Afleveringen

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    Une conversation entre Aliette Martin, Olivier Giel et Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 20 septembre 2024.

    Le quatrième et dernier épisode de notre série en compagnie d’Aliette Martin et Olivier Giel de la Comédie-Française fait le point sur l’importance du répertoire au sein duquel les administrateurs doivent puiser pour les représentations données salle Richelieu. Il évoque l’importance du principe de l’alternance des spectacles, spécifique à la Comédie-Française, à la fois pour les acteurs et pour les techniciens.

    Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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    Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 8 novembre 2024.

    Avec cette semaine :

    Nicolas Baverez, essayiste et avocat.Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.

    L’ÉLECTION ET LA SITUATION DES ÉTATS-UNIS

    Aux Etats-Unis, trois ans après avoir quitté le bureau ovale, Donald Trump a été élu 47ème président des 244 millions de citoyens américains. Pour la première fois depuis 2004, les Républicains ont remporté le vote populaire en plus d’une nette majorité de grands électeurs. Selon les dernières projections, 64,5% des Américains ont voté soit la deuxième plus forte participation depuis 1908, juste derrière 2020. Donald Trump a remporté la totalité des États pivots, tandis que son parti a décroché dans le même temps la majorité au Sénat. C'est la première fois qu'un candidat républicain remporte le vote populaire depuis George W. Bush en 2004, et la seconde fois qu'un président est réélu pour un second mandat non consécutif depuis Grover Cleveland en 1892. L’ampleur de cette victoire « haut la main » provoque la surprise, les sondages ayant longtemps été favorables à Kamala Harris, puis les deux candidats ayant été annoncés « au coude-à-coude » au cours des dernières semaines de la campagne.

    Élu une première fois en 2016, battu de justesse en 2020 par Joe Biden lors d’un scrutin dont il n’a jamais reconnu les résultats, Donald Trump a revendiqué une « victoire politique jamais vue » dans le pays, et promis un nouvel « âge d’or » aux Américains. Sa victoire, le candidat républicain la doit à une stratégie électorale risquée : miser d'abord sur l’Amérique rurale. Il a rassemblé 55% des voix chez les blancs non diplômés et 60% dans les campagnes. Un socle ultra solide qui s'est aussi élargi : Trump fait mieux qu’en 2020 dans « quasiment tous les groupes démographiques » dont certains piliers de l’électorat démocrate : les femmes (+ 2 points qu’en 2020), les Hispaniques (+6) les Afro-américains (+7) et surtout les jeunes hommes (le "bro vote", +15). A l’inverse, Kamala Harris ne progresse que chez les femmes diplômées et échoue à mobiliser sur l’avortement et la défense de la démocratie : elle réalise 80% des votes chez ceux plaçant ces deux thèmes comme priorité mais cela est compensé intégralement par les 80% de votes contraires chez ceux favorisant l’immigration ou l’économie. Au lendemain du scrutin, Kamala Harris a reconnu sa défaite. Après avoir appelé son adversaire pour le féliciter, la candidate démocrate a appelé ses soutiens à accepter les résultats.

    Au lendemain de la victoire de Donald Trump, la bourse américaine s’est envolée, le dollar a connu sa plus forte hausse depuis huit ans, le bitcoin - soutenu par Trump - a dépassé pour la première fois les 75.000 dollars.

    CONSÉQUENCES POUR L’EUROPE ET LA FRANCE

    Le triomphe de Donald Trump impactera l'économie mondiale. Le candidat républicain souhaite augmenter les droits de douane de 10 ou 20% sur tous les produits importés aux Etats-Unis. Une surtaxe conséquente, au regard des 3,3% de droits de douane moyens pratiqués aujourd'hui. En 2023, l'Union européenne a importé 344 milliards d'euros de biens d'outre-Atlantique et lui en a exporté pour 502 milliards d'euros. Un déficit commercial de 158 milliards de dollars insupportable aux yeux de Donald Trump. Il compte aussi surtaxer de 60 % ceux qui proviennent de Chine, faisant peser sur l’Union européenne la menace de voir les industriels chinois réorienter leurs exportations vers le Vieux Continent.

    Parmi les Vingt Sept réunis jeudi et vendredi à Budapest, une petite minorité souhaitait la victoire de Donald Trump. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, dont le pays occupe jusqu’à fin décembre la présidence du Conseil de l’UE et qui reçoit ses homologues à ce titre, le Slovaque Robert Fico, tandis que l’Italienne, Giorgia Meloni reste ambiguë. Les Vingt-Sept sont tiraillés par des intérêts divergents. Paris, chantre de l’autonomie stratégique de l’Union, prône l’instauration d’un rapport de force musclé avec Washington, si cela se révélait nécessaire. Mais plusieurs États membres sont pour la prudence, redoutant les mesures de rétorsion. A commencer par l’Allemagne, dont la coalition est secouée par le limogeage du ministre des finances libéral, et qui, en plus de son tropisme transatlantique et de son attachement au parapluie militaire américain, a un besoin impérieux d’exporter ses voitures et ses machines-outils de l’autre côté de l’Atlantique. Comme l’Italie, pour qui le marché américain est également un débouché essentiel. L’impact de cette élection concernera aussi les secteurs secteurs énergétique, technologique, militaire et géopolitique, avec, en ligne de mire, l'avenir de la guerre russo-ukrainienne et le spectre d'une déstabilisation des pays frontaliers en cas d'affaiblissement, de l'OTAN : la Pologne et les pays baltes, notamment, ont pour obsession de conserver les garanties de sécurité américaines offertes par l’OTAN. Que ce soit parce qu’il est vital pour leurs industriels de continuer à exporter outre-Atlantique ou pour s’assurer que Washington continuera à les protéger d’éventuelles agressions extérieures, une majorité des Vingt-Sept ne semble pas spontanément disposée à engager un bras de fer avec l’allié américain.

    Les rapports de force que Donald Trump devrait engager avec l’Europe porteront également sur la propagation des ressorts idéologiques et stratégiques qui ont « fait » sa victoire et pourraient consolider la doxa des extrêmes droites dans des démocraties déstabilisées et sous tension.

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    Une conversation entre Aliette Martin, Olivier Giel et Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 20 septembre 2024.

    Le troisième épisode de notre série consacrée à la Comédie-Française en compagnie d’Aliette Martin et Olivier Giel questionne les évolutions du rôle du public et le travail engagé par la Maison pour attirer un public plus jeune, notamment scolaire, qui représente 30% du public environ. Cet épisode aborde aussi les différents types de metteurs en scène et met en perspective les différences qui existent entre la Comédie-Française et la Royal Shakespeare Company de Londres.

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    Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 31 octobre 2024.

    Avec cette semaine :

    Antoine Foucher, spécialiste des questions sociales, auteur de Sortir du travail qui ne paie plus.David Djaïz, entrepreneur et essayiste.Matthias Fekl, avocat et ancien ministre de l’Intérieur.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.

    SORTIR DU TRAVAIL QUI NE PAIE PLUS : DIAGNOSTIC

    Antoine Foucher spécialiste des questions sociales, vous publiez, « Sortir du travail qui ne paie plus » le premier ouvrage publié dans une nouvelle collection dirigée par Laurent Berger « La société du compromis » aux éditions de l’Aube. D’abord un diagnostic : Dans une société fondée sur le travail, le travail permet de changer de niveau de vie. La majorité de ce que les gens possèdent provient de leur travail. Ceux qui travaillent vivent mieux que ceux qui ne travaillent pas. Or en ce début de XXIe siècle, plus aucune de ces trois propositions ne se vérifie en France. Depuis une quinzaine d’années, avec une augmentation moyenne du pouvoir d’achat de 0,8% par an, travailler ne permet plus à la majorité des gens de changer de niveau de vie. Dans les années 50/60,pour doubler ce niveau de vie il fallait une quinzaine d'années de travail ;désormais il en faut plus de quatre-vingts. Non seulement, le travail ne permet plus de changer de niveau de vie, mais la durée du travail ne diminue plus. Pour la première fois depuis 1945, il va falloir travailler autant, voire davantage que ses parents, et sans avoir l’espérance de vivre beaucoup mieux qu’eux. Chacun s’adapte comme il peut à cette nouvelle réalité, en combinant trois types de réaction : la résistance au travail, sa relativisation, ou, à l’inverse, la recherche dans le travail d’un sens à l’existence.

    La stagnation générale et durable du pouvoir d’achat provient du ralentissement des gains de productivité (la quantité de biens et services produits par unités de travail) dû d’abord à la désindustrialisation, car c’est dans l’industrie que les gains de productivité sont les plus forts, dû ensuite au remplacement des emplois industriels détruits par des emplois de services, les uns bien ou très bien rémunérés (banque, assurance, conseil, professions juridiques, …), les autres, peu rémunérés et peu susceptibles d’évolution (hôtellerie, restauration, événementiel, sécurité, propreté, aides à domicile…). La troisième raison est que nous ne sommes plus un peuple bien formé. Nous sommes désormais moyennement compétents avec en outre une inadéquation croissante entre les formations choisies et les compétences attendues par les entreprises.

    Cette nouvelle donne et les adaptations qu’elle provoque sont le début d’une nouvelle époque : la transition énergétique va peser durablement sur le pouvoir d’achat des travailleurs et le vieillissement démographique - quatretravailleurs pour prendre en charge un retraité dans les années 1960, trois dans les années 1980, deux en 2000, plus que 1,7 aujourd’hui - nécessitera un allongement progressif de la durée de travail pendant la vie.

    Dernier point, mais non le moindre, ... aujourd’hui, nous taxons le travail 8 fois plus que l’héritage, 2 fois plus que les retraites et 1,5 fois plus que l’investissement. La taxation du travail apparait comme un moindre mal, comme celle que nous tolérons collectivement le plus.

    SORTIR DU TRAVAIL QUI NE PAIE PLUS : PROPOSITIONS

    Nous voulons un travail qui nous permette d’améliorer notre niveau de vie, qui ne nous empêche pas de vivre notre vie familiale et privée, qui ait un sens pour  nous, et dont nous soyons fiers. Pour que le travail paie à nouveau, il faut un nouveau compromis entre le travailleur, l’héritier, le retraité et l’investisseur. Renouer avec les gains de productivité, et donc réindustrialiser et innover dans tous les domaines demande du temps. Plusieurs décennies c’est également la durée nécessaire pour remonter le terrain perdu en matière d’éducation, de formation, de compétences. Dans l’immédiat, il est possible de rééquilibrer les différents niveaux de taxation. En moyenne, nous taxons le travail à 46%, le capital à 30%, les pensions de retraite à 14% et l’héritage à 6%.

    Pour que la grande majorité des travailleurs voient leur pouvoir d’achat augmenter de 2% par an, au moins pendant 5 ans, il faut un big bang populaire en faveur du travail de 100 milliards d’euros. Il n’y a que deux manières d’améliorer la rémunération du travail de 100 milliards d’euros : baisser l’impôt sur les revenus du travail ou baisser les cotisations salariales. La forme la plus juste et la plus efficace serait une baisse de cotisations salariales de 10 points, soit 2 points par an pendant 5 ans. Pour compenser la baisse de 100 milliards de recettes pour les finances publiques, un effort serait demandé à tous les rentiers :retraités les plus aisés, héritiers les plus chanceux et consommateurs. En haussant le prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital de 30 à 36%. En doublant de 5 à 10% l’impôt sur les héritiers les plus chanceux (plus de 500.000 euros) et jusqu’à 20% au-delà de 13 millions d’euros. Les 20% de retraités les plus aisés, touchant une pension nette mensuelle à supérieure à 2.000 euros, se verraient demandé un effort par une stabilisation de leur pension pendant 3 ans. Pour les consommateurs, la TVA passerait en moyenne de 9,7 à 13, 7%. Une telle évolution ne verra le jour que si elle est décidée directement par les Français par voie de référendum.

    Une société idéale permettrait à chacun de s’épanouir dans son travail. Un travail choisi dans lequel on se réalise. Un conflit existe toutefois en chacun de nous entre nos désirs en tant que travailleur, citoyen et consommateur. Pour résorber cet écart, l’auteur propose de créer les conditions pour chaque travailleur qui le souhaite puisse, au moins une fois dans sa vie, changer de métier et se reconvertir vers une activité qui lui convienne davantage. Le compromis consisterait en ce que chaque individu doit au collectif une quantité minimum de travail pendant sa vie, en contrepartie, chacun peut, individuellement, assumer ce travail durant sa vie selon son rythme et ses projets. Travailler intensément mais moins longtemps, travailler à temps partiel, s’arrêter de travailler une ou deux fois dans sa vie mais travailler plus âgé pour compenser. La liberté d’organiser différemment son travail et son intensité de travail aux différentes phases de sa vie représenterait un progrès social historique, nous rendant chacun davantage maître de notre destin.

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    Une conversation entre Aliette Martin, Olivier Giel et Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 20 septembre 2024.

    Dans ce deuxième épisode consacré à deux figures emblématiques de la Comédie-Française, Aliette Martin et Olivier Giel, nos invités abordent l’organisation et l’évolution de la troupe depuis un demi-siècle, évoquent les principaux acteurs ayant marqué la troupe, et discutent de l’intérêt, pour la Comédie-Française, de disposer de trois salles pour ses représentations.

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    Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 25 octobre 2024.

    Avec cette semaine :

    Nicolas Baverez, essayiste et avocat.François Bujon de l’Estang, ambassadeur de France.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l’Institut Jacques Delors.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.

    LA SANTÉ MENTALE « GRANDE CAUSE NATIONALE »

    Le Premier ministre a annoncé fin septembre qu’il souhaitait faire de la santé mentale la grande cause nationale en 2025. Crée en 1977, le label « grande cause nationale » est décerné à un thème de société porté par des organismes à but non lucratif ou des associations. Il permet notamment une visibilité accrue, via des messages sur les radios et télévisions publiques. Affirmant qu’il s’agit pour lui d’une cause presque familiale à l’origine du fait de l’engagement de sa mère sur le sujet, Michel Barnier a évoqué sa volonté de décentraliser la prise en charge des patients. Devant les députés, lors de son discours de politique générale, le 1er octobre, il a rappelé que « les crises successives, dont le Covid, ont eu un effet important et aggravant » sur le bien-être psychique des Français, notamment celui des plus jeunes et précisé qu’«un Français sur cinq connaît des problèmes de santé mentale à un moment donné de sa vie », soit 13 millions de personnes. Une récente étude réalisée par Indeed et OpinionWay atteste aussi d’un mal-être grandissant dans le milieu professionnel : près d'un salarié sur deux (48%) craint pour sa santé mentale tandis qu'un tiers a déjà été concerné par un burn-out. Ces troubles représentent le premier poste de dépenses du régime général de l'assurance maladie, avant les cancers et les maladies cardio-vasculaires, pour un montant de 25 milliards d'euros. En intégrant les coûts indirects - liés notamment aux arrêts de travail longs dont elle est la première cause - la dépense annuelle en santé mentale atteindrait les 163 milliards d'euros en 2018 contre 109 milliards d'euros en 2007, soit 4% du PIB.

    Un coup de projecteur réclamé depuis un an par un collectif de plus de 3.000 organisations. Depuis 2010, 310 postes de psychiatre n'ont pas été pourvus à l'internat, dont 65 % entre 2019 et 2023. En 2023, 67 postes, sur 547 ouverts, sont restés vacants. La capacité d’accueil des hôpitaux est passée de 100.000 lits à 80.000 lits entre 1997 et 2021. La répartition géographique des psychiatres est très inégale. La pédopsychiatrie est un domaine sinistré avec un nombre de praticiens divisé par deux. Une dizaine de départements n’a même plus un seul praticien. le Premier ministre a annoncé un doublement du nombre de maisons des adolescents et la généralisation de la formation aux premiers secours en santé, propositions reprises du rapport du Haut-commissaire au plan François Bayrou. Michel Barnier propose également de consolider la prévention des maladies mentales. Il souhaite que la recherche en la matière soit encouragée. Il insiste aussi sur la nécessité de favoriser les rapprochements entre structures pour améliorer l'efficacité de l'accompagnement. Le tout pour un montant envisagé de 600 millions d’euros.

    LA CORÉE DU NORD ET L’IRAN AVEC LA RUSSIE CONTRE L’UKRAINE 

    Après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, Pyongyang et Moscou n'ont cessé de se rapprocher. La Corée du Nord a fourni des armes et des munitions à l'armée russe, dont au moins 3 millions d’obus d’artillerie et des dizaines de missiles balistiques. En retour, selon un rapport du renseignement américain paru en mai, la Russie aide activement Pyongyang à contourner les sanctions et à développer des systèmes d'armement. En juin, les deux pays ont conclu un « partenariat stratégique global », qui comprend une assistance militaire mutuelle. Pour la Corée du Nord les revenus générés par les ventes d'armes qui s’ajoutent au blocage russe de nouvelles sanctions au Conseil de sécurité, contribuent à stabiliser l'économie nationale, qui a souffert de plusieurs années d'isolement. La guerre en Ukraine fournit également de précieux enseignements à Pyongyang sur l'utilisation de ses armes sur le champ de bataille ukrainien. Enfin, la Corée du Nord cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine, puissance protectrice de longue date, avec laquelle les relations se sont récemment dégradées.

    Le 18 octobre, le service national de renseignement sud-coréen a annoncé que Pyongyang avait décidé d’envoyer des « troupes importantes » pour combattre aux côtés de la Russie en Ukraine. Au total, 12.000 soldats nord-coréens devraient être déployés. Déjà 1.500 soldats seraient arrivés en Russie répartis dans les bases militaires de l’Extrême-Orient, et devraient rejoindre les lignes de front à l’issue de leur formation. Des Nord-Coréens seraient déjà présents dans la partie occupée de l’Ukraine, le Donbass. Selon les médias ukrainiens, six d’entre eux auraient été tués dans une attaque de missiles ukrainiens près de Donetsk, début octobre. L'OTAN et les Etats-Unis disent avoir des « preuves » de l'envoi des 12.000 soldats nord-coréens en Russie.

    Ces derniers mois, Moscou n’a pas seulement renforcé sa coopération avec Pyongyang, mais aussi avec la Chine et l’Iran. Les Occidentaux ont acquis la certitude que l'Iran a livré récemment plus de deux cents missiles balistiques Fath-360 à la Russie. Américains et Britanniques craignent que Moscou, en échange de ces armes d'une portée maximale de 120 kilomètres et dotées d'une ogive de 150 kilogrammes, ait « partagé des secrets nucléaires avec l'Iran », comme le soulignait le mois dernier le quotidien britannique The Guardian.

    Le sommet des Brics, qui s’est tenu à Kazan, en Russie centrale, du 22 au 24 octobre, intervient alors que Moscou qui gagne militairement du terrain en Ukraine, a forgé des alliances étroites avec les plus grands adversaires des Etats-Unis, notamment, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord présentes à ce sommet.

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    Une conversation entre Aliette Martin, Olivier Giel et Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 20 septembre 2024.

    Nous recevons pour ce nouveau bada Aliette Martin et Olivier Giel, qui cumulent à eux-deux un siècle au service de la Comédie-Française. Au cours de ce premier épisode, nos invités exposent leur parcours à la Comédie-Française, ainsi que le fonctionnement particulier de cette institution, notamment la division entre les pensionnaires et les sociétaires, et le système des parts et des feux.

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    Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 18 octobre 2024.

    Avec cette semaine :

    Jean-Louis Bourlanges, essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l’Institut Français de Géopolitique.Michaela Wiegel, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.

    LOI IMMIGRATION EN FRANCE EN 2025, EN ALLEMAGNE ET EN POLOGNE

    Bien que la précédente loi sur l’immigration ait été promulguée il y a moins d’un an, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé un texte sur ce sujet pour le début de 2025, afin, notamment, de prolonger la durée maximale de rétention des étrangers visés par une mesure d’éloignement. Préférence nationale, quotas, délit de séjour irrégulier, renvoi des étudiants étrangers, restriction du regroupement familial et du droit du sol, la plupart de ces mesures, contenues dans la loi sur l'immigration, adoptée fin 2023 par le Parlement, et censurées, dans la foulée, par le Conseil constitutionnel, devraient servir « de base pour le nouveau projet de loi sur l'immigration ». Une « nouvelle loi » sur l’immigration qui s’ajoutera à une longue série de 118 textes depuis 1945. Soit une loi sur l’immigration tous les deux ans en moyenne – sans compter les ordonnances, arrêtés, circulaires et décrets qui se sont multipliés. Bruno Retailleau, a déclaré son intention de mettre fin au « désordre migratoire », quitte à remettre en cause l’Etat de droit qui, selon lui, « n’est ni intangible ni sacré ». Les macronistes sont divisés sur ce projet : Gabriel Attal, ancien Premier ministre et président du groupe Ensemble pour la République à l'Assemblée, estime qu'une nouvelle loi n'est pas prioritaire, tandis que Gérald Darmanin, ancien ministre de l'Intérieur, s'est, lui, déclaré plutôt d'accord avec le projet du gouvernement Barnier.

    A Bruxelles, le débat autour de la migration a pris une nouvelle vigueur dans une orientation toujours plus dure, voire radicale. Désormais, ce mouvement touche aussi la gauche au pouvoir en Allemagne, quelques années après le Danemark. Le changement de pied de la coalition réunissant à Berlin sociaux-démocrates, écologistes et libéraux a désinhibé l’ensemble du continent, entraînant un changement de paradigme. A la surprise générale, Berlin a réinstauré, en septembre, les contrôles à ses frontières intérieures pour bloquer l’entrée de clandestins, écornant un peu plus l’espace Schengen de libre circulation.  L’attentat de Solingen, survenu le 23 août 2024, peu avant des élections régionales à fort enjeu politique dans l’est du pays et lors duquel trois personnes ont été tuées, a poussé le gouvernement à restaurer des contrôles aux frontières et à multiplier les mesures volontaristes comme des restrictions de prestations sociales pour certains réfugiés, examinées ces jours-ci au Bundestag. Le 12 octobre, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, est allé plus loin en demandant à Bruxelles la possibilité de suspendre partiellement le droit d’asile pour les migrants qui entrent illégalement par la frontière biélorusse, assurant qu’il n’appliquerait pas une obligation européenne qui contreviendrait à « la sécurité » du pays. Cette annonce a provoqué la surprise et la consternation au sein de sa coalition démocrate, et une levée de boucliers des organisations de défense des droits humains.

    L’UKRAINE À LA PEINE AVANT L’HIVER ET LE 5 NOVEMBRE

    Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a entamé le 10 octobre une tournée européenne à Londres, Rome, Paris et Berlin, pour présenter son « plan de la victoire », comme il l’avait fait le 26 septembre à Washington. Ce document, qui n’a pas été rendu public, est conçu, d’après les Ukrainiens, comme une nouvelle tentative de mobiliser les soutiens occidentaux sur le plan militaire, économique et diplomatique. L’objectif est d’inverser le rapport de force, à ce jour favorable aux Russes, et de contraindre Vladimir Poutine à entamer, un jour, des négociations. Le président ukrainien espérait obtenir l’autorisation d’utiliser des missiles occidentaux à longue portée sur le territoire russe, et un engagement sur des négociations pour une adhésion à l’OTAN, deux limites pour les Etats-Unis, face au risque d’une escalade avec Moscou.

    Sur le terrain, les forces armées ukrainiennes espèrent épuiser l'armée russe, mais souffrent elles-mêmes d'un manque d'hommes et de munitions. Après de longs mois de guerre de positions durant lesquels la ligne de front n'a que peu évolué, l'Ukraine perd à nouveau du terrain, submergée par les assauts incessants des troupes russes, qui, villages après villes, ont raison des défenses ukrainiennes, mais au prix de larges pertes. Profitant de sa supériorité numérique, la Russie a multiplié les vagues d'assaut sur ses différents couloirs de progression, sans se soucier des pertes occasionnées. Depuis l'offensive ukrainienne début août dans la région de Koursk, les Russes ont conquis plus de 700 kilomètres carrés en l'espace de deux mois ainsi dans le Donbass, une avancée sans précédent depuis 2022.

    Alors que le projet de budget de la Russie pour 2025 prévoit une enveloppe de près de 130 milliards d’euros pour les dépenses militaires, Kyiv ne disposera que d’un plus de 48 milliards d’euros. Une somme largement dépendante du soutien financier et militaire occidental. Or, de ce côté-là, les signaux se font de plus en plus alarmants, alors que l’élection présidentielle américaine de novembre pourrait bouleverser la politique de soutien de son allié le plus puissant. Un vide que les alliés européens de Kyiv ne pourraient pas combler. Le 9 octobre, toutefois, les ambassadeurs des Vingt-Sept auprès de l’Union européenne se sont entendus pour prêter à l’Ukraine jusqu’à 35 milliards d’euros en 2025. Les intérêts des actifs russes gelés permettront de rembourser ce prêt. Si en 2024, l'aide militaire française à l'Ukraine dépassera deux milliards d'euros, notamment grâce à l'utilisation d'intérêts d'avoirs russes gelés, elle n'atteindra cependant pas le maximum de trois milliards envisagé dans un accord de sécurité conclu avec Kyiv, a précisé lundi le ministre des Armées Sébastien Lecornu. Winter is coming.

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    Une émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l’École alsacienne le 13 octobre 2024.

    Avec cette semaine :

    Jean-Louis Bourlanges, essayiste.David Djaïz, entrepreneur, essayiste.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l’Institut Jacques Delors.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.

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    Une émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l’École alsacienne le 13 octobre 2024.

    Avec cette semaine :

    Jean-Louis Bourlanges, essayiste.David Djaïz, entrepreneur, essayiste.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l’Institut Jacques Delors.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.

    LA GAUCHE FAÇON PUZZLE

    Après le bon score de Raphaël Glucksmann aux élections européennes de juin dernier, les socialistes pensaient qu'un espace s'entrouvrait entre le futur successeur d'Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. La dissolution surprise annoncée par le Président de la République est venue tout remettre à plat. Réalisé dans l’urgence, en quatre jours, face à la menace d’un Rassemblement national dont les sondages prédisaient une victoire écrasante, le Nouveau Front Populaire (NFP) a rassemblé La France Insoumise-LFI, le Parti communiste-PCF, Europe écologie les verts-EELV, le Parti socialiste-PS et le Nouveau Parti anticapitaliste-NPA. Sa mobilisation a permis à la gauche d’arriver en tête au second tour des législatives, le 7 juillet, avec 178 députés élus.

    Toutefois, au Parti socialiste comme à la France insoumise, la rentrée s’est déroulée en ordre dispersée avec une éclosion de mouvements et de clubs. Les 5 et 6 octobre, lors de la première université d’été de son mouvement Place publique, Raphaël Glucksmann a officialisé son intention de se porter candidat aux présidentielles de 2027. Il souhaite incarner « une gauche sociale, européenne, humaniste, écologiste et féministe » et dessiné une voie « girondine », ni « succédané du macronisme », ni « populisme de gauche ». Le même jour, Olivier Faure s’est invité à Lomme près de Lille, là où les socialistes nordistes tenaient leur rentrée politique. L’occasion pour le premier secrétaire du PS de compter ses soutiens et de marquer à nouveau sa différence avec Raphaël Glucksmann et les figures de son propre parti, hostiles à une alliance avec le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon. La veille, le maire PS de Saint-Ouen, Karim Bouamrane lançait son propre mouvement, La France humaine et forte. Fin septembre, c’était la présidente du conseil régional de la nouvelle région OccitanieCarole Delga, PS, qui accueillait les quatrièmes rencontres de la gauche, avec notamment Bernard Cazeneuve qui a quitté le PS en 2022 pour fonder son club La Convention, ainsi que Benoit Hamon parti du PS dès 2017 pour créer Génération.s, à la gauche du parti. Du côté de LFI, les dissidents Alexis Corbière ou Raquel Garrido, qui se dénomment, « Les Insurgés » ont lancé L’Après, tandis que François Ruffin a créé Picardie debout, et que Gérard Filoche a lancé la Gauche démocratique et sociale.

    Cependant, malgré les crispations qui rythment le quotidien de la coalition de gauche, socialistes, insoumis, écologistes et communistes feront front commun dans le marathon budgétaire des prochaines semaines. Mercredi à l’Assemblée nationale, le Nouveau Front populaire a présenté dix propositions fiscales, qui prendront la forme « d’amendements communs du NFP » et permettront, selon eux, de dégager 49 milliards d’euros de recettes supplémentaires.

    ISRAËL : SES RESPONSABILITÉS, SES ADVERSAIRES, SES ALLIÉS

    Des failles béantes sont apparues en Israël avant, pendant et même après la violente attaque menée par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023 : les services de renseignement israéliens ont fait défaut, les réponses dans les premières heures n’ont pas été à la hauteur, mais au-delà, c’est tout un système qui est interrogé. La poursuite de la guerre et son extension, aujourd’hui, à toute la région du Moyen-Orient, permettent au Premier ministre israélien, en se maintenant au pouvoir, de retarder aussi la mise en place d’une commission d’enquête, en Israël, devant établir les responsabilités dans les événements du 7 octobre.

    Depuis le 7 octobre 2023, un réseau de groupes paramilitaires, unis par leur opposition aux États-Unis et à Israël, a accentué ses attaques contre Israël : milices chiites en Irak et en Syrie, Hezbollah au Liban, Hamas et Jihad islamique à Gaza, Houthis au Yémen. Chacun entretenant des liens avec Téhéran. Si l’Iran ne semble pas avoir été prévenu par le Hamas de l'attaque du 7 octobre, il voit cependant ses « proxys » détruits les uns après les autres et ses deux frappes de missiles contre Israël - les 13/14 avril et le 1er octobre - guère efficaces, n'ont pas changé la donne. Le guide suprême, Ali Khamenei, a prévenu le 4 octobre que ses alliés, principalement le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien, poursuivraient le combat contre Israël. Dimanche dernier, le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, a menacé l'Iran de frappes similaires à celles menées « à Gaza et Beyrouth ». Un an plus tard, l'Iran se retrouve donc en première ligne face à Israël, soutenu par les Occidentaux et la majorité des pays arabes.

    Les Etats arabes qui ont signé des accords de paix avec Israël, d’abord l’Egypte en 1978, puis la Jordanie en 1994, comme ceux qui ont signé les accords d’Abraham en 2020 (Émirats arabes unis, Barheïn, Maroc et Soudan), n’ont pas rompu leurs liens avec l’Etat hébreu. Bien au contraire, puisque certains ont participé même, comme la Jordanie, à la défense du ciel israélien contre l'Iran.

    Allié majeur d’Israël, les Etats-Unis se sont montrés incapables d'obtenir un accord de cessez-le-feu à Gaza en échange de la libération des otages. Pas plus qu'ils ne sont parvenus à imposer une solution au Liban. Protégeant avec ses propres moyens militaires le ciel israélien contre les missiles iraniens, Washington continue de fournir les armes à Tsahal. Elle tente de peser aujourd’hui pour calibrer la réponse israélienne au bombardement du 1er octobre, afin que Tsahal ne s’en prenne ni au programme nucléaire, ni aux installations pétrolières.

    Emmanuel Macron a appelé à stopper les livraisons d’armes utilisées par Israël à Gaza. La France « ne tolérera pas » que l'armée israélienne vise à nouveau « délibérément » les Casques bleus.

    Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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    Une conversation entre Thomas Patey et Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 14 juin 2024.

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    Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 4 octobre 2024.

    Avec cette semaine :

    Nicolas Baverez, essayiste et avocat.François Bujon de l’Estang, ambassadeur de France.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.Lucile Schmid, vice-présidente de La Fabrique écologique et membre du comité de rédaction de la revue Esprit.

    MICHEL BARNIER : LA STRATÉGIE DE LA TIÉDEUR

     

    Lors de son discours de politique générale sans vote de confiance, le Premier ministre a promis une « double exigence » : la réduction de la dette publique et celle de la dette écologique. Michel Barnier s’est engagé à une méthode faite d’écoute, de respect, et de dialogue et il a dégagé cinq chantiers prioritaires : le pouvoir d'achat, les services publics, la sécurité, l’immigration, et la fraternité. Confirmant son intention de briser le tabou macroniste de la hausse des impôts : le chef de gouvernement a appelé les « grandes et très grandes entreprises qui réalisent des profits importants » et « les Français les plus fortunés » à « un effort ciblé, limité dans le temps », sans livrer davantage de détails. Parmi ses autres annonces, figurent la revalorisation de 2 % du smic dès le 1er novembre en anticipation de la date du 1er janvier,  la correction des « limites » de la réforme des retraites, une réflexion et une action « sans idéologie sur le scrutin proportionnel », la « limitation des possibilités de réduction de peine », et la maitrise de manière « plus satisfaisante » de la politique migratoire, la reprise « immédiate » des travaux de planification écologique, suspendus depuis la dissolution, sans évoquer toutefois de nouvelles mesures ni de nouveaux moyens. Peu de repères temporels ont été donnés. En 2025 : le retour du déficit public à 5 % (puis à 3% en 2029), la lutte pour la santé mentale, le report des élections en Nouvelle-Calédonie, un comité interministériel des Outre-mer, le développement des soins palliatifs …

    Le Premier mininstre a assuré qu’il avait ses « propres lignes rouges », à savoir : « Aucune tolérance » à l’égard du racisme et de l’antisémitisme, des violences faites aux femmes, du communautarisme, « aucun accommodement » sur la défense de la laïcité, et encore « aucune remise en cause des libertés conquises au fil des ans », dont la loi Veil sur l’IVG, la loi sur le mariage pour tous et les dispositions législatives sur la PMA.

    Michel Barnier a pris ses oppositions à contrepied, adoptant le ton et les manières d’un super papy, pas davantage dupe des feintes colères surjouées sur les bancs LFIstes que des rodomontades des élus du RN, sans se priver du plaisir de quelques taquineries à l’égard de ses prédécesseurs et soutiens malgré eux.

    Parmi les réactions des présidents de groupe à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen, pour le Rassemblement national, a dit "entendre des constats, mais bien peu de solutions" ; Gabriel Attal pour Ensemble pour la République, a prévenu que son groupe "veillera sur les acquis de ces sept dernières années", quant à Mathilde Panot, pour La France Insoumise, elle a affirmé que le Premier ministre n'a « aucune légitimité démocratique pour gouverner ».

    À QUOI PEUT ENCORE SERVIR L’ONU ?

     

    Alors que le « machin » comme le qualifiait le général de Gaulle, réunissait pour son Assemblée la quasi-totalité des pays du globe (193 États), beaucoup s’interrogent sur son utilité. L’impuissance du Secrétaire général de l’ONU à faire entendre sa voix, tant dans le conflit russo-ukrainien qu’à Gaza, est là pour témoigner d’une érosion. La crise du multilatéralisme n’est pas nouvelle. Elle s’est installée progressivement et a connu un palier supplémentaire avec le Président Trump, très hostile à l’ONU, qui avait retiré son pays de l'accord sur le climat de Paris et de l'accord sur le nucléaire iranien. Une crédibilité minée également par plusieurs pays qui ont pris la tête d'une confrontation ouverte avec l'Occident, visant à redistribuer la puissance au détriment des États-Unis et de l'Europe : la Chine, la Russie, l'Iran et la Corée du Nord, désireux de « corriger l'histoire », manifestent leur mépris de la charte des Nations unies, des références universelles, des systèmes basés sur les droits de l'homme et la démocratie.

    Lors de l’Assemblée générale, de nombreux orateurs ont fait part de leur colère face à la flambée de violences au Moyen-Orient, que l’ONU, percluse de divisions sur le conflit israélo-palestinien comme sur la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, semble être incapable de juguler. Le roi Abdallah II de Jordanie a pointé « la crise de légitimité » des Nations unies dénonçant implicitement le « deux poids, deux mesures» critiqué par tant de pays du Sud, qui réclament que Gaza bénéficie, de la part des Occidentaux, du même soutien que l’Ukraine depuis l’invasion russe. Les différentes agences de l'ONU ne se portent guère mieux. La principale organisation d'aide aux Palestiniens, l'UNRWA, est dans le collimateur d'Israël depuis que plusieurs de ses employés ont été accusés d'implication dans les pogroms perpétrés le 7 octobre par le Hamas. La Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale sont elles aussi considérées comme partiales par les Américains et les Israéliens pour leurs actions menées contre Israël, à la suite des atrocités perpétrées ces derniers mois par des militaires contre des civils à Gaza. Lors de son discours en septembre devant l’Assemblée générale des Nations unies, Benyamin Netanyahou a qualifié l’organisation de « farce méprisante. » Mercredi, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres a été déclaré persona non grata en Israël.

    Au Liban, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), basée depuis 1978 dans le sud du pays, chargée de surveiller l'application de la résolution 1701 adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité après la guerre de juillet 2006 entre Israël et le Hezbollah, est également impuissante. La résolution stipule que seuls l'armée libanaise et les Casques bleus doivent être déployés dans le sud du Liban. Elle n’a jamais été appliquée, le sud-Liban demeurant le fief du Hezbollah.

    Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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    Une conversation entre Thomas Patey et Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 14 juin 2024.

    Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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    Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 27 septembre 2024.

    Avec cette semaine :

    François Bujon de l’Estang, ambassadeur de France.David Djaïz, entrepreneur, essayiste et ancien secrétaire général du Conseil National de la Refondation.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l’Institut Français de Géopolitique.Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.

    LE GOUVERNEMENT FACE AU BUDGET

    Le nouveau Premier ministre a écarté une hausse des impôt et des taxes qui toucherait « l'ensemble des Français », mais non celles qui pourraient mettre à contribution « les plus aisés et les grandes entreprises ». Pour se justifier, Michel Barnier se dit l’héritier d’une situation financière qu’il qualifie de « très grave ». Mercredi, le nouveau ministre du Budget, Laurent Saint-Martin a confirmé que le déficit public devrait dépasser cette année les 6% du PIB. Jusqu'alors, Bercy prévoyait 5,1% de déficit. Dans ces conditions, c'est toute la trajectoire budgétaire française qui se retrouve fragilisée. Alors que la France est actuellement sous le coup d'une procédure pour déficit excessif à Bruxelles, un respect a minima des nouvelles règles budgétaires européennes (3% de déficit) se traduirait par plus de 30 milliards d'euros d'économies en 2025. Signe de l'importance de ce dossier, Michel Barnier a souhaité que le ministre du Budget et des Comptes publics lui soit directement rattaché.

    Le prochain projet de loi de finances pour 2025 est présenté par Pierre Moscovici, le premier président de la Cour des comptes, comme « le plus compliqué à élaborer depuis le début de la Ve République ». Les pistes explorées porteraient sur la réduction de certaines niches fiscales, le retour d'une taxation sur les patrimoines les plus importants, le gel du barème des plus hautes tranches d'impôts sur le revenu, l’alourdissement de la « flat tax » sur les revenus du capital... Elles ne manquent pas pour récupérer des recettes sur les contribuables aisés. Du côté des entreprises, le premier ministre « envisage une surtaxe sur l'impôt sur les sociétés » - dont le taux a été ramené de 33,3 % à 25 % pendant le premier quinquennat d'Emmanuel Macron -, selon un ancien conseiller gouvernemental.

    À droite, des voix se sont déjà élevées avec véhémence contre toute hausse d'impôt, de quelque nature qu'elle soit, comme celles de Marine Le Pen ou Éric Ciotti, mais également dans le camp macroniste. En revanche, de fins connaisseurs des comptes publics se montrent bien plus ouverts à cette idée, à l'image du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau.

    Le chef du gouvernement, qui fera sa déclaration de politique générale « début octobre », envisage de présenter le projet de loi de finances au Parlement le 9 octobre, au lieu du 1er, comme le recommande pourtant la loi organique. L'utilisation du 49-3 pourrait faire partie des armes constitutionnelles brandie par le nouvel exécutif pour faire passer son budget dans un contexte éruptif. Les oppositions ont déjà annoncé qu'elles seraient prêtes à utiliser la censure au Parlement.

    LE LIBAN FACE À UNE POSSIBLE GUERRE

    Après les attaques aux bipeurs et aux talkies-walkies piégés les 17 et 18 septembre, l'armée israélienne a lancé ses plus importantes frappes contre le Hezbollah au Liban depuis onze mois.  Sous la pression de quelques 80 000 Israéliens déplacés du nord du pays depuis octobre par les tirs de roquettes du mouvement chiite, le gouvernement israélien a fini par inscrire, lundi, le retour des populations dans les zones évacuées parmi les buts de guerre. Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a indiqué qu’après Gaza, « le centre de gravité se déplace vers le nord ». La campagne prévoit des frappes massives sur les infrastructures du Hezbollah, son arsenal (environ 150.000 roquettes, missiles et drones), pouvant être suivies d’une intervention terrestre pour installer une « zone tampon » au Liban sud. La doctrine de l'usage disproportionné de la force par Israël au Liban, théorisée en 2006 par le général Gadi Eisenkot, alors chef des opérations des forces israéliennes, sous le nom de Dahiya, une banlieue sud de Beyrouth qui héberge le fief du Hezbollah, continue visiblement à être appliquée. Les responsables militaires israéliens disent vouloir forcer le Hezbollah à mettre un terme à la guerre d’usure qu’il a déclenchée le 8 octobre 2023, en ouvrant un « front de soutien » avec le Hamas. Il s’agissait alors pour Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, de soulager son allié de Gaza en fixant des troupes israéliennes au nord et en semant la panique dans cette région.

    Depuis plus de quatre décennies, avec la création du mouvement chiite, en 1982, Israël et le Hezbollah s'affrontent sans discontinuer. À deux reprises récemment, ce dernier a pris l’avantage sur Tsahal. En 2000, lorsque l’armée israélienne s’est retirée du sud du Liban après 22 ans d’occupation. Et à l’été 2006, en stoppant son offensive terrestre, ses 40.000 militaires, ses blindés et ses armes de pointe, avec seulement 5.000 combattants très mobiles et efficacement protégés par un réseau de tunnels. Depuis, le Hezbollah n’a cessé de renforcer son recrutement, son organisation ainsi que son arsenal, principalement d’origine iranienne. Se targuant d’avoir tenu tête à Israël, et en tirant une partie de sa légitimité, le mouvement chiite se revendique, à la place de l’armée libanaise, comme le véritable défenseur du peuple libanais.

    Alors que le président iranien, Massoud Pezechkian a déclaré, mardi, que son allié le Hezbollah ne pouvait « pas rester seul » face à Israël, les mises en garde se sont multipliées de la part des chefs d’Etat et de gouvernement qui se succèdent cette semaine à la tribune de l’ONU. Son secrétaire général, Antonio Guterres s’est déclaré « inquiet de la possibilité que le Liban se transforme (en) un autre Gaza ». Tandis qu’Israël poursuit sa campagne de bombardements contre le Hezbollah, faisant plus de 600 morts en trois jours, et malgré l’appel de plusieurs pays à un arrêt des combats de vingt et un jours, Benyamin Nétanyahou a demandé jeudi à son armée de « poursuivre les combats avec toute la force nécessaire » au Liban.

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    Une conversation entre et Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 14 juin 2024.

    Épisode 2 : Dans ce deuxième épisode de notre Bada avec Thomas Patey, notre invité évoque avec Philippe Meyer plusieurs chanteurs de cabaret et leurs modèles. Il est aussi question des lieux qu’étaient les cabarets, les cafés-concerts et autres endroits si importants pour la chanson française.

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    Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 20 septembre 2024.

    Avec cette semaine :

    Nicolas Baverez, essayiste et avocat.

    Nicole Gnesotto, vice-présidente de l’Institut Jacques Delors.

    Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick.

    Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.

    DÉMISSION DE THIERRY BRETON, UN GÂCHIS ET UNE GIFLE

    Lundi, Thierry Breton, le commissaire européen français sortant, chargé du Marché intérieur, de la Politique industrielle, du Tourisme, du Numérique, de l'Audiovisuel, de la Défense et de l'Espace, a présenté sa démission avec « effet immédiat » à la présidente de l'exécutif européen, Ursula von der Leyen, lui écrivant « Vous avez demandé à la France de retirer mon nom — pour des raisons personnelles qu’en aucun cas vous n’avez discutées directement avec moi — et avez offert, en guise de compromis politique, un portefeuille prétendument plus influent pour la France dans le futur collège ». Emmanuel Macron l’avait désigné le 25 juillet pour effectuer un nouveau mandat de cinq ans, L'éviction de Thierry Breton avait été demandée à plusieurs reprises par Ursula von der Leyen. Durant son mandat, Thierry Breton s'était mis plusieurs fois en travers de la route de la présidente de l'exécutif européen, en s'opposant avec d’autres commissaires à la nomination d'une cheffe économiste américaine à la concurrence, ou à la nomination d'un proche d'Ursula von der Leyen comme délégué aux PME).

    Pendant les cinq ans de son mandat, Thierry Breton a notamment défendu de grands textes de régulation numérique, et assumé de contrer les intérêts des géants américains de la tech. Il n’a eu de cesse d'afficher l'ambition de réguler par tous les moyens le « Far West numérique » qui prévalait en Europe, dominé par les grandes plateformes technologiques étrangères, auxquelles il semblait jusque-là bien difficile d'imposer des lois. Sous son impulsion, l'Europe s'est doté d’instruments juridiques majeurs comme le Digital Services Act, le Digital Markets Act, ou l’AI Act. Très impliqué dans leur mise en œuvre, il avait rappelé à l'ordre en août dernier Elon Musk, le patron du réseau social X, sur son devoir de respecter les règles européennes en matière de modération des contenus. Son bilan s'étend également de l'industrie - le Chips Act - au spatial, en passant par la défense. Il a permis à l'Europe d'obtenir les vaccins contre le Covid en mettant la pression sur les groupes pharmaceutiques et sur leurs fournisseurs, stimulé les industries de défense, lancé la constellation satellitaire Iris 2, défendu bec et ongles l'énergie nucléaire, etc.

    Ursula von der Leyen a accepté mardi la candidature présentée par Emmanuel Macron de Stéphane Séjourné et l’a nommé « vice-président exécutif » de la Commission, chargé de la « prospérité et de la compétitivité ». Un portefeuille quasi jivarisé pour le Français, puisque désormais la défense, le numérique, le tourisme, l'audiovisuel et l'espace seront distribués à d'autres commissaires. Par ailleurs, la nouvelle commission de Mme von der Leyen n’est pas une bonne nouvelle pour les tenants du nucléaire et un sujet d’interrogation pour les soutiens  de l’Ukraine en guerre.

    LE « VOYAGE D’ÉTUDE » DE KEIR STARMER EN ITALIE À PROPOS DE L’IMMIGRATION

    Au lendemain d'un nouveau naufrage meurtrier de migrants dans la Manche, le Premier ministre britannique Keir Starmer s'est entretenu lundi à Rome avec son homologue italienne Giorgia Meloni de la lutte contre l'immigration illégale, sujet à l'origine de violentes émeutes cet été au Royaume-Uni. Accompagné de son nouveau commandant de la sécurité des frontières du Royaume-Uni, Martin Hewitt chargé de lutter contre les traversées de la Manche et les passeurs, Keir Starmer, qui a rejeté le plan du précédent gouvernement conservateur britannique d'expulser des migrants au Rwanda, se dit « intéressé » par la méthode de Mme Meloni. « Il y a eu ici une réduction assez spectaculaire des entrées de migrants clandestins et je veux comprendre comment cela s'est produit » a expliqué le Premier ministre britannique en visitant le Centre national de coordination sur la migration à Rome.

    L’agence Frontex indique que l'Italie a réduit de 64 % en un an les traversées irrégulières de bateaux vers les côtes italiennes. Selon les chiffres du ministère italien de l'Intérieur, les arrivées de migrants par la mer ont considérablement baissé depuis le début de l'année : 44.675 entre le 1er janvier et le 13 septembre, contre 125.806 lors de la même période de 2023. Au cours des douze derniers mois, les traversées en provenance de Tunisie ont chuté de 80 % et celles depuis la Libye de 27 %. Une baisse due notamment à des accords de plusieurs millions d'euros, passés en novembre 2023 dans le cadre du « processus de Rome », visant à renforcer les patrouilles sur les côtes nord-africaines et à faciliter les retours. L'UE a accordé des fonds à la Tunisie pour renforcer la sécurité des frontières, tandis que l'Italie a fourni des navires de patrouille et finance son gouvernement. Keir Starmer a tenu à préciser qu'il s'intéressait davantage à ces mécanismes qu'à l'accord de Rome avec Tirana sur les migrants pour l'ouverture de deux centres d'enregistrement des demandes d'asile. Ces deux sites, financés et gérés par l'Italie, doivent pouvoir héberger jusqu'à 3.000 migrants. On y examinera les demandes d’asile et on y décidera qui est admis et qui est renvoyé.  Les dossiers de 36.000 migrants pourraient être ainsi traités chaque année. Le premier centre, situé dans le port de Shengjin (au nord de l'Albanie) devait ouvrir prochainement.

    L'Organisation internationale des migrations et les ONG de secours des migrants en Méditerranée font valoir qu'une partie des candidats à l'entrée dans l'UE ont tout simplement changé d'itinéraire. Sur les huit premiers mois de l'année, les « détections » de migrants clandestins franchissant les frontières de l'UE ont diminué de 39%, selon l'agence Frontex. Mais si les routes migratoiresdes Balkans et de Méditerranée centrale ont vu les flux nettement baisser (-77% et -64%), celle d'Afrique de l'Ouest et la frontière terrestre orientale ont enregistré de fortes hausses (+123% et +193% respectivement).

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    Une conversation entre et Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 14 juin 2024.

    Philippe Meyer reçoit Thomas Patey, étudiant à l’École du Louvre et auteur d’un mémoire intitulé Anthropologie des chanteurs de cabaret. Dans ce premier épisode, il évoque l’origine de son travail de recherche et sa volonté d’étudier la chanson française.

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    Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 13 septembre 2024.

    Avec cette semaine :

    Akram Belkaïd, journaliste au Monde diplomatique.

    Jean-Louis Bourlanges, essayiste.

    Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick.

    Michaela Wiegel, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

    ÉLECTIONS ALGÉRIENNES, RELATIONS FRANCO-ALGÉRIENNES ET FRANCO-MAROCAINES

    Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a été élu le 8 septembre pour un second mandat avec 94,65 % des voix, selon l'Autorité nationale indépendante des élections, tandis qu’Abdelaali Hassani Chérif, le candidat islamiste (MPS) a rassemblé 3,17 % des voix, et Youcef Aouchiche, le candidat du FFS (opposition laïque), de 2,16 % des voix. Le taux de participation officiel serait de 48,03 %, selon une première estimation donnée dans une communication un peu confuse. En réalité, le taux de participation ne serait pas supérieur à 23 %. Certaines évaluations le situent même à 10%.

    Troisième économie d’Afrique avec un produit intérieur brut attendu à 267 milliards de dollars en 2024, selon le Fonds monétaire international, l’Algérie s’est reconstitué un matelas de sécurité – elle disposait de 69 milliards de dollars de réserves de change à la fin de 2023. Mais le chantier permanent de la diversification de son économie, qui permettrait de sortir de la dépendance au gaz et au pétrole, est incessamment retardé par les intérêts liés à ces deux secteurs dans les milieux dirigeants.

    Ambassadeur à deux reprises en Algérie, Xavier Driencourt estime qu’« en affichant un score pareil, le régime n'a aucune volonté de changement. Sur le plan économique, les finances publiques tiennent par le pétrole. La grande répression va se poursuivre. Par contre, sur le plan international, le pays est significativement isolé. » Il existe avec le Maroc, le Mali et la Libye, un arc de crises diplomatiques qui devrait être l’un des plus gros dossiers du second mandat. d’Abdelmadjid Tebboune.

    Cet été, une nouvelle brouille a mis aux prises Alger et Paris après le revirement français pro-marocain sur l’affaire du Sahara occidental. Le 30 juillet, Emmanuel Macron adressait au roi du Maroc, Mohammed VI, un courrier consacrant le ralliement de la France à la thèse de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Né bien après l'indépendance algérienne, le président français a multiplié, depuis 2017, les gestes de bonne volonté pour bâtir une relation apaisée avec l’Algérie, notamment dans le domaine mémoriel de la guerre d’Algérie. En vain, les crises succédant aux brouilles avec Alger. Aujourd'hui, Emmanuel Macron se tourne vers le Maroc où il devrait se rendre prochainement en visite d’État, tandis que sa visite en Algérie, un temps envisagée, n’est plus évoquée.

    RAPPORT DRAGHI

    Mandaté par Ursula von der Leyen en septembre 2023, l'ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi a livré lundi un rapport dont les recommandations doivent alimenter les travaux de la nouvelle Commission européenne pour les cinq prochaines années. Selon lui, l’Union européenne est aujourd’hui confrontée à « un défi existentiel » ; si elle ne change pas, elle sera condamnée à « une lente agonie ». C'est donc de « 800 milliards d'euros d'investissements supplémentaires par an » dont l'UE a besoin si elle veut pouvoir financer les réformes nécessaires afin d'éviter qu'elle ne se laisse distancer définitivement par les États-Unis et la Chine. Un bond significatif qui représenterait 5 % du PIB européen actuel. (Le plan Marshall entre 1948 et 1951 équivalait à 1 à 2% du PIB de l’UE.) Face à la Chine et aux États-Unis, l'Europe décroche. Entre l'UE et les États-Unis, l'écart de niveau de PIB s'est progressivement creusé entre 2002 et 2023, passant d'un peu plus de 15 % à 30 %, tandis qu'en termes de parité de pouvoir d'achat, l'écart s'élève à 12 %. Le rapport Draghi découpe la compétitivité européenne en trois secteurs auxquels une attention particulière doit être apportée : l'innovation, la décarbonation, et la sécurité énergétique et économique. L'Europe doit mieux financer ses industries de pointe, en ciblant et coordonnant ses investissements ; elle doit adapter sa transition énergétique et climatique pour en faire une source de compétitivité et non pas de décroissance ; et elle doit s'assurer de réduire ses dépendances stratégiques, en revoyant sa politique commerciale et la sécurité de ses chaînes d'approvisionnement.

    Mario Draghi expose 170 propositions. Les Européens doivent se doter d’une main-d’œuvre qualifiée, miser sur la recherche, achever la construction d’un marché intérieur qui reste inaboutie, baisser la facture d’électricité des citoyens comme des entreprises (deux ou trois fois plus élevée qu’aux Etats-Unis) et s’attaquer à la débureaucratisation de leur économie. S’ils veulent réussir, les Vingt-Sept devront aussi revoir leurs règles en matière de concurrence, qui empêchent parfois l’émergence de champions européens, et veiller à une plus grande cohérence entre leurs politiques commerciale, environnementale et climatique. Mais surtout, l’Union européenne doit investir massivement dans les technologies propres et le numérique, tout en réduisant ses dépendances, notamment à la Chine. A l’heure de la guerre en Ukraine, elle doit aussi se donner les moyens de financer une industrie de la défense à même de pallier le désengagement annoncé des Etats-Unis, que Donald Trump revienne à la Maison Blanche après les élections de novembre ou pas.

    Mario Draghi, n'est pas le premier à s'alarmer du déclin relatif de l'Europe. Au printemps, Enrico Letta, un autre ex-président du Conseil italien, avait établi le même diagnostic.

    Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr

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    Une émission de Philippe Meyer, enregistrée en public à l’École alsacienne le 8 septembre 2024.

    Avec cette semaine :

    Nicolas Baverez, essayiste et avocat.

    Jean-Louis Bourlanges, essayiste.

    Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l’Institut Français de Géopolitique.

    Marc-Olivier Padis, directeur des études de la fondation Terra Nova.

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    ARRESTATION DU PATRON DE TELEGRAM : MACHINATION, ABUS DE POUVOIR OU DÉBUT DE RÉGULATION ?

    Arrêté le 24 août au Bourget, le patron de la messagerie cryptée Telegram, Pavel Durov, a été mis en examen le 28 et a été remis en liberté sous contrôle judiciaire, avec obligation de remettre une caution de 5 millions d'euros, de pointer au commissariat deux fois par semaine, et interdiction de quitter le territoire français. La section de lutte contre la cybercriminalité du parquet de Paris reproche à la plateforme de ne pas agir contre la diffusion de contenus criminels ou délictueux, ce que l'entreprise réfute. Une loi française adoptée cette année requiert la coopération des plateformes avec les autorités pour éliminer ce type de contenus. De même, le Digital Services Act européen permet de demander des comptes aux « très grandes plateformes » dépassant 45 millions d'utilisateurs actifs par mois. L’entreprise assure qu’elle supprime les contenus terroristes et pédocriminels, mais toutes les ONG travaillant sur le sujet de la pédopornographie constatent, depuis des années, que la plate-forme refuse toute forme de collaboration avec elles, comme avec les forces de l’ordre. Son propre site Web explique qu’elle n’applique pas les demandes basées sur des « lois locales » qu’elle considère comme une violation de la liberté d’expression.

    De façon inédite, le parquet a décidé d'enquêter sur le dirigeant de l'application et non pas seulement sur ses utilisateurs. La peine prévue pour un manquement aux obligations d'une plateforme numérique est d'un an de prison maximum. S'il est reconnu complice d'actes plus graves, il pourrait encourir les mêmes peines que pour des criminels en bande organisée, soit au moins cinq ans de détention. La police française a pu interpeller Pavel Durov sans difficulté, les faits reprochés ayant eu lieu en France et le patron de Telegram s'avérant être Français en plus de ses nationalités russe et émirati. La justice française envoie ainsi le signal que les patrons des plateformes ne sont pas à l'abri de la prison en cas de non-respect des règles quand leur laisser-aller en matière de modération peut faire les affaires de criminels.

    Avec près de 1 milliard d’utilisateurs, Telegram dont le siège social est à Dubaï, est devenu, avec WhatsApp, l’une des plus importantes messageries du monde. L'entrepreneur, qui revendique des idées libertariennes, l’a fondé en 2013 avec l'objectif de protéger l'identité et les données de ses usagers par rapport aux gouvernements. Son arrestation a créé une onde de choc, aussi bien en Russie, où Telegram est très populaire, qu’aux Etats-Unis, où des entrepreneurs comme Elon Musk ont dénoncé une « attaque contre la liberté d’expression ». Emmanuel Macron a assuré, dans un message publié sur X, que l’arrestation de Pavel Durov n’était « en rien une décision politique ».

    UN PREMIER MINISTRE LONGTEMPS ATTENDU ET ATTENDU AU TOURNANT

    Au soixantième jour après le second tour des législatives, le chef de l'Etat a nommé Michel Barnier au poste de Premier ministre. Âgé de 73 ans, il affiche un parcours qui fut longtemps un parcours obligé avant que la carrière politique ne favorise des circuits plus courts : conseiller général de la Savoie en 1973, puis président de l’assemblée départementale, député en 1978. Ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, chargé successivement de l’Environnement, des Affaires européennes, des Affaires étrangères, de l’Agriculture, député puis Commissaire européen, négociateur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.  Enfin, candidat malheureux à la primaire de LR pour la présidentielle de 2022.

    Il succède à Gabriel Attal dont le mandat de huit mois à Matignon aura été le plus court de la Ve République. Une autre étape démarre désormais, qui s'annonce tout aussi laborieuse que la précédente : l'élaboration d'un programme de gouvernement. Une fois bâti, Michel Barnier devra composer son gouvernement. Aux habituels critères de parité, de diversité ou de représentation territoriale, s'ajoute désormais celui des équilibres politiques nécessaires pour refléter le poids du camp présidentiel dans l'hémicycle, se concilier la droite, tenter de décrocher quelques voix à gauche et le tout, sans heurter le Rassemblement national. Restera enfin la dernière épreuve, celle pour laquelle Emmanuel Macron l'a choisi : faire face à la division de l’hémicycle en trois blocs, chacun minoritaire. Michel Barnier doit construire une coalition qui puisse au moins permettre l'adoption du budget 2025 d’ici au 13 septembre, sur fond de dérapage des comptes publics. Au Palais Bourbon, la situation s'annonce difficile : son groupe, Les Républicains, est le cinquième de l'Assemblée nationale avec seulement 47 députés. Si la gauche a fustigé le choix d'Emmanuel Macron - LFI et des mouvements de la jeunesse ont appelé hier à une marche « contre le coup de force d’Emmanuel Macron » - la droite s'est réjouie de la nomination d'un des siens, quand le Rassemblement national a décidé d'adopter, pour l'heure, une position neutre, tandis que les fidèles d'Emmanuel Macron ont fait part de leurs réticences.

    Au lendemain de sa nomination le nouveau chef du gouvernement a accordé son premier entretien au JT de « 20 heures » de TF1, vendredi soir. Interrogé sur la très controversée réforme des retraites adoptée l’an passé par 49.3, sur fond de forte mobilisation dans la rue, le nouveau Premier ministre a déclaré vouloir « ouvrir le débat » pour une « amélioration ». Michel Barnier n’a pas exclu d’introduire la proportionnelle, qui permettrait de voter pour des listes et non plus au scrutin uninominal à deux tours. Ses priorités seront l’immigration, le travail, la dette et les services publics.

    Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr