Afleveringen

  • En France, en 2022, l’ancien patron de Peugeot Citroën, Philippe Varin, a rendu un rapport sur les métaux critiques : il montre que le pays dépend à près de 100% de l’extérieur pour ses approvisionnements en métaux nécessaires à la transition énergétique. Comme bien des pays développés, la France a progressivement fermé ses mines et abandonné la filière minière pour des raisons à la fois économiques - coûts plus élevés que la concurrence - et environnementales. Certes, les ressources du sous-sol français sont limitées mais c’est aussi la filière du raffinage qui fut abandonnée. Lorsqu’un industriel a besoin de métaux, il utilise des minerais qui ont déjà subi une première transformation. Entre le produit extrait de la mine et le produit fini, se situe l’étape du raffinage qui a pour but d’extraire le précieux métal de la quantité de terre et d’autres roches avec lequel il est amalgamé. Le processus de séparation nécessite beaucoup d’énergie, d’eau et est potentiellement source de grandes pollutions. Ainsi, alors que, dans les années 1980, le groupe français Rhône-Poulenc purifiait dans son usine de La Rochelle près de 10 000 tonnes de terres rares soit la moitié du marché mondial, cette activité a été pourtant progressivement abandonnée pour des raisons environnementales (des rejets radioactifs) et de coûts. Il était bien plus commode d’importer de Chine.

    Aujourd’hui, après le rapport Varin, le gouvernement cherche à reprendre la main. Le code minier a été simplifié, une nouvelle cartographie du sous-sol est en cours par le BRGM, le service géologique national, et plusieurs projets industriels sont en développement. Du côté de l’extraction, le groupe Imerys souhaite ouvrir une mine de lithium dans l’Allier tandis que le français Eramet et Electricité de France veulent exploiter du lithium issu d’eau géothermale en Alsace. C’est bien une filière qu’il faut mettre en place, ainsi dans le cas de l’Allier, le projet se décline en trois étapes, l’extraction à Echassières , un site de stockage à une quinzaine de kilomètres et une usine de conversion pour le raffinage à Montluçon à une cinquantaine de kilomètres. Et l’on reparle d’ouvrir à La Rochelle, avec le groupe belge Solvay, une usine de recyclage pour récupérer des terres rares. Mais, pour aboutir, ces projets doivent surmonter deux écueils : celui du financement d’abord, car ils sont toujours très coûteux (1 milliard d’euros pour le projet de l’Allier) ; celui ensuite du débat public qui révèle la vigueur d’oppositions diverses liées à la fois aux possibles conséquences environnementales et à l’utilité réelle du projet. L’Etat lui a choisi, il considère le projet dans l’Allier d’ « intérêt national majeur », insistant ainsi sur l’aspect géopolitique de la question.

    S’intéresser aux matières premières, c’est donc prendre en compte une question majeure de notre siècle. Le pétrole a été l’or noir du XXe siècle. Le XXIe siècle sera donc métallique : dopée par la transition verte et la numérisation de l’économie mondiale, la demande en minerais s’envole. Or la production aujourd’hui ralentit, les découvertes de nouveaux gisements se raréfient. Les États se livrent donc à une compétition féroce pour sécuriser leurs approvisionnements.
    Les ressources présentes sur terre sont-elles suffisantes pour faire face à l’explosion des besoins ? Peut-on les exploiter sans détruire la planète ? Cette manne financière profite -t-elle réellement aux Etats producteurs ou sont-ils condamnés à la « malédiction des matières premières », un concept mis en valeur déjà il y a plusieurs décennies ? Les Occidentaux pourront-ils rattraper leur retard sur la Chine dans la sécurisation de leur filière minière ?

  • Les diagnostics posés sur l’état du Liban sont souvent dramatiques. En décembre 2020, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, exprimait par cette boutade son sentiment « Pour moi, disait-il, c’est le Titanic sans orchestre ».

    Dans l’ouvrage paru en 2022, l’historien et politologue Pierre – Jean Luizard n’hésite pas à parler à propos du Liban d’un pays en voie de disparition. Aux côtés de Syrie, Irak, Yémen, Libye, il le range dans la catégorie des États faillis, que l’on peut définir comme des États qui ne remplissent pas leurs missions auprès de leur population tant dans les domaines régaliens (justice, sécurité, monnaie, contrôle du territoire) que dans la fourniture de services économiques et sociaux à leur population. En un demi-siècle, le pays a connu guerre civile, offensives et occupation israélienne et syrienne, attentats et assassinats politiques en série, vacance du pouvoir politique et multiples formes d’ingérence étrangères.

    Or ce pays dans les années 1950 ou 1960 apparaissait comme un îlot de prospérité et de coexistence réussie, on le qualifiait de Perle du Moyen-Orient, de Suisse orientale, Beyrouth était parfois surnommée le Paris du Moyen-Orient… Quoi qu'on pense de ces qualificatifs d’ailleurs, le constat est là. Le Liban va mal, et la guerre qui l’accable fait plonger un peu plus le pays dans la nuit. Pourquoi ?

    Si l’État ne fonctionne pas, serait-ce parce qu’il n’existe pas ? qu’il n’y a pas vraiment eu d'État nation libanais ? Ce pays n’est-il pas une création artificielle, coloniale qui n’a pas réussi à souder la communauté de ses habitants ? Cette explication facile fait fi des fragilités internes, comme des enjeux régionaux et des interventions étrangères dans ce pays souvent perçu comme un État tampon, hier entre l’Europe et le monde ottoman, aujourd’hui entre Israël et l’Iran. La réalité est plurielle et complexe.

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  • Le 18 septembre dernier, un triste fait divers a accru les tensions entre le Japon et la Chine. Un enfant japonais de 10 ans a
    été tué, poignardé sur le chemin de son école à Shenzhen, la grande métropole technologique et industrielle du Sud Est de la
    Chine. Celle-ci parle d’un incident isolé, mais cette attaque a eu lieu le jour anniversaire du début de l’invasion de la
    Mandchourie par le Japon en 1931 et survient 3 mois après l’attaque en juin d’un autre enfant japonais et de sa mère à un
    arrêt de bus.

    Elle s’insère dans un climat de dégradation des relations entre les deux pays. Le sentiment antijaponais en Chine
    a toujours été vivace, nourri de l’héritage de la Seconde guerre mondiale. Depuis un an on observe un regain des tensions et,
    le 26 août dernier, pour la première fois un avion de reconnaissance de l’Armée chinoise est entré dans l’espace aérien
    japonais. Il est vrai que le rapport de force entre les deux Etats a considérablement changé en ½ siècle : à la fin des années
    1960 le Japon était la troisième puissance économique mondiale – derrière Etats-Unis et URSS, grâce à une croissance
    économique spectaculaire, deux fois plus rapide que celle des autres pays occidentaux. À l’époque la Chine était un pays
    fermé, vivant au rythme des révolutions maoïstes, isolé dans la communauté internationale et dont les habitants vivaient
    pauvrement. En 2010 le PIB de la Chine a dépassé celui du Japon alors N°2.

    Depuis, la Chine ambitionne d’être numéro 1 dans tous les domaines, développant des ambitions maritimes, elle inquiète le Japon, surtout depuis l’arrivée de Xi Jingping au pouvoir en 2013 menant une politique plus autoritaire et plus agressive. Que peut faire le Japon ?

    Dans sa Nouvelle histoire du Japon, l’historien Pierre François Souryi écrit en 2023 : « Méprisé par son principal allié les Etats-
    Unis, à peu près ignoré par les Européens, incapable de s’entendre avec son voisin russe sur une frontière communément
    admise, suscitant toujours autant d’antipathie chez son voisin sud-coréen et menacé de ses fusées par Pyongyang, tenu à
    distance par une Chine prompte à raviver les cicatrices de la guerre, le Japon est pour ainsi dire inaudible sur les grands
    problèmes du monde contemporain ».

    Le bilan est-il vraiment aussi accablant ? pour un pays qui possède pourtant maints critères de puissance ? Revenons à
    l’actualité.

  • Nous autres, Européens, vivons une période déstabilisante. Nous sommes sans doute le continent le plus préservé des soubresauts politiques, économiques et sociaux par la stabilité de nos institutions, par la protection offerte par l’Union Européenne, par le niveau de vie et la couverture sociale que nous avons construits depuis les décennies de l’après-guerre. Nous avons fortement contribué à proposer au monde un mode de règlement des conflits ou de gestion des biens publics mondiaux basé sur le dialogue, le multilatéralisme, l’édification de règles communes.

    Or depuis quelques années, ce monde semble en train de s’effondrer. Il est vrai que la guerre s’étend et semble toujours plus proche de nous. A moins de 5 h d’avion de Paris, des combats déchirent l’Est européen, le Caucase, le Proche-Orient, ou le Nord Sahel. Ce sentiment d’un monde qui s’effondre s’explique aussi par la panne du multilatéralisme : le dialogue, la recherche de compromis nous ont permis de vivre en paix au sein de l’Union Européenne or cette capacité à dialoguer entre grandes puissances semble au point mort. Enfin, c’est tout simplement notre place dans le monde qui est aujourd’hui remise en cause lorsque nos tentatives pour proposer des solutions via des normes, des valeurs ou des actions est rejetée.
    Le monde en 2024 se résume -t-il alors à une géopolitique du désordre ?

    Tout converge pour donner cette impression : l’extension de la guerre (guerres chaudes et meurtrières, guerres froides porteuse de tensions plus grandes encore), la contestation des démocraties, le regain des protectionnismes, la multiplication des accidents climatiques … Il est donc urgent de chercher l’intelligibilité du monde. Nous savons que nous vivons des crises multiples et que celles-ci sont la traduction du passage d’un monde ancien à un nouveau monde qui est en train de naître. Mais au-delà du recours à cette analyse (inspirée par Gramsci), ne peut-on décrypter les désordres ambiants comme une phase mettant en place de nouveaux acteurs et aussi de nouvelles règles... dessinant un nouveau monde que nous aurions intérêt à prendre en compte, à intégrer le plus rapidement possible pour y trouver notre place.

    Peter Drucker, l’un des pères du management, disait : « le plus grand danger dans les moments de turbulence, n’est pas la turbulence ; c’est d’agir avec la logique d’hier. » Aussi, mettons-nous au temps présent.

  • En avril dernier, les élections présidentielles organisées en Slovaquie aboutissaient à la victoire de Peter Pellegrini, candidat
    allié au premier ministre nationaliste et populiste Robert Fico. Cette victoire s’est largement jouée sur le thème de la guerre
    en Ukraine, le nouveau président affirmant qu’il était le candidat de la paix tandis que son adversaire pro-européen allait
    précipiter son pays dans la guerre par son soutien aux Ukrainiens. La Slovaquie se retrouve ainsi dirigée par un duopole
    populiste et nationaliste après la victoire de Robert Fico aux législatives d’octobre 2023. Son gouvernement qui vient par ex
    en mars d’annoncer la suppression de l’instance judiciaire chargée de lutter contre la corruption, s’annonce illibéral. La
    Slovaquie rejoint ainsi la Hongrie de Orban à la fois dans la complaisance vis-à-vis du régime de Vladimir Poutine et le refus
    d’aider l’Ukraine, et dans la critique de l’action de l’UE et la remise en cause de l’Etat de droit.
    Qu’en penser ? 20 ans après son entrée dans l’Union, l’Europe de l’Est semble générer des Etats qui freinent la
    construction européenne et qui rejettent un certain nombre de ses valeurs. Pourquoi ?

    Mais de qui parle-t-on ? L’Europe centrale et orientale a-t-elle encore une identité spécifique ? L’attaque russe sur l’Ukraine
    en février 2022 et la guerre qui dure depuis plus de deux ans apparaît comme un révélateur des divisions au sein de cette
    Europe de l’est. L’euroscepticisme militant des démocraties illibérales (Pologne avant 2023, Hongrie, Slovaquie aujourd’hui)
    contraste avec l’ europhilie des Etats baltes ou aujourd’hui de la Pologne. Dans ce pays, vous vous en souvenez peut-être les
    élections au printemps 2023 ont conduit à la victoire de Donald Tusk à la tête d’une coalition centriste et pro-europe qui
    s’attache depuis à rétablir l’Etat de droit dans le pays.

    Comment comprendre ces évolutions et ces disparités ? Les spécificités de l’Europe centrale se sont-elles diluées en entrant
    dans l’Union ou bien cette intégration a-t-elle conduit à une réaffirmation de leur identité propre ? Certes aucun Etat entré il
    y a 20 ans ne souhaite quitter l’Union, car tous savent ce qu’elle leur apporte. Mais la question est posée : Peut-on passer
    d’une identité socialiste à une identité européenne facilement, en faisant l’économie d’une affirmation nationale ?
    Pour le dire brutalement, leur volonté affirmée clairement il y a 20 ans n’était -elle qu’un trompe l’œil masquant l’appât du
    gain ? en l’occurrence les aides européennes ?

  • Le 26 janvier 2024, Emmanuel Macron était l’invité d’honneur de Narendra Modi pour la fête nationale indienne, qui commémore l’entrée en vigueur de la Constitution en 1950. Macron était un second choix pour Modi, qui avait dans un premier temps convié Joe Biden, mais le président américain s’était finalement désisté tardivement en décembre. Que révèle l’événement ? d’une part que Modi courtise les Occidentaux, tout en les critiquant et en refusant de condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie ; d’autre part que le président français, en connaissance de cause et en dépit de l’évolution autoritaire du régime indien, a souhaité entretenir cette relation privilégiée avec un partenaire stratégique, qui non seulement a le mérite d’être un client de l’industrie de défense française, mais apparaît comme une puissance d’équilibre dans un monde en pleine recomposition. C’est d’ailleurs pour ces mêmes raisons que Modi avait été l’invité d’honneur des cérémonies du 14 juillet dernier à Paris. Alors l’Inde, une puissance indispensable ?

  • Il fut un temps pas si lointain, la fin du XXe siècle, où l’on envisageait sereinement l’avènement de sociétés post-industrielles, où la diminution spectaculaire des emplois industriels dans nos sociétés occidentales nous semblait inévitable et peu dommageable. C’était un signe de modernité alors que nous vivions de plus en plus dans une société de services. Certes, il s’agissait d’une désindustrialisation relative, car la valeur de l’industrie mondiale a doublé entre 1980 et 2005. Mais les emplois partaient ailleurs : entre 2000 et 2004 par exemple, La Chine gagnait 7 millions d’emplois industriels, l’OCDE, les économies développés occidentales en perdaient le même nombre. Il y avait clairement des gagnants et des perdants en termes d’emplois, mais la baisse des prix des produits industriels laissait à penser que tout le monde s’y retrouvait. Cette thématique d’un monde post-industriel laissait croire à la fin de l’industrie. Quelle erreur dommageable ! Ce temps n’est plus.
    On définit classiquement l’industrie comme l’ensemble des activités économiques qui ont pour objet la production d’énergie et de produits manufacturés, qu’il s’agisse de produits semi-finis ou de biens de consommation. De plus en plus la séparation entre activités industrielles et de services n’est pas facile à opérer et devient artificielle. C’est ce qui explique le jugement de Pierre Veltz en 2017 dans « la société hyper-industrielle » « En réalité nous ne vivons pas la fin de l’industrie mais l’accouchement d’une nouvelle forme de société industrielle très différente de la forme dominante du siècle passé... Je l’appelle Hyper industrielle pour marquer à la fois sa nouveauté et la continuité avec l’histoire longue de l’industrialisation… L’industrie manufacturière, les services, les entreprises du numérique font désormais partie d’un même ensemble, et sont de plus en plus étroitement imbriqués. »

    Le slogan en vigueur aujourd’hui est celui de la réindustrialisation, en France, comme aux Etats-Unis, ou de l’industrialisation dans les pays du Sud. L’industrie en dépit de ce que l’on avait pu penser est bien le nerf de la guerre de l’économie, de l’emploi mais aussi et c’est un constat plus nouveau de la puissance. C’est une question qui concerne au premier chef l’Europe qui est prise en étau entre l’essor des puissances émergentes et la volonté de réindustrialisation US marquée par l’ inflation réduction act de l’administration Biden en 2022. .
    Cependant pour l’automobile comme pour d’autres exemples, il est clair que la compétition entre puissances est réelle. La Chine est considérée comme la première puissance industrielle mondiale depuis 2010. La domination chinoise sur l’industrie mondiale est-elle pour autant déjà actée et définitive ?

  • Fin décembre, Jacob Zuma, président de l’Afrique du Sud entre 2009 et 2018, qui dut quitter le pouvoir après des accusations de corruption, a annoncé qu’il ne soutiendrait pas l’ANC aux élections de 2024, affichant clairement son opposition au président Cyril Ramaphosa . Zuma, 81 ans, annonça dans la foulée la création d’un nouveau parti politique, il accuse le président d’être un traître à la cause de l’ANC et d’être vendu « aux intérêts capitalistes blancs ». Cette initiative inquiète, car Jacob Zuma conserve ses supporters notamment dans sa province du KwaZulu-Natal, cherche à récupérer les déçus du gouvernement, manie facilement l’insulte (il a qualifié le gouvernement actuel de gouvernement « de collaborateurs de l’apartheid » ). Personne n’a oublié que les pires troubles de l’Afrique du Sud depuis 30 ans ont eu lieu en 2021, après l’emprisonnement pour outrage au tribunal de Zuma : les violences firent 350 morts et plus d’un milliard d’euros de dégâts. Tout cela laisse augurer une année difficile et tendue jusqu’aux élections qui doivent se tenir entre mai et août. Et il est vrai que la situation sociale difficile - le chômage touche 32 % de la population active - donne des arguments aux opposants. «Nous allons poursuivre notre lutte contre la criminalité et la corruption pour renouveler notre pays qui reste le plus inégalitaire au monde » a promis Cyril Ramaphosa dans un meeting en janvier. Les électeurs lui en laisseront-ils la possibilité ?

    Étudier l’Afrique du Sud aujourd’hui, c’est se demander ce que sont devenues les promesses de la Nation arc en ciel ? Et d’abord , parler d’une Nation Sud-africaine a-t-il un sens aujourd’hui ? En 1999, le successeur de Mandela, Thabo Mbeki affirmait dans son discours d’investiture : « le XXIe siècle sera africain » . Il portait au nom de son peuple le rêve d’une Renaissance africaine. Dans cette idée d’une renaissance africaine, il y avait l’espoir d’un renouveau du continent en termes de démocratisation ainsi que de développement économique et culturel. En même temps, ce concept permettait à l’Afrique du Sud et son nouveau dirigeant de se projeter sur la scène internationale, d’affirmer son africanité et de répondre à ceux qui estimaient que le gouvernement avait fait trop de concessions à la minorité blanche. Cette promesse de Renaissance africaine était l’espoir d’une dynamique propre à l’Afrique, impulsée par elle à l’heure de la fin de la guerre froide, dans un contexte favorable car les cours des matières premières étaient orientés à la hausse du fait de la forte demande chinoise. Thabo Mbeki, se devait après Mandela d’imprimer sa marque, il choisissait de refuser l’afro-pessimisme, affirmait la volonté de l’Afrique de tenir toute sa place dans la mondialisation. L’Afrique du Sud, mise au ban des nations africaines pendant l’apartheid et qui n’avait rejoint l’Organisation de l’Unité Africaine qu’en 1994, pouvait, du fait de son rang – elle était alors première puissance économique du continent-, prétendre à un leadership.

  • Fin décembre 2023, le parquet de Paris annonçait qu’un avion d’une compagnie aérienne roumaine Legends Airlines et devant relier les Emirats arabes unis au Nicaragua était bloqué sur un aéroport français à Vatry dans la Marne. A son bord, 303 passagers indiens. Pourquoi avoir stoppé là cet avion qui ne faisait qu’une escale technique pour son carburant ? La police française avait anonymement été informée que ces passagers étaient susceptibles d’être victimes de traite des êtres humains. Deux hommes à bord de l’avion ont été d’abord arrêtés, ils avaient en leur possession une forte somme d’argent et les passeports de tous les passagers. L’enquête montra qu’il s’agissait d’un projet groupé d’immigration illégale aux Etats-Unis formé par des Indiens qui, pour partie, travaillaient aux Emirats et qui passaient par l’Amérique centrale où ils avaient des facilités de visas. Après 3 jours d’enquête, le 25 décembre, la quasi-totalité des passagers sont repartis en Inde, 25 ont demandé l’asile politique en France.

    Cette histoire de Noël illustre parfaitement l’ampleur et la complexité du fait migratoire aujourd’hui, mais elle est d’abord celle d’individus ballotés d’un pays à l’autre, de passeurs à d’autres et qui cherchent prioritairement à améliorer leurs conditions d’existence.

  • L’Amérique latine a disparu largement de nos horizons dans une actualité chargée. En élisant le 19 novembre dernier un étonnant trublion Javier Milei, celui que l’on surnomme le Trump de la Pampa, celui qui se surnomme lui-même « El Loco » le fou, l’Argentine a surpris, choqué voire découragé plus d’un observateur averti pour qui le pays semble tomber de Charybde en Sylla, aller de mal en pis.
    Et pourtant, en 1910 lorsque l’Argentine célébrait le centenaire de son indépendance, elle recevait des délégations du monde entier venu admirer la modernisation accélérée de ce pays qui accueillait des immigrants européens venant chercher fortune. Elle exportait grains et viande pour sa prospérité, construisait des villes, des chemins de fer. Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, l’Argentine était considérée comme un pays riche, elle était la 10e puissance économique mondiale. En 1986, lorsque le géographe Yves Lacoste fixait sur un planisphère la limite Nord/Sud, isolant les pays développés et les pays sous-développés, il prenait soin de détacher l’Argentine du reste de l’Amérique Latine et de le classer dans les pays développés.

    Depuis, les dernières décennies auront été le temps des désillusions, du déclin. L’Argentine a rejoint l’Amérique latine en quelque sorte dans une histoire ponctuée de crises financières, politiques, de mal développement. Si la démocratie a tenu depuis 40 ans, l’élection de Milei qui entend dynamiter le système traduit une immense colère de la population. Pourquoi ? Comment en est-on arrivé là ?

    Visiblement, la décision des BRICS menée par la Chine, en août dernier de faire entrer l’Argentine dans le groupe des BRICS + à partir de janvier 2024 n’a pas pesé pour les Argentins. En appartenant à ce groupe restreint de 11 puissances du Sud global, le pays trouvait pourtant là une reconnaissance, même si, il faut l’avouer ce choix surprit tant le pays était largement sorti des radars des journalistes. L’Argentine compte-t-elle sur la scène internationale ?

    Au soir de son élection, Javier Milei annonçait « Aujourd’hui, nous adoptons le modèle de la liberté pour redevenir une puissance mondiale ». Et pourtant, l’un des points clés de son programme est l’abandon de la monnaie nationale au profit du dollar : est-ce cohérent ? mais vouloir bâtir une puissance en confiant totalement sa politique monétaire à un autre Etat n’est pas la seule surprise du programme du nouveau président argentin.

  • Le 13 janvier prochain se déroulent à Taiwan les élections présidentielles. Le vice-président, membre du parti progressiste indépendantiste, l’emportera-t-il au risque de froisser la Chine ? Taiwan est une question cruciale, l’Alsace Lorraine du XXIe siècle disait la politologue Thérèse Delpech, une province chinoise aux yeux de Pékin qui doit revenir dans le giron de la Chine populaire. Mais quand ? À quel point Xi Jinping est-il prêt à aller à l’affrontement ? Maintenant que la Chine a atteint la puissance, maintenant que Xi est le maître incontesté du pays ayant établi d’une main de fer la dictature omniprésente du parti communiste, (nous l’avions évoqué dans un ancien podcast), interrogeons-nous sur ses projets et ses ambitions.

    La puissance, pourquoi faire ? Peut-on encore croire le discours chinois officiel présentant la Chine comme une puissance pacifiste, n’ayant jamais recherché ni accompli par le passé de conquêtes militaires ? Pourquoi un tel effort pour moderniser l’Armée Populaire de Libération si ce n’est pour s’en servir un jour prochain ? Alors la Chine est-elle une puissance impérialiste ?

  • Les océans recouvrent 72 % de notre planète, justement surnommée la planète bleue. Cette partie du monde a longtemps
    échappé aux emprises des États ; c’est sur terre que les États exerçaient leur souveraineté, fixaient des frontières,
    établissaient leur population. D’une certaine manière, on pourrait dire que les mers étaient spontanément anarchiques : les
    activités humaines s’y déployaient loin du contrôle des gouvernants, laissant beaucoup d’initiatives aux hommes.

    Aujourd’hui, les océans représentent de multiples enjeux : ils sont déterminants pour la circulation des marchandises, des
    hommes – migrants- comme des informations – câbles sous marins - ; ils recèlent des ressources indispensables, exploitées –
    pêches, hydrocarbures offshore – ou prometteuses - métaux rares - ; ils jouent un rôle déterminant dans les équilibres
    climatiques planétaires, enfin ils sont le lieu de confrontation stratégique et où s’expriment vivement des rivalités entre
    puissances.

    Avec de tels enjeux, on assiste à une banalisation géopolitique des mers et océans. Qu’est-ce que cela veut dire ? Au fond,
    qu’ils deviennent des territoires comme les autres, que les États s’efforcent de borner, d’exploiter, de surveiller et qui
    révèlent l’aristocratie des puissances. Mais, et c’est cela qui est intéressant aussi à étudier, nous sommes aujourd’hui dans
    une période clé où s’expriment une tension forte entre d’un côté les ambitions des États pour mieux contrôler et exploiter
    ces étendues marines et de l’autre côté la résistance de la communauté internationale, d’ONG qui, par des traités négociés,
    cherchent à les protéger. Les mers deviendront-elles des territoires comme les autres ?

  • Début 2023, les relations israélo- palestiniennes semblaient s’inscrire dans une « guerre de cent ans » interminable, qui devenait au fil du temps de plus en plus favorable à Israël, en dépit de l’absence de perspective de paix avec les Palestiniens, peuple privé de tout droit à l’autodétermination et à un État. Le chercheur Alain Dieckhoff propose le terme de guerre de Cent ans, pour qualifier les relations israélo-palestiniennes, même si le conflit est surtout visible depuis la création d’Israël le 14 mai 1948. Il prend ici comme point de départ l’année 1922, date à laquelle le Royaume Uni obtient un mandat sur la Palestine conféré par la Société des Nations. Les Britanniques avaient la charge en Palestine de respecter leur promesse faite par le ministre Balfour en 1917 de créer un foyer national juif en Palestine tout en respectant les droits de tous les habitants alors majoritairement arabes. Une conciliation qui s’avéra impossible. Un siècle plus tard, au terme de cette « guerre de cent ans » moderne, l’année 2023 semblait consacrer l’effacement de la question palestinienne dans un Moyen-Orient en pleine recomposition. Certes, dans les territoires occupés de Cisjordanie, des heurts violents entre factions palestiniennes et armée ou colons israéliens faisaient entre janvier et septembre plus de 220 victimes dont 190 Palestiniens. Mais l’opinion internationale s’était accoutumée à ces troubles périodiques. L’attaque du Hamas le samedi 7 octobre dernier a donc été un coup de tonnerre, humiliant Israël, et rappelant au monde l’impossible refoulement de la question palestinienne.

  • La troisième saison de la pause géopolitique débute comme l'an passé par un épisode spécial, sous forme d'interview, afin de balayer non pas un sujet comme habituellement, mais bien tous les faits marquants de cet été 2023 et de la rentrée. L'actualité géopolitique y a été particulièrement riche. En prenant un peu de recul, on peut y déceler des tendances de fond, émergeantes ou déjà structurantes dans les rapports de force à l'échelle du globe.

  • La géopolitique implique l’art de décentrer son regard et de questionner les représentations des différents acteurs. Ces interrogations sont donc plus que légitimes dans l’Union européenne, forte de 27 États. Cette organisation unique au monde, objet politique non identifié comme le disait Jacques Delors, a traversé depuis le début du XXIᵉ siècle des crises répétées. La crise des subprimes en 2009, puis la crise de l’euro surmontée en 2015, la première crise ukrainienne avec l’annexion de la Crimée en 2014, la crise des migrants en 2015, la pandémie en 2020-2021... Et désormais, la guerre russo-ukrainienne.

    Chaque fois, la solidarité et l’unité des États membres ont été sollicitées et mises en tension. Et l’Union européenne en est sortie consolidée. Mais cette dernière crise n’est pas comme les autres. Elle constitue un défi géopolitique d’une tout autre ampleur. C'est un tournant historique, car elle oblige l’Union européenne à se penser comme un acteur géopolitique mondial, à exprimer sa puissance. Mais en est-elle capable ?

  • Il y 100 ans, le 29 octobre 1923, l’officier Mustafa Kemal, brillant chef de guerre devenu un charismatique leader politique, proclamait la naissance de la République de Turquie, après l’abolition du sultanat l’année précédente et le départ en exil du dernier sultan Mehmed VI. Kemal en devenait le premier Président et il gouverna son pays jusqu’à sa mort, en 1938. Sous sa présidence autoritaire, le pays fut complètement transformé, modernisé, débarrassé selon son souhait de l’emprise des forces cléricales obscurantistes et l’Assemblée du peuple le nomma officiellement en 1934 “Père de la nation”, Atatürk.

    80 ans plus tard, en 2003, Erdogan, accède au poste de premier ministre : il est le confondateur en 2001 du parti de l’AKP, parti Justice et développement, qui se présente comme un parti musulman conservateur. Aujourd’hui, 100 ans après la proclamation de la République, 20 ans après l’accession au pouvoir d’Erdogan, quel est le visage et la puissance de la Turquie ? Alors qu’ Erdogan a régné plus longtemps sur le pays qu’Atatürk, a -t-il transformé la Turquie comme son prédécesseur l’avait fait ? Un double rêve l’animait : marquer la Turquie de son empreinte, afin de surpasser Atatürk dans le cœur des Turcs, et redonner à la Turquie la place, l’influence, l’aura qu’elle avait au temps de l’Empire Ottoman.

    Il est vrai que la Turquie bénéficie d’une position géostratégique cruciale ; pont entre l’Europe et l’Asie elle est au carrefour de régions politiquement souvent instables : Proche-Orient, Caucase, Balkans. Indéniablement, la Turquie depuis 20 ans a fait une irruption remarquée sur la scène internationale mais c’est un pays difficile à cerner, passé maître dans le jeu de balancier entre pays. Pays d’un nationalisme ombrageux, obnubilé par la défense de son unité et de son intégrité territoriale, il a surpris ces dernières années par un activisme nouveau en matière de politique étrangère, à 360°, comme il dit, c’est-à-dire dans toutes les directions, activant la carte musulmane chère à son président.

    Alors, après 20 ans de pouvoir, le rêve ottoman d’Erdogan de replacer la Turquie au cœur du jeu géopolitique mondial est-il atteint ?

  • L’anthropologue Claude Levi-Strauss, décédé en 2009, déclarait en 2005 : « La question qui domine véritablement ma pensée depuis longtemps et de plus en plus, c’est que quand je suis né, il y avait un milliard et demi d’habitants sur la terre ; quand je suis entré dans la vie active…il y en avait deux milliards, ; et maintenant il y a six milliards et il y en aura 8 ou 9 dans quelques années. Eh bien à mes yeux, c’est çà le problème fondamental de l’avenir de l’humanité, et je ne peux pas avoir d’espoir pour un monde trop plein ». Faut-il partager ce pessimisme ? Il y a d’emblée deux manières d’appréhender l’évolution démographique. Soit l’on prend en compte l’évolution en valeur absolue et effectivement le milliard d’humains supplémentaires en 11 ans inquiète, soit l’on regarde la croissance relative (mesurée en %) et l’on constate une décélération remarquable. Elle était au plus fort dans les années 1960 (plus de 2 % par an) ; ce taux ne cesse de diminuer depuis pour atteindre en 2022 1 % . Bref, si la terre gagne encore environ 240 000 hab. supplémentaires par an, le gros de la croissance démographique est derrière nous.

    La division de la population de l’ONU est la principale source d’information statistique, elle produit des scénarios pour le futur avec des estimations basses, médianes ou hautes. Il y a peu de marge d’erreur d’ici à 2050 car la majorité des hommes et des femmes qui vivront sont déjà nés et l’on peut prévoir assez bien leurs comportements ; prédire l’évolution ensuite est plus difficile. Les chiffres que je vous donne dans ce podcast proviennent des statistiques onusiennes et également de l’Institut national des études démographiques (INED) et concernent les années 2021 ou 2022. Dans leurs dernières prévisions médianes, les démographes des Nations Unies estiment que le pic de population sera atteint vers 2080, avec environ 10, 4 mds d’hab. ce qui, d’une certaine manière, ne fait « que » deux milliards de plus en un bon demi-siècle…D’autres instituts font des projections un peu différentes, comme l’institut viennois (IIASA) qui prévoit au maximum 9, 8 mds en 2070/80 selon leur scénario médian. Bref, retenons qu’au XXIe siècle, la population mondiale va connaître son pic à 10 milliards ou un peu moins et aura commencé sans doute à décroître à la fin du siècle. Mais ce n’est pas le seul bouleversement à attendre : l’urbanisation est l’autre fait marquant avec l’essor des mégapoles. Si 13 % de la population était urbaine en 1900, 1/3 en 1960, nous sommes désormais plus urbains que ruraux à plus de 55 %. Enfin les migrations seront affectées par cette croissance, même s' il y a moins de migrants dans le monde aujourd’hui en proportion qu’en 1900, fait trop peu connu…

  • Le 6 février dernier, Amira Bouraoui , journaliste et activiste franco-algérienne qui avait réussi à fuir son pays pour la Tunisie a pu embarquer dans un avion à destination de la France, échappant à l’expulsion et l’arrestation en Algérie. Ce faisant, la France a heurté l’Algérie qui a rappelé son ambassadeur, et cet énième coup de froid entre les deux pays intervient alors que Paris et Alger avaient cherché à l’été 2022 à relancer leur coopération. Décidément, la France a bien des difficultés à avoir une relation apaisée et confiante avec ses anciennes possessions d’Afrique du Nord, d’autant que Maroc et Algérie sont des frères ennemis et que tout pas vers l’un fâche l’autre. Ces pays entendent montrer qu’ils sont souverains et les liens se distendent, tandis que ces Etats sont également sollicités par d’autres partenaires.

    Au-delà de l’Afrique du Nord, c’est toute la place de la France en Afrique qui est aujourd’hui en question. La realpolitik aujourd’hui menée par la France, Emmanuel Macron évoquant un nouveau partenariat Afrique-France en mars, peut-elle masquer le fait que nous sommes à l’heure du divorce. Mais à quoi correspond-t-il ? Est-ce simplement un moment de l’histoire qui fait de la France le bouc émissaire de situations de crise ou la rupture est-elle plus grave ? Ce divorce est -il simplement la fin ultime de la décolonisation ou s’apparente-t-il à un divorce pour faute liée aux comportements néo-coloniaux de la France ? Est-il une simple décision africaine ou une manipulation des Africains par des puissances étrangères au premier rang desquelles la Russie et la Chine ?

  • Nous allons consacrer ce numéro à un triste anniversaire. Février 2023, depuis un an, la guerre sévit à l’est du continent. L’agression russe contre l’Ukraine a changé le cours de l’histoire, économiquement en provoquant à court terme crise énergétique, alimentaire et inflation, géopolitiquement en accentuant la reconfiguration du paysage mondial, revitalisant l’OTAN mais augmentant le fossé Nord-Sud, piétinant les principes de la Charte des Nations Unies et faisant de l’usage de la force le nouveau déterminant des relations internationales. Beaucoup a été dit et écrit sur ce conflit. Je vous propose aujourd’hui de nous concentrer sur la Russie et sa politique de puissance.

    En reprenant l’histoire de la Russie, ancienne et récente, interrogeons-nous sur l’incapacité de la Russie à se penser autrement qu’en puissance impériale à la tête d’un Empire qui n’a cessé de connaître des fluctuations dans ses frontières (notamment à l’ouest), mais dont l’État central n’a jamais renoncé à l’usage de la force militaire pour retrouver les territoires perdus. À cette aune, la guerre en Ukraine est pour la chercheuse Anne de Tinguy, une guerre néo-impériale et de civilisation, nourrie par l’obsession de la grandeur de Vladimir Poutine. Il y a ainsi une malédiction impériale russe, à la fois pour les territoires et les peuples qu’elle assujettit contre leur gré mais aussi pour la Russie elle-même, incapable d’imaginer de nouveaux ressorts de puissance alors qu’elle n’est pas dépourvue d’atouts et qu’elle va sortir affaiblie du conflit, quelle qu’en soit l’issue.

  • Intéressons-nous aujourd’hui au vaste sujet de la gouvernance mondiale. Le monde est aujourd’hui une mosaïque de près de 200 États. Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, la communauté internationale n’en comptait qu’une cinquantaine seulement, puisqu’à l’époque les Empires coloniaux étaient à peu près intacts. C’est pendant cette guerre que les États-Unis ont proposé aux alliés de fournir un cadre au futur système international permettant des relations ouvertes, fondées sur l’égalité de droit entre tous les États et conduisant à une gouvernance partagée, des règles communes, des accords concertés.

    Ce multilatéralisme institutionnalisé est devenu d’autant plus indispensable que le nombre d'États a connu une nette inflation et en géopolitique l’on parle d’une balkanisation du monde pour désigner cet émiettement des structures étatiques. Je vous propose aujourd’hui de faire le point sur ce dialogue multilatéral, alors que les questions à traiter sont de plus en plus cruciales et que l’état des relations internationales ne cesse d’inquiéter.

    Centrons-nous sur l’organisation pivot de ce multilatéralisme, l’Organisation des Nations Unies objet aujourd’hui de vives critiques : est-elle en effet impuissante face aux crises voire inutile ou simplement paralysée par la vigueur du nationalisme des Etats ?

    Ce podcast est proposé par Major-Prépa et Anne Battistoni, ancienne professeur de géopolitique en classe préparatoire.