Afleveringen

  • Moi, quand on me dit “déesse-mère”, je pense à des déesses puissantes et maternelles, les Isis, les Ishtar et les Vénus, aux forces primordiales et aux corps nus tout en rondeurs de statuettes anciennes dans des vitrines de musées. Rien de très précis, vous me direz.


    Alors, pour cet épisode, nous évoquons une déesse-mère particulière : Cybèle, aussi appelée Magna Mater ou Grande Déesse par les Romains. Déesse qui ne peut être rattachée à une seule nation moderne, puisqu’elle est apparue en Phrygie, en actuelle Turquie, puis a été vénérée en Grèce, puis à Rome, avant de se diffuser, par l’Empire romain, à travers l’Europe, comme en France et en Allemagne.


    Cybèle est une déesse fascinante par ce trajet géographique, mais surtout par la sauvagerie qu’elle porte et qu’elle incarne. Sauvage parce que ayant grandi dans la montagne, avec les lions qu’elle apprivoise et protège. Sauvage, aux yeux des Romains, car importée par eux de la Phrygie, de l’Orient lointain. Sauvage, enfin, par la violence qui caractérise son mythe et son culte, marqué par les émasculations de prêtres et de taureaux.


    En bref, nous sommes bien loin de la douceur maternelle et de la nudité ronde suggérée spontanément par l’idée de "déesse-mère". 


    Pour discuter de Cybèle, j’ai invité Audrey Ferlut. Audrey est historienne et épigraphiste, spécialiste des religions et des déesses gallo-romaines. Sa thèse de doctorat, soutenue à l’Université de Lyon, s’intitule “le culte des divinités féminines en Gaule Belgique et dans les Germanies sous le Haut-Empire romain”. Chercheuse associée au Laboratoire Histoire et sources des mondes antiques (HISOMA), elle a publié plusieurs articles et ouvrages sur les déesses dans les provinces romaines. Chevalière de l’Ordre des Palmes Académiques, elle participe à des projets de recherches internationaux en France, en Allemagne et en Autriche. 


    Ensemble, nous avons parlé de Cybèle. Nous avons parlé de la Sibylle romaine et de la Pythie grecque, de guerre et de météorites ; nous avons parlé de fêtes, de gladiateurs, d’animaux, de castration de prêtres, de sacrifices de taureaux et de mystères encore non révélés. Surtout, nous avons parlé de sauvagerie et de violence chez une déesse, et de comment une déesse sauvage et sanglante a pu devenir la très institutionnalisée protectrice de l’Empire romain.


    Pour tout ça, et plus encore, je vous invite à rejoindre ma conversation avec Audrey au sujet de Cybèle.


    TW : Autocastration, automutilation


    Textes cités :

    Arthur Rimbaud, “Soleil et chair”, 1870, dans Reliquaire, poésies, L. Genonceaux, 1891Diodore de Sicile, “Bibliothèque historique”, III, 53-59, traduction de Ferdinand Hoefer, 1851Ovide, “Les fastes”, IV, traduction de M. Nisard, 1857

    Antisèche :

    Magna Mater = autre nom de CybèlePhrygie = région d'origine de Cybèle (actuelle Turquie)Attis = amant de CybèleGalle = prêtre de CybèleArchi-galle = super-prêtre de CybèleCollège de dendrophores = groupe de porteurs d'arbres pour AttisMystes = initiés aux mystères de Cybèle 

    Chapitres :

    2:50-11:04 : Mythe, attributs, nature, Attis11:04-22:14 : Guerre punique, arrivée à Rome22:14-27:11 : Intégration, Troie, fêtes, jeux27:11-31:15 : Violence, prêtres, castration31:15-36:09 : Empereurs, Magna Mater36:09-46:12 : Magie noire, sacrifices, prières46:12-55:31 : Diffusion, chrétienté, recherche

    Bibliographie

    Audrey Ferlut, Les divinités féminines en Gaule Belgique et dans les Germanies sous le Haut-Empire romain, 2022, éditions Ausonius


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  • Un épisode hors-série : non l'interview d'une chercheuse, mais la lecture de textes antiques, et plus précisément de textes antiques portant sur l'une de nos héroïnes favorites.


    Pour cet épisode, j'ai décidé de lire des textes de pièces antiques sur Jocaste, reine de Thèbes et mère d'OEdipe. Nous avons dédié un épisode précédent à cette figure, pour lequel j'ai interviewé la chercheuse Cassandre Martigny, qui a consacré sa thèse à Jocaste.


    Pour les lectures aujourd'hui, j'ai choisi les pièces Oedipe Roi de Sophocle, Les Phéniciennes d'Euripide (deux dramaturges grec), et La Thébaïde de Stace (un auteur latin).


    Néanmoins, nous n'allons pas lire n'importe quels extraits... J'ai choisi les passages où c'est Jocaste qui s'exprime, à la première personne du singulier, pour nous raconter, elle-même, sa propre histoire.


    Ainsi, j'ai dû exclure les textes antiques où Jocaste n'est décrire qu'à la troisième personne, d'un point de vue extérieur, impersonnel, comme l'Odyssée d'Homère ou Les Sept contre Thèbes d'Eschyle.


    Ainsi, j'ai reconstitué de façon artificielle une sorte de récit chronologique, juxtaposant les extraits où Jocaste prend la parole directement. Toutes les références et les passages cités dans l'ordre sont ci-dessous. Bonne écoute !


    TW : Jocaste s'est donné la mort dans plusieurs versions des pièces antiques. Cet épisode évoque donc le suicide à plusieurs reprises. Si ce thème vous heurte, passez peut-être votre chemin et prenez soin de vous. <3


    Sources

    Œdipe Roi, Sophocle, 430-420 av. J.-C

    traduction par Leconte de Lisle, 1877

    édition par Gwénola, Ernest et Paul Fièvre, 2016

    https://www.theatre-classique.fr/pages/pdf/SOPHOCLE_OEDIPEROI.pdf 

    Les Phéniciennes, Euripide, 411-408 av. J.-C

    traduction par Leconte de Lisle, 1884, sous le titre “Les Phoinissiennes”

    édition par Alphonse Lemerre, 1884

    numérisation sur Wikidata

    https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Phoinissiennes

    La Thébaïde, Stace

    traduction par M. Nisard, 1865

    édition par Firmin Didot Frères, 1865

    numérisation par Marc Szwajcer

    https://remacle.org/bloodwolf/poetes/stace/table.htm

    La Thébaïde ou Les Frères Ennemis, Jean Racine, 1697

    édition par Gwénola, Ernest et Paul Fièvre, 2015

    https://www.theatre-classique.fr/pages/pdf/RACINE_THEBAIDE.pdf


    Extraits cités

    03:05-07:40 Euripide

    07:40-12:20 Sophocle

    12:20-14:25 Euripide

    14:25-17:00 Stace

    17:00-25:45 Euripide

    25:45-27:55 Stace

    27:55-28:30 Racine


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  • Tout le monde a entendu parler du complexe d’Oedipe, mais personne ne se souvient de la mère/épouse en question… Et, quand on prononce le nom “Jocaste”, aucune image familière de l’histoire de l’art ne vient en tête. Pourtant, Jocaste est le personnage clé de grandes tragédies, et figure chez Homère, Sophocle, Sénèque et les autres.


    Longtemps réduite à la figure de la mère incestueuse d’Oedipe, de la mère monstrueuse, Jocaste est pourtant plus complexe. C’est une reine sage et réfléchie, qui s’interpose entre les conflits des hommes, de ses maris, frères, fils - et qui, prônant la raison contre la superstition, ne croit pas aux prophéties.


    Comme Médée, Circé ou Vénus, son image antique va subir des modifications à travers l’Histoire, en passant par le filtre du monde romain qui la rend monstrueuse, puis de la chrétienté, et enfin de la psychanalyse, qui lui porte le dernier coup, teintant les récits qu’on fait d’elle.


    Pour en discuter, j’ai invité Cassandre Martigny. Cassandre est professeure agrégée de lettres classiques, docteure en littérature comparée et post-doctorante à l’ENS de Lyon au sein de la chaire “études littéraires de genre” du laboratoire Histoire et Sources des Mondes Antiques (HiSoMA). 


    Dans sa thèse, Devenir Jocaste : naissances et renaissances du personnage de l'Antiquité à nos jours, elle a étudié la réception de Jocaste et la fabrication de son mythe à travers un corpus diachronique. Ses recherches portent plus généralement sur les réappropriations de figures féminines de l’Antiquité par la modernité en Occident.


    Ensemble, nous avons parlé de prophétie d'Apollon, d’abandonner son enfant sur les collines, de gouverner Thèbes, d’affronter la Sphinge et d’épouser son fils sans le savoir ; de tragédies grecques, de monstres, d’Eve, de Marie, de Médée, de Cocteau, de Freud et des ravages de la psychanalyse ; mais surtout, de réécritures féministes.


    TW : Jocaste a eu une vie houleuse : cet épisode aborde des thèmes tels que le suicide, la pendaison, le meurtre, le viol, la pédophilie, l’inceste. Si cela vous blesse, évitez peut-être cet épisode et prenez soin de vous <3


    L’antisèche personnages :

    Laïos = 1er mari de Jocaste, roi de ThèbesOedipe = fils de Jocaste et de Laïos, 2e mari de JocastePélopse = père adoptif d’Oedipe, roi de CorintheCréon = frère de Jocaste, Oedipe le soupçonne de complotTyrésias = mage de Jocaste, Oedipe le soupçonne de complot Antigone & Ismène = filles de Jocaste et Oedipe Étéocle & Polynice = fils de Jocaste et Oedipe

    Sources antiques :

    Euripide, Les PhéniciennesHomère, OdysséeSénèque, Œdipe et Les PhéniciennesSophocle, Antigone, Œdipe tyran, Œdipe à Colone ; Œdipe RoiStace, Thébaïde

    Réélaborations : 

    Dolce, Giocasta, 1566Corneille, Œdipe, 1659Racine, La Thébaïde, 1664Voltaire, Œdipe, 1718Cocteau, La Machine infernale, 1934Natalie Haynes, The Children of Jocasta, 2018Nancy Huston, Jocaste Reine, 2009

    Publications de C. Martigny : 

    « La mort de Jocaste, entre visible et caché : la construction de l’héroïsme tragique du personnage féminin », Cahiers du Théâtre Antique, 2024« Le mythe d’Œdipe réinterprété grâce à la voix des oubliées dans la réélaboration féministe The Children of Jocasta de Haynes », ¿Interrogations? Revue pluridisciplinaire de sciences humaines et sociales, 2023

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  • Je crois que si tu me dis “Assyrie”, je ne peux te citer aucun nom, et en fait, peu de choses. Je vois quelques images, des rois aux barbes bouclées sur des reliefs du Louvre, la porte d’Ishtar et ses lions bleus au musée de Berlin, et puis le mot “Babylone” aux connotations un peu confuses, qui évoque aussi bien des jardins suspendus disparus, le mythe biblique de la Tour de Babel qu’une chanson de Boney M.


    Du coup, j’ai voulu creuser. Quelles femmes émergent de ces imaginaires un peu flous ? Et je suis tombée sur la reine Naqia, ou Zakutu. Cette reine de l’Empire assyrien a vécu à peu près entre -730 et -670 avant notre ère. Elle a eu une longue vie pour l’époque, et une influence politique inédite pour une femme et une reine de son temps. 


    C’est quoi l’Empire assyrien, et c’est quoi la différence avec la Mésopotamie, Babylone ? La région globale de l’Irak et la Syrie dans l’Antiquité s’appelle la Mésopotamie, et son histoire couvre 3000 ans. A l’origine, on a 2 pôles : au nord, Akkad (d'où le terme “akkadien”) ; au sud, Sumer, qui donne “sumérien”. Je vous passe les histoires de cités et de royaumes successifs, mais cette région a des points communs, dont l’usage des cunéiformes (même si c’est pour écrire des langues différentes). J’accélère de quelques siècles, les royaumes chutent et les frontières changent, mais on retrouve la division nord/sud, avec au nord l’Empire Assyrien et au sud le Royaume de Babylone. L’Empire assyrien grandit, le Royaume de Babylone s'affaiblit et devient une province de l’Empire Assyrien : et c’est là qu’on se place pour cet épisode.


    La reine Naqia est donc liée aux rois de l’Empire assyrien. Comme souvent pour les femmes sur lesquelles on a peu de sources, les phases de sa vie telles qu'elles nous sont connues sont découpées par rapport aux hommes qu’elle a côtoyés - en l'occurrence, trois rois successifs : Sennachérib, son époux ; Assarhadon, son fils ; Assurbanipal, son petit-fils. Du temps de son époux, Sennachérib, elle est peu visible, plutôt une reine secondaire ; c’est vraiment du temps de son fils qu’elle va prendre les rênes and shine, et montrer toute son influence. 


    Pour en discuter, j’ai invité Violeta d’Aguiar. Violeta prépare une thèse en cotutelle à l'École Pratique des Hautes Études (EPHE) et à la Nouvelle Université de Lisbonne. Originaire du Portugal, Violeta est venue étudier à Paris pour son mémoire de master, qu’elle a consacré au roi assyrien Assarhadon, fils de Naqia. Elle y est retournée pour sa thèse, qui porte sur les formes de pouvoir féminin en Mésopotamie, depuis les sources sur les reines assyriennes et babyloniennes jusqu'aux représentations littéraires et mythologiques des déesses. 


    Ensemble, nous avons parlé de la reine Naqia, épouse, mère et grand-mère de roi. Nous avons parlé de lutter pour le pouvoir, de reconstruire Babylone ; d’être la seule femme à élever des palais, à dialoguer avec des officiers, à émettre des décrets royaux et surtout, à apparaître dans les sources. Mais aussi des clichés sur les harems, de prophéties à la déesse Ishtar et de déchiffrement des cunéiformes. Surtout, nous avons parlé de femmes - de vénérer une déesse en tant que reine et de travailler sur une reine en tant que chercheuse.


    Pour tout ça, je vous invite à rejoindre ma conversation avec Violeta au sujet de Naqia !


    L'antisèche noms propres

    Naqia ou Zakutu : reine d'AssyrieSennachérib, son époux, roi d'AssyrieAssarhadon, son fils, roi d'AssyrieAssurbanipal, son petit-fils, roi d'AssyrieSargon : son beau-père, roi d'AssyrieAssur et Ninive : cités antiques

    Bibliographie

    Sarah Melville, 1999. "The Role of Naqia/Zakutu in Sargonid Politics"Sarah Melville, 2014. "Women in Neo-Assyrian texts"

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  • Bonjour ! Aujourd’hui, je vous propose un épisode hors-série : ce n’est pas une discussion avec une invitée experte, mais la lecture d’un texte antique sur une figure féminine de l’Antiquité. 


    Aujourd’hui, on vous lit l’Odyssée, d’Homère, et plus précisément les chapitres qui évoquent la magicienne Circé. J’ai invité pour cela des amis et de la famille qui ont bien voulu prêter leurs voix aux personnage (et on a même mon papa qui passe une tête pour jouer un marin).


    Nous allons vous lire des extraits de deux chapitres, d’abord le chapitre 10 puis le chapitre 12.


    Dans le chapitre 10, les marins d’Ulysse arrivent sur l’île de Circé, se font transformer en cochons, puis Ulysse parvient à obtenir leur libération, et ils passent tous 1 année sur l’île à se faire kiffer sur des banquets et du bon vin au fromage. 


    Puis Circé leur conseille d’aller faire un tour aux enfers, ça c’est le chapitre 11 qu’on a zappé car elle n’y apparaît pas ; et enfin, dans le chapitre 12, ils reviennent chez Circé, qui conseille Ulysse sur toute la suite de son voyage : comment affronter les sirènes, Charybde et Scylla, et les boeufs d’Hélios.


    C’est la traduction faite par Madame Dacier, la 1e traduction en français faite par une femme. Anne Dacier était une femme de lettre, philologue et traductrice française qui a vécu de 1645 à 1720. Une femme savante précurseur des Lumières, qui vulgarise les textes de l’Antiquité pour les « dames » et, sous Louis XIV, à vivre de sa plume.


    Son oeuvre maîtresse est d’avoir réalisé une traduction intégrale en prose de l’Iliade et de l’Odyssée, accompagnée de remarques, publiée en 1711 et 1716.


    Bon, le langage est un peu daté, elle utilise des mots un peu vieillots : elle transforme les compagnons d’Ulysse en "pourceaux" et non en cochons, elle parle de "vaisseaux" plutôt que de navires, de "éminences" plutôt que de collines, et de "verges" plutôt que de baguettes magiques. 


    (Si vous aussi vous avez 5 ans d’âge mental et que ça vous fait rire, je publierai une version non censurée de cet enregistrement où vous pourrez voir à quel point ça nous éclate de rire aussi.)


    Et bien sûr, si vous voulez plus d’infos sur Circé, n’hésitez pas à écouter l’épisode dédié, où j’interview la chercheuse Morgane Lebouc et où nous commentons d'ailleurs la plupart des extraits que vous allez entendre.


    Sans plus attendre, posez-vous tranquillement le casque sur les oreilles, et écouter donc notre bande de troubadours vous lire Circé, dans l’Odyssée.


    Texte lu : L'Odyssée. Vol. 1 / Homère ; traduction de Mme Dacier ; éditeur A. Vollard (Paris), 1930. Digitalisé sur Gallica.


    Crédits

    Réalisation, montage, écriture : Servane Hardouin-Delorme 

    Musique : Mathilde Desanges

    Illustration : Morwenna Descottes


    Voix

    Narrateur (Ulysse) : Servane Hardouin-Delorme 

    Circé : Mathilde Desanges

    Ulysse (dialogues) : Naël Kadri

    Mercure/Hermès : Morwenna Descottes

    Euryloque : petite soeur anonyme

    Politès : papa anonyme

    Choeur des marins : Mathilde Desanges, Morwenna Descottes, Naël Kadri


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  • Moi, Circé, je l’ai rencontrée à deux moments : quand ma mère me lisait, enfant, l’Odyssée où Circé n’est qu’un chapitre, un énième obstacle dans la quête d’Ulysse ; puis, quand j’ai découvert le roman de Madeline Miller, publié en 2018, où Circé devient l’héroïne et Ulysse n’est qu’un épisode. Deux moments de lecture différents, séparés par 20 ans de ma vie et plus de 20 siècles d’histoire. Entre les deux, j’ignorais tout.


    Alors j’ai invité Morgane, un prénom que je trouve très stylé pour parler d’une magicienne et encore plus quand on sait qu’elle fait sa thèse en Bretagne #LégendeDArthur (même si j’avais d’autres motivations à mon choix).


    Agrégée de lettres modernes, Morgane Lebouc exerce les fonctions d’ATER à l’Université de Bretagne Occidentale, où elle prépare une thèse de littérature comparée. Ses travaux portent sur la manière dont les autrices contemporaines ont révisé les figures féminines du corpus d’Homère, telles que Pénélope, Hélène, Briséis et Circé. En 2023, elle a publié “Les réécritures contemporaines de l’Odyssée au service de la reconfiguration de l’imaginaire méditerranéen : l’exemple de Circé, Madeline Miller” dans les Cahiers internationaux du Symbolisme.


    Ensemble, on a parlé de baguettes magiques, de plantes et de potions, de naufrages et de malédictions familiales ; de vivre sur une île, de transformer les hommes en porcs ou en piverts, et d’être pote ou rivale avec Scylla, Médée, Pénélope et Calypso ; mais aussi de Games of Thrones, de la Cité des Dames, du roman blockbuster Circé de Madeline Miller, de relectures féministes, de poétesses cyniques et de traduire Homère en tant que femme. 


    Pour ces sujets et plus encore, je vous invite à rejoindre ma conversation avec Morgane sur la figure de Circé.


    L’antisèche personnages

    Circé = notre héroïneMédée, Ariane et Phèdre = nièces de Circé Aétès = frère de Circé, père de MédéeGlaucus = 1er amour malheureux - Circé transforme la nymphe qu'il aime, Scylla, en monstre Picus = 2e amour malheureux - Circé le transforme en pivertUlysse = un héros random qui débarque sur l’île de CircéCalypso = une autre héroïne sur une autre île, elle aussi amoureuse d'Ulysse Pénélope = « rivale » de Circé, car épouse légitime d’Ulysse, mais (spoiler) sa future colloc'Télégonos = fils que Circé a d'Ulysse, qui finit (spoiler) par assassiner Ulysse Télémaque = fils de Pénélope et d'Ulysse, puis (spoiler again) l’époux de Circé 

    Références mentionnées

    Christine de Pisan, La cité des dames, 1405Augusta Webster, "Circe", dans Portraits, 1870H. D. (Hilda Doolittle), "Circe", dans Hymen, 1919Margaret Atwood, Circé : Poèmes d’argileEurore Welty, "Circé", dans La Mariée de l’Innisfallen, 1949Katherine Anne Porter, A Defense of Circe, 1954Carol Ann Duffy, "Circe" The World’s Wife, 1999Nicelle Davis, Circe, 2011Madeline Miller, Circe, 2018Emily Wilson, Translating Homer as a Woman, 2019

    Bibliographie de Morgane Lebouc

    "Les réécritures contemporaines de l’Odyssée au service de la reconfiguration de l’imaginaire méditerranéen : l’exemple de Circe, Madeline Miller", Cahiers internationaux du Symbolisme, 2023(Thèse de doctorat en cours) "Réviser les grandes figures féminines du corpus homérique dans la littérature de l’extrême-contemporain (domaines français, anglais et espagnol)"

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  • En étudiant l’égyptologie, j’ai toujours été attirée par la frontière méridionale de l’Egypte et au-delà. La Nubie, le Soudan, les royaumes successifs de Kerma, de Kush et de Méroé. Malgré leurs histoires fascinantes, ils demeurent bien moins connus que leurs voisins pharaoniques au nord - et pourtant - ils avaient eux aussi des rois, des hiéroglyphes, des dieux et des pyramides. 


    La figure de la candace ressort vite, un titre conféré à certaines reines plus puissantes que les autres, un mot ancien venu jusqu’à nous à travers le grec qui déforme beaucoup, comme le titre de pharaon pour les rois égyptiens. Une candace, en Nubie antique, c’est une reine, souvent guerrière ou bâtisseuse, qui règne aux côtés de son fils. 


    Mais toutes les reines n’étaient pas candaces, et nous disposons encore de peu d’informations à leur sujet. Vous verrez donc que c’est un épisode un peu spécial, où l’on ne parle pas que de notre héroïne antique, mais où l’on s’attarde à croiser les indices et à la replacer dans son contexte méconnu, car on dispose de très peu de sources et la recherche et l'archéologie ont mis longtemps à s’y intéresser aux royaumes antiques du Soudan qui sont longtemps restés dans l’ombre de l’Egypte pharaonique.


    Pour en discuter, j’ai invité Aminata Sacko-Autissier. Aminata travaille au Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre, et je la connais depuis plusieurs années déjà, puisque j’ai effectué un stage auprès d’elle à la fin de ma licence. J’avais d’ailleurs travaillé sur la préparation d’une exposition sur les "pharaons noirs" du Soudan.


    Aminata est docteure en égyptologie. Après une thèse soutenue en Sorbonne en 1997 sur les relations entre l’Egypte et ses voisins, dont le Soudan, elle a d’abord été ATER au Collège de France avant de rejoindre l’Institut du monde arabe (IMA), puis le musée du Louvre. Membre du laboratoire Orient & Méditerranée du CNRS, elle est spécialisée sur la Nubie et le Soudan antiques. 


    Ensemble, nous avons donc parlé de candaces et notamment de l’une d’elle, Amanirenas, contemporaine de Cléopâtre. Nous avons parlé de reines régentes au pouvoir, de repousser l’envahisseur romain, d’être légitimée par une déesse-mère et d’enterrer la tête coupée de l’Empereur dans le sable… Mais aussi du pillage d’un trésor par un explorateur italien, d’une pyramide détruite, de l’opéra Aïda, des dessins animés de Michel Ancelot, de colonisation antique et moderne, et de hiéroglyphes qui restent encore à déchiffrer.


    Pour tout ça et plus encore, je vous invite à rejoindre ma conversation avec Aminata au sujet d’Amanirenas.


    Crédits

    Réalisation, production, montage : Servane Hardouin-Delorme

    Illustration : Morwenna Descottes / Le palais des courants d'air sur YouTube

    Générique : Mathilde Desanges

    Recherches documentaires : Laëtitia Porlouis


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  • Vénus, pour moi, a toujours été l’équivalent romain d’Aphrodite, mais en moins stylée. On connaît beaucoup d’histoires sur Aphrodite, le symbole de beauté, le tempérament jaloux, la querelle de déesses qui a mené à la guerre de Troie, mais on sait peu de choses finalement sur Vénus, que je voyais un peu comme sa grande soeur romaine et reloue. 


    Mais quand on y réfléchit, on la croise finalement beaucoup : Vénus de Botticelli, Vénus de Milo, Vénus d’Urbain de Titien. Vénus c’est aussi la planète, et donne son nom à un jour de la semaine puisque vendredi vient de Vénus. Sans parler des Vénus préhistoriques, devenue un mot pour nommer les figures féminines nues qu’on trouve en archéologie. Enfin bref, Vénus n’est finalement pas si absente.


    Elle est même loin de l'image qu'on en a : Vénus n'était pas une déesse de l'amour ou du sentiment amoureux, mais bien une déesse incitant à l'accouplement sexuel et à la fertilité, et donc à la source de toute création et toute vie. Déesse-mère, Vénus en devient la mère de Rome, de Jules César, de l'Empire et de tous les Romains, les guidant à la guerre, dotée d'une force martiale.


    Pour en parler, j’ai invité Florie Debouchaud. Florie a consacré sa thèse à la déesse Vénus. Dans le cadre d’un doctorat en histoire de l’art médiéval à l’Université de Paris-Nanterre, elle a étudié les réceptions de la déesse Vénus dans l’Antiquité tardive. Chercheuse associée au laboratoire Archéologies et Sciences de l’Antiquité, elle enseigne l’histoire de l’art médiéval et l’Antiquité tardive à l’Université Bordeaux Montaigne et à l’Ecole du Louvre, tout en gérant le programme Egalité des chances à l’Ecole du Louvre.


    Ensemble, on a parlé de Vénus ; on a parlé de naître dans l’écume, d’être la patronne de Rome et des romains et de tromper le dieu forgeron avec celui de la guerre ; mais aussi de Jules César, de Botticelli, de représenter la nudité féminine au temps du christianisme et d’une histoire de nonnes possédées par le démon de Vénus.


    On a surtout parlé d’une déesse primordiale, d’une force universelle et d’une puissance féminine perdue.


    Pour tout ça et plus encore, je vous invite à rejoindre ma conversation avec Florie Debouchaud au sujet de Vénus !


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  • Je n’ai découvert Médée que tard dans ma vie. Le mythe grec de la magicienne qui assassine ses propres enfants … Sans la connaître, elle était pour moi la figure du crime, du monstre, de l’attaque cruelle qui déchire l’humanité et qui se déchire un peu soi. Et quand je me suis intéressée à elle plus en détails, j’ai été fascinée, sans trop pouvoir l’expliquer.


    Médée semble avoir autant d'identités que de vies. Tantôt femme savante ou "sorcière", monstre ou justicière, princesse ou marginale, déesse ou "barbare", amoureuse ou trahie, maternelle ou criminelle, manipulatrice ou ensorcelée, d'une folle colère ou d'un sang froid... Médée est une héroïne complexe, qu’on ne peut réduire à une seule case, qui remue des choses dans le bide qu’on ne sait classifier ; comme le résumera mon invitée, c’est "son extrême ambivalence qui nous touche". 


    Pour en parler, j’ai invité Blandine Le Callet, chercheuse, enseignante et autrice d’essais, de romans et de bande-dessinées. Agrégée de lettres classiques, elle enseigne le latin et la culture de l’Antiquité à l’Université Paris-Est–Créteil (UPEC). Elle poursuit des recherches sur la notion de "monstre" dans l’Antiquité, et a traduit la Médée de Sénèque aux éditions Gallimard. Enfin, elle est l’autrice de la série de bandes-dessinées Médée, publiée en 4 tomes de 2013 à 2019 aux éditions Casterman - et en intégrale en 2021.


    Ensemble, nous avons parlé de magie, de crime et de vengeance ; de voyage sacrilège sur les mers, de monstres à combattre et de dragons volants ; mais nous avons aussi parlé d’être une femme dans une épopée, d’être une étrangère en Grèce antique, et d’être une mère avec des doutes ou des regrets. Enfin, nous avons parlé de l’oeuvre personnelle de l’autrice, de comment écrire avec le poids d’un mythe et de l’ambivalence et du mal au coeur de chacun d’entre nous.


    Pour tout ça et plus encore, je vous invite à rejoindre ma conversation avec Blandine Le Callet au sujet de la figure de Médée.


    TW : Médée a eu une vie violente : cet épisode aborde des thèmes tels que le meurtre, l'infanticide, le suicide, l'automutilation, ainsi que la brutalité envers les jeunes femmes dans la sexualité. Si cela vous heurte, évitez peut-être cet épisode et prenez soin de vous.


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  • Découvrez la Nymphe et la Sorcière, le tout nouveau podcast qui raconte les histoires des héroïnes de l’Antiquité ! 🧜‍♀️


    Circé, Isis, Lilith, Cléopâtre, Aphrodite, Salomé, Sappho, Néfertiti, Ishtar… De la Grèce à la Syrie, de l’Egypte à l’Italie, l’Antiquité méditerranéenne est traversée de figures féminines fascinantes. Déesses, nymphes, sorcières, gorgones, sirènes, démones, mais aussi scribes, reines, pirates, capitaines, poétesses et doctoresses.


    Au rythme d’un épisode par héroïne, le podcast donne la parole à des historiennes, chercheuses, artistes ou archéologues. Au micro de Servane Hardouin-Delorme, elles vous invitent à rencontrer les héroïnes, réelles ou imaginaires, d’il y a trois millénaires.


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    Un podcast créé et réalisé par Servane Hardouin-Delorme.

    Musique : Mathilde Desanges

    Illustration : Morwenna Descottes / Le Palais des courants d'air

    Recherches : Laëtitia Porlouis


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