Afleveringen

  • Sang contaminé : quand les traitements tuent

    Ils sont plusieurs dizaines de milliers, au moins 30 000 Britanniques, à avoir reçu du sang contaminé dans les années 70 et 80. Des patients transfusés, avec des poches de sang non testées… Et des hémophiles, traités avec du sang importé des États-Unis qui ont fini par contracter le Sida, des hépatites ou les deux… Ce lundi 20 mai 2024, cinquante ans après les premières contaminations reconnues, une enquête publique doit enfin rendre ses conclusions, très attendues par les survivants.

    Un Grand reportage d'Emeline Vin qui s'entretient avec Patrick Adam.

    Boxe : 4 ceintures pour un couronnement

    En Arabie Saoudite, ce samedi 18 mai 2024, un nouveau roi sera couronné. Un roi de la boxe. Le Britannique Tyson Fury affronte l’Ukrainien Oleksandr Usyk, pour la réunification des quatre ceintures poids lourds. Le gagnant deviendra, comme on dit, le « champion incontesté » de cette catégorie considérée comme la plus prestigieuse. L’enjeu sportif est colossal et les promoteurs promettent « le combat du siècle ».

    Un Grand reportage de Marion Cazanove qui s'entretient avec Patrick Adam.

  • En Arabie Saoudite, ce samedi 18 mai 2024, un nouveau roi sera couronné. Un roi de la boxe. Le Britannique Tyson Fury affronte l’Ukrainien Oleksandr Usyk, pour la réunification des quatre ceintures poids lourds. Le gagnant deviendra, comme on dit, le « champion incontesté » de cette catégorie considérée comme la plus prestigieuse. L’enjeu sportif est colossal et les promoteurs promettent « le combat du siècle ».

    « Boxe, 4 ceintures pour un couronnement », un Grand Reportage de Marion Cazanove.

  • Zijn er afleveringen die ontbreken?

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  • Suite de notre série spéciale « Élections européennes : la montée des nationalismes en question ». Aux Pays-Bas, où l’agriculture intensive est la norme, les lois environnementales déclenchent la colère des agriculteurs. Un nouveau parti populiste, le BBB (Mouvement agriculteur-citoyen) prospère sur cette contestation. Mais cette colère dépasse les seules questions écologiques. Elle se nourrit aussi d’un discours anti-élite qui va peser lors des prochaines européennes.

    De notre envoyé spécial,

    En 2019, la Cour suprême des Pays-Bas a pris une décision contre les rejets d’azote : trop d’agriculture intensive dans le pays, trop d’engrais, trop de bétails et trop de lisier… Le gouvernement a donc essayé de réduire la facture environnementale issue de l’agriculture. Pour Nanda, productrice de lait à Putten à 11 heures de route d’Amsterdam, cette décision revient à signer l’arrêt de mort de nombreux fermiers : « ils ont voulu se débarrasser des agriculteurs, en tout cas de beaucoup d’entre nous… À cause de la nature, pour faire de la place pour construire des maisons… Et maintenant on a vraiment un problème aux Pays-Bas mais aussi dans l’Union européenne parce que les règles, on n’arrive pas à les suivre… On veut le faire mais c’est impossible ! » Nanda et son mari ont participé aux manifestations organisées ces dernières années. Un parti politique est né pendant cette crise.

    Le BBB, le mouvement agriculteurs et citoyens. À sa tête, une ancienne journaliste et ex-communicante dans le secteur de la viande : Caroline van der Plas.

    « Caroline est très active », salue Nanda devant une immense banderole accrochée dans un de ses hangars. « Elle est vraiment connectée à la réalité. Elle vit dans une maison normale comme le reste des Hollandais. Pas dans un grand manoir ou un truc du genre. C’est ça que j’admire profondément chez elle : elle est comme nous. Et même si c’est une personnalité politique, elle est restée normale. J’aime vraiment ça chez elle. »

    Une ascension surprise

    Le BBB est sorti de nulle part, il a raflé la mise lors des élections locales de mars 2023 : un raz-de-marée dans l’intégralité des 12 provinces et au Sénat où le parti de Caroline van der Plas est le premier groupe avec 16 élus sur 75.

    Une réussite phénoménale qui a pris de court la classe politique et les médias. « Tout le monde a été surpris par leur succès », abonde Frank Hendrikx, journaliste politique, l’une des grandes signatures du Volkskrant, le troisième quotidien du pays, classé à gauche. « Ils ont d’abord réussi à entrer au Parlement avec un siège. Ça nous a étonnés parce que le parti était sous les radars. Mais après bien sûr, on a vu que la cheffe du parti Caroline van der Plas était très compétente, très bonne dans les médias, très appréciée par beaucoup de personnes et par les électeurs. On s’attendait à ce qu’elle ait du succès mais elle a réussi à faire du BBB le plus grand parti des Pays-Bas et ça a surpris tout le monde. »

    Le succès du BBB répond aussi à un sentiment de déclassement et anti-élites de la population rurale. « Au début, Caroline van der Plas représentait la communauté des agriculteurs. Mais ensuite, elle a eu une audience beaucoup plus large, plus seulement les agriculteurs, et elle a gagné de plus en plus de sympathisants. Et c’était clair que c’était parmi un électorat profondément déçu par le système politique et par le statu quo à la tête du pays. »

    « Ramener du bon sens » à Bruxelles

    Nous rencontrons Caroline van der Plas à la Chambre basse du Parlement à La Haye. La patronne du BBB a un objectif clair aux européennes : « On veut ramener du bon sens dans les règlements et les politiques de l’Union européenne. C’est nécessaire quand vous voyez ce qui a été décidé ces dernières années. Les gens veulent voter autre chose, ils en ont marre de toutes les règles et de tous les plans sur l’environnement et la nature. »

    Faire plier l’Union européenne, c’est ce que souhaite Wilco Brouwer de Koning. Ce producteur laitier à Heillo, dans le nord-ouest des Pays-Bas, a repris avec son frère la ferme familiale. Il espère que l’irruption du BBB sera « un réveil pour La Haye mais aussi pour toute l’Union européenne. Parce que beaucoup de gens ne sont pas contents des politiciens : trop de blabla et pas assez de vrai travail pour nous aider nous les agriculteurs. Le lien avec les politiciens s’est rompu. »

    Réveil brutal pour les partis traditionnels

    Le réveil a été brutal pour les partis traditionnels de gauche et de droite, mis sur la touche aux dernières élections. Le PVV du leader d’extrême-droite Geert Wilders est sorti grand vainqueur. Mais il doit composer avec d’autres partis pour former un gouvernement. Et les négociations s’éternisent… Le BBB est aujourd’hui un partenaire du PVV ce qui pousse le chercheur Koen Damhuis à classer Caroline van der Plas dans la catégorie populiste : « Le BBB est ouvertement populiste dans ses manières de caractériser le pouvoir politique en place. Les élites qui sont directement opposées à un peuple présupposé », estime ce maître de conférences en Sciences politiques à l’Université d’Utrecht. « Le BBB reste quand même beaucoup moins dur que le PVV ».

    Dans les locaux du grand quotidien Volkskrant à La Haye, Frank Hendrikx est moins nuancé.« C’est un parti populiste », assène le journaliste. « Leur programme est comme un conte de fées, tout est possible. Par exemple, d’un côté ils vont dire qu’ils veulent moins d’immigration mais quelques pages plus loin, on lit qu’ils veulent plus d’immigration pour aider les agriculteurs ou le secteur agricole… Ils veulent baisser les impôts tout en dépensant plus… Ils promettent tout et son contraire, et c’est un point commun à tous les partis populistes. »

    La principale intéressée, elle, n’a pas peur de l’étiquette populiste. « Si par populisme, vous voulez dire que vous écoutez les gens en Europe, alors oui nous sommes populistes. Mais quel est le problème d’écouter les gens », s’interroge faussement Caroline van der Plas. « J’aimerais que tous les autres partis fassent de même. Alors le BBB ne serait pas nécessaire. Le problème en Europe et aux Pays-Bas, c’est qu’ils n’écoutent pas les gens et ce dont les gens ont besoin. Nous on a vu leurs besoins, on les a identifiés et on a agi pour y répondre. »

    Ambitions modestes au Parlement européen

    En pleine négociation pour former un cabinet, le BBB comme le PVV ne s’occupe pas encore publiquement des élections européennes. Pas de campagne, pas de meetings, les partis se contentent des émissions politiques à la télévision.

    Le mouvement de Geert Wilders a pourtant beaucoup à gagner en juin 2024. Il pourrait remporter 6 sièges sur les 14 occupés par les Pays-Bas.

    Le BBB lui ne peut espérer qu’un seul siège. Mais le parti espère malgré tout peser à Bruxelles et à Strasbourg. « On veut moins de règles pour les entreprises. C’est le principal objectif. On veut que les plans de l’UE soient plus réalistes », nous glisse le députéHenk Vermeer entre deux réunions à la Chambre basse du Parlement. C’est lui qui dirige la campagne européenne du BBB : « Beaucoup de réglementations viennent de l’Europe, donc on doit négocier, on doit avoir de l’influence là où tous les plans sont préparés. »

    Risque de normalisation ?

    Désormais bien installée dans le paysage politique néerlandais, Caroline van der Plas est menacée de normalisation. Au risque de perdre son authenticité dans les couloirs du Parlement à La Haye ?

    « Il faut rester vigilant pour que ces partis continuent à défendre les droits des agriculteurs et ne se perdent pas en chemin. C’est un risque », s’inquiète Jos Ubels, un éleveur de vaches destinées aux boucheries, dans le nord du pays. « J’appelle ça le syndrome de Stockholm. Si vous vivez à La Haye, que votre appartement, vos bureaux sont à côté des autres politiques, que vous leur parlez tous les jours, que vous buvez un café avec eux le matin, vous leur dites « bonjour, bonjour ! »… Vous finissez par bien les connaître, vous vivez avec eux alors que ce sont vos adversaires parce que vous défendez d’autres idées. Mais je pense que tous les agriculteurs doivent se lever pour défendre leurs droits. Et que ce soit la Farmers Defence Force ou d’autres groupes, on doit maintenir les politiques sur la bonne voie. »

    Jos Ubels est aussi le numéro 2 de la Farmers Defence Force, la force de défense des agriculteurs. Ce collectif a vu le jour en 2019 après l’occupation d’une ferme par des militants écologistes. Pour ce groupe, les agriculteurs doivent se défendre eux-mêmes. Et ils ne veulent faire aucune concession. Ils ont d’ailleurs prévu une grande manifestation à Bruxelles juste avant les élections de juin.

    Caroline van der Plas ne craint pas de se perdre au contact des politiques et du pouvoir : « Je suis restée moi-même. Et ça rend la vie plus facile de rester qui on est. »

    Avenir incertain

    À Putten, on retrouve Nanda, à côté de ses vaches qu’elle aime traire à la main, plutôt qu’avec un robot. Sa ferme, ses bêtes, son travail, c’est sa passion. Mais l’avenir l’angoisse. La jeune trentenaire ne sait pas si son fils de 3 ans reprendra, un jour, les rênes de la ferme comme elle et son mari : « Pour être honnête, j’espère que non. Je l’aime et parce que je l’aime, je veux le préserver de tout le bordel en ce moment. J’espère qu’il trouvera une autre passion. Mais oui, bien sûr, on aimerait lui léguer notre ferme, mais c’est si difficile et on a tellement de soucis avec notre ferme, tellement de tristesse… », confie Nanda, les larmes aux yeux. « J’espère qu’il fera quelque chose qui le rendra heureux. Si c’est la ferme, ce sera la ferme mais je ne veux pas qu’il ait autant de problèmes que nous maintenant. »

  • Ils sont plusieurs dizaines de milliers, au moins 30 000 Britanniques, à avoir reçu du sang contaminé dans les années 70 et 80. Des patients transfusés, avec des poches de sang non testées… Et des hémophiles, traités avec du sang importé des États-Unis qui ont fini par contracter le Sida, des hépatites ou les deux… Ce lundi 20 mai 2024, cinquante ans après les premières contaminations reconnues, une enquête publique doit enfin rendre ses conclusions, très attendues par les survivants.

    « Sang contaminé : quand les traitements tuent », un Grand reportage d’Emeline Vin.

  • Avec les élections européennes du 9 juin 2024, la Pologne aura connu trois scrutins en huit mois. En octobre 2023, le pays a voté pour l’alternance après huit années de pouvoir ultraconservateur du parti Droit et Justice. C’est désormais l’ancien président du Conseil européen Donald Tusk qui occupe le poste de Premier ministre, à la tête d’un gouvernement de coalition centriste. Mais si le PiS n'a pu conserver le pouvoir, il n’en reste pas moins le premier parti du pays. Critiqué pour ses atteintes à l’État de droit, le parti nationaliste et ultraconservateur a laissé un héritage, dont le nouveau pouvoir a du mal à se défaire.

    De notre envoyée spéciale,

    Cinq mois après le retour au pouvoir d’une coalition pro-européenne à Varsovie, l’enthousiasme des débuts semble quelque peu retombé. « On vit une grande expérience politique », observe Jaroslaw Kuisz, le rédacteur en chef de Kultura Liberalna, un hebdomadaire en ligne centriste influent. « Le moment que nous vivons, nous offre l’occasion de nous débarrasser du pouvoir populiste qui, comme du lierre, s’est enroulé autour des institutions d’État. Mais, se débarrasser de ces personnes, de leur influence, de la corruption, s’avère très difficile », souligne le politiste, dans son bureau situé en plein cœur de Varsovie, où il analyse les changements en cours dans les institutions polonaises, depuis que le PiS a perdu les élections en octobre 2023 et que le gouvernement de Donald Tusk est entré en fonction deux mois plus tard.

    Sur le modèle de la décommunisation, la Pologne libérale a entamé une « dépisacja », une tentative de se libérer de l’emprise du PiS sur le pays et ses institutions et de réparer les dommages causés à l'État de droit. Mais la comparaison avec les événements de 1989 s’arrête là, car contrairement au communisme lors de son effondrement, les idées antilibérales ne sont pas en recul. « L’idéologie des populistes reste très vivante. On n’est pas en présence de vieux communistes qui quittent le pouvoir, mais de gens qui ont envie de se battre pour le regagner et qui restent toujours dans le jeu », affirmeJaroslaw Kuisz.

    De fait, les élections régionales du 7 avril ont montré que le PiS restait le premier parti du pays même s’il ne contrôle plus que 7 provinces sur 16 et qu’il n’a réussi à conserver une majorité absolue que dans quatre de ces régions. Le parti de Jarosław Kaczyński se maintient dans de nombreuses communes de l’est du pays. C’est le cas en Podlachie, cette région aux confins orientaux, qui partage sa frontière avec la Biélorussie et la Lituanie.

    Employé des forêts domaniales, Rafal Supiński y a été élu conseiller régional. Les résultats des scrutins municipaux et régionaux qui ont vu son parti résister, le rassurent pour la suite, en particulier pour les Européennes : « cela signifie que Droit et Justice a ses électeurs fidèles, et qu’il est même en mesure d’en gagner d’autres. La société de Podlachie est très attachée à ses valeurs traditionnelles. Lui imposer une manière de penser ou de parler, cela provoque des réactions. Nous devons montrer à l'Union européenne qui nous sommes, nous devons afficher nos valeurs traditionnelles et conservatrices », affirme l’élu, aux côtés de son épouse et de la plus jeune de leurs filles, dans sa coquette maison d’un village paisible, entouré de champs et de bois.

    Pologne A et B

    Ces dernières années, dans la région, les investissements réalisés à l’aide, notamment, de fonds européens ont été nombreux. C’est le cas dans la commune de Wizna : routes rénovées, bâtiments publics mis aux normes écologiques, terrain de sport, école maternelle, cabinet de physiothérapie. « Les habitants ont commencé à être traités dignement, comme des sujets à respecter », affirme l’ancien maire Mariusz Soliwoda, battu, malgré tout, aux municipales du 21 avril. « Avant le PiS, l’argent n’allait qu’aux grandes agglomérations et alors qu’elles se développaient, les habitants des petits villages étaient oubliés. Ces huit dernières années, nos habitants ont récupéré leur dignité, ils ont été pris en compte ».

    La Pologne reste un pays profondément divisé entre une Pologne A à l’ouest de la Vistule, plus aisée, où l’on vote davantage pour les partis progressistes et une Pologne B, à l’est, moins développée économiquement, plus tentée par le Parti Droit et Justice.

    Dans le hall d’entrée de la mairie de Jedbawne, de nombreux panneaux détaillent les investissements réalisés grâce aux fonds gouvernementaux et européens. Le mois dernier (avril 2024), le maire Adam Niebrzydowski a été réélu sous l’étiquette du parti Droit et Justice avec 90,51 % des voix. Il faut dire qu’il était le seul candidat. Sur les 15 élus du conseil municipal, 14 sont du PiS.

    L’édile reçoit dans son bureau où les drapeaux polonais entourent un grand crucifix. S’il reconnait que l’adhésion à l’Union européenne, il y a 20 ans, a donné une impulsion à la Pologne, il a une dent contre la politique bruxelloise qui « impose d’en haut une politique unificatrice. Si cela peut se comprendre pour certaines choses, dans beaucoup de domaines, il faut que cela reste la prérogative du pays et en particulier pour l’agriculture ». L’édile dit soutenir les récentes manifestations paysannes, y voyant plus que des « mouvements de contestation du monde agricole, ils défendent aussi les intérêts de notre pays et de notre société tout entière ».

    Dans la région, Zbigniew Baginski est l’un des organisateurs du mouvement de contestation contre l’afflux de produits agro-alimentaires ukrainiens et contre le Pacte vert européen, qu’il trouve trop exigeant. « Ces règles qu’ils mettent à exécution visent très clairement à liquider l’agriculture dans toute l’Europe, pas uniquement en Pologne », s’insurge ce producteur de lait. « À Bruxelles, ils ont des idées qui vont incroyablement loin, qui s’ingèrent dans notre vie quotidienne. Les parlementaires européens se sont enfermés dans leur petite bulle, ne voient pas les manifestations agricoles, l’agitation sociale dans les rues, des gens qui sont solidaires avec nous, ils s’en moquent ».

    DIAPORAMA

    Green deal

    À quelques km de là, au bout d’une route fraîchement rénovée : l’exploitation d’Ireneusz Kossakowski, avec ses vaches qui sortent le museau de l’étable dès que l’agriculteur s’en approche. Lui aussi a manifesté contre le Pacte vert. « Tout fonctionne sur le principe de la grenouille ébouillantée : on ne cesse de la réchauffer et elle ne sait pas à quel moment elle va mourir ». L’éleveur, père de quatre enfants, cultive une trentaine d’hectares de céréales pour nourrir ses vaches laitières. Favorable à l’intégration européenne, il s’insurge contre « l’éco-terrorisme », estimant que « la lutte contre le changement climatique est devenue une religion, une idéologie et c’est précisément pour cette raison que les agriculteurs vont plutôt voter à droite, pour le PiS ou Konfederacja », ajoutant qu’il y verrait un « résultat satisfaisant ».

    Les partis d’extrême droite comme le PiS ou la plus confidentielle Konfederacja, encore plus conservatrice sur le plan des valeurs, tentent de capitaliser sur la colère du monde paysan. « Plus les agriculteurs crient fort, plus ils engrangent des points », estime la politologue Renata Mienkowska, qui enseigne à l’Université de Varsovie. « C’est vraiment une excellente option pour les partis populistes comme Droit et Justice et Konfederacja, que l’agriculture reste un sujet brûlant. Ils vont exploiter le thème du Green Deal européen ». Aujourd’hui, la Pologne est le cinquième plus gros bénéficiaire des aides de la Politique agricole commune de l’UE. « Les agriculteurs sont le plus grand groupe bénéficiaire de l’adhésion de la Pologne à l’Union », souligne Renata Mienkowkska, « il y a deux ans, leurs revenus étaient énormes, ils se sont habitués à tout cela », mais l’agression russe de l’Ukraine a changé la donne.

    En dépit des critiques formulées par les partisans des partis d’extrême droite, la Pologne reste l’une des sociétés les plus pro-européennes au sein des 27 et l’arrivée au pouvoir d’une coalition centriste avec à sa tête l’ancien président du Conseil européen, Donald Tusk ne fait que renforcer ce sentiment. Après des années de relations tumultueuses avec Varsovie, la Commission européenne a annoncé, le 6 mai 2024, son intention de mettre un terme à la procédure de l’article 7 du traité de l’UE. Cette procédure avait été déclenchée en décembre 2017 en raison d’inquiétudes sur les réformes judiciaires mises en place par le parti Droit et Justice.

    Dans son bureau du tribunal d’instance de Varsovie, le juge Piotr Gaciarek a accroché des photos des manifestations pour la défense de l’État de droit, auxquelles il a pris part durant sa suspension. Pour avoir refusé de siéger avec un « néo-juge » nommé par un organe proche du PiS, le magistrat a été mis à pied. Il n’a retrouvé son poste que récemment. « J'ai eu l'impression d'être un chirurgien qui retourne dans une salle d’opération après 2 ans et demi d’interruption. C’était un sentiment mitigé, parce que d’un côté, j’étais heureux de revenir, mais d’un autre côté, je connais l’étendue des dommages infligés au pouvoir judiciaire ».

    Le gouvernement du Pis qui a présidé aux destinées du pays ces huit dernières années, a mis la main sur le Conseil de la magistrature, l’instance qui donne aux juges leur affectation. Plus de deux mille juges entrés en fonctions depuis 2015 ont été nommés par cet organe réformé de façon inconstitutionnelle. Le PiS a profondément transformé l’institution judiciaire et a créé des postes destinés à sauvegarder les intérêts du parti en cas de perte du pouvoir. La tâche du nouveau ministre de la Justice Adam Bodnar est immense : « il essaie de faire ce qu'il peut, en tentant d'écarter les présidents de tribunaux nommés par l’ancien pouvoir et qui n’ont aucune autorité parmi les juges. La situation est délicate, tant sur le plan juridique que politique, parce que nous avons un chef de l’État qui, au lieu de faire respecter la Constitution, a soutenu le gouvernement précédent qui l’a violée, de façon à subordonner le pouvoir judiciaire au politique », soupire le magistrat.

    « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté »

    Autre symbole de la contestation contre la réforme de la justice, ce qui lui a aussi valu des poursuites et deux ans de suspension, le juge Igor Tuleya a été réintégré dès 2022, au moment où le précédent gouvernement de Mateusz Morawiecki négociait avec Bruxelles les fonds de relance de l’Union européenne. Il estime qu’il faudra du temps, peut-être une génération, pour rétablir la confiance envers l’institution judiciaire : « les gens du PiS au sein de l’appareil judiciaire se sont enterrés comme Hitler à Stalingrad. Ils ont bétonné le système, ils ont créé des règles, qui rendent difficile leur licenciement aux postes qu’ils occupent et le rétablissement de l’État de droit ».

    D’autant que le PiS garde un précieux allié au sein du pouvoir, le président ultraconservateur Andrzej Duda, qui, par son droit de veto peut faire obstruction aux tentatives de réformes du gouvernement de Donald Tusk. Son mandat s’achève en 2025. « Même si l’on comprend que ces lois n’ont aucune chance d’aboutir, parce que le chef de l’État y mettra son veto, il est nécessaire de lancer le processus législatif et d’avoir ce débat », affirme le juge Gaciarek. Son homologue du tribunal d’instance de Varsovie abonde : « le rétablissement de l’État de droit par le professeur Bodnar ne va pas à un rythme effréné, mais c’est dû au fait qu’il veut rester dans un cadre légal. On peut discuter de ce bien fondé », avance Igor Tuleya, citant Saint Just : « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ».

    « Le parti PiS a laissé derrière lui un terrain juridiquement miné », obligeant le nouveau pouvoir à se lancer dans un « bricolage juridico-politique controversé », constate Jaroslaw Kuisz. Le remplacement sans ménagement des présidents des conseils d’administration de la télévision, des radios publiques, de l’agence de presse polonaise, et l’arrêt subit de la diffusion, en décembre 2023, ont donné lieu à des critiques y compris parmi les partisans du gouvernement de coalition et poussé les partisans du PiS à occuper temporairement le siège de la télévision publique.

    Quelques mois après ces événements, de nouvelles têtes officient désormais dans les studios de TVP. Licencié de la radio publique à l’époque où le parti Droit et Justice était au pouvoir, Ernest Zozuń présente, depuis le début de l’année, une nouvelle émission de politique étrangère « Oko na Świat », un œil sur le monde. Ce quinquagénaire qui a été correspondant de guerre en Afghanistan, en Yougoslavie, en Tchétchénie et en Irak, se réjouit des changements opérés au sein des médias publics : « lorsqu’on allume la télévision, sur les chaînes d’informations il n’y a plus de propagande. L’information est objective et professionnelle ».

    À l’heure du journal télévisé du soir, sur TVP info, large sourire aux lèvres, Jarosław Kret, « monsieur Météo », attend son tour pour entrer en plateau. Lui aussi a été banni des médias publics durant les années PiS. « La démocratie a gagné et me voilà de retour », lance le sexagénaire d’un air triomphal. « J’attendais impatiemment de revenir à la maison. Je suis un pur Européen. Et je n’étais pas considéré comme l’un des leurs. C’est étrange, cela m’a rappelé la période communiste. Ils ont sali le nom de cette télévision et maintenant nous la nettoyons. Ma mission à moi, c’est d’éduquer les gens qui me regardent derrière l’écran, de leur ouvrir l’esprit et non pas de leur faire un lavage de cerveau comme c’était le cas avant ».

  • AfD, pourquoi l’extrême droite progresse en Allemagne

    Deuxième volet de notre série spéciale « Élections européennes : la montée des nationalismes en question ». Contrairement à d’autres pays européens, l’Allemagne a longtemps été épargnée par le populisme de droite. Cela a changé avec le parti AfD, l’Alternative pour l’Allemagne. Il pourrait devenir la deuxième force politique lors des élections européennes. Fondée, il y a 11 ans, cette formation classée « d’extrême droite avérée » par plusieurs gouvernements régionaux, ne cesse de gagner du terrain. Et cela malgré les scandales qui ont touché le parti, des procès pour incitation à la haine aux accusations récentes d’espionnage.

    Un Grand reportage d'Achim Lippold qui s'entretient avec Patrick Adam.

    Giorgia Meloni, les ambitions européennes de l’extrême droite italienne

    Premier volet de notre série spéciale : « Élections européennes : la montée des nationalismes en question ». En Italie, cela fait un an et demi qu'elle est au pouvoir et elle va affronter le 9 juin prochain, avec les élections européennes, son premier grand test électoral. Forte du soutien de sa base, confortée par le succès de sa stratégie de normalisation, Giorgia Meloni veut servir de référence à l'extrême-droite européenne et espère, à l’issue de ce scrutin, peser le plus possible sur les choix politiques de l'Union européenne.

    Un Grand reportage de Daniel Vallot qui s'entretient avec Patrick Adam.

  • Cameroun : les échos de la crise anglophone dans la région francophone de l’Ouest

    Nous sommes dans l’ouest du Cameroun, une région francophone qui, depuis 4 ans, subit des attaques attribuées aux séparatistes anglophones. Bilan de la dernière attaque : neuf morts et une dizaine de personnes enlevées. C’était à Bamenyam, un petit village enclavé dans l’arrondissement de Galim. Désormais, les populations des villages de l'ouest du Cameroun, limitrophes avec les régions anglophones, apprennent à vivre avec ce risque d'incursion.

    Un Grand reportage de Richard Onanena qui s'entretient avec Patrick Adam.

    L’Odyssée de la flamme d’Olympie à Marseille

    Elle annonce la tenue prochaine de chaque JO et veut transmettre un message de paix et d'amitié aux peuples, à travers les dizaines des milliers de relayeurs et relayeuses qui la portent. Jusqu'à la cérémonie d'ouverture le 26 juillet 2024, la flamme des JO de Paris 2024 va sillonner la France métropolitaine et l'outre-mer, en partant de Marseille, où elle arrive par bateau ce 8 mai après avoir été allumée en Grèce, berceau des Jeux de l'Antiquité.

    Un Grand reportage de Christophe Diremszian qui s'entretient avec Patrick Adam.

  • Les bisons américains ont failli disparaître à la fin du XIXè siècle, et avec eux tout un pan de la culture autochtone du continent. Au Canada, ce lourd passé colonial est désormais un véritable moteur pour la réintroduction des bisons, entre réconciliation culturelle, écologique et économique, pour les descendants des colonisateurs et des peuples autochtones.

    Dans les vastes plaines jaunies du sud de l'Alberta balayées par le vent, le bâtiment du centre d'interprétation de Head-Smashed-In est parfaitement intégré dans l'une des falaises des plateaux situés au pied des montagnes des Rocheuses.

    Quinton Crowshoe, membre de la communauté des Piikani, est guide à Head-Smashed-In, site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco : c'est là, du haut de cette falaise, que ses ancêtres chassaient le bison. Rassemblés dans un bassin, les bisons étaient attirés jusqu'au bord des falaises au soleil levant. Éblouis et effrayés par des Piikanis, ils se précipitaient dans le vide. Au pied de la falaise, les autres membres de la communauté les achevaient, puis utilisaient l'intégralité des carcasses pour survivre au rude hiver du continent.

    Le centre de Head-Samshed-In reçoit chaque année plus de 80 000 visiteurs. Pour Quinton, perpétuer cet héritage, c'est aussi reconnaître l'importance des bisons pour les écosystèmes des Grandes Plaines. « Lorsque le Créateur a créé les bisons, il a conçu leurs sabots de manière à ce que, lorsqu'ils se déplacent, ils aèrent naturellement le sol. Ils nourrissent le sol une fois qu'ils ont mangé toute l'herbe, puis se déplacent vers leur prochaine zone de pâturage. Ils laissent derrière eux une formidable fertilisation », explique le petit-fils de Joe Crowshoe Senior, qui a participé à la création de ce centre d'interprétation.

    Un allié écologique

    Les peuples autochtones connaissent depuis toujours le potentiel écologique du bison, mais il a fallu qu'il manque de disparaître pour que les Blancs réalisent l'importance de leur rôle. Les bisons ont été presque annihilés pour leur cuir, utilisé dans les courroies des machines lors de la révolution industrielle en Europe, et pour chasser les peuples autochtones des plaines que les animaux avaient fertilisées. À la fin du XIXè siècle, il n'en restait plus qu'une poignée, contre des dizaines de millions un siècle plus tôt.

    Dans le nord de l'Alberta, près du parc national de l'Île aux Élans, Wes Olson, ancien employé de Parc Canada et spécialiste du bison, a établi sa résidence. « Les bisons sont des espèces-clé, et lorsqu'ils ont été retirés des grandes plaines d'Amérique du Nord ou de tout autre endroit où ils vivaient, ces écosystèmes se sont généralement effondrés », explique le passionné. Wes Olson a participé à la réintroduction des bisons dans le parc national canadien de Banff, en 2017, aux côtés de Dillon Watt, toujours employé là-bas.

    Casquette visée sur la tête, le travailleur de Parc Canada explique : « Aujourd'hui, il y a un peu plus de cent bisons dans le parc national de Banff. Nous avons commencé avec 16 animaux en 2017. On peut parler d'une réussite, même si beaucoup de choses restent à accomplir, notamment pour faire cohabiter l'homme et l'animal sauvage ». Aujourd'hui, le bison n'est plus une espèce en danger. Rien qu'au Canada, on compte plus de 12 000 bisons des plaines et des bois en liberté, et près de 150 000 bisons d'élevage.

    Une économie écologique ?

    Dans un café de Calgary, la ville la plus peuplée de l'Alberta, le rendez-vous est pris avec Kelly Long. À la tête de l'entreprise Noble Premium Bison, la femme d'affaires exporte de la viande de bison jusqu'en Europe. Pour Kelly, cultiver le bison permet de promouvoir un élevage plus responsable : en moyenne un producteur canadien détient seulement 150 têtes dans sa harde. « Nous ne pratiquons pas d'insémination artificielle et nous ne donnons pas d'hormones de croissance. La façon dont nous élevons les animaux ajoute de la valeur à la terre, aide l'environnement, aide le sol, aide à séquestrer le carbone, aide le bassin versant, aide la diversité des plantes ».

    George Briggs est éleveur de bisons depuis une trentaine d'années dans le centre de l'Alberta. Il a une harde qu'il ne touche pas, et des veaux qu'il envoie à la boucherie tous les dix-huit mois. Dans ses champs, une centaine d'animaux profitent d'un terrain de 250 hectares. Le mâle est gigantesque et sa fourrure est encore épaisse de l'hiver. Son garrot atteint la fenêtre de son pickup pourtant bien américain.

    Pour George, le bison est clairement un allié écologique. « Avant, ce champ était un champ de culture intensive. Quand je l'ai acheté pour y mettre des bisons, le voisinage m'a pris pour un fou. Aujourd'hui, le champ respire, la terre est noire, les oiseaux sont revenus et j'ai pu y planter des arbres », explique l'éleveur, qui habite juste à côté de son champ. Élever le bison, c'est aussi faire sa part pour compenser la lourde responsabilité des Canadiens blancs dans sa disparition. « Ils essayaient de forcer les Premières Nations à se déplacer plus loin. Sans ces quelques personnes qui ont capturé ces animaux pour les placer dans des parcs, nous n'aurions probablement plus de bisons aujourd'hui, n'est-ce pas ? », soupire le rancher.

    Il y a dix ans, un traité pour les bisons a été signé entre différentes Premières Nations pour encourager leurs réintroductions dans les Plaines. Les réserves autochtones sont de plus en plus nombreuses à en accueillir, même si la mer de bison décrite par leurs ancêtres dans les Grandes Plaines risque de ne jamais revenir.

  • Nous sommes dans l’ouest du Cameroun, une région francophone qui, depuis 4 ans, subit des attaques attribuées aux séparatistes anglophones. Bilan de la dernière attaque : neuf morts et une dizaine de personnes enlevées. C’était à Bamenyam, un petit village enclavé dans l’arrondissement de Galim. Désormais, les populations des villages de l'ouest du Cameroun, limitrophes avec les régions anglophones, apprennent à vivre avec ce risque d'incursion.

  • Elle annonce la tenue prochaine de chaque JO et veut transmettre un message de paix et d'amitié aux peuples, à travers les dizaines des milliers de relayeurs et relayeuses qui la portent. Jusqu'à la cérémonie d'ouverture le 26 juillet 2024, la flamme des JO de Paris 2024 va sillonner la France métropolitaine et l'outre-mer, en partant de Marseille, où elle arrive par bateau ce 8 mai après avoir été allumée en Grèce, berceau des Jeux de l'Antiquité.

    « Paris 2024, l'odyssée de la flamme d'Olympie à Marseille », un Grand Reportage de Christophe Diremszian.

  • Deuxième volet de notre série spéciale « Élections européennes : la montée des nationalismes en question ». Contrairement à d’autres pays européens, l’Allemagne a longtemps été épargnée par le populisme de droite. Cela a changé avec le parti AfD, l’Alternative pour l’Allemagne. Il pourrait devenir la deuxième force politique lors des élections européennes. Fondée, il y a 11 ans, cette formation classée « d’extrême droite avérée » par plusieurs gouvernements régionaux, ne cesse de gagner du terrain. Et cela malgré les scandales qui ont touché le parti, des procès pour incitation à la haine aux accusations récentes d’espionnage.

    Nous sommes sur le marché d’Oberursel, une ville dans la banlieue aisée de Francfort. C’est le début de la campagne électorale pour les Européennes. Les partis politiques ont installé leurs stands. Celui de l’AfD se trouve à côté d’un manège pour enfants. Peter Lutz de la section locale du parti distribue des brochures avec le slogan : « Pour une remigration légale au lieu d’une immigration illégale ». Il faut savoir qu’en Allemagne, le terme « remigration » fait polémique depuis quelques mois. En novembre dernier (2023), une réunion secrète révélée par la presse avait eu lieu à Potsdam, avec des néonazis et des cadres de l’AfD. L’objectif : discuter d’un « plan remigration », soit l’expulsion de millions d’étrangers et de personnes considéréees comme « non assimilées ». Cette réunion a provoqué un tollé mais n’a pas porté préjudice à l’AfD, explique Paul Beuter, un autre cadre du parti à Oberursel : « De plus en plus de gens se rendent compte que leurs préoccupations sont ignorées par les partis traditionnels. Ça commence par la politique d’immigration qui va au-delà de ce que ce pays peut supporter. »

    Paul Beuter cite l’exemple de sa ville d’Oberursel qui a dû construire deux nouveaux centres d’accueil de réfugiés, pour un total de 550 personnes. Et en plus, trois nouveaux postes à la mairie pour gérer ce dossier. Selon Peter Lutz, « on a laissé entrer trop de migrants en Allemagne. Tous ceux qui n’ont plus le droit de rester, qui viennent des pays sûrs ou qui devraient être reconduits, doivent partir. »

    En Hesse, l’AfD attire les cadres moyens

    L’AfD a été fondée ici à Oberursel, il y a onze ans, par une vingtaine de personnes, notamment des professeurs d’université et des intellectuels de droite. Parmi eux, Konrad Adam, ancien journaliste au quotidien conservateur et libéral Frankfurter Allgemeine Zeitung. Aujourd’hui âgé de 82 ans, il rappelle l’objectif de départ : « relancer la démocratie ». Déçus à l’époque de voir tous les partis « aller dans la même direction », les fondateurs de l’AfD voulaient créer un parti d’opposition national-conservateur pour « permettre aux citoyens d’avoir le choix lorsqu’ils se rendent aux urnes ». Mais pour Konrad Adam, le parti a pris un virage trop extrême. En 2020, il claque la porte de l’AfD, au moment de ses premiers succès électoraux.

    En Hesse, l’une des régions les plus riches du pays, l’AfD est devenue la deuxième force politique, après le parti conservateur de la CDU. Parmi ses bastions, la Wetterau, une région rurale à une heure de route de Francfort. À Schotten, jolie bourgade avec ses maisons à colombages, Thomas est en train de charger ses courses sur un pick-up. Oui, cela fait des années qu’il vote pour l’AfD, explique ce sexagénaire. Et tous ses amis font pareil. Selon cet agent administratif, cadre moyen dans le service du ramassage des ordures, le pays va dans la mauvaise direction. Il refuse la politique « va-t-en guerre avec la Russie », pense que Moscou et Kiev devraient « gérer leurs problèmes entre eux ». Il est parti de Francfort où il a vécu 40 ans : « Il y avait trop de bars à chicha, je n’entendais plus ma langue. » Financièrement, explique-t-il, ça va, il s’en sort bien. Mais il a toutefois peur du déclassement social, une fois devenu retraité. « J’espère que vous n’allez pas déformer mes propos comme le fait souvent la presse », lance-t-il, à la fin de la conversation.

    « Je voterai pour protéger la démocratie »

    Pourquoi un tiers des électeurs de cette région ont-ils voté pour l’AfD ? Difficile à comprendre pour cet agriculteur bio qui nous accueille dans sa ferme mais préfère rester anonyme. Voici tout ce qu’il sait : de plus en plus de personnes autour de lui, des clients, des fournisseurs, des ouvriers, des mécaniciens ou des collègues, sont attirés par l’AfD. Et cela lui pèse. « Avant, il n’y avait dans le coin que quelques types du NPD [Parti national-démocrate d’Allemagne, rebaptisé La Patrie, formation néonazie, NDRL]. On pouvait les ignorer. Mais avec les électeurs de l’AfD, toujours plus nombreux, ce n’est pas possible, surtout lorsqu’on est un entrepreneur comme moi. » Ce père de 6 enfants assure qu’il ira voter aux Européennes, car il faut « protéger notre système démocratique ».

    Tensions en hausse entre pro et anti-AfD

    En Saxe, le parti populiste est le grand favori lors des élections régionales en septembre prochain (2024). Ce qui n’est pas sans conséquences sur l’ambiance dans cette région de l’Allemagne de l’Est. La tension entre sympathisants et opposants de l’AfD est particulièrement tangible à Bautzen, ville médiévale de caractère près de la frontière tchèque. Soutenu par le parti d’extrême droite, des centaines de manifestants défilent tous les lundis à travers la ville.

    C’est une procession étrange et menaçante qui inonde les rues pour converger vers la place centrale. Des jeunes néonazis côtoient parfois des membres du Black Block venus de Dresde, mais aussi de plus en plus de partisans de la Russie, sans oublier ceux qui forment la tête du cortège, portant des grandes croix blanches, pour dénoncer la politique sanitaire lors de la pandémie du Covid. Les orateurs et oratrices qui se succèdent à la tribune dénoncent pêle-mêle la politique allemande de soutien à l’Ukraine, un manque de liberté en général, l’Union européenne et l’éducation sexuelle dans les écoles.

    « Pourquoi ils gagnent deux fois plus à l’Ouest qu’à l’Est ? »

    Un homme arbore fièrement le drapeau du premier empire allemand. Cela fait « plus de trois ans et plus de 160 fois », qu’il vient ici à Bautzen, toutes les semaines. Électeur fervent de l’AfD, il dénonce la précarité des retraités en Allemagne de l’Est. « J’ai travaillé pendant 43 ans sur des chantiers et je reçois moins de 1000 euros par mois. Et tous ceux qui viennent ici, ces migrants, ils s’en sortent mieux que moi. J’ai cinq petits-enfants mais je n’ai pas d’argent pour leur faire des cadeaux. Alors ils me demandent : « Mais grand-père, tu n’as pas travaillé ? - Ben si, je leur réponds, mais je me suis fait avoir ! » Son ami, lui aussi un sympathisant de l’AfD, regrette que le salaire à l’Est soit toujours inférieur à celui à l’Ouest. « Il y a 10 ans, j’ai travaillé à l’aéroport de Francfort-sur-le-Main, j’ai gagné plus de 2000 euros. Quand je suis retourné ici, après avoir rencontré quelqu’un, j’ai touché 1000 euros de moins. Ça me rend dingue : pourquoi ces différences ? Pourquoi il ne peut pas y avoir une seule Allemagne ? »

    Ces manifestations d’extrême droite ont créé un climat pesant dans la ville, confie la directrice de « Willkommen in Bautzen » (Bienvenu à Bautzen), une association locale qui milite pour une ville ouverte et tolérante.

    « Je ne sors plus le lundi soir et ne prends plus de rendez-vous chez le médecin », témoigne une autre habitante. Thilo Jung, un jeune responsable du parti de gauche Die Linke, acquiesce : « Une ambiance d’extrême droite s’est installée à Bautzen. Lorsque je me rends ici, je réfléchis à deux fois quel T-Shirt je mets pour ne pas provoquer de réactions violentes. »

    Afin de ne pas laisser l’espace public à l’extrême droite, plusieurs associations de Bautzen ont créé un festival, le « Happy Monday ». Tous les lundis, des évènements culturels permettent aux habitants de sortir à nouveau « avec un sourire », comme le souligne une des organisatrices. Cette initiative déplait fortement aux milieux extrémistes de la ville qui envoient des jeunes néonazis « patrouiller » autour des concerts et autres spectacles, sous l’œil d’une dizaine de policiers qui font en sorte que le Happy Monday ne tourne pas au drame.

    En images

    Comment combattre l’AfD ?

    Réagir face à la montée de l’extrême droite peut prendre des formes différentes. La professeure d’histoire Katja Gerhardi a décidé de rejoindre la section locale du parti conservateur CDU de Bautzen, dont elle est devenue la présidente. « Quand j’entends les propos de l’AfD, explique-t-elle, et que je vois les groupuscules qui gravitent autour de ce parti, par exemple ici à Bautzen, j’ai très peur. Ce n’est pas un parti démocratique. Moi je suis profondément démocrate et je veux que notre démocratie continue à exister. Je veux aussi que mes trois fils continuent à vivre dans une démocratie ».

    Comment ignorer un parti désormais solidement enraciné à l’échelon local ? N’en déplaise aux dirigeants de la CDU qui mettent en garde contre des collaborations avec l’AfD, la réalité ne laisse souvent guère de choix, selon Katja Gerhardi. « Je vous donne un exemple concret : l’AfD a présenté un projet qui visait l’installation d’un abribus pour protéger les enfants de la pluie. Moi, en tant que membre de la CDU, j’ai évidemment soutenu le projet. Je n’aurais jamais pu dire : « Ah non, je vote contre parce que ça vient de l’AfD et tant pis si les enfants attendent sous la pluie ! »

    Ces débats pour savoir s’il faut ou non collaborer avec une formation que le gouvernement de la Saxe a qualifiée « d’extrême droite avérée » ne semblent pas impressionner l’électeur. Lui continue à cocher sa croix dans la case de l’AfD sur son bulletin de vote. Comme à Pirna, près de Dresde, où pour la première fois en Allemagne, le parti a conquis la mairie d’une grande ville. Tim Lochner a pris ses fonctions il y a tout juste deux mois et il est visiblement fier d’avoir fait la Une de la presse internationale.

    « Que l’AfD fasse mouche notamment ici à l’Est est lié à une partie de la population, qui a vécu la chute du Mur, explique le maire. Ceux qui ont connu la RDA sont plus sensibles à ce que disent les médias publics. Ils se souviennent qu’à cette époque les médias officiels se sont bien moqués des citoyens. Donc aujourd’hui, si vous êtes un homme politique et que vous expliquez à un ancien citoyen de la RDA dans le journal d’information comment il doit se laver les mains pendant la pandémie du Covid, il décroche. »

    Pour Tim Lochner, la politique du gouvernement comme le soutien aux grandes entreprises en difficulté rappellent le socialisme qu’il avait pensé avoir laissé derrière lui. « Quelle liberté a-t-on aujourd’hui encore ?, s’exclame-t-il. Vous pouvez vivre dans la plus belle démocratie du monde mais si vous n’avez pas d’argent, vous êtes limités dans vos mouvements ». Que ferait donc l’AfD pour aider les gens avec des revenus modestes ? « Si jamais l’AfD arrivait au pouvoir, il n’y aurait plus de taxe sur les émissions de CO2 », répond Tim Lochner qui se targue aussi d’avoir mis fin, dans une de ses premières décisions en tant que maire, à un projet de pistes cyclables dans les deux sens. « Cela aurait gêné les voitures. »

    L’AfD aspire à prendre le pouvoir en Saxe

    Après Pirna, la Saxe entière ? C’est le rêve de Jörg Urban, tête de liste de l’AfD pour l’élection régionale en septembre. Il pourrait obtenir plus de 30 % des voix mais il aura du mal à former une coalition pour gouverner. Proche de l’aile nationale-patriote du parti, il nie toute dérive extrémiste : « Pour moi, l’AfD est un parti du centre, nous ne défendons pas de positions radicales. Ce sont des légendes. » Selon Urban, ce sont les autres partis qui commencent à adopter les positions de l’AfD, notamment sur l’immigration.

    La percée électorale de l’AfD est-elle irrésistible ? Difficile à dire aujourd’hui. Mais les migrants, eux, craignent déjà une victoire plus large. Sabri Assi est un jeune Kurde de Syrie qui vit depuis sept ans en Saxe. C’est en Allemagne qu’il a appris à lire et à écrire. Avec son certificat de fin d’études secondaires, il espère trouver une formation et aimerait bien rester dans le pays. L’AfD lui fait un peu peur : « Tant que je travaille bien et que je ne fais pas de bêtises, que je me comporte bien, alors ils ne peuvent pas m’expulser. » Le discours de l’AfD lui rappelle celui des Nazis contre les Juifs : « Ce sont toujours les étrangers qui sont pointés du doigt. »

    Un étudiant en droit pakistanais rencontré à l’Université de Dresde confie : « je suis venu avec une haute opinion des Allemands, j’ai lu Nietzsche et Marx. L’avantage des pays européens, c’est que ce sont des sociétés ouvertes. Les gens sont guidés par la raison et la logique. Si à présent, un état d’esprit conservateur rétrograde se répand dans ces pays, ce serait très dangereux. Nous avons vu ce que cela donne chez nous. »

  • Au Soudan du Sud, les ravages du mystérieux syndrome du hochement de tête

    Le syndrome du hochement de tête touche les enfants à partir de trois ans. La maladie débute par des épisodes de hochement de la tête accompagnés de perte de connaissance. En l’absence de prise en charge médicale, les symptômes s’aggravent au fil des mois : crises d’épilepsie, retards de croissance, handicap mental... La Tanzanie, le Cameroun, la RDC ou encore la République Centrafricaine sont touchés. Mais c’est au Soudan du Sud que les cas sont les plus nombreux, on en dénombre au moins 6 000 dans la région d’Equatoria-Occidental.

    Un Grand reportage de Florence Miettaux qui s'entretient avec Patrick Adam.

    En Amérique du Nord, le retour vital du bison dans les Grandes Plaines

    Les bisons américains, aussi appelés buffalos, ont failli disparaître à la fin du XIXè siècle et avec eux tout un pan de la culture de Quinton Crowshoe, membre de la communauté Piikani, une Première nation de l'ouest du Canada.

    Ce lourd passé colonial est désormais un véritable moteur pour la réintroduction des bisons, entre réconciliation culturelle, écologique et économique, pour les descendants des colonisateurs et des peuples autochtones.

    Un Grand reportage de Léopold Picot qui s'entretient avec Patrick Adam.

  • Santé mentale des jeunes, les difficultés de la prise en charge

    C’est devenu un fait de société, en France, ailleurs aussi. Les jeunes vont mal, la santé mentale se dégrade avec notamment des dépressions de plus en plus tôt. Et la crise sanitaire liée au Covid a tout accéléré. Dans le nord de la France, les passages aux urgences pour gestes et idées suicidaires, les consultations pour troubles anxieux et angoisses ont augmenté chez les 10 ans et plus.

    En 2021, les tentatives de suicides chez les jeunes étaient même 4 fois supérieures à la moyenne nationale. Une dégradation de la santé mentale qui se heurte à une dégradation du secteur psychiatrique en crise depuis plusieurs années.

    Un Grand reportage de Lise Verbeke qui s'entretient avec Patrick Adam.

    Le supplice des migrants subsahariens en Tunisie

    C’était l’an dernier (2023), le président tunisien s’en prenait aux migrants, établis ou de passage en Tunisie. Des propos qui avaient été suivis de semaines de violences anti-Noirs qui ont culminé, durant l'été 2023, avec des migrants déportés par centaines vers des zones désertiques ou vers les frontières avec l’Algérie et la Libye. Sans eau, sans nourriture, et en plein été. Aujourd’hui, les migrants sont moins nombreux dans les grandes villes de Tunisie, les tensions ont-elles pour autant disparu ?

    Un Grand reportage d'Amira Souilem qui s'entretient avec Patrick Adam.

  • Le syndrome du hochement de tête touche les enfants à partir de trois ans. La maladie débute par des épisodes de hochement de la tête accompagnés de perte de connaissance. En l’absence de prise en charge médicale, les symptômes s’aggravent au fil des mois : crises d’épilepsie, retards de croissance, handicap mental... La Tanzanie, le Cameroun, la RDC ou encore la République Centrafricaine sont touchés. Mais c’est au Soudan du Sud que les cas sont les plus nombreux, on en dénombre au moins 6 000 dans la région d’Equatoria-Occidental.

    De notre correspondante,

    À Mvolo, comme à Mundri et dans tous les villages lourdement touchés par le syndrome du hochement de tête au Soudan du Sud, les habitants prennent leur mal en patience. Les projets de recherche n’ont pour l’instant apporté qu’une partie des réponses, échouant jusqu’ici à percer le mystère de la cause de cette maladie. Et les questions sont nombreuses : la maladie est-elle contagieuse, se transmet-elle d’une personne à l’autre ? C’est une idée très répandue, qui conduit à l’isolement des enfants malades, mais elle est fausse.

    « Les analyses montrent que le syndrome du hochement de tête est une forme d’épilepsie. Et donc, comme il s’agit d’une maladie neurologique, il est impossible qu’elle se transmette d’une personne à l’autre », affirme le chercheur Stephen Jada, un médecin sud-soudanais qui réalise sa thèse de doctorat sur le syndrome du hochement de tête tout en pilotant les recherches menées par l’ONG Amref Health Africa sur le sujet.

    « Le fait, observé par les populations concernées, que dans une même famille, ou dans un même village, les enfants développent la maladie les uns après les autres, a été étudié, et la théorie d’une contagiosité a été écartée », poursuit-il. « Ce que les études ont confirmé, c’est que toutes les personnes ayant développé cette maladie ont été exposées aux mêmes facteurs environnementaux. Il y a donc quelque chose dans l’environnement qui déclenche la manifestation de la maladie chez elles », explique le docteur.

    La théorie qui prédomine à l’heure actuelle, c’est que le syndrome du hochement de tête serait une forme d’épilepsie « associée » à l’onchocercose, la « cécité des rivières ». Maladie parasitaire endémique dans la région, elle est transmise par les morsures de mouches noires qui se reproduisent dans les hautes herbes au bord des cours d’eau à courant rapide, comme les rivières de Mundri, de Mvolo et de tous les villages sud-soudanais où les cas de syndrome du hochement de tête ont explosé depuis trente ans.

    Mais aujourd’hui encore, tous les chercheurs ne sont pas d’accord. Et d’autres théories ont été avancées : des déficiences nutritionnelles parmi la population touchée, la consommation d’aide alimentaire contaminée par un germe, ou encore l’usage d’armes chimiques dans ces zones qui ont aussi pour point commun – outre leur proximité avec des cours d’eau – d’avoir été des zones de conflit…

    En effet, au Soudan du Sud, la région d’Equatoria-Occidental a été une zone de combats intenses lors de la seconde guerre civile soudanaise (1983-2005). Le nord de l’Ouganda a lui aussi été un terrain de guerre, en proie aux violences de la Lord’s Resistance Army (LRA) dans les années 1990. Dans les deux régions, les cas de syndrome du hochement de tête se sont multipliés pendant ces conflits marqués par d’importants déplacements de populations.

    Des causes inconnues

    « Ces autres causes possibles ont été analysées, sans succès », affirme pourtant le docteur Gasim Abd-Elfarag, autre spécialiste sud-soudanais du syndrome du hochement de tête. « De nombreuses recherches ont été consacrées à la cause du syndrome du hochement de tête. Nous avons cherché des virus, des bactéries, des parasites… Toutes ces recherches ont été réalisées, sans résultats concluants », avoue-t-il. « La cause exacte de cette maladie reste un mystère. »

    Pour lui comme pour le groupe de chercheurs réunis au sein de la Nodding Syndrome Alliance, un consortium d’ONG et d’universités créé en 2019, il s’agit dès lors surtout de conduire « des études basées sur des interventions, pour voir lesquelles fonctionnent le mieux pour aider ces enfants, soulager leurs symptômes et soutenir la communauté affectée par la maladie ».

    Les médicaments antiépileptiques permettent de fait une amélioration considérable de la qualité de vie des patients, et favorisent notamment leur retour à l’école. Et il s’agit également de contrôler l’onchocercose. Car le lien entre les deux maladies semble difficile à nier. « Parmi les communautés vivant près des rivières, où l’onchocercose est très répandue, les cas d’épilepsie et de syndrome du hochement de tête sont plus nombreux », explique Stephen Jada. « Plus vous vous éloignez de la rivière, plus le nombre de cas diminue. Et quand vous allez dans les villages où il n’y a pas de rivière, où vous n’observez pas de morsures de mouches noires, les cas de syndrome du hochement de tête sont rares voire absents ».

    Pourtant, « nous ne savons pas comment l’onchocercose pourrait provoquer ça. Des tests ont été réalisés pour voir si les parasites atteignent le cerveau, ou s’ils libèrent une toxine qui provoque la maladie, sans succès. Tout cela est encore en cours d’investigation ». Malgré ces zones d’ombres, éradiquer le syndrome du hochement de tête reste pour Stephen Jada envisageable. C’est même son objectif proclamé.

    Les résultats des interventions menées à Maridi ces dernières années donnent au chercheur de quoi rester optimiste. Dans cette autre ville d’Equatoria-Occidental très affectée par la maladie, des interventions de contrôle de l’onchocercose ont été mises en place : la coupe des herbes où se reproduisent les mouches noires, près de la rivière, a été menée conjointement à des campagnes d’administration de vermifuge à la population. Ces efforts ont porté leurs fruits : depuis 2018, le nombre de nouveaux cas de syndrome du hochement de tête a été divisé par quinze.

  • Premier volet de notre série spéciale : « Élections européennes : la montée des nationalismes en question ». En Italie, cela fait un an et demi qu'elle est au pouvoir et elle va affronter le 9 juin prochain, avec les élections européennes, son premier grand test électoral. Forte du soutien de sa base, confortée par le succès de sa stratégie de normalisation, Giorgia Meloni veut servir de référence à l'extrême-droite européenne et espère, à l’issue de ce scrutin, peser le plus possible sur les choix politiques de l'Union européenne.

    « Ici, avant, il n’y avait que des cabanes ! C’était une zone presque rurale, avec des champs tout autour de l’église et puis, petit à petit, cette partie de la ville est sortie de terre avec les logements construits par Mussolini ». Il est 9 heures du matin, Giuliana prend le temps de boire un petit café avec ses amies avant d’aller faire ses courses. Cette restauratrice à la retraite habite depuis les années 1980 à la Garbatella, un quartier populaire de Rome réputé pour ses petites ruelles et ses maisons typiques des années 1930. La Garbatella a servi de décor à de nombreux films italiens, dont le fameux « Journal Intime » de Nanni Moretti, mais est surtout connue désormais pour avoir été le quartier de jeunesse de Giorgia Meloni, la dirigeante italienne arrivée au pouvoir à l’automne 2022. « Mon neveu est allé dans la même école », lance Guilana, tout sourire… « et quand le recteur est mort, elle est venue à la messe pour lui rendre hommage ! Je suis vraiment fière qu’elle soit de notre quartier. Et ce qui me rend fière c’est qu’elle est restée telle qu’elle était… Et puis j’aime sa façon de penser, je l’aime parce qu’elle fait beaucoup pour les gens… et qu’elle est restée proche de nous ! »

    Lors des élections législatives de l’automne 2022, Giorgia Meloni a obtenu 20% des voix à la Garbatella, un score inférieur à sa moyenne nationale mais très élevé pour un quartier qui a toujours voté à gauche. Venue de l’extrême droite et d’un parti néofasciste qui a renié ses origines sulfureuses, la cheffe de Fratelli d’Italia s’est imposée dans les urnes en prônant le retour aux valeurs familiales, et une lutte sans merci contre l’immigration illégale. Et c’est bien ce discours populiste et autoritaire qui a séduit Gerardo, un vendeur de fruits et légumes installé à la Garbatella depuis 25 ans. « Aujourd’hui, avec tous ces non-européens qui sont ici, vous ne pouvez plus circuler dans la rue à certaines heures parce que vous risquez d’être agressé, ou violée si vous êtes une femme », s’indigne-t-il entre deux clients. « Nous, en Italie, nous avons besoin de plus de sécurité, de surveillance. »

    Autre attente des électeurs de Giorgia Meloni : le changement, la rupture avec tous les partis qui ont dirigé l’Italie au cours des dix dernières années… « Moi j’ai voté pour elle parce que je veux qu’elle change le système », pointe Gerardo. « Avant elle, on a essayé le Mouvement 5 étoiles, la Ligue du Nord… mais on a bien vu qu’ils n’étaient pas à la hauteur ! Elle est partie du bas, elle est restée simple et elle a fait son chemin lentement… Et même si tout n’a pas changé depuis qu’elle est élue, il faut lui laisser du temps. C’est comme une plante qu’on a semée, il faut la laisser grandir, la laisser arriver à maturité. »

    « Fasciste, raciste et homophobe »

    18 mois après sa victoire éclatante aux législatives, Giorgia Meloni conserve le soutien de sa base électorale. Et à quelques semaines des élections européennes, les sondages annoncent un résultat supérieur aux 25% remportés par son parti, les Fratelli d’Italia, aux législatives de 2022. Face à cette victoire annoncée du parti d’extrême-droite, les électeurs de gauche ne cachent ni leur inquiétude ni leur découragement. « Je ne l’aime pas, je n’aime pas ce qu’elle dit, je n’aime pas sa politique, souffle Christina, une comédienne de 28 ans, lunettes noires et cheveux teintés en bleu. Elle est raciste, elle n’aime pas les homosexuels et dit vraiment des saloperies sur eux… » Même rejet, même inquiétude chez Rita, kinésithérapeute à la retraite qui vote communiste et se dit antifasciste : « ce qui m’inquiète c’est cette focalisation sur la famille traditionnelle, sur l’immigration. Meloni est insupportable dans sa façon de se comporter. Et puis elle est trop à droite, trop fasciste… ça ne me correspond pas du tout ». Pour ces deux électrices de gauche, Giorgia Meloni n’a pas réellement rompu avec son passé de militante au sein du MSI, le parti néo-fasciste italien. En revanche, auprès de ses électeurs de droite, le travail de normalisation a fini par payer. À la tête des Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni se veut la championne d’une droite conservatrice, décomplexée, mais qui refuse d’être considérée comme un parti d’extrême-droite... et surtout qui assure avoir pris ses distances avec le passé fasciste de l’Italie.

    Cette stratégie de normalisation, Giorgia Meloni l’a d’abord mise en œuvre pour rassurer les électeurs italiens. Puis, une fois élue, elle l’a de nouveau employée, mais cette fois vis-à-vis de l’extérieur. « Elle a passé ces 18 derniers mois à essayer de se renforcer aux yeux de l’opinion publique internationale », décrypte l’historien Giovanni Orsina, de l’Université Luiss à Rome. « Elle a fait un travail énorme pour se légitimer et pour dissiper l’idée qu’elle était une dangereuse fasciste et qu’elle allait tout casser. Elle a voulu montrer qu’elle était une interlocutrice valable vis-à-vis de l’Europe, vis-à-vis de l’Otan. Et elle y est parvenue ! »

    À l’extérieur de l’Italie, Giorgia Meloni prend du galon et s’affiche aux côtés de Joe Biden, le président américain, ou d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Elle apparaît comme un fervent soutien de l’Ukraine, et affiche clairement son hostilité à la Russie de Vladimir Poutine. Elle joue aussi un rôle important dans les négociations entre dirigeants européens à Bruxelles, pour conclure le Pacte asile et migrations, ou pour convaincre Viktor Orban de ne pas entraver l’aide à l’Ukraine. À l’extérieur, Meloni offre donc le visage d’une droite fréquentable, et pas si radicale que cela. À l’intérieur en revanche, la dirigeante italienne donne des gages à son électorat et elle le fait sur deux grands thèmes : les valeurs familiales et la lutte contre l’immigration illégale.

    « Un leurre pour l’opinion italienne »

    Dans le nord-ouest de Rome, juste en contrebas du Verano, le plus grand cimetière de la ville, un attroupement se forme à la tombée de la nuit, le long d’une large avenue embouteillée. C’est ici que tous les soirs, les bénévoles de l’ONG Baobab Experience viennent en aide aux migrants illégaux que la route de l’exil a conduits jusqu’à Rome. « On leur apporte de quoi manger, des vêtements et aussi des couvertures ou des sacs de couchage pour la nuit, parce qu'il n'y a pas de centre pour les migrants en transit à Rome » , explique Andrea Costa, président de Baobab Experience. « Depuis 2015, la majorité des personnes que nous aidons vient d’Afrique de l’Est : Éthiopie, Érythrée, Soudan, Somalie… »

    Le long du mur, assis sur le trottoir, Jack vient de terminer son repas : des pâtes au pesto, un fruit et quelques biscuits. Maintenant rassasié, ce jeune Soudanais nous raconte son périple, de son pays en guerre à la Libye, puis à la Tunisie, et enfin la traversée de la mer Méditerranée. « Je suis arrivé à Lampedusa, et de Lampedusa ils nous ont emmenés en Sicile, à Catane, et ensuite à Rome. Ici je dors dans la rue, dans le froid… Il n’y a que ces gens qui nous aident, qui nous donnent à manger le soir. »

    Durant la campagne électorale qui l’a menée au pouvoir, Giorgia Meloni a promis un blocus maritime pour empêcher l’arrivée des réfugiés sur le sol italien. Une promesse radicale, que la dirigeante n’a jamais appliquée. Mais son gouvernement a rendu plus difficile le travail des ONG qui viennent en aide aux réfugiés, que ce soit en mer lors des sauvetages, ou sur terre, une fois débarqués. Quant à la situation en Italie des migrants illégaux, elle n’a fait qu’empirer. « Giorgia Meloni est clairement en train d’aggraver les choses pour les réfugiés en rendant les voyages de moins en moins sûrs, de plus en plus dangereux et mortels, dénonce Alice Basiglini de l’ONG Baobab Experience. Et puis, une fois arrivées, toutes ces personnes sont laissées dans un vide juridique pendant très longtemps, sans avoir la possibilité d'obtenir des documents, sans hébergement et sans possibilité de travailler légalement. Je pense que l’objectif principal de Meloni est de surfer sur la rhétorique de la prétendue « invasion de migrants » parce que c’est utile à son récit politique. Au niveau économique ou diplomatique, elle ne s’est pas vraiment différenciée des gouvernements qui l’ont précédée… donc elle se sert de ce thème comme d’un leurre pour l’opinion publique. »

    DIAPORAMA

    « Je suis une mère chrétienne et italienne ! »

    L’autre grand thème de prédilection pour Giorgia Meloni sur la scène intérieure, c’est la défense des valeurs traditionnelles : la glorification d’une Italie chrétienne, attachée à la famille, et opposée à ce que la dirigeante italienne a qualifié de « lobby LGBT ». « Moi, je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère ! scandait-elle sur les tribunes électorales en 2022, pour le plus grand bonheur de ses partisans…. Je suis italienne ! Je suis chrétienne ! Et personne ne me l’enlèvera ! » Depuis son arrivée au pouvoir, dans les régions italiennes, l’accès à l’avortement n’est pas interdit, mais il est rendu plus difficile selon les associations féministes… quant aux familles homosexuelles, elles ont vu leurs droits parentaux remis en question devant les tribunaux italiens. « Quand mon fils est né, seule ma partenaire a pu le reconnaitre, raconte Alessia Crocini, militante LGBT et présidente de l’association Famiglie Arcobaleno (Familles Arc-en-Ciel)… J’ai dû faire une procédure d’adoption et j’ai finalement réussi… aujourd’hui il a deux parents et il porte mon nom de famille. » Alessia Crocini nous reçoit dans la chambre de son fils et s’excuse avec le sourire du désordre et des boîtes de Lego qui s’empilent dans un coin de la pièce. Durant les huit années qui ont précédé l’adoption, Alessia a vécu le calvaire des « parents fantômes », sans aucun droit parental sur son fils. « Je ne pouvais pas prendre de décisions en matière de santé, je ne pouvais pas l’emmener se faire vacciner ou aller chez le pédiatre. Parce que vous n’êtes pas un parent légal vous n’êtes rien, vous êtes comme un baby-sitter ou un étranger. C’est difficile de devoir expliquer ça à son enfant, et lui expliquer ce qu’est l’homophobie. »

    En janvier 2023, quelques mois après l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni, son gouvernement demande aux mairies italiennes de ne plus tolérer la double parentalité pour les familles homosexuelles… un cauchemar pour les mères qui ont dû alors défendre en justice leurs droits parentaux. « À Padoue, 38 certificats de naissance ont été contestés par le procureur qui a tenté d’annuler les actes de naissance d’enfants âgés de sept ou huit ans, s’indigne Alessia. En première instance, la justice a donné raison aux familles et a confirmé les actes de naissance. C’est une victoire mais la décision va être examinée en appel et cela ira sûrement jusqu’à la Cour de Cassation. »

    Pour la militante, ce combat judiciaire est le premier acte d’une offensive anti-LGBT voulue par le gouvernement Meloni, une offensive qui évoque selon elle le climat homophobe régnant dans d’autres pays de l’Union européenne, tels que la Hongrie ou la Pologne avant la défaite du PiS (Parti Démocratie et Justice, droite conservatrice) à l’automne dernier (2023). « Il suffit de penser à ce phénomène médiatique qui a explosé en Italie l’année dernière, avec le Général Roberto Vannaci. Ce général a publié un livre homophobe dans lequel il dit que les homosexuels ne sont pas des gens normaux. Ce type est invité à la télévision tous les jours… Et la Ligue du Nord et Fratelli d’Italia se le disputent pour qu’il soit candidat sur leur liste aux Européennes ! »

    Double visage, double discours

    Une approche modérée et conciliante à Bruxelles et sur la scène internationale, mais une politique intérieure beaucoup plus offensive sur l’immigration et sur les valeurs traditionnelles : c’est ce double visage, ce double discours, que dénonce la gauche italienne depuis que Giorgia Meloni est arrivée au pouvoir. Dans une salle de réunion de la Chambre des députés à Rome, nous rencontrons Giuseppe Provenzano, parlementaire, ancien ministre, et membre du Parti Démocrate. « Il y a un fil rouge ou plutôt un fil noir qui relie toutes les politiques de ce gouvernement depuis le premier jour, c’est l’attaque contre l’égalité : l’égalité des droits et l’égalité sociale. Meloni a coupé dans les aides sociales, dans les soins de santé. Et les seuls qui ont bénéficié de sa politique ce sont les fraudeurs fiscaux ». La gauche italienne s’inquiète également du projet de réforme constitutionnelle de Giorgia Meloni, qui veut renforcer les pouvoirs du chef du gouvernement – en le faisant élire directement par les Italiens. « C’est le projet le plus dangereux de Giorgia Meloni, celui d’un présidentialisme sans contre-pouvoir. Elle veut faire cela parce qu’elle est l’héritière des néofascistes italiens, et parce qu’elle a besoin d’écrire une nouvelle Constitution pour se légitimer en tant que cheffe de file de la nouvelle droite italienne et européenne. »

    De fait, Giorgia Meloni espère accroître son influence en Europe à l’issue des élections du 9 juin. Une ambition clairement assumée par Tommaso Foti, le chef du groupe Fratelli d’Italia à la Chambre des députés. « Notre objectif était de créer une droite moderne, une droite de gouvernement, une droite capable de redonner à l’Italie un rôle décisif en Europe, et je peux dire que notre objectif a été atteint, plastronne le député d’Emilie-Romagne, qui a participé à la fondation de Fratelli d’Italia en 2012, aux côtés de Giorgia Meloni. À présent, nous pensons que nous pouvons apporter à l’Europe un système équivalent à ce que nous avons réalisé en Italie. Notre projet est une Europe qui gouverne sans les socialistes et sans ces groupes qui se définissent comme écologistes mais qui sont en réalité des éco-extrémistes. »

    Un trait d’union entre les droites

    Forte de son expérience gouvernementale et d’un résultat qui s’annonce prometteur aux Européennes du 9 juin, la dirigeante italienne pourra sinon jouer les « faiseuses de rois » au sein des institutions européennes, en tout cas s’imposer comme une interlocutrice cruciale, à Strasbourg comme à Bruxelles. Mais quelle sera la stratégie européenne de Giorgia Meloni au sein du Parlement européen ? Que fera-t-elle du groupe ECR (Conservateurs et Réformistes Européens), le groupe de droite nationaliste dont les Fratelli d’Italia devraient devenir la principale composante après les élections ? Pour Giovanni Orsina de l’Université Luiss de Rome, la dirigeante italienne voudra en premier lieu défendre les intérêts italiens et accroître son influence au sein des institutions. « Tout d’abord, elle voudra être un acteur majeur de la négociation pour la prochaine Commission. Il faudra sans doute qu’Usrula von der Leyen, la présidente de la Commission, élargisse vers la droite sa majorité… et en échange de son soutien Meloni voudra probablement son propre commissaire. Bien entendu, je pense qu'une stratégie plus large sera de déplacer le plus à droite possible le curseur politique au sein du Parlement. »

    À quelques semaines du scrutin, les sondages accordent une large avance à Giorgia Meloni et à son parti Fratelli d’Italie, une poussée à droite que la dirigeante italienne anticipe et espère également dans le reste de l’Union européenne. « L’idée de Giorgia Meloni, c’est de devenir un trait d’union, un intermédiaire entre l’extrême-droite et la droite traditionnelle du PPE, le Parti Populaire européen », conclut Giovanni Orsina. « Elle veut être celle qui pourra dialoguer à la fois avec les chrétiens-démocrates allemands et avec le RN français. Aujourd’hui, ce dialogue est impossible parce que la droite traditionnelle considère que l’on ne peut pas discuter avec Marine Le Pen… Mais dans deux ou trois ans ? Nous n’en savons rien. Giorgia Meloni pense que l’avenir appartient à la droite et qu’il y a des forces à droite qu’il faudra bien finir par accepter. »

  • C’était l’an dernier (2023), le président tunisien s’en prenait aux migrants, établis ou de passage en Tunisie. Des propos qui avaient été suivis de semaines de violences anti-Noirs qui ont culminé, durant l'été 2023, avec des migrants déportés par centaines vers des zones désertiques ou vers les frontières avec l’Algérie et la Libye. Sans eau, sans nourriture, et en plein été. Aujourd’hui, les migrants sont moins nombreux dans les grandes villes de Tunisie, les tensions ont-elles pour autant disparu ?

    « Le supplice des migrants subsahariens en Tunisie », un Grand reportage d'Amira Souilem.

  • C’est devenu un fait de société, en France, ailleurs aussi. Les jeunes vont mal, la santé mentale se dégrade avec notamment des dépressions de plus en plus tôt. Et la crise sanitaire liée au Covid a tout accéléré. Dans le nord de la France, les passages aux urgences pour gestes et idées suicidaires, les consultations pour troubles anxieux et angoisses ont augmenté chez les 10 ans et plus.

    En 2021, les tentatives de suicides chez les jeunes étaient même 4 fois supérieures à la moyenne nationale. Une dégradation de la santé mentale qui se heurte à une dégradation du secteur psychiatrique en crise depuis plusieurs années.

    « Santé mentale des jeunes, les difficultés de la prise en charge », un Grand reportage de Lise Verbeke.

  • Un fauteuil à Sciences Po

    Selon les chiffres du ministère de l'Enseignement supérieur, à la rentrée 2021, on comptait 51 000 étudiants en situation de handicap dans les établissements d’enseignement supérieur publics, soit 2,2 % de l'ensemble des étudiants. Face aux difficultés, beaucoup abandonnent leurs études. Laurence Théault a suivi Eymerick Truffert dans son quotidien à Sciences Po.

    Un Grand reportage de Laurence Théault qui s'entretient avec Patrick Adam.

    Dans le camp de Zebilla au Ghana, les réfugiés du Burkina s'adaptent à leur nouvelle vie

    Dans le nord du Ghana, une partie des réfugiés vivent dans le camp de Zebilla. Après avoir subi les traumatismes, ils vivent aujourd’hui en bonne entente avec les Ghanéens. Parmi les déplacés, seule la communauté peule se sent parfois mise à l’écart.

    Un Grand reportage de Caroline Chauvet qui s'entretient avec Patrick Adam.

  • Afrique du Sud : 30 plus tard, que deviennent les enfants de la liberté ?

    En Afrique du Sud, c’est le temps du bilan pour le Congrès National Africain, l’ANC. Il y a 30 ans, des files interminables se formaient à l’extérieur des bureaux de vote du pays, pour le tout premier scrutin multiracial. Avec l’élection de Nelson Mandela, les Sud-Africains écoutaient, pleins d’espoir, les promesses de son parti, et rêvaient d’une société arc-en-ciel pour tourner la page de l’apartheid. Aujourd’hui, la corruption et les limites des politiques publiques sont passées par là... les trentenaires à qui on avait prédit une vie meilleure ont vécu des expériences très différentes, qui reflètent les défis post-apartheid.

    Un Grand reportage de Romain Chanson et Claire Bargelès qui s'entretiennent avec Patrick Adam.

    Slovénie, la vallée de la Vipava s'adapte au changement climatique

    Nichée entre les Alpes juliennes et la mer Adriatique, la vallée slovène de la Vipava subit de plein fouet les conséquences du changement climatique. Ses vergers, ses vignes souffrent de la sécheresse, ses habitants tentent d'y faire face par différentes actions.

    Un Grand reportage d'Agnieszka Kumor qui s'entretient avec Patrick Adam.

  • Nichée entre les Alpes juliennes et la mer Adriatique, la vallée slovène de la Vipava subit de plein fouet les conséquences du changement climatique. Ses vergers, ses vignes souffrent de la sécheresse, ses habitants tentent d'y faire face par différentes actions.

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