard musulmane et autres – une diversité « importante pour nous, mais c’est aussi peut-être ce qui a été attaqué ». Will McGrew remarque que les « soft targets », « cible faibles », ne sont pas assez protégées : on va être forcé de le faire, explique-t-il, et « c’est une grande question parce que les festivités comme ça, c’est notre manière de vivre, ça arrive chaque jour, chaque semaine en Louisiane ».

    « New Year’s Evil »

    La presse américaine fait sa Une sur l’attaque :« Le Diable du Nouvel An », « New Year’s Evil », titre en Une le tabloïd New York Post – un jeu de mot avec New Year’s Eve, le réveillon du Nouvel An. Sous le titre, en photo, le pick-up du terroriste. « Les festivités tournent à l’horreur à la Nouvelle- », titre de son côté le New York Times, au-dessus d'un cliché de Bourbon Street, bloquée et arpentée par les enquêteurs. De son côté, leLos Angeles Times fait, malgré tout, sa Une sur sa propre Parade de la Rose, la 136ᵉ, tout en soulignant que les milliers de personnes qui y participaient avaient une pensée pour ce qui s’est passé à la Nouvelle-Orléans.

    Plus largement, le FBI a ouvert une enquête, des perquisitions sont en cours dans plusieurs villes du Texas. Il s’agit de savoir si le suspect, Shamsud-Din Jabbar, a agi seul. Un suspect au sujet duquel le président américain Joe Biden a donné quelques précisions ce mercredi : « Un citoyen américain né au Texas », qui a servi dans l’armée américaine de nombreuses années, et qui quelques heures avant l’attaque « a posté des vidéos sur les réseaux sociaux indiquant qu’il était inspiré par le groupe État islamique ».

    À la Nouvelle-Orléans, un début de polémique s’est développé sur les barrières de sécurité, qui servent précisément à prévenir ce genre d’attaques, mais qui n’étaient déployées ce mercredi 1ᵉʳ janvier 2025 : elles avaient été enlevées pour réparations, ce qui a provoqué des « critiques virulentes », rapporte The Advocate, un quotidien de Louisiane. Mais le quotidien se demande si ces barrières auraient été vraiment efficaces, puisque pour accéder à Bourbon Street « Shamsud-Din Jabbar a contourné un large patrouilleur et est monté sur le trottoir » – et, comme l’a souligné ce mercredi la police, ces barrières, lorsqu’elles sont en place, ne s’étendent pas aux trottoirs. « Nous avons un problème », a reconnu le gouverneur de Louisiane Jeff Landry, « et nous allons le résoudre ».

    Attaque aussi à Las Vegas

    Ce mercredi 1ᵉʳ janvier, une autre attaque a été menée, cette fois à Las Vegas – les enquêteurs sont à la recherche d’éventuels liens entre les deux, rapporte Politico. Une Tesla Cybertruck, remplie de bidons d'essence et de mortiers de feu d'artifice, a explosé, tuant le conducteur et blessé légèrement sept passants, raconte le LA Times. L’explosion a eu lieu devant un hôtel Trump de Las Vegas. La police a indiqué qu’elle enquêtait aussi pour savoir si ce choix était délibéré – sachant que le patron de Tesla, Elon Musk, est un très proche conseiller du président élu.

    Donald Trump, qui s’est exprimé sur l’attaque qui a visé la Nouvelle-Orléans, et Politico cite le texte posté par le président élu, mercredi, sur son réseau Truth Social : « Quand j’ai dit que les criminels qui viennent sont bien pires que ceux que nous avons dans notre pays, les démocrates et les médias fake news ont constamment réfuté mes propos, mais cela s'avère vrai ». Le président élu a donc « suggéré à tort que le suspect était un immigré », souligne le New York Times, puisqu’il s’est avéré que Shamsud-Din Jabbar était un vétéran de l’armée et était né aux États-Unis. Le quotidien rappelle que Donald Trump a promis la plus grande expulsion de l’histoire du pays une fois qu’il aura été investi.

    Leslie Voltaire et la dette haïtienne

    Toujours ce mercredi 1ᵉʳ janvier de 2025, Haiti célébrait le 221ᵉ anniversaire de son indépendance. Dans son discours, le président du Conseil présidentiel de transition (CPT) Leslie Voltaire a répété que la France, ancienne puissance colonisatrice, devait rembourser à Haiti la dette de l'indépendance – l'équivalent de plusieurs centaines de millions d'euros que Paris avait exigé pour compenser la perte du territoire, et qui « a contribué à compromettre de manière significative les promesses de développement de la jeune nation ». Ce remboursement est « une nécessité pour que notre nation puisse retrouver la voie de la prospérité et du respect ».

    Outre la question de la dette, le CPT et le Premier ministre haïtien ont fait des promesses lors de la cérémonie – « les mêmes qui reviennent depuis des années », commente Frantz Duval, le rédacteur en chef du Nouvelliste : la sécurité, des élections, une amélioration de la vie, « mais d’année en année, on recule sur tous ces fronts ». Pour ce qui est de la force multinationale emmenée par le Kenya, de nouvelles troupes étaient censées arrivées avant le 31 décembre 2024 – des Kényans, des Guatémaltèques, des Bahamiens, des Salvadoriens… « Personne n’est venu », souligne Frantz Duval.

    Au Honduras, menace contre menace

    La présidente du Honduras menace de fermer les bases américaines sur son sol si le président élu américain Donald Trump expulse en masse ses ressortissants. La presse hondurienne cite la base de Palmerola, dans le centre du pays, construite au début des années 80 pour combattre le communisme en Amérique du Sud, rappelle le site Confidencialhn. La présidente a souligné au passage, note El Tiempo, que les bases américaines ne paient pas leur présence dans le pays.La Prensa rapporte que la menace de la présidente a été critiquée par son ancien vice-président, Salvador Nasrallah, qui estime que cette décision pourrait amener à une rupture des relations avec les États-Unis, « notre principal partenaire stratégique ».

    Au Brésil, le plus grand quartier japonais du monde

    Le quartier de Liberdadji est implanté dans la ville de Sao Polo au Brésil, et il accueille la communauté japonaise la plus importante en dehors de l’Archipel.

    Pourtant, c'est historiquement une population noire qui habitait le quartier, avant même l’indépendance du Brésil, en 1822, raconte la correspondante de RFI Sarah Cozzolino. Aujourd’hui, le seul signe de l’héritage Noir du quartier est une statue de petite taille, sans piédestal, et dont la plaque se trouve à même le sol, sur la place – il s’agit de Madrinha Eunice, fondatrice de la première école de samba de carnaval de la ville. Marilia Marz, une jeune femme noire passionnée de culture japonaise, parle au micro de Sarah Cozzolino d’un « effacement de la mémoire noire », « un phénomène mondial ».

    Le journal de la Première

    2024, une année à oublier pour les producteurs de cannes à sucre en Guadeloupe.

  • Haïti célèbre ce mercredi les 221 ans de son indépendance. Symbole de cette libération du peuple : la soupe joumou, traditionnellement dégustée chaque 1ᵉʳ janvier – et entrée au patrimoine immatériel de l’Unesco en 2021.

    Lila Olkinuora s’est rendue en banlieue parisienne à la rencontre de la traiteur Wismonde Saintville, qui, après avoir quitté Haïti pour la région parisienne il y a une vingtaine d’années, fait vivre la tradition de la soupe joumou – plus précisément la recette de sa grand-mère. Cette soupe, c’est une transmission culinaire, mais aussi une transmission de l’histoire d’Haïti : « Les esclaves n’avaient pas le droit d’en manger », raconte Wismonde Saintville, « il n’avait pas le droit de toucher au giraumon (la courge utilisée dans la recette), même lorsque c’est eux qui l’avaient cultivé. Et après notre indépendance, notre victoire sur l’armée de Bonaparte, tout le monde se met à manger cette soupe. Quand on mange cette soupe, on sent vraiment qu’on est libre… »

    La soupe Joumou, c’est donc le symbole de l’indépendance d’Haïti, en 1804, une indépendance sur laquelle la presse haïtienne revient ce mercredi 1ᵉʳ janvier 2025. Dans Alter Presse, Watson Denis, docteur en histoire, écrit : « Le leitmotiv de la Révolution haïtienne s’est fait autour du principe idéologique : ‘l’Union fait la force’. Quand on s’est départi de cette voie émancipatrice, on s’est dévoyé jusqu’à perdre le nord ». Et l’auteur d’appeler à « recoudre le tissu social au lieu de continuer à le déchiqueter », pour « recommencer la route de l’émancipation véritable du peuple haïtien ». Mais la route est longue, semble répondre Le National : « L'année 2024 restera gravée dans les mémoires comme une période où la crise politique a atteint son paroxysme », entre démission du Premier ministre Ariel Henry sous la pression des gangs, transition politique difficile – avec un scandale de corruption qui secoue le Conseil présidentiel de transition… En 2025, le défi est de taille pour la classe politique, écrit le quotidien : « Rétablir l’ordre et la sécurité tout en redonnant confiance aux citoyens et en construisant un avenir politique durable ».

    Porto Rico privé d’électricité pour le Nouvel an

    Contraste frappant entre les Unes de journaux présentant des villes aux gratte-ciels illuminés, avec des ciels où explosent les feux d’artifice (le New York Times, le quotidien mexicain Excelsior), et le sort de Porto Rico, cette île des Caraïbes associée aux États-Unis et aujourd’hui privée d’électricité. « Mardi soir », écrit USA Today, « plus de 82% des clients de la compagnie Luma Energy, qui fournit le territoire, passaient le réveillon du Nouvel an sans électricité » - sachant que l’île est une destination populaire pour les vacances de fin d’années. Selon Luma Energy, le blackout pourrait venir d’une défaillance sur une ligne souterraine. L’île a souvent des problèmes d’alimentation électrique, à cause, écrit Politico, de la fragilité de son réseau, « en grande partie dû à de la négligence et au manque d’investissement de l’entreprise publique ». Jenniffer Gonzalez-Colon, la nouvelle gouverneure de Porto Rico, affirme sur X que stabiliser ce système sera sa priorité quand elle prendra ses fonctions.

    Les aidants au Chili

    Au Chili, 6 % de la population, soit plus d’un million de personnes, sont des aidants - des personnes qui s’occupent de leur proche malade, handicapé ou en perte d’autonomie. Plus de 8 fois sur 10, ce sont des femmes qui tiennent ce rôle. Souvent précaires, seules, elles souffrent physiquement et moralement de ce travail non rémunéré et invisibilisé par la société. Le gouvernement de Gabriel Boric essaye de renforcer les programmes publics mis en place pour leur venir en aide et alléger leur quotidien.

    La correspondante de RFI à Santiago, Naïla Derroisné a ainsi rencontré Lydia, qui s’occupe seule de son fils en fauteuil roulant – et de ses deux autres enfants. Lydia qui n’a pas d’emploi, car elle n’a pas le temps… Depuis environ un an, elle voit gratuitement une psychologue, grâce au programme mis en place par le gouvernement.

    Par ailleurs, une grande partie des femmes aidantes n’ont jamais cotisé pour leur retraite. Elles sont inquiètes pour leur vieillesse, mais craignent surtout de ne plus pouvoir prendre soin de ceux qui dépendent entièrement d’elles.

    Des vagues destructrices

    Au Pérou, d’énormes vagues frappent les côtes du nord du pays. Un phénomène rare où les conditions atmosphériques se combinent aux courants marins qui se croisent dans cette région. Martin Chabal s’est rendu dans la station balnéaire de Mancora, dont une grande partie du littoral a été détruite : les vagues n’ont laissé que des morceaux de béton sur la plage de sable blanc. « Ça a dépassé le haut du quai. Ça a emporté des bateaux qui ont été réduits en poussière », explique, accablé, Juan, un pêcheur de 71 ans. Un peu plus loin, le long de la plage, Carlos nettoie les restes de son hôtel : « Là, tu avais des cabanes de deux étages… Tout est parti à la mer ». Les sacs de sable de plus d’une tonne n’ont pas permis de stopper le raz de marée.

    Donald Trump, le Groenland et le canal de Panama

    Panama a célébré ce mardi ses 25 années de souveraineté sur le célèbre canal. « Souveraineté », un mot sur lequel le président Mulino a insisté ce mardi - c’est à lire dans La Estrella de Panama : « Il est important que nos jeunes aient à l’esprit le prix énorme de la lutte et du sang qui a été engagé pour hisser notre drapeau en ce lieu, comme signe indubitable de souveraineté ». Une référence très claire aux menaces du président américain élu Donald Trump de reprendre le contrôle du canal.

    À lire à ce sujet dans le New York Times, un article liant au changement climatique les déclarations de Donald Trump sur une éventuelle prise de contrôle par les États-Unis du canal de Panama, mais aussi du Groenland. Explication : au Groenland, la fonte des glaces ouvre des perspectives de forage pétroliers et gaziers, et d’extractions de minéraux. Ces dix dernières années, elle a aussi permis d'ouvrir de nouvelles routes commerciales, alors que le canal de Panama a connu en 2023 une sécheresse qui a très sérieusement handicapé ses opérations. Interrogé par le quotidien, un spécialiste de l’Université de Stanford estime que cet intérêt de Donald Trump pour le canal du Panama et le Groenland sont « une sorte de reconnaissance indirecte » de la réalité du changement climatique (dont il continue de nier l'existence), et du fait qu’il engendre des défis mondiaux.

    Le journal de la Première

    Le problème de la vie chère concerne la Martinique, mais aussi la Guadeloupe.

  • Il est partout, de tous les débats : le budget, les visas pour les travailleurs qualifiés, les élections en Allemagne ou la politique britannique… Elon Musk, le patron de Tesla et SpaceX, est devenu cette année l'une des voix qui comptent le plus aux États-Unis.

    Pour se tenir au plus près de Donald Trump, Elon Musk est devenu son locataire, explique leNew York Times : il loue un des chalets – à 2 000 dollars la nuit – de sa propriété de Mar-a-Lago, à une centaine de mètres du bâtiment principal. Ce qui lui permet d’avoir un accès facile au président élu, et apparaître lors de ses dîners – comme lorsque Donald Trump a reçu le patron d’Amazon Jeff Bezos. Mais aussi de participer à des réunions, être présent lors de coups de fil à des dirigeants étrangers, et plus largement passer des heures dans le bureau de Donald Trump.

    Si Elon Musk « secoue » la politique américaine, il pourrait bien faire de même ailleurs dans le monde, explique la correspondante de RFI aux États-Unis Loubna Anaki : le multimilliardaire n’hésite pas à donner son avis sur les gouvernements ou les élections d’autres États. Une influence qui ne plaît pas forcément dans le camp Trump : exemple ces derniers jours, lorsque le patron de Tesla s’est mis à dos les trumpistes les plus conservateurs en défendant le programme de visa destiné aux travailleurs qualifiés. Un programme que Donald Trump avait largement limité lors de son premier mandat, mais qu’il semble désormais défendre…

    Un juge argentin ordonne l’arrestation du président du Nicaragua

    En Argentine, un juge demande l’arrestation du président du Nicaragua Daniel Ortega et de son épouse Rosario Murillo pour « violation systématique des droits humains », rapporte le quotidien argentin El Dia, et ce « selon le principe de juridiction universelle qui permet aux différents pays de traiter de crimes contre l’humanité indépendamment du lieu où ils ont été commis ». « Un peu de lumière parmi tant d’obscurité ! », s’est félicité sur X l’avocat Dario Richarte, repris par le quotidien nicaraguayenConfidencial – cet avocat et professeur de droits international à l’Université de Buenos Aires avait déposé la plainte en 2022.

    La presse nicaraguayenne se félicite : « Grâce au procès argentin, les preuves contre Ortega et ses hommes de main ne disparaîtront pas », écrit La Prensa, car il « jette les bases de futurs procès devant des tribunaux internationaux ou au Nicaragua, une fois la démocratie rétablie ». Dans 100% Noticias, un avocat nicaraguayen explique ainsi que, même si le Nicaragua ne se conformera probablement pas à l'ordonnance, Daniel Ortega courra de plus grands risques lorsqu'il voyagera…

    L’Argentine, refuge pour les Bolsonaristes ?

    Depuis l'élection du président argentin Javier Milei, des centaines de Brésiliens qui avaient participé à la tentative de coup d'État de janvier 2023 ont traversé la frontière pour échapper à la justice de leur pays. Ils sont au moins 140 selon la justice brésilienne, et jusqu’à 600 selon les collectifs qui défendent leurs intérêts.

    Mi-novembre, souligne le correspondant de RFI à Buenos Aires Théo Conscience, la justice argentine a émis des mandats d’arrêts contre 61 ressortissants brésiliens qui font l’objet de demandes d’extradition de la part de la justice brésilienne. Tous ont reçu des condamnations définitives à des peines de prison fermes, et quatre d’entre eux ont été appréhendés par les autorités argentines. Cependant, leur sort n’est pas fixé, car la plupart de ces fugitifs ont demandé l’asile politique en Argentine. Selon Claudio Luis Caivano, l’avocat brésilien de plusieurs d’entre eux, ses clients ont participé à une manifestation, pas à une tentative de coup d’État, ils sont donc injustement poursuivis.

    Le Canal du Panama fête ses 25 années de gestion panaméenne

    En 1999, il y a 25 ans, les États-Unis transféraient leur gestion du canal au Panama. Un transfert dont on parle beaucoup ces derniers temps : déjà parce que le président américain Jimmy Carter, décédé ce dimanche 29 décembre 2024, avait signé en 1977 les traités permettant ce transfert. Et parce que le président élu Donald Trump a récemment menacé de reprendre le contrôle du canal si les prix des péages pour les navires américains n’étaient pas réduits.

    Dans The Hill, l’ancien ambassadeur américain au Panama John Feeley affirme que reprendre le canal est impossible à moins de déclencher une guerre. Et sur le site de la chaîne ABC, le président de la Commission des Relations extérieures du Sénat estime que la menace agitée par Donald Trump pourrait jeter les alliés des États-Unis dans les bras de la Russie et de la Chine.

    Côté panaméen, La Estrella de Panama titre sur un canal qui en 2024 a rapporté plus qu’en 87 années de contrôle par les États-Unis. Un canal dans lequel La Prensa voit aussi « un patrimoine de l’humanité », revenant sur la nationalité de tous ceux qui ont travaillé à sa construction : des Français, des Espagnols, des Chinois, des Antillais et des Américains – entre autres.

    La cassave au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco

    Dans une année extrêmement dure pour Haïti, l’inscription de la cassave sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco a été une raison de se réjouir. La cassave, cette galette croquante à base de farine de manioc, se retrouve sur les tables haïtiennes, et dans plusieurs pays latino-américains.

    Ronel Paul et Love Marckendy Paul se sont rendus dans un atelier de production de cassave situé à quelques kilomètres de la ville du Cap-Haïtien, dans le nord du pays. On y découvre le mode de fabrication de la cassave - à partir de manioc. Une cassave qui peut être sucrée ou salée, et dont la production, qui se transmet de génération en génération, reste très artisanale en Haïti.

    À noter que c’est la deuxième fois qu’un produit consommé en Haïti est inscrit sur cette liste mondiale. En 2021, c'était la soupe joumou ou soupe de l'indépendance, consommée généralement le premier jour de l’année.

    Le journal de la Première

    En Martinique, le leader du « R-Prak » fêtera le réveillon du Nouvel An en prison.

  • Les États-Unis observeront le 9 janvier prochain une journée de deuil national en l'honneur de l'ex-président Jimmy Carter. L'ancien président est mort ce dimanche 29 décembre 2024 à l'âge de 100 ans. Il avait été le 39ᵉ président des États-Unis, mais c'est surtout son action post-présidence qui aura été unanimement louée.

    Le 39ᵉ président des États-Unis était né en Géorgie. EtThe Atlanta Journal-Constitution racontait ce dimanche 29 décembre 2024 qu’à l’annonce de sa mort, des habitants d’Atlanta ont commencé à se réunir au Manuel’s Tavern, un bar près de la Fondation Carter. Car c’est dans cet établissement que Jimmy Carter avait lancé sa campagne de gouverneur en 1970. Pourtant, c’est sa carrière en dehors des États-Unis et après sa présidence que la presse américaine met en Une aujourd’hui : « Une stature bien au-delà de la présidence », titre ainsi USA Today.

    Il faut dire que la présidence de Jimmy Carter a été difficile, et qu’il a été abondamment moqué : un éditorialiste du New York Times rappelle que le décorateur de son successeur Ronald Reagan aurait ironisé sur la nécessité de « se débarrasser de l’odeur du poisson-chat ». Mais Jimmy Carter a été « un bien meilleur président qu’on lui en sait généralement gréé ». Après la présidence Nixon et le scandale du Watergate, explique le Washington Post, « Carter a aidé à restaurer la confiance dans la présidence grâce à des réformes éthiques aujourd’hui plus d’actualité que jamais », il a aussi mis les droits de l’homme au centre de sa politique étrangère, à un point tel qu’aucun futur président n’a pu faire l’impasse dessus.

    Bilan mitigé en matière de politique étrangère

    Pour autant, pour André Caspi, historien des États-Unis et professeur émérite à la Sorbonne, en matière de politique étrangère, si Jimmy Carter « a réussi des choses pendant sa présidence » (les accords de Camp David par exemple, qui ont permis la paix entre Israël et l’Égypte), ce qu’il reste « ce sont surtout ses échecs », comme sa politique iranienne : il « n’a pas vu venir l’ayatollah Khomeini ». Et si son successeur Ronald Reagan a « su redonner vigueur à la présidence des États-Unis dans l’ensemble du monde, Jimmy Carter y est parvenu après sa présidence ». Pour ce qui est de l’Amérique latine, André Caspi rappelle que lorsque Jimmy Carter arrive au pouvoir en 1977, les relations États-Unis / Amérique latine sont encore marquées par l’influence de Fidel Castro, « il y a tout un bouillonnement d’idées, de transformation de la vie politique dans les années 196-70. Jimmy Carter fait face à ce mouvement, mais ne peut pas empêcher des tensions fortes entre les États-Unis, entre ces révolutionnaires ou prétendus révolutionnaires », d’autant que l’URSS existait toujours.

    Un ex-président loué

    De fait, Jimmy Carter est surtout considéré comme un formidable ex-président, rappelle USA Today : « plutôt que de retirer de l’argent de son statut d’ex-président, il a inlassablement servi les causes de la paix, des droits humains, de l’éradication de la maladie et du logement à un prix abordable. Il a travaillé pour apaiser les tensions dans la péninsule coréenne, au Moyen-Orient, en Amérique latine et partout ailleurs ». En 2002, après avoir été nommés à de nombreuses reprises pour le prix Nobel de la Paix, rappelle leNew York Times, il le remporte finalement, entre autres pour sa « contribution vitale » aux accords de Camp David.

    Évangélisme

    Le Washington Times affirme que « la foi a façonné la présidence de Jimmy Carter et les décennies de vie publique qui ont suivi ». Dans Politico, un professeur en religion à l’Université de Dartmouth parle de la fin, avec sa mort, de « l'évangélisme progressif », qui a cherché au XIXᵉ à« réformer la société américaine selon les normes de la piété » en se préoccupant des« plus petits ». Une tradition, écrit le spécialiste, à laquelle l’élection de Ronald Reagan a porté un coup fatal, les évangéliques blancs se mêlant à « l’extrême droite du Parti républicain ». Tout cela culminant avec un soutien massif à Donald Trump.

    Les côtes du Pérou, du Chili et de l’Équateur frappées par d’énormes vagues

    Ces houles venues du nord provoquent des vagues atteignant les quatre mètres de haut, raconte au Chili La Tercera. En Équateur, détailleEl Universo, deux personnes ont été tuées.

    En fait, la nouvelle phase lunaire influencerait l'augmentation du niveau de la marée dans certaines zones côtières : c’est ce qu’a expliqué la direction de l'hydrographie et de la navigation de la marine péruvienne au quotidien El Comercio. Au Pérou où 91 ports ont été fermés, détaille Diario Correo. De son côté Peru 21 publie les images de la station balnéaire de Mancora, dévastée par les vagues. Et raconte que, à quelques heures de célébrer la nouvelle année, des dizaines d’entrepreneurs de la côte (hôtellerie, gastronomie, tourisme) sont désespérés : ils ont perdu tous leurs investissements.

    Cent ans de solitude sur Netflix

    Les huit premiers chapitres de la série Cent ans de solitude sont disponibles sur Netflix. Il s'agit de l'adaptation du célèbre roman – un classique – qui a valu à son auteur, le Colombien Gabriel García Márquez, le prix Nobel de littérature en 1982. La correspondante de RFI Marie-Eve Detoeuf a recueilli quelques réactions de Colombiennes plutôt séduites : l’une parle du format « série » comme du seul possible pour adapter l’œuvre à l’écran, et dit avoir été « transportée » sur les lieux du roman. Une autre, si elle juge les premiers épisodes « très bien faits », estime que la série ne peut pas égaler ce que l’imagination crée à la lecture du livre.

    Le Journal de la Première

    Rodrigue Petitot va-t-il retrouver sa liberté ?

  • Fini les recrutements massifs de main-d’œuvre à l’étranger. Il y a quelques mois, les règles ont changé, ce qui affecte durement les travailleurs étrangers et les secteurs qui en bénéficient.

    Pendant, de longues années, le Canada et des provinces comme le Québec ont recruté de la main-d’œuvre aux quatre coins du monde. Objectif : combler les emplois que n’occupe plus la population vieillissante. Une partie des visas de salariés dépend d’employeurs bien précis, et ils ne peuvent pas aller travailler ailleurs. C’est ce qu’on appelle les permis fermés.

    Sauf que les règles ont changé il y a quelques mois. Désormais, une même entreprise ne peut plus employer plus de 10% d’étrangers à bas salaire, et d’autres mesures font qu’il devient difficile de demander une résidence permanente au Québec. Ces règlements ont donc beaucoup de répercussions sur le personnel immigrant et l’industrie qui les emploie. Le reportage de Pascale Guéricolas.

    Salvador : le gouvernement de Bukele réactive les mines

    Nayib Bukele, le très médiatique président du Salvador, a une idée pour relancer l’économie de son pays, où plus d'un quart des habitants vivent dans la pauvreté. Il a indiqué sur X que les Salvadoriens étaient assis sur une quantité phénoménale d’or, qu’il souhaite bien exploiter. Le Parlement avait pourtant banni toute extraction minière en 2017 pour protéger les faibles ressources nationales en eau. Une décision historique pour l’environnement sur laquelle le chef d’État entend bien revenir. Le dossier de Lila Olkinuora.

    Le réalisateur haïtien Raoul Peck revient avec un nouveau film sur l’apartheid

    Il revient sur les écrans avec un biopic déjà consacré par L'Œil d'Or 2024 de Cannes – sur le photographe sud-africain Ernest Cole, l’un des premiers à avoir documenté de l’intérieur l’Apartheid. Un artiste mort en exil 1990, sans avoir pu rentrer dans son pays.

    Le réalisateur haïtien Raoul Peck est passé par les studios de RFI pour évoquer ce film en salle en France depuis le 25/12. Né à Port-au-Prince, ministre de la Culture dans les années 1990 sous Aristide, Raoul Peck suit de près l'actualité haïtienne et ses tourments, comme il l'explique à Sophie Torlotin, qui en a profité pour l'interroger aussi sur son projet de film atour de l'assassinat de l’ex-président Jovenel Moïse.

    Journal de la 1ʳᵉ

    Nous partons en Guadeloupe et en Martinique pour parler du retour du scorbut et du don de sang.

  • Les vœux présentés par Leslie Voltaire, président du Conseil présidentiel de transition, aux Haïtiens en cette fin d’année 2024 sont en décalage avec la réalité sécuritaire du pays, estime Frantz Duval, rédacteur en chef du Nouvelliste avec qui nous parcourrons l’actualité du pays.

    Frantz Duval évoque aussi les conséquences politiques de la fusillade devant l’hôpital général de Port-au-Prince du mardi 24 décembre dernier. Deux journalistes et un policier ont été tués par des gangs. Selon les informations duNouvelliste, le ministre de la Santé a été révoqué. L’intérim est assuré par le ministre de la Justice. Les associations de journalistes en tout cas sont consternées par l’incident qui a endeuillé les fêtes de Noël à Port-au-Prince. Selon Frantz Duval, c'était une année violente marquée par l’avancée des gangs dans la capitale Port-au-Prince. Néanmoins, il y a des bonnes nouvelles, souligne le rédacteur en chef du Nouvelliste : la monnaie nationale, la gourde, s’est stabilisée, et l’inflation ralentie.

    Le Nicaragua, vers une « dictature totale »

    Au Nicaragua, tous les pouvoirs pour Daniel Ortega. Le président, en poste depuis 2007, a fait voter fin novembre 2024 une réforme de la constitution qui doit être ratifiée en janvier 2025 prochain, et qui lui donne tous les pouvoirs. Avec Maya Collombon, maîtresse de conférences en sciences politiques au Centre d’études mexicaines et centraméricaines, nous analysons l’objectif et les conséquences de cette réforme. Selon la spécialiste du Nicaragua, l’idée, c'est de créer une dynastie. « On sait que Daniel Ortega est malade, en cas de son décès, la continuité du pouvoir serait assurée ». Le couple Ortega souhaite vider le pays de ses opposants politiques, il avance vers une « dictature totale », dans laquelle on institutionnalise toute possibilité de s’opposer à l’état sandiniste. Selon Maya Collombon, la réforme de la Constitution valide un modèle de l’homme « sandiniste ». Si l'on s’y oppose, on est forcément considéré comme un traitre à la patrie. L’opposition est muselée, les communications sont surveillées. Ce qui exclut toute tentative de soulèvement contre le régime, explique Maya Collombon.

    Journal de la 1ère

    Le FBI veut renforcer sa lutte contre la corruption dans les Caraïbes et les Antilles françaises.

  • À Rio de Janeiro, une belle initiative apporte la magie de Noël aux favelas, là où les familles n'ont pas toujours les moyens de se rendre dans les centres commerciaux pour rencontrer le père Noël et prendre une photo (payante) avec lui. À écouter dans le reportage de notre correspondante Sarah Cozzolino.

    À travers une caravane qui parcourt 23 quartiers populaires, petits et grands peuvent prendre une photo gratuite avec le père Noël. C’est un luxe pour ces habitants, car, pour avoir un tel cliché très prisé par les enfants, ils doivent normalement débourser autour de 10 euros et se rendre dans un centre commercial.

    Pour beaucoup d’enfants, comme Giovana, 10 ans, c’est donc la première fois qu’ils croisent le père Noël, ce qui apporte un moment de joie simple, mais précieux. À l’origine de cette initiative se trouve Raull Santiago.

    Ce projet va au-delà des enfants, touchant aussi les adultes comme Inès Pereira, 67 ans, qui rencontre pour la première fois le père Noël après 25 ans passés dans la favela. Le bon déroulement de cette opération nécessite une organisation rigoureuse pour assurer la sécurité et la logistique dans des zones souvent marquées par des tensions entre factions. La caravane collabore étroitement avec les habitants et leaders locaux pour garantir que chaque visite se déroule sans encombre.

    Carlos Brandão, qui incarne le père Noël, partage des moments de bonheur et d’émotion intense avec les habitants. Originaire lui-même d’une favela, il comprend les réalités de ces quartiers. Entre la chaleur écrasante et les demandes bouleversantes, comme celle d'une petite fille souhaitant voir son frère quitter le trafic de drogue, Carlos s’investit pleinement dans son rôle. Fier de son engagement, il rappelle qu'il n'intervient que dans les favelas, loin des centres commerciaux, incarnant ainsi une figure de bienveillance là où elle est le plus nécessaire.

    En Haïti, un Noël sous les balles

    La nouvelle attaque meurtrière perpétrée par les gangs pour empêcher l’ouverture de l’hôpital général à Port-au-Prince fait les gros titres de la presse haïtienne. « La réouverture de l’hôpital général vire au carnage », titre Le Nouvelliste. De son côté, Gazette Haïti met en avant le message de Leslie Voltaire, président du Conseil présidentiel de transition, qui assure que cet acte ne restera pas impuni. Ce qui devait être un coup de communication pour le ministre de la Santé publique et de la Population – la réouverture de l'hôpital vandalisé au début de l'année par le gang Izo – s'est transformé en drame. Un drame qui, souligne Le Nouvelliste, met en lumière l'emprise des gangs sur une zone voisine du palais national.

    Les médias haïtiens rapportent que plusieurs journalistes, cherchant à se mettre à l'abri, ont été blessés par balles. Leurs collègues ont tenté, en vain, de trouver des infirmières. L'évacuation des blessés vers l'hôpital a été retardée en raison d'affrontements entre la police et les membres du gang.

    Dans les colonnes du Miami Herald, un journaliste attribue la responsabilité de l'incident au gouvernement haïtien. Il estime que cette attaque reflète un problème plus vaste, où les journalistes sont pris pour cible à la fois par la police et par les gangs. Le site d'information Alterpresse évoque des « manquements dans la mise en place des dispositions sécuritaires » autour de l'hôpital et dans les quartiers environnants, sous l'emprise des gangs armés depuis février 2024.

    Contacté par le New York Times, le ministère de la Santé n'a pas souhaité commenter la fusillade. Un porte-parole de la police a déclaré ne pas avoir d'informations sur l'incident. C'est finalement Johnson André, alias Izo, chef du gang responsable, qui a revendiqué l'attaque dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, écrit le journal.

    Libération des prisonniers politiques au Venezuela

    Des fêtes de Noël endeuillées en Haïti, tandis qu'au Venezuela, une note d'espoir se dessine pour certains prisonniers politiques. Les autorités ont décidé de libérer plus de 200 d'entre eux, portant à 956 le nombre total de personnes libérées ces dernières semaines, selon El Nacional. Parmi ceux qui ont pu passer le réveillon en famille figure Edward Ocariz, militant des droits de l'homme. Ces personnes avaient été arrêtées pour avoir contesté la réélection de Nicolas Maduro en juillet dernier.

    Au Brésil, le président Lula s'attaque aux violences policières

    Le gouvernement a publié mardi un décret réglementant l'usage de la force par les forces de l'ordre, rapporte Poder 360. Le texte stipule que les armes à feu ne doivent être utilisées qu'en dernier recours, et que le niveau de force doit être proportionnel à la gravité de la situation. Cette mesure intervient après une série de bavures policières, notamment dans l'État de Sao Paulo.

    Mais cette initiative suscite déjà des critiques à droite, souligne Carta Capital. Ronaldo Caiado, gouverneur de l'État de Goiás et candidat à la présidentielle de 2026, estime que ces nouvelles directives sont un « cadeau de Noël pour le crime organisé ».

    Journal de la 1ère

    Deux fusillades ont eu lieu dans la nuit de lundi à mardi en Martinique.

  • Les industriels haïtiens misaient sur la prolongation par le Congrès américain de ces dispositifs de soutien au secteur textile d’Haïti. Mais en raison du tumulte budgétaire survenu à Washington la semaine dernière, ces textes ont dû être mis de côté alors que leurs effets expirent en septembre 2025.

    Si l’extension des programmes HOPE et HELP a bien été éclipsée en raison de l’actualité politique américaine, cela ne signifie pas pour autant qu’ils soient enterrés, précise l'économiste haïtien Enomy Germain : « La loi arrivera à expiration en septembre 2025. Il y a encore des possibilités de renouvellement, mais évidemment, la situation politique sera beaucoup plus difficile avec Donald Trump pour qui c’est avant tout "l’Amérique d’abord". Les autres pays compteront un petit peu moins pour lui. Mais pour l'instant, on n'en est pas encore là. »

    L’Association des industries d’Haïti promet de poursuivre ses efforts pour remettre à l'agenda la législation qui prolongerait HOPE-HELP, des textes considérés comme cruciaux pour l’économie du pays, souligne Enomy Germain : « Ce serait extrêmement dommageable pour Haïti, ce serait une situation de non-assistance à pays en danger de la part des États-Unis d'Amérique. Après le secteur public, le secteur textile est le plus important du pays en matière d'emplois. On a perdu plus de trente mille emplois au cours des trois dernières années dans le secteur de la sous-traitance, qui est favorisé par les États-Unis à travers la loi HOPE. Si ça ne se renouvelle pas, c'est un pays qui va continuer à s’effondrer davantage étant donné qu'absolument plus rien ne va rester. »

    Haïti exporte un milliard de dollars de marchandise vers les États-Unis chaque année et 90% proviennent de la sous-traitance. Enomy Germain plaide depuis des années pour une diversification de l'économie haïtienne, mais elle ne se fera pas sans un ingrédient essentiel : « Pour arriver à développer l'économie en Haïti, on a besoin d'une situation de stabilité. Il ne faut pas oublier que, dans le passé, ça a été un pays qui était à l'avant-garde touristique dans la Caraïbe. Aujourd'hui, nous sommes les derniers. Pourquoi ? Tout simplement parce que nous n’avons pas de stabilité politique, et pour moi le devoir numéro un reste le devoir de la stabilité politique et sociale. »

    À cause de l'insécurité et de l'instabilité politique, plusieurs sites industriels du pays ont dû réduire leur activité et licencier du personnel ces dernières années à commencer par le parc industriel de Caracol dans le nord d'Haïti, financé par les États-Unis et longtemps symbole d'espoir de progrès économique pour les Haïtiens.

    Le bilan du massacre de Wharf Jérémie revu à la hausse

    On savait le décompte encore provisoire, les Nations unies ayant avancé dans un premier temps le chiffre de 184 morts. L’ONU parle désormais d'au moins 207 victimes en moins d'une semaine, entre le 6 et le 11 décembre 2024. Le Binuh (Bureau intégré des Nations-Unies en Haïti) confirme que des centaines de civils ont été enlevés, rassemblés, interrogés puis exécutés. Et que les auteurs de ce carnage, sous les ordres du chef de gang Micanor Aliès, ont tenté de maquiller leur crime en brûlant les corps ou en les démembrant avant de les jeter à la mer.

    « La plupart des victimes sont des personnes âgées, qui ont été accusées de pratiquer le vaudou et d'avoir délibérément provoqué la maladie de l'enfant de ce chef de gang, relate Stéphanie Tremblay, l'une des porte-parole de l'ONU. Parmi les autres victimes, on compte des gens qui ont tenté de fuir la zone du massacre, ou des gens accusés d'avoir alerté les médias locaux au sujet de ces crimes ».

    L'ONU, qui a compilé ses chiffres pour l'année 2024, estime que 5 350 personnes sont mortes et plus de 2 100 autres ont été blessées depuis le début de l'année en raison du chaos sécuritaire qui touche encore et toujours le pays.

    Un Noël morose à Port-au-Prince

    Éclats de violence quotidiens, racket, viols, routes bloquées, familles séparées : Haïti ne connaît aucun répit alors que le pays se prépare à traverser la période de Noël. À Port-au-Prince, on ne voit quasiment aucune trace des fêtes de fin d'année, les décorations sont inexistantes et les traditions autrefois joyeuses en perdition. Reportage de notre correspondant Peterson Luxama auprès des Principortains pour qui la joie et les retrouvailles entre proches ne sont plus qu'un lointain souvenir.

    Les frasques de Matt Gaetz révélées par la Chambre des représentants

    Le feuilleton a duré des semaines, mais cette fois, c'est du concret. On sait enfin ce que la Chambre des représentants reproche officiellement à cet élu que Donald Trump pensait nommer ministre de Justice au mois de janvier, avant que l'intéressé ne jette l'éponge. Le rapport de la Chambre basse du Congrès vient d'être publié et il est corsé : alcool à gogo, drogues et relations sexuelles avec des prostituées, y compris mineures.

    Suites judiciaires ou non, on l'ignore encore. Mais la presse américaine revient en détail sur la manière dont les cadres du Parti républicain ont tenté de couvrir les agissements de ce protégé de Donald Trump. À lire ou relire dans The Hill, le quotidien politique de Washington, comment Mike Johnson, le président de la Chambre des représentants, a fait pression pour que ce rapport ne soit pas publié. « Je pense qu'il s'agirait, disait-il, d'une grave violation de protocole. La publication des conclusions de cette enquête créerait un terrible précédent ». Le patron du comité d'éthique de la Chambre avait, lui aussi, fait part de ses réticences à rendre public un travail « inachevé » après plus de trois ans d’enquête. Fait rare aux États-Unis, ils ont été désavoués et les élus de la Chambre ont fini par voter en faveur de sa publication.

    Reste la question de l'avenir de Matt Gaetz dans le paysage politique américain. Il a démissionné de la Chambre des représentants quand Donald Trump l'a désigné comme futur ministre de la Justice, mais maintenant que le rapport est sorti et que ses frasques sont sur la table, où va-t-il atterrir ? Commentateur politique, oui : il commence un contrat d'éditorialiste sur une chaîne de télé conservatrice au mois de janvier 2025. Mais un poste d'élu ? Ce sera difficile. Gaetz n'exclut pas de se lancer dans la course au titre de sénateur de Floride, mais comme le souffle un responsable politique, « ses électeurs potentiels ou ses futurs employeurs feront bien de jeter un œil à l'enquête de la Chambre des représentants avant de prendre une quelconque décision à son sujet ».

    Atlanta et la folie américaine des fêtes de fin d’année

    Heureusement pour Matt Gaetz, tout ça lui est tombé sur la tête un 23 décembre. La parenthèse de Noël va passer par là, et l’on sait que les Américains prennent les fêtes très au sérieux. Dans certains quartiers d'Atlanta, en Géorgie, on est même quasiment au concours des décorations les plus folles, avec une gentille rivalité entre voisins autour d'une question fondamentale : qui aura le mieux fait vivre la magie de Noël ? Reportage d’Edward Maille.

    L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ʳᵉ

    L’ancien Premier ministre Manuel Valls, nouveau ministre des Outre-mer.

  • L’année 2024 se termine dans une spirale de violence persistante en Haïti, marquée par des massacres à travers le pays et des incidents quotidiens à Port-au-Prince. Avec le politologue haïtien Jacques Nesi, politologue à l’Université des Antilles et chercheur associé au Laboratoire caribéen de sciences sociales, nous passons en revue les principaux évènements qui ont marqué le pays en 2024.

    Jacques Nesi souligne une absence de volonté politique claire pour endiguer la montée en puissance des gangs. Cette situation est exacerbée par l’indifférence de la communauté internationale, notamment des États-Unis, dont l’attention est détournée par leur propre transition politique. L’État haïtien, quant à lui, semble incapable d’élaborer une réponse efficace face à la crise sécuritaire.

    Malgré les déclarations des autorités et les tentatives de la police de reprendre certains territoires, la situation reste chaotique. Selon Jacques Nesi, il s’agit davantage d’une bataille de communication qu’une réelle avancée sur le terrain. Le Conseil présidentiel de transition, mis en place pour stabiliser le pays, se montre impuissant et inefficace, ce qui alimente l’impression d’un effondrement complet de l’État. Les priorités des dirigeants semblent plus orientées vers l’organisation des élections et la répartition des postes de pouvoir que vers la résolution des problèmes de sécurité.

    La dimension politique de la crise sécuritaire

    La Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), soutenue par les États-Unis, affiche un bilan « médiocre », souligne Jacques Nesi. Le politologue critique le manque de moyens de la MMAS et son incapacité à lutter contre les gangs. Des infrastructures vitales, comme le plus grand hôpital privé de Port-au-Prince, ont été incendiées malgré la présence de la police. Cette mission, loin d’apporter des solutions durables, semble surtout retarder la confrontation directe avec la réalité d’une économie criminelle qui dépasse largement les frontières haïtiennes.

    Jacques Nesi évoque aussi la dimension politique de cette crise sécuritaire. Les gangs, qui étaient initialement des outils de répression et d’influence électorale pour certaines forces politiques, affichent désormais des ambitions de pouvoir. Le Conseil présidentiel de transition, issu d’un accord en avril dernier, est miné par des luttes internes et une corruption généralisée, rendant toute perspective d’élections crédibles en 2025 peu réaliste. La priorité, selon Jacques Nesi, devrait être de rétablir la sécurité avant d’envisager des élections, mais l’indifférence de la communauté internationale, notamment des États-Unis, complique encore davantage une issue à la crise.

    La presse panaméenne réagit aux propos de Donald Trump qui menace de reprendre le contrôle du canal de Panama

    SelonLa Prensa : « La récente menace surprise de Donald Trump de récupérer le canal de Panama – d'un pays qui a été un allié stratégique des États-Unis est extrêmement grave ». Cette déclaration ouvre la porte à une « dangereuse tentative de la prochaine administration américaine de faire revivre, au XXIe siècle, la doctrine Monroe, obsolète et aberrante ». Cette doctrine anticolonialiste datant de 1823 était censée dissuader les Européens d’intervenir aux Amériques, mais a été utilisé plus tard pour justifier des opérations nord-américaines en Amérique centrale et en Amérique latine. Le journal La Estrella de Panama cite l'ancien administrateur du canal de Panama, Alberto Alemán Zubieta, qui a qualifié les déclarations de Donald Trump de « malheureuses », soulignant les décennies d'administration efficace et sûre de la voie navigable entre les mains des Panaméens. La Prensa dénonce des propos anachroniques et délirants qui méritent « d'être rejetés avec force et vigueur non seulement par le gouvernement panaméen du président José Raúl Mulino, l'Assemblée nationale et tous les secteurs unis dans la défense de la souveraineté nationale, mais aussi par l'ensemble de l'Amérique latine ».

    La Californie se prépare à la présidence Trump

    Donald Trump provoque des remous en Amérique Centrale, mais aux États-Unis, sa nouvelle présidence inquiète aussi, notamment les bastions démocrates comme la Californie. « La Californie se prépare à la résistance », titre le site d’information Politico. Mais elle sera différente de celle de 2016, lorsque Donald Trump a été élu pour la première à la Maison-Blanche. Après cette nouvelle victoire du républicain, des groupes progressistes en Californie comme le Irvine Democratic Club préfèrent désormais la thérapie de groupe aux manifestations de masse. Selon Politico, cette nouvelle approche reflète une Californie où l'on privilégie la réflexion et la résilience émotionnelle plutôt que l’activisme de rue. Cependant, souligne Politico, derrière ces séances de gestion du stress, se cache une prise de conscience : la Californie, bastion progressiste, montre des signes d’évolution politique, et l’influence conservatrice y gagne du terrain.

    Journal de la 1ère

    Les députés Jean-Philippe Nilor, Marcellin Nadeau et Jean-Victor Castor en visite à la prison de Ducos.