Afleveringen
-
(Lectures de textes antiques)
Hello ! Aujourd’hui je vous propose un épisode bonus, dans la série des lectures de textes antiques écrits par des femmes antiques OU sur des femmes antiques.
En l'occurrence, ce texte satisfait les deux critères, puisqu’il a été écrit par la prêtresse-princesse-poétesse Enheduanna, qui a vécu autour de -2300 au royaume d’Akkad en Irak actuel, et porte sur la déesse mésopotamienne Inanna, aussi connue sous le nom de Ishtar.
Nous venons de dédier un épisode à Enheduanna, au format entretien avec une chercheuse, donc je vous recommande de l’écouter avant ou après pour plus d’informations.
Le texte que je vais vous lire est très important pour l’histoire. En fait, Enheduanna serait la première auteur.e, hommes et femmes confondus, de l’histoire de l’humanité. Puisque, en écrivant des hymnes à la déesse en -2300, elle précède Homère ou les personnes s’appelant Homère de 1500 ans.
Il y a plusieurs textes qu’on tente d’attribuer à Enheduanna, mais plusieurs sont débattus ; néanmoins, celui que je m’apprête à vous lire est le plus certain. On l’appelle l’Exaltation d’Inanna à l’époque moderne, et on lui attribue comme titre ancien Ninemesara, qui sont tout simplement les premiers mots, qui signifient « Maîtresse aux innombrables pouvoirs ».
En effet, la prêtresse Enheduanna s’adresse ici à sa maîtresse, c’est-à-dire la déesse Inanna, déesse de l’amour et de la guerre, déesse tutélaire de sa famille, de sa dynastie et de son royaume, pour chanter la force et la puissance assez terrorisante de la déesse, tout en lui demandant de l’aide dans une crise que traverse Enheduanna.
En effet. Enheduanna a été nommée prêtresse durant le règne de son père, le roi Sargon, car c’est un poste stratégique, où les rois nomment leurs filles. Elle le reste apparemment durant le règne de Naram-Sin, le successeur de Sargon, et le neveu d’Enheduanna. Or, Naram-Sin fait face à une grande révolte, conduite par 3 rois rebelles qui se proclament rois à la place du roi.
Selon le récit qu'en a laissé Naram-Sin, les instigateurs de cette révolte sont Iphur-Kish à Kish et Amar-girid à Uruk, qui se proclament roi ; un troisième chef insurgé, Lugal-Ane d'Ur, apparaît aussi dans la documentation. Et selon Enheduanna dans cet hymne, ce Lugal-Ane la destitue de sa position de prêtresse et la chasse de son temple.
Et c’est ainsi qu’elle appelle la déesse à l’aide.
Il existe plus de 100 copies de cet hymne, sur des tablettes de cunéiformes. Parce qu’en fait, dans les siècles suivant la mort d’Enheduanna, cet hymne est entré dans le corpus des textes classiques étudiés à l’école par les apprentis scribes en Mésopotamie ; il était l’un des 10 textes essentiels copiés par eux, dans ce qu’on appelle la « décade ».
Bonne écoute !
Sources
Texte lu : Innana B (Ninmešara) (4.7.2). Traduction de Pascal Attinger, 2011, actualisé en 2019
Modifications :
1) J'ai traduit certains termes laissés pour faciliter l'écoute :
“me” par “pouvoir”“ilu” par “prière” “balag” par “tambour”"masab" par "corbeille""kur" par "enfers" (mais cela signifie aussi "terre" ou "montagne" ou "souterrains")"anuna" par "dieux primordiaux"2) J'ai explicité qui sont les dieux ("le dieu du ciel An" au lieu de "An", "le roi des dieux Enlil" au lieu de "Enlil", "le dieu de la lune Nanna" au lieu de "Nanna") - et j'ai mis leurs noms connus plutôt que leur noms archaïques le cas échéant ("Nanna" au lieu de ses autres noms "Suen" et "Dilimbabbar")
3) J'ai explicité les personnes auxquelles les pronoms font référence : "Lugalane" au lieu de “il”
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
-
Qui est la première personne à avoir produit un texte littéraire dans l’histoire du monde ?
Longtemps, on a pensé que c’était Homère, avec l’Iliade et l’Odyssée. Et puis, on a découvert Enheduanna, qui le précède d’au moins 1000 ans - puisque qu’Homère, s’il a existé, aurait vécu qlq part entre -900 et -700 BCE et elle,-2300 BCE - et, dont elle, on sait qu’elle a vraiment existé. Et toc.
Enheduanna, c’était une princesse, prêtresse et poétesse, qui a vécu en Mésopotamie, plus précisément dans le royaume d’Akkad, fondé par son père, le roi Sargon, vers -2300.
Alors je vous préviens, ce n’est pas l’épisode le plus facile, car on est bien moins familier de la Mésopotamie que de la Grèce ou Rome. Donc je vous partage déjà un cadre pour vous mettre dans le bain.
Enheduanna était d’abord princesse. Le mot à retenir c’est Akkad, le royaume au sud de l’Irak actuel, et le prénom à retenir, c’est Sargon. On va beaucoup parler de lui, et c’est normal, car c’est un roi majeur dans l’histoire mésopotamienne, qui a fondé le royaume d’Akkad. Un peu l’équivalent d’Alexandre le Grand ou de Jules César, vous voyez. Donc Enheduanna, c’est un peu la fille d’Alexandre le Grand, mais en version mésopotamienne.
Deuxièmement, elle était prêtresse. Et là, le mot à connaître, c’est -EN, e, n. En fait, il y avait en Mésopotamie plusieurs types de prêtres et prêtresses, donc c’est un terme trop générique. Donc quand on dit “en”, c’est un type de prêtresse, qu’on va traduire par “grande prêtresse” car au sommet d’une hiérarchie.
Enfin, elle était poétesse. Là, on va citer des hymens qu’elle a écrit, notamment Ninmesara, hymne à Ishtar. Ishtar, c’est la déesse de l’amour et la guerre, et Enheduanna y est beaucoup liée, même si officiellement elle est prêtresse de Nanna, le dieu de la lune. Oui, Inana, Nana et Enheduanna, ça fait beaucoup de Nanna :)
Pour en parler, j’ai invité Sonia Mzali. Sonia est doctorante à l'Université de Lille, où elle rédige sa thèse sur les prêtresses et les prêtres EN de Mésopotamie. Elle est également co-organisatrice du cycle de colloques DIĜIR sur les pratiques cultuelles en Asie de l'Ouest ancienne, et co-porteuse et responsable scientifique du projet de recherche "Ama-Mater : regards croisés sur les maternités antiques".
Ensemble, nous avons donc parlé d’Enheduanna.
Nous avons parlé de princesses, des prêtresses, de temples, de pyramides, de divination, du mythe du déluge et d’une capitale encore enfouie sous la terre.
Nous avons parlé de stratégie politique, d’être la fille d’un conquérant, la prêtresse dans des territoires nouvellement conquis, et d’écrire des hymnes à la déesse protectrice de la dynastie.
Enfin, nous avons parlé d’écriture, de la notion d’auteur, d’Homère, de l’école des scribes, et d’être ou non, la première écrivaine au monde.
Pour tout ça, et plus encore, je vous invite à rejoindre ma conversation avec Sonia au sujet d’Enheduanna.
Dieux mésopotamiens
Nanna : dieu de la lune
Inana / Ishtar : déesse de l’amour/guerre
An : dieu du ciel
Utu / Shamash : dieu du soleil
Ningal : déesse, parèdre de Nanna
Enlil : roi des dieux
Vocabulaire
Gépar : lieu de résidence des prêtresses
EN : prêtresse
Akkad : nord de la Mésopotamie ; royaume où Enheduanna est princesse
Sumer : sud de la Mésopotamie
Famille
Enheduanna : notre héroïne
Sargon : grand roi d’Akkad, père d’Enheduanna
Naram-sin : autre grand roi, neveu d’Enheduanna
Enanatuma : autre prêtresse, plus tardive
Textes lus
Hymne à Inana B
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
-
Zijn er afleveringen die ontbreken?
-
Connaissez-vous la déesse gréco-romaine de la nuit ? Nox (ou Nyx) est une figure fascinante, fille du Chaos, qui incarne l’obscurité, la magie et même la mort.
Dans cet épisode du podcast, plongez dans le monde mystérieux de la nuit romaine avec Karine Meylan, directrice du Musée romain de Lausanne-Vidy et commissaire de l'exposition "Nox : Au coeur de la nuit".
🔥 Ce que vous découvrirez dans cet épisode :
La déesse Nox dans les mythes : fille du Chaos, épouse des Ténèbres, mère de la Mort et de la Magie - déesse primordiale, inspirant la crainte à Zeus mêmeDifférentes perceptions de la nuit : source de crainte, d'angoisse, d'insomnie, mais aussi d'inspiration, de joies, de fêtesDes pratiques nocturnes à Rome : manger des raisins allongés sur un divan, discuter de sexualité féminine, interpréter les rêves, guérir les insomnies avec de la bile de chèvreUne directrice de musée parle de son exposition : bâtir une exposition, rendre l’Antiquité accessible au présent👉 Écoutez cet épisode pour plonger au cœur de la mythologie romaine, comprendre le rôle des figures féminines antiques et explorer la figure de la déesse Nox — et de ses multiples facettes.
—
Si cet épisode vous a plu :
✅ Abonnez-vous pour ne rien manquer des prochains récits de femmes puissantes et oubliées.
⭐ Laissez 5 étoiles et un commentaire — votre soutien fait rayonner ces voix de femmes antiques !
📢 Partagez cet épisode, sur vos réseaux ou à vos proches passionnés de mythologie et d’histoire.
Rejoignez la communauté La Nymphe et la Sorcière sur Instagram pour découvrir les coulisses du podcast, des anecdotes inédites et prolonger la discussion sur les héroïnes antiques.
—
Antisèche personnages
Nox : déesse de la nuit
Erèbe : son compagnon, les ténèbres
Enfants de Nox
Héméra : jour
Ether : ciel supérieur
Hypnos : sommeil
Hécate : magie
Thanatos : mort
Némésis : colère
Eris : discorde
Philotès : amour
Oneiroi : songes
Apaté : perfidie
Oyzis : misère
Lyssa : fureur
—
Textes lus
Quintilien, Institution oratoire, livre X, chapitre 3
Homère, Iliade, Trad. Leconte de Lisle, A. Lemerre, 1866
Ovide, L’Art d’aimer, Livre II, Trad. V.-H. Chappuyzi, Ed. Félix Lemaistre, Garnier frères, 1858
Hésiode, La Théogonie, Trad. Henri Patin, Académie française, 1872
Sénèque, Lettres à Lucilius, 122
Pétrone, Satiricon, Le festin de Trimalcion, XXXIV
Hymnes orphiques, Recueil de Pergame, Hymne 85
Hymnes orphiques, Trad. Robert Brasillach, Anthologie de la poésie grecque
Interprètes
Vincent Bonillo, Cyprien Colombo, Anthony-David Gerber
Crédits : Musée romain de Lausanne-Vidy
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
-
Qui était vraiment Hélène de Troie — ou Hélène de Sparte ? Bien plus qu’une simple femme trophée responsable de la guerre la plus célèbre de l’Antiquité, Hélène est une figure complexe, trop belle pour être ignorée, trop ambiguë pour être comprise.
Dans cet épisode du podcast La Nymphe et la Sorcière, nous recevons Anaïs Tillier — docteure associée en lettres et arts à l’Université Grenoble Alpes, spécialiste des réécritures féminines de l'Iliade et de l’Odyssée — pour déconstruire le mythe d’Hélène et révéler ses multiples facettes.
🔥 Ce que vous découvrirez :
La guerre de Troie et ses origines dans les mythes : le serment de Tindare, les héros grecs, Hélène et Pâris, Aphrodite et la fameuse pomme d’or.La voix réelle d’Hélène dans la mythologie grecque : une femme qui ne se tait pas, une femme, qui interpelle les héros et qui défie les dieux - et façonne sa propre légendeUne femme trophée, objectifiée, érotisée, silenciée : Hélène, réduite à un objet de désir à travers l’Histoire, entre silenciation, érotisation, culpabilisation et male gaze.Hélène dans la pop culture : comment son image a évolué au cinéma - de Brad Pitt et Orlando Bloom à Barbie, Marilyn Monroe, et les icônes féminines contemporaines.👉 Écoutez cet épisode pour plonger au cœur de la mythologie grecque, comprendre le rôle des figures féminines antiques et déconstruire l’image d’Hélène de Troie — à la fois victime et actrice de son destin.
—
Si cet épisode vous a plu :
✅ Abonnez-vous pour ne rien manquer des prochains récits de femmes puissantes et oubliées.
⭐ Laissez 5 étoiles et un commentaire — votre soutien fait rayonner ces voix de femmes antiques !
📢 Partagez cet épisode, sur vos réseaux ou à vos proches passionnés de mythologie et d’histoire.
Rejoignez la communauté La Nymphe et la Sorcière sur Instagram pour découvrir les coulisses du podcast, des anecdotes inédites et prolonger la discussion sur les héroïnes antiques.
—
Antisèche personnages
FAMILLE
Léda : mère d’Hélène, reine de Sparte
Tyndare : père mortel d’Hélène, roi de Sparte
Clytemnestre : soeur d’Hélène, épouse d’Agamemnon
Castor et Pollux : frères d’Hélène
GRECS
Thésée : fuck boy, enlève Hélène qd elle est enfant
Ménélas : mari d’Hélène, frère d’Agamemnon
Agamémenon : mari de Clytemnestre, roi de Mycènes
Achille, Ulysse : héros grecs
TROYENS
Paris : prince de Troie, enlève/épouse Hélène
Hector : prince de Troie, frère de Paris
Hécube : reine de Troie, mère de Paris
Priam : roi de Troie, père de Paris
—
Textes lus
Euripide, Les Troyennes, trad. Nicolas Artaud, éd. Charpentier, 1842
Homère, Iliade, Chant VI, trad. Eugène Bareste, éd. Lavigne, 1843
Ovide, Les Héroïdes, Épître XVII - Hélène à Pâris, Oeuvres complètes, dir. M. Nisard, J.-J. Dubochet et cie, éd. Rue de Seine
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
-
Aujourd’hui je vous propose un épisode spécial, direction l’Égypte antique.
Alors ça n’est pas une conversation avec une experte - mais pas de panique, les entretiens d’historiennes restent notre format classique. Mais je veux vraiment vous parler d'égyptologie, et je peine à trouver des égyptologues pour me parler de femmes de l’Egypte ancienne.
Donc en attendant, je vous propose ce format plus bref, plus problématisé, où je vous parle de figures qui, moi, m’ont impactée ou fascinée durant mon parcours, en répondant à une question précise. Et bien sûr, je ne parle pas en tant qu'experte universitaire, mais en tant que vulgarisatrice, même si je vérifie mes sources.
Aujourd’hui, je vais vous parler d’Hatchepsout, reine d’Egypte en -1500/-1450 - ou plutôt pharaon (ou pharaonne) d'Égypte. En fait, Hatchepsout n’était pas reine au sens “épouse de roi”, disons pas au sens “première dame” : elle était vraiment reine, ou roi, au sens “dirigeant politique principal”.
Et c’est un épisode où je vais parler de femme au pouvoir, et de légitimité - ou plutôt, de légitimation. Je ne vais pas vous faire un exposé sur le règne d'Hatchepsout, ses campagnes, les temples qu’elle a fait construire ; mais sur comment Hatchepsout s’est hissée au pouvoir, et comment elle a fait pour que les gens l’acceptent.
C’est ça, qui me fascine, avec Hatchepsout : dans un monde où les pharaons sont des hommes depuis des siècles, où le pharaon est sacré, fils des dieux, intouchable, Hatchepsout s’impose en tant que pharaon femme, ou pharaon(ne). Et dans cet épisode, nous allons voir comment elle a réussi.
Pour en savoir plus sur Hatchepsout :
Desroches-Noblecourt, Christiane. La reine mystérieuse : Hatshepsout. Paris: Pygmalion/Gérard Watelet, 2002
Tyldesley, Joyce Ann. Hatchepsout : La femme pharaon (trad. Martine Bonnaud), Éditions du Rocher, 1998.
Pour découvrir les autres épisodes du podcast :
Spotify : open.spotify.com/show/11tgRG5wI8Lf9FrHMm3cZH?si=D3-5dYJ0SziZKi1-SSKsoQ
Apple Podcasts : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/la-nymphe-et-la-sorci%C3%A8re/id1754119546
YouTube : https://www.youtube.com/@lanympheetlasorciere
Pour suivre l'actualité du podcast :
Site internet : https://lanympheetlasorciere.com/
Instagram : https://www.instagram.com/lanympheetlasorciere/
LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/la-nymphe-et-la-sorciere/
Crédits
Ecriture, réalisation, production, montage : Servane Hardouin-Delorme
Générique : Mathilde Desanges
Extraits musicaux : Batet tenagini. II / Mohamed Eff. Abdel Wahhab. Bibliothèque nationale de France (BNF), Archives de la parole. Europeana.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
-
Pouvez-vous me citer une femme capitaine de navire du monde grec ? Elle s’appelle Artémisia, le même prénom mélodieux que d’autres figures féminines badass, de la déesse de la chasse Artémis à la peintre italienne de la Renaissance, Artémisia Gentileschi.
Artémisise Ire, ou Artémisia en grec, n’était pas reine d’Halicarnasse, mais bien tyran, ou plutôt tyrane, si nous devons initier un féminin. Elle dirigeait une cité sur la côte occidentale de la Turquie, en Carie, un territoire sous contrôle de l’Empire perse, l’Empire achéménide, basé en Iran. Alors que les guerres entre les Grecs et les Perses font rage, Artémisia Ire mène une flotte de cinq navires perses contre l’ennemi grec et s’en sort par l’intelligence et la ruse.
Je ne connaissais rien d'elle avant cet épisode, et elle m’a fascinée. Artémisia Ire incarne tout ce que les Grecs détestaient - ce qui, je vous l’avoue, me l’a rendue encore encore plus passionnante. Une femme stratège, une femme souveraine, une femme guerrière, une femme capitaine. Une femme barbare, aussi, pour les Grecs, une femme qui non seulement les humilient dans un combat naval mais surtout questionne leurs codes de ce que doit même être une femme.
En bref, Artémisia a tout pour vous plaire.
Pour en parler, j’ai invité Joy Rivault. Joy est historienne, enseignante, autrice et créatrice de contenus. Docteure en Histoire, Civilisations et Archéologie des mondes antiques, elle est chargée de cours à l’université Bordeaux-Montaigne. Spécialiste des cultes en Carie, la région d’Artémisia, Joy est l’autrice de plusieurs ouvrages, dont une monographie issue de son travail de thèse, Zeus en Carie. Ses travaux portent également sur le matrimoine et l’histoire des femmes dans l’Antiquité, et elle est l’éditrice et la créatrice du blog #mytho qui met en lumière les femmes à travers l’Histoire.
Ensemble, nous avons parlé d’Artémisia Ire. Nous avons parlé d’une femme tyran et guerrière, de batailles navales, de l’empereur perse, d’éperonner un bateau allié et d’avoir sa tête mise à prix. Nous avons parlé des légendaires Amazones, de l’actrice Eva Green, du mausolée d’Halicarnasse, des récits de l’historien Hérodote, des stéréotypes de la liberté contre la barbarie et des points communs entre les penseurs grecs antiques et les cinéastes américains aujourd’hui. Surtout, nous avons parlé de ce qu’est être une femme dans l’Antiquité grecque, et de contredire les codes d’une société.
Pour tout ça, et plus encore, je vous invite à rejoindre ma conversation avec Joy Rivault au sujet d’Artémisia Ire.
Antisèche
Artémisia Ire : notre héroïneArtémisia II : une autre reine de la région, plus tardCarie : région sur la côte ouest de l'actuelle TurquieXerxès : empereur perse, suzerain d’Artémisia, fils de DariusGuerres médiques : entre Grecs et PersesSalamine : bataille où s’illustre Artémisia contre les GrecsThémistocle : général grec, ennemi d’ArtémisiaChapitres
03:00 Artémisia reine - Empire achéménide 16:15 Artémisia guerrière - batailles navales29:20 Contexte - femmes, Amazones41:30 Réceptions grecques - théâtre, Hérodote54:45 Echos contemporains - cinéma, rechercheExtraits lus
Hérodote, Histoires, Livre VIII : Uranie. Traduction par Larcher. Paris : Charpentier, 1850. Numérisation et mise en page par François-D. Fournier.Plutarque, Oeuvres morales. Tome IV : De la malignité d’Hérodote. Traduction par D. Ricard. Edition Fefèvre, 1844Artistophane, Lysistrata. Traduction Georges-G. Toudouze, Tallandier, s.d.Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
-
Moi, quand on me dit “déesse-mère”, je pense à des déesses puissantes et maternelles, les Isis, les Ishtar et les Vénus, aux forces primordiales et aux corps nus tout en rondeurs de statuettes anciennes dans des vitrines de musées. Rien de très précis, vous me direz.
Alors, pour cet épisode, nous évoquons une déesse-mère particulière : Cybèle, aussi appelée Magna Mater ou Grande Déesse par les Romains. Déesse qui ne peut être rattachée à une seule nation moderne, puisqu’elle est apparue en Phrygie, en actuelle Turquie, puis a été vénérée en Grèce, puis à Rome, avant de se diffuser, par l’Empire romain, à travers l’Europe, comme en France et en Allemagne.
Cybèle est une déesse fascinante par ce trajet géographique, mais surtout par la sauvagerie qu’elle porte et qu’elle incarne. Sauvage parce que ayant grandi dans la montagne, avec les lions qu’elle apprivoise et protège. Sauvage, aux yeux des Romains, car importée par eux de la Phrygie, de l’Orient lointain. Sauvage, enfin, par la violence qui caractérise son mythe et son culte, marqué par les émasculations de prêtres et de taureaux.
En bref, nous sommes bien loin de la douceur maternelle et de la nudité ronde suggérée spontanément par l’idée de "déesse-mère".
Pour discuter de Cybèle, j’ai invité Audrey Ferlut. Audrey est historienne et épigraphiste, spécialiste des religions et des déesses gallo-romaines. Sa thèse de doctorat, soutenue à l’Université de Lyon, s’intitule “le culte des divinités féminines en Gaule Belgique et dans les Germanies sous le Haut-Empire romain”. Chercheuse associée au Laboratoire Histoire et sources des mondes antiques (HISOMA), elle a publié plusieurs articles et ouvrages sur les déesses dans les provinces romaines. Chevalière de l’Ordre des Palmes Académiques, elle participe à des projets de recherches internationaux en France, en Allemagne et en Autriche.
Ensemble, nous avons parlé de Cybèle. Nous avons parlé de la Sibylle romaine et de la Pythie grecque, de guerre et de météorites ; nous avons parlé de fêtes, de gladiateurs, d’animaux, de castration de prêtres, de sacrifices de taureaux et de mystères encore non révélés. Surtout, nous avons parlé de sauvagerie et de violence chez une déesse, et de comment une déesse sauvage et sanglante a pu devenir la très institutionnalisée protectrice de l’Empire romain.
Pour tout ça, et plus encore, je vous invite à rejoindre ma conversation avec Audrey au sujet de Cybèle.
TW : Autocastration, automutilation
Textes cités :
Arthur Rimbaud, “Soleil et chair”, 1870, dans Reliquaire, poésies, L. Genonceaux, 1891Diodore de Sicile, “Bibliothèque historique”, III, 53-59, traduction de Ferdinand Hoefer, 1851Ovide, “Les fastes”, IV, traduction de M. Nisard, 1857Antisèche :
Magna Mater = autre nom de CybèlePhrygie = région d'origine de Cybèle (actuelle Turquie)Attis = amant de CybèleGalle = prêtre de CybèleArchi-galle = super-prêtre de CybèleCollège de dendrophores = groupe de porteurs d'arbres pour AttisMystes = initiés aux mystères de CybèleChapitres :
2:50-11:04 : Mythe, attributs, nature, Attis11:04-22:14 : Guerre punique, arrivée à Rome22:14-27:11 : Intégration, Troie, fêtes, jeux27:11-31:15 : Violence, prêtres, castration31:15-36:09 : Empereurs, Magna Mater36:09-46:12 : Magie noire, sacrifices, prières46:12-55:31 : Diffusion, chrétienté, rechercheBibliographie
Audrey Ferlut, Les divinités féminines en Gaule Belgique et dans les Germanies sous le Haut-Empire romain, 2022, éditions Ausonius
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
-
(Lectures de textes antiques)
Un épisode hors-série : non l'interview d'une chercheuse, mais la lecture de textes antiques, et plus précisément de textes antiques portant sur l'une de nos héroïnes favorites.
Pour cet épisode, j'ai décidé de lire des textes de pièces antiques sur Jocaste, reine de Thèbes et mère d'OEdipe. Nous avons dédié un épisode précédent à cette figure, pour lequel j'ai interviewé la chercheuse Cassandre Martigny, qui a consacré sa thèse à Jocaste.
Pour les lectures aujourd'hui, j'ai choisi les pièces Oedipe Roi de Sophocle, Les Phéniciennes d'Euripide (deux dramaturges grec), et La Thébaïde de Stace (un auteur latin).
Néanmoins, nous n'allons pas lire n'importe quels extraits... J'ai choisi les passages où c'est Jocaste qui s'exprime, à la première personne du singulier, pour nous raconter, elle-même, sa propre histoire.
Ainsi, j'ai dû exclure les textes antiques où Jocaste n'est décrire qu'à la troisième personne, d'un point de vue extérieur, impersonnel, comme l'Odyssée d'Homère ou Les Sept contre Thèbes d'Eschyle.
Ainsi, j'ai reconstitué de façon artificielle une sorte de récit chronologique, juxtaposant les extraits où Jocaste prend la parole directement. Toutes les références et les passages cités dans l'ordre sont ci-dessous. Bonne écoute !
TW : Jocaste s'est donné la mort dans plusieurs versions des pièces antiques. Cet épisode évoque donc le suicide à plusieurs reprises. Si ce thème vous heurte, passez peut-être votre chemin et prenez soin de vous. <3
Sources
Œdipe Roi, Sophocle, 430-420 av. J.-Ctraduction par Leconte de Lisle, 1877
édition par Gwénola, Ernest et Paul Fièvre, 2016
https://www.theatre-classique.fr/pages/pdf/SOPHOCLE_OEDIPEROI.pdf
Les Phéniciennes, Euripide, 411-408 av. J.-Ctraduction par Leconte de Lisle, 1884, sous le titre “Les Phoinissiennes”
édition par Alphonse Lemerre, 1884
numérisation sur Wikidata
https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Phoinissiennes
La Thébaïde, Stacetraduction par M. Nisard, 1865
édition par Firmin Didot Frères, 1865
numérisation par Marc Szwajcer
https://remacle.org/bloodwolf/poetes/stace/table.htm
La Thébaïde ou Les Frères Ennemis, Jean Racine, 1697édition par Gwénola, Ernest et Paul Fièvre, 2015
https://www.theatre-classique.fr/pages/pdf/RACINE_THEBAIDE.pdf
Extraits cités
03:05-07:40 Euripide
07:40-12:20 Sophocle
12:20-14:25 Euripide
14:25-17:00 Stace
17:00-25:45 Euripide
25:45-27:55 Stace
27:55-28:30 Racine
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
-
Tout le monde a entendu parler du complexe d’Oedipe, mais personne ne se souvient de la mère/épouse en question… Et, quand on prononce le nom “Jocaste”, aucune image familière de l’histoire de l’art ne vient en tête. Pourtant, Jocaste est le personnage clé de grandes tragédies, et figure chez Homère, Sophocle, Sénèque et les autres.
Longtemps réduite à la figure de la mère incestueuse d’Oedipe, de la mère monstrueuse, Jocaste est pourtant plus complexe. C’est une reine sage et réfléchie, qui s’interpose entre les conflits des hommes, de ses maris, frères, fils - et qui, prônant la raison contre la superstition, ne croit pas aux prophéties.
Comme Médée, Circé ou Vénus, son image antique va subir des modifications à travers l’Histoire, en passant par le filtre du monde romain qui la rend monstrueuse, puis de la chrétienté, et enfin de la psychanalyse, qui lui porte le dernier coup, teintant les récits qu’on fait d’elle.
Pour en discuter, j’ai invité Cassandre Martigny. Cassandre est professeure agrégée de lettres classiques, docteure en littérature comparée et post-doctorante à l’ENS de Lyon au sein de la chaire “études littéraires de genre” du laboratoire Histoire et Sources des Mondes Antiques (HiSoMA).
Dans sa thèse, Devenir Jocaste : naissances et renaissances du personnage de l'Antiquité à nos jours, elle a étudié la réception de Jocaste et la fabrication de son mythe à travers un corpus diachronique. Ses recherches portent plus généralement sur les réappropriations de figures féminines de l’Antiquité par la modernité en Occident.
Ensemble, nous avons parlé de prophétie d'Apollon, d’abandonner son enfant sur les collines, de gouverner Thèbes, d’affronter la Sphinge et d’épouser son fils sans le savoir ; de tragédies grecques, de monstres, d’Eve, de Marie, de Médée, de Cocteau, de Freud et des ravages de la psychanalyse ; mais surtout, de réécritures féministes.
TW : Jocaste a eu une vie houleuse : cet épisode aborde des thèmes tels que le suicide, la pendaison, le meurtre, le viol, la pédophilie, l’inceste. Si cela vous blesse, évitez peut-être cet épisode et prenez soin de vous <3
L’antisèche personnages :
Laïos = 1er mari de Jocaste, roi de ThèbesOedipe = fils de Jocaste et de Laïos, 2e mari de JocastePélopse = père adoptif d’Oedipe, roi de CorintheCréon = frère de Jocaste, Oedipe le soupçonne de complotTyrésias = mage de Jocaste, Oedipe le soupçonne de complot Antigone & Ismène = filles de Jocaste et Oedipe Étéocle & Polynice = fils de Jocaste et OedipeSources antiques :
Euripide, Les PhéniciennesHomère, OdysséeSénèque, Œdipe et Les PhéniciennesSophocle, Antigone, Œdipe tyran, Œdipe à Colone ; Œdipe RoiStace, ThébaïdeRéélaborations :
Dolce, Giocasta, 1566Corneille, Œdipe, 1659Racine, La Thébaïde, 1664Voltaire, Œdipe, 1718Cocteau, La Machine infernale, 1934Natalie Haynes, The Children of Jocasta, 2018Nancy Huston, Jocaste Reine, 2009Publications de C. Martigny :
« La mort de Jocaste, entre visible et caché : la construction de l’héroïsme tragique du personnage féminin », Cahiers du Théâtre Antique, 2024« Le mythe d’Œdipe réinterprété grâce à la voix des oubliées dans la réélaboration féministe The Children of Jocasta de Haynes », ¿Interrogations? Revue pluridisciplinaire de sciences humaines et sociales, 2023Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
-
Je crois que si tu me dis “Assyrie”, je ne peux te citer aucun nom, et en fait, peu de choses. Je vois quelques images, des rois aux barbes bouclées sur des reliefs du Louvre, la porte d’Ishtar et ses lions bleus au musée de Berlin, et puis le mot “Babylone” aux connotations un peu confuses, qui évoque aussi bien des jardins suspendus disparus, le mythe biblique de la Tour de Babel qu’une chanson de Boney M.
Du coup, j’ai voulu creuser. Quelles femmes émergent de ces imaginaires un peu flous ? Et je suis tombée sur la reine Naqia, ou Zakutu. Cette reine de l’Empire assyrien a vécu à peu près entre -730 et -670 avant notre ère. Elle a eu une longue vie pour l’époque, et une influence politique inédite pour une femme et une reine de son temps.
C’est quoi l’Empire assyrien, et c’est quoi la différence avec la Mésopotamie, Babylone ? La région globale de l’Irak et la Syrie dans l’Antiquité s’appelle la Mésopotamie, et son histoire couvre 3000 ans. A l’origine, on a 2 pôles : au nord, Akkad (d'où le terme “akkadien”) ; au sud, Sumer, qui donne “sumérien”. Je vous passe les histoires de cités et de royaumes successifs, mais cette région a des points communs, dont l’usage des cunéiformes (même si c’est pour écrire des langues différentes). J’accélère de quelques siècles, les royaumes chutent et les frontières changent, mais on retrouve la division nord/sud, avec au nord l’Empire Assyrien et au sud le Royaume de Babylone. L’Empire assyrien grandit, le Royaume de Babylone s'affaiblit et devient une province de l’Empire Assyrien : et c’est là qu’on se place pour cet épisode.
La reine Naqia est donc liée aux rois de l’Empire assyrien. Comme souvent pour les femmes sur lesquelles on a peu de sources, les phases de sa vie telles qu'elles nous sont connues sont découpées par rapport aux hommes qu’elle a côtoyés - en l'occurrence, trois rois successifs : Sennachérib, son époux ; Assarhadon, son fils ; Assurbanipal, son petit-fils. Du temps de son époux, Sennachérib, elle est peu visible, plutôt une reine secondaire ; c’est vraiment du temps de son fils qu’elle va prendre les rênes and shine, et montrer toute son influence.
Pour en discuter, j’ai invité Violeta d’Aguiar. Violeta prépare une thèse en cotutelle à l'École Pratique des Hautes Études (EPHE) et à la Nouvelle Université de Lisbonne. Originaire du Portugal, Violeta est venue étudier à Paris pour son mémoire de master, qu’elle a consacré au roi assyrien Assarhadon, fils de Naqia. Elle y est retournée pour sa thèse, qui porte sur les formes de pouvoir féminin en Mésopotamie, depuis les sources sur les reines assyriennes et babyloniennes jusqu'aux représentations littéraires et mythologiques des déesses.
Ensemble, nous avons parlé de la reine Naqia, épouse, mère et grand-mère de roi. Nous avons parlé de lutter pour le pouvoir, de reconstruire Babylone ; d’être la seule femme à élever des palais, à dialoguer avec des officiers, à émettre des décrets royaux et surtout, à apparaître dans les sources. Mais aussi des clichés sur les harems, de prophéties à la déesse Ishtar et de déchiffrement des cunéiformes. Surtout, nous avons parlé de femmes - de vénérer une déesse en tant que reine et de travailler sur une reine en tant que chercheuse.
Pour tout ça, je vous invite à rejoindre ma conversation avec Violeta au sujet de Naqia !
L'antisèche noms propres
Naqia ou Zakutu : reine d'AssyrieSennachérib, son époux, roi d'AssyrieAssarhadon, son fils, roi d'AssyrieAssurbanipal, son petit-fils, roi d'AssyrieSargon : son beau-père, roi d'AssyrieAssur et Ninive : cités antiquesBibliographie
Sarah Melville, 1999. "The Role of Naqia/Zakutu in Sargonid Politics"Sarah Melville, 2014. "Women in Neo-Assyrian texts"Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
-
(Lectures de textes antiques)
Bonjour ! Aujourd’hui, je vous propose un épisode hors-série : ce n’est pas une discussion avec une invitée experte, mais la lecture d’un texte antique sur une figure féminine de l’Antiquité.
Aujourd’hui, on vous lit l’Odyssée, d’Homère, et plus précisément les chapitres qui évoquent la magicienne Circé. J’ai invité pour cela des amis et de la famille qui ont bien voulu prêter leurs voix aux personnage (et on a même mon papa qui passe une tête pour jouer un marin).
Nous allons vous lire des extraits de deux chapitres, d’abord le chapitre 10 puis le chapitre 12.
Dans le chapitre 10, les marins d’Ulysse arrivent sur l’île de Circé, se font transformer en cochons, puis Ulysse parvient à obtenir leur libération, et ils passent tous 1 année sur l’île à se faire kiffer sur des banquets et du bon vin au fromage.
Puis Circé leur conseille d’aller faire un tour aux enfers, ça c’est le chapitre 11 qu’on a zappé car elle n’y apparaît pas ; et enfin, dans le chapitre 12, ils reviennent chez Circé, qui conseille Ulysse sur toute la suite de son voyage : comment affronter les sirènes, Charybde et Scylla, et les boeufs d’Hélios.
C’est la traduction faite par Madame Dacier, la 1e traduction en français faite par une femme. Anne Dacier était une femme de lettre, philologue et traductrice française qui a vécu de 1645 à 1720. Une femme savante précurseur des Lumières, qui vulgarise les textes de l’Antiquité pour les « dames » et, sous Louis XIV, à vivre de sa plume.
Son oeuvre maîtresse est d’avoir réalisé une traduction intégrale en prose de l’Iliade et de l’Odyssée, accompagnée de remarques, publiée en 1711 et 1716.
Bon, le langage est un peu daté, elle utilise des mots un peu vieillots : elle transforme les compagnons d’Ulysse en "pourceaux" et non en cochons, elle parle de "vaisseaux" plutôt que de navires, de "éminences" plutôt que de collines, et de "verges" plutôt que de baguettes magiques.
(Si vous aussi vous avez 5 ans d’âge mental et que ça vous fait rire, je publierai une version non censurée de cet enregistrement où vous pourrez voir à quel point ça nous éclate de rire aussi.)
Et bien sûr, si vous voulez plus d’infos sur Circé, n’hésitez pas à écouter l’épisode dédié, où j’interview la chercheuse Morgane Lebouc et où nous commentons d'ailleurs la plupart des extraits que vous allez entendre.
Sans plus attendre, posez-vous tranquillement le casque sur les oreilles, et écouter donc notre bande de troubadours vous lire Circé, dans l’Odyssée.
Texte lu : L'Odyssée. Vol. 1 / Homère ; traduction de Mme Dacier ; éditeur A. Vollard (Paris), 1930. Digitalisé sur Gallica.
Crédits
Réalisation, montage, écriture : Servane Hardouin-Delorme
Musique : Mathilde Desanges
Illustration : Morwenna Descottes
Voix
Narrateur (Ulysse) : Servane Hardouin-Delorme
Circé : Mathilde Desanges
Ulysse (dialogues) : Naël Kadri
Mercure/Hermès : Morwenna Descottes
Euryloque : petite soeur anonyme
Politès : papa anonyme
Choeur des marins : Mathilde Desanges, Morwenna Descottes, Naël Kadri
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
-
Moi, Circé, je l’ai rencontrée à deux moments : quand ma mère me lisait, enfant, l’Odyssée où Circé n’est qu’un chapitre, un énième obstacle dans la quête d’Ulysse ; puis, quand j’ai découvert le roman de Madeline Miller, publié en 2018, où Circé devient l’héroïne et Ulysse n’est qu’un épisode. Deux moments de lecture différents, séparés par 20 ans de ma vie et plus de 20 siècles d’histoire. Entre les deux, j’ignorais tout.
Alors j’ai invité Morgane, un prénom que je trouve très stylé pour parler d’une magicienne et encore plus quand on sait qu’elle fait sa thèse en Bretagne #LégendeDArthur (même si j’avais d’autres motivations à mon choix).
Agrégée de lettres modernes, Morgane Lebouc exerce les fonctions d’ATER à l’Université de Bretagne Occidentale, où elle prépare une thèse de littérature comparée. Ses travaux portent sur la manière dont les autrices contemporaines ont révisé les figures féminines du corpus d’Homère, telles que Pénélope, Hélène, Briséis et Circé. En 2023, elle a publié “Les réécritures contemporaines de l’Odyssée au service de la reconfiguration de l’imaginaire méditerranéen : l’exemple de Circé, Madeline Miller” dans les Cahiers internationaux du Symbolisme.
Ensemble, on a parlé de baguettes magiques, de plantes et de potions, de naufrages et de malédictions familiales ; de vivre sur une île, de transformer les hommes en porcs ou en piverts, et d’être pote ou rivale avec Scylla, Médée, Pénélope et Calypso ; mais aussi de Games of Thrones, de la Cité des Dames, du roman blockbuster Circé de Madeline Miller, de relectures féministes, de poétesses cyniques et de traduire Homère en tant que femme.
Pour ces sujets et plus encore, je vous invite à rejoindre ma conversation avec Morgane sur la figure de Circé.
L’antisèche personnages
Circé = notre héroïneMédée, Ariane et Phèdre = nièces de Circé Aétès = frère de Circé, père de MédéeGlaucus = 1er amour malheureux - Circé transforme la nymphe qu'il aime, Scylla, en monstre Picus = 2e amour malheureux - Circé le transforme en pivertUlysse = un héros random qui débarque sur l’île de CircéCalypso = une autre héroïne sur une autre île, elle aussi amoureuse d'Ulysse Pénélope = « rivale » de Circé, car épouse légitime d’Ulysse, mais (spoiler) sa future colloc'Télégonos = fils que Circé a d'Ulysse, qui finit (spoiler) par assassiner Ulysse Télémaque = fils de Pénélope et d'Ulysse, puis (spoiler again) l’époux de CircéRéférences mentionnées
Christine de Pisan, La cité des dames, 1405Augusta Webster, "Circe", dans Portraits, 1870H. D. (Hilda Doolittle), "Circe", dans Hymen, 1919Margaret Atwood, Circé : Poèmes d’argileEurore Welty, "Circé", dans La Mariée de l’Innisfallen, 1949Katherine Anne Porter, A Defense of Circe, 1954Carol Ann Duffy, "Circe" The World’s Wife, 1999Nicelle Davis, Circe, 2011Madeline Miller, Circe, 2018Emily Wilson, Translating Homer as a Woman, 2019Bibliographie de Morgane Lebouc
"Les réécritures contemporaines de l’Odyssée au service de la reconfiguration de l’imaginaire méditerranéen : l’exemple de Circe, Madeline Miller", Cahiers internationaux du Symbolisme, 2023(Thèse de doctorat en cours) "Réviser les grandes figures féminines du corpus homérique dans la littérature de l’extrême-contemporain (domaines français, anglais et espagnol)"Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
-
En étudiant l’égyptologie, j’ai toujours été attirée par la frontière méridionale de l’Egypte et au-delà. La Nubie, le Soudan, les royaumes successifs de Kerma, de Kush et de Méroé. Malgré leurs histoires fascinantes, ils demeurent bien moins connus que leurs voisins pharaoniques au nord - et pourtant - ils avaient eux aussi des rois, des hiéroglyphes, des dieux et des pyramides.
La figure de la candace ressort vite, un titre conféré à certaines reines plus puissantes que les autres, un mot ancien venu jusqu’à nous à travers le grec qui déforme beaucoup, comme le titre de pharaon pour les rois égyptiens. Une candace, en Nubie antique, c’est une reine, souvent guerrière ou bâtisseuse, qui règne aux côtés de son fils.
Mais toutes les reines n’étaient pas candaces, et nous disposons encore de peu d’informations à leur sujet. Vous verrez donc que c’est un épisode un peu spécial, où l’on ne parle pas que de notre héroïne antique, mais où l’on s’attarde à croiser les indices et à la replacer dans son contexte méconnu, car on dispose de très peu de sources et la recherche et l'archéologie ont mis longtemps à s’y intéresser aux royaumes antiques du Soudan qui sont longtemps restés dans l’ombre de l’Egypte pharaonique.
Pour en discuter, j’ai invité Aminata Sackho-Autissier. Aminata travaille au Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre, et je la connais depuis plusieurs années déjà, puisque j’ai effectué un stage auprès d’elle à la fin de ma licence. J’avais d’ailleurs travaillé sur la préparation d’une exposition sur les "pharaons noirs" du Soudan.
Aminata est docteure en égyptologie. Après une thèse soutenue en Sorbonne en 1997 sur les relations entre l’Egypte et ses voisins, dont le Soudan, elle a d’abord été ATER au Collège de France avant de rejoindre l’Institut du monde arabe (IMA), puis le musée du Louvre. Membre du laboratoire Orient & Méditerranée du CNRS, elle est spécialisée sur la Nubie et le Soudan antiques.
Ensemble, nous avons donc parlé de candaces et notamment de l’une d’elle, Amanirenas, contemporaine de Cléopâtre. Nous avons parlé de reines régentes au pouvoir, de repousser l’envahisseur romain, d’être légitimée par une déesse-mère et d’enterrer la tête coupée de l’Empereur dans le sable… Mais aussi du pillage d’un trésor par un explorateur italien, d’une pyramide détruite, de l’opéra Aïda, des dessins animés de Michel Ancelot, de colonisation antique et moderne, et de hiéroglyphes qui restent encore à déchiffrer.
Pour tout ça et plus encore, je vous invite à rejoindre ma conversation avec Aminata au sujet d’Amanirenas.
Crédits
Réalisation, production, montage : Servane Hardouin-Delorme
Illustration : Morwenna Descottes / Le palais des courants d'air sur YouTube
Générique : Mathilde Desanges
Recherches documentaires : Laëtitia Porlouis
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
-
Vénus, pour moi, a toujours été l’équivalent romain d’Aphrodite, mais en moins stylée. On connaît beaucoup d’histoires sur Aphrodite, le symbole de beauté, le tempérament jaloux, la querelle de déesses qui a mené à la guerre de Troie, mais on sait peu de choses finalement sur Vénus, que je voyais un peu comme sa grande soeur romaine et reloue.
Mais quand on y réfléchit, on la croise finalement beaucoup : Vénus de Botticelli, Vénus de Milo, Vénus d’Urbain de Titien. Vénus c’est aussi la planète, et donne son nom à un jour de la semaine puisque vendredi vient de Vénus. Sans parler des Vénus préhistoriques, devenue un mot pour nommer les figures féminines nues qu’on trouve en archéologie. Enfin bref, Vénus n’est finalement pas si absente.
Elle est même loin de l'image qu'on en a : Vénus n'était pas une déesse de l'amour ou du sentiment amoureux, mais bien une déesse incitant à l'accouplement sexuel et à la fertilité, et donc à la source de toute création et toute vie. Déesse-mère, Vénus en devient la mère de Rome, de Jules César, de l'Empire et de tous les Romains, les guidant à la guerre, dotée d'une force martiale.
Pour en parler, j’ai invité Florie Debouchaud. Florie a consacré sa thèse à la déesse Vénus. Dans le cadre d’un doctorat en histoire de l’art médiéval à l’Université de Paris-Nanterre, elle a étudié les réceptions de la déesse Vénus dans l’Antiquité tardive. Chercheuse associée au laboratoire Archéologies et Sciences de l’Antiquité, elle enseigne l’histoire de l’art médiéval et l’Antiquité tardive à l’Université Bordeaux Montaigne et à l’Ecole du Louvre, tout en gérant le programme Egalité des chances à l’Ecole du Louvre.
Ensemble, on a parlé de Vénus ; on a parlé de naître dans l’écume, d’être la patronne de Rome et des romains et de tromper le dieu forgeron avec celui de la guerre ; mais aussi de Jules César, de Botticelli, de représenter la nudité féminine au temps du christianisme et d’une histoire de nonnes possédées par le démon de Vénus.
On a surtout parlé d’une déesse primordiale, d’une force universelle et d’une puissance féminine perdue.
Pour tout ça et plus encore, je vous invite à rejoindre ma conversation avec Florie Debouchaud au sujet de Vénus !
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
-
Je n’ai découvert Médée que tard dans ma vie. Le mythe grec de la magicienne qui assassine ses propres enfants … Sans la connaître, elle était pour moi la figure du crime, du monstre, de l’attaque cruelle qui déchire l’humanité et qui se déchire un peu soi. Et quand je me suis intéressée à elle plus en détails, j’ai été fascinée, sans trop pouvoir l’expliquer.
Médée semble avoir autant d'identités que de vies. Tantôt femme savante ou "sorcière", monstre ou justicière, princesse ou marginale, déesse ou "barbare", amoureuse ou trahie, maternelle ou criminelle, manipulatrice ou ensorcelée, d'une folle colère ou d'un sang froid... Médée est une héroïne complexe, qu’on ne peut réduire à une seule case, qui remue des choses dans le bide qu’on ne sait classifier ; comme le résumera mon invitée, c’est "son extrême ambivalence qui nous touche".
Pour en parler, j’ai invité Blandine Le Callet, chercheuse, enseignante et autrice d’essais, de romans et de bande-dessinées. Agrégée de lettres classiques, elle enseigne le latin et la culture de l’Antiquité à l’Université Paris-Est–Créteil (UPEC). Elle poursuit des recherches sur la notion de "monstre" dans l’Antiquité, et a traduit la Médée de Sénèque aux éditions Gallimard. Enfin, elle est l’autrice de la série de bandes-dessinées Médée, publiée en 4 tomes de 2013 à 2019 aux éditions Casterman - et en intégrale en 2021.
Ensemble, nous avons parlé de magie, de crime et de vengeance ; de voyage sacrilège sur les mers, de monstres à combattre et de dragons volants ; mais nous avons aussi parlé d’être une femme dans une épopée, d’être une étrangère en Grèce antique, et d’être une mère avec des doutes ou des regrets. Enfin, nous avons parlé de l’oeuvre personnelle de l’autrice, de comment écrire avec le poids d’un mythe et de l’ambivalence et du mal au coeur de chacun d’entre nous.
Pour tout ça et plus encore, je vous invite à rejoindre ma conversation avec Blandine Le Callet au sujet de la figure de Médée.
TW : Médée a eu une vie violente : cet épisode aborde des thèmes tels que le meurtre, l'infanticide, le suicide, l'automutilation, ainsi que la brutalité envers les jeunes femmes dans la sexualité. Si cela vous heurte, évitez peut-être cet épisode et prenez soin de vous.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
-
Découvrez la Nymphe et la Sorcière, le tout nouveau podcast qui raconte les histoires des héroïnes de l’Antiquité ! 🧜♀️
Circé, Isis, Lilith, Cléopâtre, Aphrodite, Salomé, Sappho, Néfertiti, Ishtar… De la Grèce à la Syrie, de l’Egypte à l’Italie, l’Antiquité méditerranéenne est traversée de figures féminines fascinantes. Déesses, nymphes, sorcières, gorgones, sirènes, démones, mais aussi scribes, reines, pirates, capitaines, poétesses et doctoresses.
Au rythme d’un épisode par héroïne, le podcast donne la parole à des historiennes, chercheuses, artistes ou archéologues. Au micro de Servane Hardouin-Delorme, elles vous invitent à rencontrer les héroïnes, réelles ou imaginaires, d’il y a trois millénaires.
➡️ Rejoignez-nous sur Instagram
Un podcast créé et réalisé par Servane Hardouin-Delorme.
Musique : Mathilde Desanges
Illustration : Morwenna Descottes / Le Palais des courants d'air
Recherches : Laëtitia Porlouis
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.