Afleveringen

  • Paris 2024, c’est aussi en Polynésie française. Tahiti accueille, du 27 au 30 juillet 2024, l’épreuve de surf des jeux Olympiques. C’est la première fois dans l’Histoire des Jeux qu’une épreuve se déroule aussi loin de la ville-hôte : 15 700 kilomètres séparent Paris de Tahiti !
    À un peu moins de 2 mois de ce rendez-vous international, l’île est-elle prête ? Comment se préparent les habitants et les professionnels ? Des cuisines de restaurants aux chambres d’hôtes, en passant par la mobilisation des agriculteurs, nous voici donc à Tahiti.

    « Tahiti surfe pour les J.O », un Grand reportage de Margaux Bédé, avec l’appui de Quentin Pommier.

  • D'où vient cette affirmation quand on sait que les Parisiens la boudent et que seuls les touristes semblent s'y précipiter pour se prendre en photo ou visiter les magasins de luxe ? Construite au XVIIè siècle, l’avenue n’a pas toujours été prestigieuse. Mais, depuis toujours en revanche, elle semble avoir été érigée en symbole de célébration de toutes sortes, on y fait le fête et on y manifeste.

    «Les Champs-Elysées : dans les coulisses de la plus belle avenue du monde», un Grand Reportage de Laura Taouchanov.

  • Zijn er afleveringen die ontbreken?

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  • C’est un pays au bord du gouffre. Un pays, où des millions de personnes sont menacées de famine. Confrontée à l’une des pires sécheresses de son histoire, renforcée par le phénomène climatique El Nino, la Zambie est, depuis avril 2024, en situation de catastrophe nationale. L’urgence est telle que le président, Hakainde Hichilema, a dû réclamer une aide d’urgence de 900 millions de dollars à la communauté internationale, seule et unique bouée de secours pour un État déclaré en état de faillite depuis 2020.

    80% des récoltes de maïs ont été détruites, dans un pays où plus de 70% de la population dépend de l’agriculture pour survivre.

    Mais la sécheresse a également provoqué l’assèchement des cours d’eau qui alimentent les barrages, privant le pays d’électricité et plongeant l’économie dans une crise sans précédent. Ces dernières années, les catastrophes climatiques se multiplient dans toute l’Afrique australe et ont contraint des États comme la Zambie à tenter d’adapter leur modèle agricole. Comment et pour quels résultats ?

    «En Zambie, adapter l’agriculture face à la sécheresse», un Grand reportage d’Igor Strauss réalisé par Donatien Cahu.

  • À Gaza, les enfants sont les premières victimes de la guerre. Le conflit sanglant qui oppose Israël au Hamas a déjà fait plus de 36 000 morts, dont plus de 14 000 enfants d’après les Nations unies. Parmi eux, beaucoup sont décédés faute de soins. Pour tenter de sauver quelques jeunes vies, plusieurs pays organisent des évacuations d’enfants blessés ou victimes de maladies chroniques à partir de l’Égypte. Notre envoyée spéciale Sophie Guignon a suivi un vol organisé par les Émirats Arabes Unis. L’objectif de la pétromonarchie du Golfe est d’accueillir 2 000 Gazaouis.

    « De Gaza aux Émirats, l’évacuation d’enfants palestiniens blessés », un Grand reportage de Sophie Guignon.

  • Les Britanniques racontent leur D-DAY

    Lors du Débarquement allié en Normandie en juin 1944 : 73 000 soldats britanniques ont été engagés aux cotés de tant d’autres ; c'est d'Angleterre que cette vaste opération de libération de l'Europe a été orchestrée. C'est d’Angleterre que les soldats ont approché les côtes normandes. Dans les années 2000, Jean-Marc Four devenu directeur général de RFI est correspondant de Radio France à Londres. Il rencontre alors celles et ceux qui ont participé au Débarquement et enregistre leurs témoignages. (Archives de Jean-Marc Four)

    Un Grand reportage de Valentin Hugues qui s'entretient avec Jacques Allix.

    Loin des plages du Débarquement, la bataille de la mémoire

    Le 6 juin 1944, au cours de la plus grande opération militaire du XXè siècle, les troupes alliées débarquaient en Normandie pour libérer la France occupée par l'Allemagne Nazie. 80 ans plus tard, les célébrations se succèdent. Elles sont particulières cette année : il n'y a presque plus de vétérans vivants. Que va devenir le souvenir sans ses témoins ?

    Un Grand reportage de Valentin Hugues qui s'entretient avec Jacques Allix.

  • Vers une régulation des armes non-déclarées en Irak : l'espoir des civils

    Les témoignages comme celui que vous venez d’entendre, relèvent du quotidien en Irak. Après 40 ans de guerres presque sans interruption, des millions d’armes circulent dans le pays, certaines légalement, d’autres non, et nombre d’entre elles sont aux mains de civils. En l’absence de contrôle par l’État de la circulation de ces armes, elles sont à l’origine de centaines de morts chaque année. Parmi les victimes, des civils qui ne savent plus comment s’en protéger.

    Un Grand reportage de Marie Charlotte Roupie qui s'entretient avec Jacques Allix.

    L'île de La Réunion fait sa révolution verte

    La transition énergétique, indispensable face au réchauffement climatique, demeure un véritable défi à La Réunion. Le département français d’Outre-mer, dans l’océan Indien, doit mettre les bouchées doubles pour réaliser cette transformation dans les temps. L’île de près de 860 000 habitants n’est interconnectée à aucun réseau électrique continental. Elle était jusqu’à récemment, très dépendante des énergies fossiles importées. L’objectif, c’est zéro carbone en 2050. Mais La Réunion fait face à d’importantes contraintes économiques et sociales mais aussi à des ouragans de plus en plus intenses.

    Un Grand reportage d'Anne Verdaguer qui s'entretient avec Jacques Allix.

  • Lors du Débarquement allié en Normandie en juin 1944 : 73 000 soldats britanniques ont été engagés aux cotés de tant d’autres ; c'est d'Angleterre que cette vaste opération de libération de l'Europe a été orchestrée. C'est d’Angleterre que les soldats ont approché les côtes normandes. Dans les années 2000, Jean-Marc Four devenu directeur général de RFI est correspondant de Radio France à Londres. Il rencontre alors celles et ceux qui ont participé au Débarquement et enregistre leurs témoignages.

    « Les Britanniques racontent leur D-DAY », un Grand reportage de Valentin Hugues sur la base des archives de Jean-Marc Four.

  • Le 6 juin 1944, au cours de la plus grande opération militaire du XXè siècle, les troupes alliées débarquaient en Normandie pour libérer la France occupée par l'Allemagne Nazie. 80 ans plus tard, les célébrations se succèdent. Elles sont particulières cette année : il n'y a presque plus de vétérans vivants. Que va devenir le souvenir sans ses témoins ?

    « Loin des plages du Débarquement, la bataille de la mémoire », un Grand reportage de Valentin Hugues.

  • La transition énergétique, indispensable face au réchauffement climatique, demeure un véritable défi à La Réunion. Le département français d’Outre-mer, dans l’océan Indien, doit mettre les bouchées doubles pour réaliser cette transformation dans les temps. L’île de près de 860 000 habitants n’est interconnectée à aucun réseau électrique continental. Elle était jusqu’à récemment, très dépendante des énergies fossiles importées. L’objectif, c’est zéro carbone en 2050. Mais La Réunion fait face à d’importantes contraintes économiques et sociales mais aussi à des ouragans de plus en plus intenses.

    «L’île de La Réunion fait sa révolution verte», un Grand reportage signé Anne Verdaguer.

  • Les témoignages comme celui que vous venez d’entendre, relèvent du quotidien en Irak. Après 40 ans de guerres presque sans interruption, des millions d’armes circulent dans le pays, certaines légalement, d’autres non, et nombre d’entre elles sont aux mains de civils. En l’absence de contrôle par l’État de la circulation de ces armes, elles sont à l’origine de centaines de morts chaque année. Parmi les victimes, des civils qui ne savent plus comment s’en protéger.

    « Vers une régulation des armes non déclarées en Irak : l'espoir des civils », un Grand reportage de Marie-Charlotte Roupie.

  • La Hongrie face à l’Europe : le défi souverainiste de Viktor Orban

    Fort d’une majorité absolue au Parlement hongrois, Viktor Orban entretient des relations tumultueuses avec Bruxelles, qui continue de bloquer quelque 20 milliards d'euros de fonds, en raison des atteintes répétées à l'État de droit. En croisade contre les valeurs libérales de l’UE, le dirigeant hongrois entend bien changer l’Union de l’intérieur. Son parti mène la course en tête pour les élections européennes du 9 juin. Le Fidesz, qui avait obtenu 12 sièges sur 21 lors du scrutin précédent, espère en emporter autant. Après avoir quitté le Parti populaire européen en 2021, ses élus pourraient rejoindre l’un des grands groupes de l’extrême-droite au Parlement de Strasbourg.

    Un Grand reportage d'Anastasia Becchio et de Daniel Vallot qui s'entretiennent avec Jacques Allix.

    Rassemblement national : le nationalisme nouvelle génération à la française

    Marine Le Pen et Jordan Bardella, c'est ce duo qui a hissé depuis quelques années, le Rassemblement National au rang de premier parti d'opposition en France. La liste menée par le jeune patron du RN recueille jusqu'à 33% d'intentions de vote pour le scrutin du 9 juin prochain. Un parti longtemps ostracisé occupe désormais une place de premier plan dans le paysage politique français. Alors quels sont les ressorts de la popularité du Rassemblement National, quelle est la singularité du RN dans la grande famille nationaliste européenne ?

    Un Grand reportage de Pierrick Bonno qui s'entretient avec Jacques Allix.

  • Joe Biden et les électeurs arabo-musulmans

    Il y avait déjà son âge, la frontière et l’inflation, mais depuis le 7 octobre 2023, Joe Biden a un autre problème. La guerre à Gaza et son soutien à Israël dans sa réponse à l’attaque du Hamas. Traditionnellement, le soutien à Israël ne se discutait pas vraiment aux États-Unis. Mais une partie de la population ne veut plus se taire. Il y a le mouvement étudiant et il y a les Américains arabes et musulmans, qui se font entendre, par la voix et qui entend se faire entendre dans les urnes.

    Un Grand reportage de Guillaume Naudin qui s'entretient avec Jacques Allix.

    Comment réduire l’impact environnemental de la production d’un film ?

    Alors que le Festival de Cannes vient de dévoiler son palmarès, RFI s’intéresse ce mercredi (29 mai 2024) aux efforts du cinéma français pour réduire son empreinte environnementale. Émissions de gaz à effet de serre participant au réchauffement climatique, pollution, impact sur la biodiversité : l’industrie du 7è art a un impact considérable. 1,7 million de tonnes d’équivalents CO2 sont par exemple émises chaque année par le secteur audiovisuel français, a calculé le collectif ECOPROD en 2020. Mais le secteur commence à transformer ses pratiques…

    Un Grand reportage de Lucile Gimberg qui s'entretient avec Patrick Adam.

  • Marine Le Pen et Jordan Bardella, c'est ce duo qui a hissé depuis quelques années, le Rassemblement national au rang de premier parti d'opposition en France. La liste menée par le jeune patron du RN recueille jusqu'à 33% d'intentions de vote pour le scrutin du 9 juin prochain. Un parti longtemps ostracisé occupe désormais une place de premier plan dans le paysage politique français. Alors quels sont les ressorts de la popularité du Rassemblement national, quelle est la singularité du RN dans la grande famille nationaliste européenne ?

    « Rassemblement national, le nationalisme nouvelle génération à la française », un Grand reportage de Pierrick Bonno.

  • Alors que le Festival de Cannes vient de dévoiler son palmarès, RFI s’intéresse ce mercredi (29 mai 2024) aux efforts du cinéma français pour réduire son empreinte environnementale. Émissions de gaz à effet de serre participant au réchauffement climatique, pollution, impact sur la biodiversité : l’industrie du 7è art a un impact considérable. 1,7 million de tonnes d’équivalents CO2 sont par exemple émises chaque année par le secteur audiovisuel français, a calculé le collectif ECOPROD en 2020. Mais le secteur commence à transformer ses pratiques…

    « Comment réduire l’impact environnemental de la production d’un film ? », un Grand reportage signé Lucile Gimberg, du service environnement de RFI.

    DIAPORAMA

  • Fort d’une majorité absolue au Parlement hongrois, Viktor Orban entretient des relations tumultueuses avec Bruxelles, qui continue de bloquer quelque 20 milliards d'euros de fonds, en raison des atteintes répétées à l'État de droit. En croisade contre les valeurs libérales de l’UE, le dirigeant hongrois entend bien changer l’Union de l’intérieur. Son parti mène la course en tête pour les élections européennes du 9 juin. Le Fidesz, qui avait obtenu 12 sièges sur 21 lors du scrutin précédent, espère en emporter autant. Après avoir quitté le Parti populaire européen en 2021, ses élus pourraient rejoindre l’un des grands groupes de l’extrême-droite au Parlement de Strasbourg.

    De nos envoyés spéciaux,

    « Il faut renverser toute la clique, en commençant par Ursula ! Qu’est-ce qu’elle a trafiqué avec ces histoires de vaccins ? À Bruxelles, ils travaillent contre la Hongrie et ils bloquent les fonds qui nous reviennent », maugrée Zsuzsanna, une retraitée, arrivée avec quelques minutes de retard à un rassemblement électoral organisé par le Fidesz, dans un quartier résidentiel du sud-est de Budapest.

    Si cette fidèle électrice du Fidesz, qui a noué un ruban aux couleurs du drapeau hongrois sur son sac à main, évoque spontanément la présidente de la Commission européenne, c’est peut-être parce que son image est partout, dans les rues, au bord des routes, sur les abribus. Les affiches électorales du Fidesz mettent en scène Ursula von der Leyen, assise dans un fauteuil rouge, entourée de ses « fidèles serviteurs », des figures de l’opposition, déguisés en majordomes, l’ex-Premier ministre Ferenc Gyurcsany, son épouse Klara Dobrev, tête de liste de l’alliance de gauche aux élections européennes, Gergely Karacsony, le maire écologiste de Budapest, et la nouvelle figure de l’opposition, Peter Magyar. Ils portent sur des plateaux en argent les mots « guerre », « immigration » et « genre », trois thèmes qui mobilisent l’électorat Fidesz.

    « C’est horrible qu’à Bruxelles, ils soient favorables à la guerre en Ukraine. Comment des personnes normales peuvent-elles vouloir la guerre ? J’attends que Trump revienne au pouvoir et arrête la guerre en un jour, parce que si les États-Unis n’envoient plus d’armes, alors ce sera fini », confie Zsuzsanna, avant de rejoindre le reste de l’assistance. Un public d’âge mur, venu écouter les candidats du parti de Viktor Orban, à la mairie du XVIIIème, qui comptent bien reconquérir cet arrondissement perdu lors du scrutin de 2019.

    Les orateurs dénoncent les projets immobiliers de l’équipe en place, les accusent de corruption, mais n’oublient pas aussi d’évoquer les sujets au cœur de la campagne européenne du Fidesz. « Je n’ai pas une bonne impression de Bruxelles, car il y a des procédures en cours contre la Hongrie, qui, de mon point de vue, ne sont pas correctes et là, je le dis très poliment. La Hongrie est particulièrement attaquée sur la question migratoire », souligne Attila Szarvas, directeur d’une école catholique et ancien maire adjoint du XVIIIème arrondissement de la capitale.

    Ancien footballeur professionnel, László Dajka, 65 ans, est sur la même ligne : « Jusqu’à ce que la droite arrive au pouvoir, la gauche disait oui à tout le monde. Je suis très fier qu’on dise enfin non ! Les Hongrois disent non à l'immigration, les Hongrois disent non à tout ce qui n'est pas bon pour eux. Il y a enfin parmi les Hongrois quelqu’un qui ose tenir tête à Bruxelles ! », s’enthousiasme l’ancien milieu de terrain qui a joué à l’Unión Deportiva Las Palmas en Espagne et Yverdon en Suisse.

    Immigration, genre, guerre

    Sur la place des Héros à Budapest, des groupes de touristes chinois se prennent en photo. C’est ici qu’en juin 1989, un jeune homme aux cheveux longs prononce un discours qui marque. Viktor Orban, 26 ans, s’élève alors contre la dictature communiste. 35 ans plus tard, le libéral s’est transformé en « illibéral » assumé en conflit régulier avec l’Union européenne, qu’il compare à une « mauvaise parodie contemporaine » de l’Union soviétique.

    Ancien conseiller en politique étrangère du Fidesz, numéro 10 sur la liste européenne du parti, Andras Laszlo appelle de ses vœux un « changement à Bruxelles », reprochant à la Commission et à sa présidente « la trahison des valeurs conservatrices », une politique environnementale « trop à gauche », « l’idéologie du genre » et un mauvais Pacte sur la migration et l’asile. « Les sanctions contre la Russie sont un échec énorme qui pèse sur l’économie européenne », regrette le candidat, estimant que « dans chaque crise sa Commission a pris une mauvaise direction ».

    Régulièrement rappelée à l’ordre pour ses atteintes à l’État de droit, la Hongrie de Viktor Orban a fait de Bruxelles son principal cheval de bataille. « Lorsqu'une Commission est si hostile à un État membre, il n'est pas surprenant que ce pays critique également beaucoup la Commission. La question de l’État de droit relève davantage d'un débat idéologique et d'un outil dont dispose la Commission européenne pour influencer et modifier le comportement d'un État membre », estime le politologue Agoston Mraz de l’Institut Nézöpont, un cercle de réflexion conservateur.

    « Tous les gouvernements conservateurs en Europe, qu'il s'agisse de l'ancien gouvernement polonais ou de l'actuel gouvernement hongrois, sont soumis au chantage politique et financier de Bruxelles parce qu'ils sont conservateurs, et non pour d'autres raisons », avance, pour sa part, Matyas Kohan, éditorialiste pour l’hebdomadaire Mandiner, proche du pouvoir.

    Cap à droite

    Sur les 21 sièges d’eurodéputés hongrois, le Fidesz a de bonnes chances d’en décrocher plus de la moitié à l’issue des élections du 9 juin. Courtisé par les grands partis de l’extrême-droite européenne, qui ont le vent en poupe, comme celui de l’Italienne Giorgia Meloni, il pourrait rejoindre l’un des grands groupes nationalistes au Parlement européen. Une perspective qui n’a pas de quoi réjouir Gergely Toth, qui a décidé de se lancer en politique, lassé de l’omnipotence du Fidesz dans sa ville, au bord du lac Balaton. Candidat de l’opposition à la mairie de Keszthely, 20 000 habitants, il est venu écouter le discours de Peter Magyar, le nouvel opposant numéro un à Viktor Orban, avec lequel il espère pouvoir nouer des alliances dans l’avenir.

    « J'ai toujours été très fier d’être Hongrois, mais maintenant, chaque fois que je vais à l'étranger, je dois expliquer que je ne suis pas favorable à notre gouvernement. J’ai honte que nous allions à l'encontre des valeurs européennes et je dis cela bien que ces valeurs de la famille, de l’église, soient aussi très importantes pour moi », explique Gergely Toth, alors que l’étoile montante de la politique hongroise, ancien cadre du Fidesz, signe des autographes, se fait prendre en photo à l’issue de son discours de plus d’une heure, prononcé sans notes.

    Peter Magyar, dont le parti Tisza (Respect et liberté) est crédité de plus de 20% d’intentions de vote auprès des électeurs, devrait décrocher plusieurs mandats au Parlement européen, plaide pour une relation « critique mais constructive » avec l’UE. « Nous serions membres à part entière du club, nous rejoindrions immédiatement le parquet européen et notre parti serait membre du PPE. On aurait une relation assez différente de celle qu’entretient le gouvernement Orban », précise-t-il brièvement à RFI, avant de s’engouffrer dans le véhicule qui l’emmène vers la prochaine étape de sa tournée électorale marathon.

    Venu assister à la prestation de Peter Magyar, Lajos Heder, compte voter pour Tisza, le 9 juin. Cet ancien membre du Fidesz, qui a rompu il y a longtemps avec le parti du pouvoir sans lui trouver d’alternative crédible, se dit « fâché contre Emmanuel Macron et contre l’UE », dont il regrette qu’ils ne soient pas « plus sévères avec Viktor Orban » qu’ils le « laissent cultiver son amitié avec la Russie. L’UE devrait appliquer des sanctions plus drastiques envers la Hongrie ».

    L’UE trop conciliante ?

    Les dirigeants européens ont-ils été trop conciliants avec Viktor Orban ? Pour Gwendoline Delbos-Corfield, eurodéputée verte et rapporteuse au Parlement européen sur l’État de droit en Hongrie, la réponse est sans équivoque. « Ils auraient pu actionner l’article 7 du Traité de l’Union européenne pour suspendre les droits de vote de Viktor Orban au sein du Conseil européen, mais ils ont manqué de courage, c’est aussi simple que cela ». Et d’évoquer un précédent en matière, celui de Jörg Haïder le dirigeant autrichien d’extrême-droite arrivé au pouvoir en 2000.

    « La réaction a été immédiate, instinctive, rappelle l’eurodéputée : tout le monde refuse alors ce qui est considéré comme un dangereux retour en arrière. Aussitôt, les autres dirigeants suspendent les droits de vote de l’Autriche, durant quelques mois, en attendant que la situation se stabilise et que Jörg Haider quitte le pouvoir. Aujourd’hui, on n’a plus cet instinct-là. Nous nous sommes habitués à avoir des gens qui vont vers l’autocratie et qui tiennent des discours de plus en plus d'extrême-droite. Parce que Viktor Orban dit des choses assez terrifiantes sur les droits humains, sur la différence de race ou sur la chrétienté. Et pourtant, il n'est jamais sanctionné ».

    Autre voix critique à l’encontre de Viktor Orban au sein du Parlement européen, celle du Finlandais Petri Sarvamaa. Ancien journaliste, élu au Parlement européen depuis 2012, Petri Sarvamaa a une relation particulière avec le Fidesz, car il a siégé pendant des années avec les eurodéputés du parti hongrois, au sein du Parti Populaire Européen, le groupe de centre-droit. Le Fidesz en a fait partie jusqu’à la rupture consommée en 2021.

    « Je ne cessais de dire au sein du groupe qu’il y avait un problème avec eux, que le parti ne répondait plus à nos valeurs, en particulier sur le respect de l’État de droit, se souvient l’eurodéputé. À l’époque, quand les choses ont commencé à empirer, j’ai dit à M. Orban durant une réunion de groupe : « si vous ne changez pas, si vous ne revenez pas à nos valeurs, votre place n’est plus parmi nous ».

    Entre 2012 et la rupture avec le PPE, Petri Savarmaa observe la dérive progressive des élus du Fidesz vers un discours populiste et hostile à l’Union européenne. « J’ai vraiment eu l’impression à un moment de les voir s’éloigner de nous, avec leurs déclarations nationalistes et tout ce qu’ils disaient sur le fait que la Hongrie n’était pas respectée. Personne ne comprenait ce qu’ils disaient parce que la Hongrie n’était pas certainement pas maltraitée. Au contraire, elle recevait énormément d’argent du contribuable européen ! »

    Les partis membres du PPE sont d’autant plus lents à réagir à cette évolution que Viktor Orban a longtemps été perçu comme un démocrate pro-européen. « Il était du bon côté de l’histoire au moment où l’URSS s’est effondrée, rappelle Petri Sarvamaa. Orban au début c’était un héros pour nous, quelqu’un qui s’est battu pour la démocratie ! Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais je crois que c’est un politicien très malin qui voulait être sûr de rester au pouvoir. Et sa stratégie a été de faire croire aux Hongrois qu’il fallait les protéger de l'Europe et de son influence néfaste : il a construit méticuleusement un récit et une propagande dont il est devenu le maître absolu. »

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    « Ils ont peur de Viktor Orban »

    Cette stratégie pour conserver à tout prix le pouvoir serait donc à l’origine de la posture hostile à l’UE adoptée depuis des années par Viktor Orban. Mais, les eurodéputés hongrois élus sous la bannière du Fidesz avancent une autre explication : le dirigeant hongrois se bat pour des valeurs traditionnelles et conservatrices qui ont été trahies par l'UE. « Les bureaucrates et les gauchistes de Bruxelles ont peur de Viktor Orban et de sa vision de l'Europe des nations », s’indigne Balazs Hidveghi, députés Fidesz au Parlement européen. « Notre vision, c'est la vision que la majorité des Hongrois soutiennent, et nous pensons que toutes ces attaques ont en fait comme racine une différence d'opinion politique et idéologique ».

    Interrogé sur le projet européen de Viktor Orban, l’eurodéputé hongrois assure que celui-ci veut rester au sein de l’UE. « Nous sommes européens et nous sommes fiers de l'être. Mais voilà, nous voulons changer Bruxelles. Nous voulons changer la majorité actuelle au Parlement européen pour élargir la représentation des peuples qui représentent ces valeurs ». Pas de dérive autoritaire en Hongrie aux yeux de Balasz Hidveghi, qui trouve parfaitement justifiée la loi sur la souveraineté nationale adoptée en décembre 2023. « C'est tout à fait le même type de protection légale qu'on voit aux États-Unis, par exemple. Et c'est tout à fait normal. Il faut protéger notre pays contre l'influence politique, idéologique qui vient de l'étranger. »

    Protéger la Hongrie de l’influence de l’étranger, l’un des maîtres-mots de Viktor Orban, n’a rien de rassurant pour les ONG et les médias indépendants, confrontés à cette nouvelle loi, qui fait l’objet d’une procédure d'infraction de la part de la Commission européenne et d’une résolution adoptée lors de la dernière session du Parlement européen en avril. Ces initiatives sont saluées par Márta Pardavi, la co-présidente du Comité Helsinki à Budapest : « Il est très important de montrer aux Hongrois et aux autres Européens que ce type de législation n'a pas sa place en Europe, qu’il va à l’encontre des valeurs fondamentales de l'Union et de son système juridique. La Hongrie est une démocratie malade au sein de l'Union européenne et cette maladie a de nombreuses répercussions non seulement pour les Hongrois, pour notre société, mais c'est aussi un problème qui touche assez directement tous les Européens et il est donc juste que l'Europe cherche également des réponses pour résoudre ce problème. »

    À Budapest, Direkt 36, un média d’investigation en ligne, a multiplié les révélations dérangeantes sur l’enrichissement des proches du Premier ministre ou sur ses relations avec la Chine ou la Russie. Régulièrement sous pression, la rédaction n’attend rien de bon de cette nouvelle loi. András Pethö, l'un des fondateurs et directeur général de Direkt 36, la voit comme « une nouvelle tentative d'intimidation des organisations de la société civile ou des médias, car, avec sa formulation très vague, elle cible de manière très large toute personne qui accepte des dons, un soutien de l'extérieur de la Hongrie ou qui travaille avec des partenaires étrangers ».

    Le journaliste s’inquiète aussi de la nouvelle autorité chargée d’appliquer cette loi, l'Office de protection de la souveraineté, qui « peut travailler en étroite collaboration avec les services secrets et d'autres agences étatiques. Elle a le pouvoir de mener des enquêtes sur des organisations ou des individus. » Et de conclure : « Ce n'est qu'un chapitre de plus des efforts du gouvernement pour réprimer les voix indépendantes mais cela ne rendra certainement pas les choses plus faciles pour nous. »

    La vidéo

  • Il y avait déjà son âge, la frontière et l’inflation, mais depuis le 7 octobre 2023, Joe Biden a un autre problème. La guerre à Gaza et son soutien à Israël dans sa réponse à l’attaque du Hamas. Traditionnellement, le soutien à Israël ne se discutait pas vraiment aux États-Unis. Mais une partie de la population ne veut plus se taire. Il y a le mouvement étudiant et il y a les Américains arabes et musulmans, qui se font entendre, par la voix et qui entend se faire entendre dans les urnes.

    « Les électeurs arabo-musulmans américains et Joe Biden », un Grand reportage de Guillaume Naudin, réalisation : Tiffanie Menta.

  • Les Démocrates de Suède, à l’assaut de la forteresse socialiste

    Dans le bastion historique de la social-démocratie en Europe, la Suède, le parti nationaliste anti-immigration est devenu le premier parti de droite. Les Démocrates de Suède ont récolté 21% des voix aux dernières législatives de 2022, et sont ainsi devenus l’incontournable allié parlementaire du gouvernement actuel, une coalition de droite qui menace de tomber sans leur soutien. Plébiscité par les classes populaires et les jeunes, ce parti aux origines néo-nazies, jugé infréquentable il y a seulement une dizaine d’années, est désormais au centre du jeu politique suédois.

    Un Grand reportage de Carlotta Morteo qui s'entretient avec Patrick Adam.

    Vox, l’extrême droite à l’espagnole qui ne renie pas le franquisme

    Depuis dix ans, une nouvelle formation politique gravit les échelons en Espagne. Jeune parti d’extrême-droite, VOX est aujourd’hui la troisième force politique du pays et qui compte bien sur le prochain scrutin européen pour peser encore plus à Bruxelles et à Strasbourg avec son groupe ECR, les conservateurs et réformistes européens. Formation souverainiste, nationaliste, anti-immigration et anti féministe, VOX tente de séduire les jeunes électeurs et les sympathisants des conservateurs du Parti Populaire, accentuant encore plus la polarisation dans un pays qui fêtera l’année prochaine (2025) les 50 ans de la fin de la dictature franquiste.

    Un Grand reportage de Romain Lemaresquier qui s'entretient avec Patrick Adam.

  • Haïti, la vie sous l’emprise des gangs

    Comment survivre en Haïti, un pays vérolé par les groupes armés, qui contrôlent l'essentiel de Port-au-Prince, la capitale, et sèment la terreur au sein d'une population déjà épuisée par des années d'instabilité politique ? Les déplacés racontent la terreur et l'exil, le dénuement et l'abandon d'un État incapable de les protéger, qui laisse les autorités locales en première ligne face au risque de la contagion de la violence.

    Un Grand reportage de Vincent Souriau(*) qui s'entretient avec Patrick Adam.

    (*) et Roméo Langlois, Catherine Norris-Trent, Marie-André Bélange, Boris Vichith.

    Réchauffement climatique en Mongolie, le Dzud décime les troupeaux des éleveurs nomades

    Les Mongols n’ont pas peur des tsunamis ou des tremblements de terre, mais ils craignent le « Dzud ». Ce phénomène naturel dont la fréquence augmente avec le réchauffement climatique, a tué plus de 6 millions de chèvres, moutons, vaches, chevaux et chameaux dans les steppes ces derniers mois. En cause : le froid extrême et d’importantes chutes de neige cet hiver dans un pays qui, pourtant, se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne.

    Un Grand reportage de Stéphane Lagarde qui s'entretient avec Patrick Adam.

  • Les Mongols n’ont pas peur des tsunamis ou des tremblements de terre, mais ils craignent le « Dzud ». Ce phénomène naturel dont la fréquence augmente avec le réchauffement climatique, a tué plus de 6 millions de chèvres, moutons, vaches, chevaux et chameaux dans les steppes ces derniers mois. En cause : le froid extrême et d’importantes chutes de neige cet hiver dans un pays qui, pourtant, se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne.

    « Réchauffement climatique en Mongolie, le Dzud décime les troupeaux des éleveurs nomades », un Grand reportage de Stéphane Lagarde.

    DIAPORAMA

  • Depuis dix ans, une nouvelle formation politique gravit les échelons en Espagne. Jeune parti d’extrême droite, VOX est aujourd’hui la troisième force politique du pays et qui compte bien sur le prochain scrutin européen pour peser encore plus à Bruxelles et à Strasbourg avec son groupe ECR, les conservateurs et réformistes européens. Formation souverainiste, nationaliste, anti-immigration et anti-féministe, VOX tente de séduire les jeunes électeurs et les sympathisants des conservateurs du Parti Populaire, accentuant encore plus la polarisation dans un pays qui fêtera l’année prochaine (2025) les 50 ans de la fin de la dictature franquiste.

    Nous sommes à Madrid, à quelques mètres du siège du Parti Socialiste espagnol, la fameuse rue Ferraz, proche du Palais de la Moncloa, la résidence officielle du président du gouvernement depuis le retour de la démocratie en Espagne. Plus d’une centaine de personnes, quelques-unes cachées derrière des lunettes noires, des drapeaux espagnols sur les épaules, prient. Certaines sont à genoux. Cette manifestation se tient tous les jours depuis plus de six mois. « Nous prions le Saint Rosaire depuis cent-soixante-douze jours pour la conversion de l'Espagne et du monde entier », explique José Andrés Calderon, l’organisateur de ce rassemblement. « Je crois que nous traversons un très grand processus de sécularisation. Nous l'avons vu en France récemment avec la constitutionnalisation de l'avortement, en tant que droit fondamental. Nous pensons donc que les catholiques doivent descendre dans la rue et défendre le message du Christ pour qu'il soit à nouveau présent dans la société, parmi les gens. »

    El Yunque, une secte d’extrême droite au service de Vox

    Il s’agit du rassemblement d’une secte connue sous le nom d’El Yunque. Une secte d’extrême droite, ultra catholique, créée dans les années 1950 au Mexique, qui dénonce le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez et notamment la loi d’amnistie pour les dirigeants indépendantistes catalans. Un mouvement qui infiltre l’État et qui sert les intérêts de Vox, le jeune parti espagnol d’extrême droite. Les membres d’El Yunque appellent la vierge Marie à sauver l’Espagne et le monde. Une fois les prières terminées, comme tous les jours depuis le mois de novembre, ils lancent des injures à l’encontre du gouvernement tout en bloquant le passage aux voitures qui souhaitent emprunter cette rue. Pourquoi : parce que le gouvernement de Pedro Sanchez a usurpé le pouvoir selon Gema, une élégante quadragénaire mère de deux enfants, qui avoue venir presque tous les jours de la semaine. « Nous sommes contre l'amnistie, contre ce gouvernement qui veut briser l'unité nationale, qui veut aller à l'encontre de la séparation des pouvoirs. Ils sont en train de détruire notre nation pour s'accrocher au pouvoir. C'est pourquoi nous manifestons. »

    Alors que nous discutons, deux jeunes Espagnoles passent à côté et traitent les manifestants de fascistes. Ces derniers les insultent. Quelques manifestants les suivent et les invectivent, obligeant la police à intervenir, avant que Gema ne reprenne la discussion. « Pedro Sanchez est en train d’adopter une attitude de plus en plus dictatoriale ». Elle avoue qu’elle aurait préféré un gouvernement de coalition après les élections de juillet 2023, remportées par les conservateurs du Parti populaire. Une coalition avec Vox, qui était arrivé en troisième position avec plus de 12% des voix, derrière le PSOE, le parti socialiste. « Oui, parce que c'est vraiment la seule alternative aujourd'hui. En fin de compte, la base sociale est la même. Vox est apparu lorsque Mariano Rajoy (ancien président du gouvernement espagnol entre 2011 et 2018) était au pouvoir. Il avait pris des engagements qui n'ont pas été tenus. Vox était alors une scission du Parti Populaire original. Il a ensuite généré sa propre base qui s'est dotée d'une structure un peu différente de celle du Parti Populaire, mais la base initiale, la base idéologique est la même, l'électeur est le même. »

    Un parti qui ravive la flemme des anciens franquistes

    El Yunque a infiltré le pouvoir judiciaire, l’armée, la police, certains secteurs économiques, ainsi que le système éducatif en Espagne. Il s’agît d’un levier supplémentaire qui permet à Vox et aux nostalgiques du franquisme de faire infuser leurs idées, ce qui ravit Antonio Ruiz Hidalgo, un retraité qui a donc vécu la fin de la dictature et qui est venu manifester ce jour-là : « Si seulement on pouvait avoir un nouveau Franco ! », nous lance-t-il avant de préciser que « dès qu’ils auront viré ce mec du palais du gouvernement, je sais qu’on sera de retour à la Moncloa. »

    El Yunque et Vox ont fait ressurgir les pires cauchemars chez certains Espagnols, notamment ceux qui ont vécu et souffert pendant la dictature franquiste. C’est le cas de Rafael, électeur socialiste de 68 ans, que nous avons rencontré juste avant ce rassemblement et qui est dépité d’assister à cette résurgence de l’extrême droite en Espagne : « Des années de ténèbres nous attendent. Il existe un film intitulé « Le retour de la momie ». Et là : c’est exactement ça, le fascisme est de retour ! Il y a beaucoup de gens dans le système judiciaire, dans le système militaire et policier, beaucoup de geeks fascistes qui sont présents sur les réseaux sociaux. Et c'est une occasion qu’ils ne comptent pas manquer. »

    VOX et le Parti Populaire : même combat ?

    À quelques semaines des élections européennes, et alors que Vox est relativement inconnu sur le continent, nous allons essayer d’en savoir plus sur cette formation d’extrême droite. Créée en 2014 et qui a su en l’espace de dix ans ans s’imposer comme une alternative au Parti populaire pour des électeurs en quête de valeurs plus conservatrices. Des valeurs qui étaient celles du vieux parti conservateur détaille Antonio Sanahuja, politologue, grand spécialiste de l’extrême droite espagnole et sud-américaine : « D'un point de vue historique, VOX est né d'une tradition de droite radicale en Espagne qui remonte aux années 1930, avant la guerre civile, qui a traversé le régime de Franco et qui était présente au sein du Parti populaire. Maintenant, ce qui déclenche la naissance de Vox en particulier, c'est une sorte de sentiment de menace existentielle pour la nation espagnole avec l'indépendance régionale. Dans d'autres pays européens, c’est plutôt le facteur migratoire qui a été un facteur-clé pour comprendre l'origine et le développement de l'extrême droite. Il a certes aussi été important en Espagne, mais c’est bien la crainte d'une sécession de l'une des provinces autonomes qui a été primordiale »

    Vox, créée il y a dix ans, a réellement décollé dans les enquêtes d’opinion en 2018, après la tentative de sécession des indépendantistes catalans en 2017. En 2019, ce parti obtient un peu plus de 10% des voix lors des élections générales, soit vingt-quatre députés au Parlement. La même année, Vox fait aussi son entrée au Parlement européen avec trois élus. Cette ascension se poursuit quelques mois plus tard avec de nouvelles élections générales en novembre 2019. Cette fois, avec plus de 15% des voix, Vox obtient cinquante-neuf députés. Son discours de plus en plus réactionnaire et révisionniste attire toujours d’avantage d’électeurs, selon José Antonio Sanahuja : « Ils ont une position relativement ambiguë. Mais je crois qu'on peut dire clairement qu'ils sont pro-franquistes. Ils le sont dans leur culture politique et dans leur revendication de la dictature. Et ils assument aussi ce révisionnisme historique de la droite espagnole dans lequel la dictature, le soulèvement militaire de juillet 1936, était un moindre mal face à une supposée révolution communiste qui était en train de se produire. »

    VOX, formation révisionnisme

    Un révisionnisme auquel se prête également le parti Populaire, décidément très proche désormais de l’extrême droite. Cette façon de remettre en question l’Histoire, Vox l’applique également aux théories et mouvement contemporains, comme le féminisme, très prégnant dans la société espagnole. L’Espagne, qui est très souvent citée en exemple dans le monde suite à l’’adoption dès le début des années 2000 d’une législation spécifique contre les féminicides, assiste pourtant, avec la percée de VOX, à un retour en arrière et ne s’en cache : « Le programme politique de l'ultra-droite est essentiellement antiféministe. » Ana de Blas, qui est porte-parole du mouvement féministe de Madrid qui regroupe de nombreuses associations de lutte pour les droits des femmes, explique son combat quotidien : « Nous sommes un mouvement pour l'égalité et nous sommes un mouvement enraciné dans la défense des femmes, contre la violence, c’est-à-dire la violence machiste qui est exercée spécifiquement contre les femmes et, dans de nombreux cas, contre leurs enfants. L'une des principales préoccupations de cette droite réactionnaire, de cette extrême droite, est de mettre un terme aux lois spécifiques qui protègent les femmes contre cette violence. Il est évident que nous leur ferons toujours face. »

    Vox compte parmi ses élus au niveau local des personnes qui ont été condamnées pour violence de genre ou violence conjugale. Et ce discours antiféministe n’a qu’un but, selon Ana de Blas : « Ce n'est rien d'autre qu'une réaction des milieux sociaux ultra-conservateurs pour défendre leurs privilèges. Et ces privilèges masculins et de classe sont ceux que VOX porte en étendard. C'est une option traditionaliste, ultra-conservatrice en matière sociale et ultra-néolibérale pour leurs affaires. » Si les nostalgiques du franquisme cherchent bien à protéger leurs intérêts, alors pourquoi autant de jeunes, qui n’ont pas connu la dictature, votent en faveur de VOX ? « L’extrême droite pénètre facilement les plus jeunes par le biais d'Instagram, de Tiktok, de canaux qui ne sont pas les canaux traditionnels. C'est là que l'extrême droite a pu trouver un moyen d'être influente, aussi parce qu'elle a de l'argent et qu'elle a les outils pour le faire. Comment lutter contre cette propagande ? Vous la combattez avec des faits, vous la combattez en étant efficace et vous la combattez en adoptant des lignes claires et nettes de tolérance zéro à leur égard. »

    Une Espagne de plus en plus polarisée et des alliances dangereuses

    Nous sommes le premier mai, fête du Travail et nous rejoignons les rangs des cortèges de syndicats et partis de gauche qui défilent dans les rues de la capitale espagnole. Des milliers de Madrilènes sont présents sous un soleil de printemps. VOX ayant refusé toutes nos demandes d’interviews, ou les ayant annulées au dernier moment (c’est le cas de Javier Buxadé, tête de liste de Vox pour les prochaines élections européennes), tout comme la fondation Disenso, une fondation créée en 2020 qui finance le parti et fait aussi office de groupe de réflexion de VOX, nous nous tournons vers les opposants à cette extrême droite.

    Javier Doz, syndicaliste au sein des Commissions ouvrières, une des plus grandes centrales syndicales du pays, arpente avec ses camardes la Gran Via, l’une des artères principales du centre-ville de Madrid. Il dit ne pas craindre une montée de VOX, mais plutôt du Parti Populaire, un parti qui « dérive vers l'extrême droite, qui s'approprie une partie de son contenu idéologique, de ses propositions et de sa façon destructrice de faire de la politique. » Une évolution du discours qui met en danger la démocratie espagnole : « Nous voyons ces derniers temps un niveau de polarisation jamais atteint, l’utilisation systématique d’insultes, de la calomnie et le rôle négatif d’une partie de la presse numérique qui diffuse des mensonges, des accusations graves sans fondements. »

    Cette polarisation du discours politique, les Espagnols en ont encore été témoins fin avril 2024 lorsque le président du gouvernement Pedro Sanchez a annoncé se donner une période de réflexion de cinq jours pour savoir s’il restait à son poste ou s’il jetait l’éponge. Une annonce qui faisait suite au dépôt d’une plainte par « Manos Limpias », mains propres, une association très proche de VOX et qui a avoué avoir eu recours à la justice sur la base d’informations erronées pour réclamer l’ouverture d’une enquête contre la femme du chef du gouvernement qu’elle accuse de trafic d’influence et de corruption.

    Une tentative de déstabilisation du pouvoir qui n’est pas que l’œuvre de VOX, rappelle Javier Doz, mais aussi du Parti populaire qui n’hésite plus à s’allier au niveau local avec l’extrême droite : « Des accords ont été scellés dans toutes les provinces autonomes, sauf à Madrid, où le Parti Populaire a obtenu la majorité absolue. Les deux partis ont conclu un pacte et les conséquences de ce pacte vont de l'interdiction insidieuse d'événements culturels et d'œuvres théâtrales, à la révision de toutes les règles qui touchent à la discrimination à l'égard des femmes ou à la mémoire historique. Ils s'emparent des aspects culturels qui intéressent VOX pour se faire remarquer, pour que leur façon de gouverner imprime. Et c'est très grave. J'espère qu'après la menace de démission du président du gouvernement, il y aura une réaction de la gauche, et pas seulement du mouvement syndical. Nous devons faire comprendre à une partie des électeurs de droite et de centre-droit, que cette dérive antidémocratique est extrêmement dangereuse et qu'ils ne peuvent pas continuer ainsi. »

    L’Europe à la merci des conservateurs et de l’extrême droite

    Après les élections municipales et régionales de 2023, VOX a fait son entrée dans différents gouvernements régionaux en s’alliant au Parti Populaire. L’extrême droite dirige aussi désormais une trentaine de petites municipalités. Cette crainte des pactes entre droite traditionnelle et formation d’extrême droite, fait peur aux électeurs de gauche dans la perspective des élections européennes. Hector, dix-huit ans, participe aux manifestations de ce premier mai, le corps enroulé dans un drapeau espagnol. Il se dit préoccupé par les élections du 9 juin au Parlement européen. « Il me semble bien qu’hier (le mardi 30 avril) Ursula Von der Leyen a déclaré qu'en vue de former une nouvelle Commission européenne après les élections du 9 juin, si les partis de droite et d'extrême droite obtiennent un bon résultat, ils devront parvenir à un point d'entente. Cela me semble malheureusement plus probable qu'un accord entre les partis de droite et de gauche, ce qui serait pourtant selon moi, la meilleure solution. »

    Les craintes d’Hector sont partagées par la plupart des électeurs centristes ou de gauche qui ne comprennent pas comment de jeunes électeurs peuvent se tourner vers VOX. Et pourtant, Angela, vingt et un ans, que nous avions rencontrée avant le début des manifestations de ce premier mai, assume avoir deux fois déjà, déposé un bulletin VOX dans l’urne : « auparavant, j'aurais peut-être été un peu plus tentée de soutenir le Parti populaire, mais parce que je ne connaissais pas encore Vox. Donc, dès que j'ai commencé à lire leur programme, pas seulement sur l'avortement, l'euthanasie, mais surtout la question des femmes, comment ils abordent la question de la violence masculine, la question du féminisme. Le féminisme d'aujourd'hui ne me représente pas. Selon moi : Vox est le parti qui défend le mieux les femmes. Et bien sûr, le fait qu'ils aient l'intention de réduire les impôts, qu'ils ne se battent pas seulement pour les hommes d'affaires, mais aussi pour la classe ouvrière. »

    Parti nationaliste, souverainiste, néo libéral, islamophobe, anti féministe : Angela balaie d’un revers de main ces étiquettes collées par les médias selon elle à Vox. Mais les journalistes qui suivent l’extrême droite en Espagne sont claires :« VOX est un parti d’extrême droite, révisionniste, xénophobe, islamophobe surtout, suprématiste, autoritaire, ultra-conservateur sur les questions morales et ultra-libéral en matière économique. » Miquel Ramos est un journaliste d’investigation qui enquête sur l’extrême droite depuis plus de vingt-cinq ans : « J’ai publié plusieurs livres et plusieurs rapports sur la droite radicale en Espagne et depuis que VOX est apparu, c’est l’un des partis que je suis le plus attentivement. »

    DiaporamaVOX, une formation à l’image du RN ou du parti républicain américain ?

    Miquel Ramos a été agressé en 2017 lorsqu’il couvrait un rassemblement de l’extrême droite à Valence, ce qui ne l’a pas empêché de poursuivre son travail. Le rendez-vous a été fixé dans un endroit discret, en dehors du centre-ville. Ce spécialiste de l’extrême droite espagnol confirme à quel point il est très difficile pour la presse de travailler sur ce parti : « VOX a décidé d’adopter une position face au média où ce sont eux qui décident quand et avec qui ils parlent. Il est évident qu'ils ont un certain nombre de médias qui partagent leurs idées et sur lesquels ils savent qu'ils peuvent compter pour diffuser ces idées. Ils considèrent le reste des médias comme des ennemis, comme des activistes contre eux. »

    Selon lui, VOX s’inscrit dans la droite ligne politique du Rassemblement national en France et des Républicains aux États-Unis : « Ce que fait VOX, alors qu’au niveau mondial les idées de l'extrême droite commencent à imprégner une grande partie de la population et du débat public, c’est de mettre à l’ordre du jour en Espagne cette bataille culturelle contre les droits de l'homme. VOX reproduit les mêmes discours que Marine Le Pen en France, l'AFD en Allemagne, Donald Trump aux États-Unis ou encore Jair Bolsonaro au Brésil. VOX représente l'image espagnole de cette guerre qui se déroule déjà dans d'autres pays contre les droits et contre la démocratie. Il s'agit d'une droite qui s’affranchit des codes, plus radicale, plus axée sur les questions culturelles, un concept développé par la nouvelle droite française. VOX s'attaque avant tout aux droits des femmes, aux droits des personnes LGTBI, à l'immigration, à la peur d'une prétendue invasion et d'une prétendue conquête musulmane de la péninsule ibérique. Et ce qu'ils font, c'est que derrière ce discours empreint de panique, de sécurité et de perte d'identité, ils approuvent toutes les mesures néolibérales dont la droite a toujours rêvé. »

    VOX veut désormais capitaliser et continuer à séduire des électeurs de plus en plus distants des partis traditionnels, même si le virage entrepris à droite par le Parti Populaire rassure les plus conservateurs. Les résultats des élections européennes sont donc très attendus, même si l’Europe n’est pas la priorité de ce parti : « au-delà de la rhétorique, Vox, comme le reste de l'extrême droite européenne, n’est plus europhobe dans le sens où ils ne sont plus en guerre contre l'Union européenne », détaille Miquel Ramos. « Pourquoi ? Parce qu'ils sont sur le point d'obtenir une large représentation au sein de l’UE, ce qui leur permettra d'utiliser les fonds et les structures que l'Union européenne leur offre pour mettre en œuvre leur programme et leurs politiques. Ils peuvent utiliser une rhétorique anti-européenne pour leur clientèle. Mais fondamentalement, ils vont utiliser toutes les ressources que l'UE leur donne pour mettre en œuvre leur programme. Et aussi pour nourrir leurs groupes, leurs fondations et leurs élus qui en vivent. » Une vision qui a longtemps été celle d’autres formations d’extrême droite en Europe.

    La campagne européenne débute cette semaine en Espagne. Et VOX a très bien compris, à l’image des autres partis du groupe ECR dont il est membre au Parlement européen, le groupe de conservateurs et réformistes européens, que cette année l’extrême droite pourrait bien devenir une force incontournable dans l’Union européenne et que la future Commission sera bien obligée de lui tendre la main. Reste que contrairement à des formations comme Fratelli d’Italia, le parti de Giorgia Meloni, ou du Fidesz, le parti du président hongrois Viktor Orban, VOX ne bénéficie pas encore du même soutien populaire, même si, en dix ans, cette formation est devenue la troisième force politique du pays.

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