Afleveringen

  • Prendre la plume



    Dans les méandres d’un genre qui en dit long sur son présent tout en affirmant parler du futur, Antoine Jaquier, spécialiste en management culturel et écrivain, enchante les amateurs de SF avec deux de ses romans, Simili-love et Tous les arbres au-dessous. Il débarque avec fracas en publiant son premier roman Ils sont tous morts en 2013, couronné l’année suivante du prix Edouard Rod. Son deuxième livre, Les chiens, paraît en 2015, et il décroche lui aussi un prix, celui des lecteurs de la Ville de Lausanne. Suivra Légère et court-vêtue en 2017. Antoine Jaquier grandit dans une configuration familiale faite de goût pour la pédagogie, pour l’acquisition des connaissances et pour les belles mécaniques horlogères finement ouvragées, ce qui a contribué à l’émergence de sa pratique littéraire. Entouré de livres depuis toujours - la lecture a façonné son quotidien - il dévore d'abord des bandes dessinées, de Spirou à Tintin avant de découvrir Bilal et Mœbius. Il rencontre l'écriture en répondant à des concours de nouvelles dans sa vingtaine, jusqu'au jour où ses amis lui lancent un défi: écrire un roman.



    Écrire de la science-fiction



    Ses premiers romans ne relèvent pas de la SF. Ainsi, Ils sont tous morts évoque les ravages de la drogue sur un groupe de jeunes issus de la campagne vaudoise. Lorsqu'il rédige Simili-love, il n'associe pas immédiatement le terme de science-fiction à l'histoire qu'il construit, bien qu'il s'inspire d'Aldous Huxley et du Meilleur des mondes, et explore les thèmes de l'I.A. et de l'androïde. Il imagine trois castes dans la société de son roman: les inutiles, qui représentent 70% de la population, les désignés, les 25% servant les 5% restants, l'élite. Si cela semble futuriste, Antoine Jaquier propose une autre explication:




    On est en fait là-dedans, mais les choses sont non dites.




    Maxime, son protagoniste, est scénariste. Il vit dans un monde qui a été complètement remodelé par La Grande Lumière, soit ce moment où Foogle, sorte de méga-GAFA tentaculaire, a décidé que toutes les traces de nos vies numériques seraient désormais en accès libre, consultables par n’importe qui. Tout le monde se retrouve à poil. S’y ajoutent cette division de la société en trois castes, l’explosion de l’I.A. et l’omniprésence des androïdes de compagnie. Après cette première expédition dans le monde de l'écriture de science-fiction, Antoine Jaquier explique que le rôle de l'auteur de SF est de faire émerger l'espoir d'un nouveau monde possible, un objectif rarement atteint:




    On ne va pas vers le beau, comme on dit chez nous.




    Dans Tous les arbres au-dessous, c’est fait, l’effondrement a eu lieu. On y suit Salvatore, un homme mûr, un Parisien pur sucre qui a troqué la rébellion de ses jeunes années contre un boulot dans la communication et un engagement dérisoire pour les énergies vertes. Mais fin nez, il s’est préparé. Il a acheté une ferme paumée dans un alpage des Vosges et stocké vivres, armes, livres et médicaments. Quand les structures étatiques s’écroulent, il file se réfugier là-bas, où il végète quelques années avant qu’une jeune sauvageonne, Mira, et un dandy androgyne et sa vache ne viennent troubler son isolement.



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    Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 3 mai 2024

    Publiée le 6 mai 2024

    Crédits photo: Antoine Jaquier

  • Rachel Maisonneuve est allée à la table ronde BD et I.A., quelles fictions? organisée par BDFIL à Lausanne le dimanche 21 avril, où Appupen et Laurent Daudet lui ont fait découvrir leur album Dream Machine dans lequel l’intelligence artificielle est capable de tout, du meilleur mais surtout du pire. Était aussi présent Pierre Schilling, auteur de BD numérique et coprésident de l’Association professionnelle des autrices et auteurs de bande dessinée suisses (SCAA). Plus tard, au stand des éditeurs suisses romands, Rachel passe le micro à Julien Delaye qui travaille chez l'éditeur Atrabile.



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    Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 3 mai 2024

    Publiée le 6 mai 2024

    Crédits photo: Rachel Maisonneuve

  • Zijn er afleveringen die ontbreken?

    Klik hier om de feed te vernieuwen.

  • Salut à toi, intrépide audience qui t’apprête à pénétrer dans une étrange dimension où tout peut arriver, la chronique de José Lillo sur Midi Bascule, modeste reflet sur les ondes des évènements qui agitent le monde décidément très agité en ce moment. Comme l’écrivait le désormais regretté Paul Auster à qui je souhaite ici rendre hommage:




    La distance entre la pensée et les actes peut être immense, un gouffre aussi vaste que le monde lui-même.




    Je doute qu’il ait eu en tête au moment où il l’écrivait les Conventions de Genève, le droit international ou les résolutions de l’ONU, qui ont plus un statut de poupées gonflables en libre service dans un symposium de masculinistes en mal de démonstrations viriles que de réelles pensées ou expressions formelles des organes qui les adoptent rédigées en vue d’une action collective concrète et coercitive dans le vaste monde. Dit comme ça, ça sonne bien mais tout ça, au final, c’est du papier, de la feuille, du PDF. Du mail que tu n'ouvres pas et qui finit direct dans la corbeille à côté des spams et des suggestions LinkedIn. Personne ne pourra dire le contraire: jusqu’à aujourd’hui, les conventions de l’ONU, rien ne les distingue de la SF, dont il convient de rappeler ici la pertinente définition:




    Situations et évènements appartenant à un avenir plus ou moins proche.




    Oui, la SF, ça prend son temps avant que ça ne se passe. Et encore, si ça se passe... Sans oublier la variable radicale:




    Appartenant seulement au domaine de l’imaginaire.




    C’est là qu’on comprend que la science-fiction c’est large, beaucoup plus large que ce qu’on croit et qu’au sens de sa définition, ça inclut même par exemple Les 10 commandements. Et dans Les 10 commandements, en particulier le cinquième: Tu ne tueras point les civils. Ah non, pardon... Il n’est pas spécifiquement précisé dans le cinquième commandement qu’il ne faut pas tuer les civils, mais si je puis me permettre, il serait faux de laisser entendre qu’il règne un flou dans les Tables de la Loi. Parce que le cinquième commandement est même encore plus radical que ça:




    Tu ne tueras point.       




    Tout court. Le cinquième commandement est islamo-gauchiste, ce n’est pas possible autrement. Ce sont des étudiants de Paris-Sorbonne qui l’ont taggué sur le buisson ardent ou quoi? Bon, là, on était sur le cinquième commandement, mais le dixième, c’est encore plus embarrassant, je ne sais même pas si j’ose même mentionner le 10e commandement... Bon, allez, à la une, à la deux, à la trois:




    Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain.




    Oui, c’est là où tu comprends qu’en 2024, rien que de citer le 10e commandement de l’Ancien Testament, tu peux te retrouver avec une plainte pénale du CRIF pour antisémitisme et apologie du terrorisme. Je ne sais pas si on a les épaules pour ça ici, à Midi Bascule. Ah, on me fait signe depuis la régie que non... Sûr? OK OK.



    Bon poursuivons, mais bifurquons habilement, je reprends. Et donc, la SF, c’est beaucoup plus large que ce qu’on croit - allez, ni vu ni connu - la SF elle est partout. La SF, c’est des dirigeants du CAC 40 qui gagnent en moyenne 130 fois plus que leurs salariés, parler de croissance alors que six limites planétaires ont déjà été dépassées, parmi lesquelles l’érosion de la biodiversité, le changement climatique et l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère.



    La SF, par exemple, c’est l’aviation décarbonée à la Climate Impulse qui a surtout pour fonction de promener Bertrand Piccard dans l’espace médiatique, lequel est à la science et à l’écologie ce que Joël Dicker est à la littérature et à la prose. Si c’est ça la contribution romande au patrimoine culturel mondial, je préconise une mise en quarantaine de la région.



    La SF, c’est ce sentiment de déjà vu quand tu apprends dans les médias, ce jeudi seulement, qu’un rapport établit enfin que les principaux géants mondiaux du pétrole et du gaz savaient depuis "au moins" les années 1960 que les énergies fossiles allaient entraîner un réchauffement de la planète, mais ils ont persisté à le nier et même pratiqué la désinformation. Ah bon? J’ai l’impression d’avoir déjà vécu ce moment. C’était pas déjà officiel? Je suis sûr de l’avoir déjà entendu, lu, vu des reportages là-dessus.



    Une seule réponse, ça ne peut être que de la SF.



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    Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 3 mai 2024

    Publiée le 6 mai 2024

    Crédits photo: Anne Bouchard

  • L'évolution de la SF romande 



    De la science-fiction en Suisse romande? Si 42 est la réponse à la grande question sur la vie, l’Univers et tout le reste dans Le guide du voyageur galactique de Douglas Adams, c'est à travers d'autres œuvres que ce genre s'exprime par chez nous. Il y a 15 ans déjà, Campiche publiait Défricheurs d’imaginaire, une anthologie de la SF romande sous la direction de Jean-François Thomas. Cet ouvrage regroupe des textes publiés entre 1884 et 2004, ce qui permet de poser un constat introductif réjouissant: oui, la SF existe en Suisse romande, et elle se porte aujourd’hui mieux que jamais, merci pour elle. Elle a ses précurseurs, on peut même remonter jusqu’aux textes conjecturaux que le juriste Emer de Vattel publie au milieu du XVIIIe siècle, parmi lesquels le Projet pour la composition d’un élixir de livres qui vaut franchement le détour. Elle a ses auteurs et ses autrices, comme la Genevoise Noëlle Roger, qui publie plusieurs romans d’anticipation de bonne facture dans la première moitié du XXe siècle. La science-fiction prospère, tant en littérature qu’en BD ou au cinéma, avec des plumes aussi créatives que Laurence Suhner, Stéphane Bovon, Frederik Peeters, ainsi que la sortie il y a trois ans de Tides, un film signé Tim Fehlbaum où beaucoup de critiques ont vu une forme de maturité quasi hollywoodienne dans la conduite du récit et la qualité spectaculaire du résultat.



    Écrire la science-fiction



    Dans les méandres d’un genre qui en dit long sur son présent tout en affirmant parler du futur, Antoine Jaquier, spécialiste en management culturel et écrivain, enchante les amateurs de SF avec deux de ses romans, Simili-love et Tous les arbres au-dessous. Il débarque avec fracas en publiant son premier roman Ils sont tous morts en 2013, couronné l’année suivante du prix Edouard Rod. Son deuxième livre, Les chiens, paraît en 2015, et il décroche lui aussi un prix, celui des lecteurs de la Ville de Lausanne. Suivra Légère et court-vêtue en 2017. Antoine Jaquier grandit dans une configuration familiale faite de goût pour la pédagogie, pour l’acquisition des connaissances et pour les belles mécaniques horlogères finement ouvragées, ce qui a contribué à l’émergence de sa pratique littéraire. Entouré de livres depuis toujours - la lecture a façonné son quotidien - il dévore d'abord des bandes dessinées, de Spirou à Tintin avant de découvrir Bilal et Mœbius. Il rencontre l'écriture en répondant à des concours de nouvelles dans sa vingtaine, jusqu'au jour où ses amis lui lancent un défi: écrire un roman.



    Imaginer le futur pour comprendre le présent



    Ses premiers romans ne relèvent pas de la SF. Ainsi, Ils sont tous morts évoque les ravages de la drogue sur un groupe de jeunes issus de la campagne vaudoise. Lorsqu'il rédige Simili-love, il n'associe pas immédiatement le terme de science-fiction à l'histoire qu'il construit, bien qu'il s'inspire d'Aldous Huxley et du Meilleur des mondes, et explore les thèmes de l'I.A. et de l'androïde. Il imagine trois castes dans la société de son roman: les inutiles, qui représentent 70% de la population, les désignés, les 25% servant les 5% restants, l'élite. Si cela semble futuriste, Antoine Jaquier propose une autre explication:




    On est en fait là-dedans, mais les choses sont non dites.




    Pour lui, le rôle d'un écrivain de SF est de faire émerger l'espoir d'un nouveau monde possible, un objectif rarement atteint:




    On ne va pas vers le beau, comme on dit chez nous.




    Dans Tous les arbres au-dessous, c’est fait, l’effondrement a eu lieu. On y suit Salvatore, qui s’est préparé. Il a acheté une ferme paumée dans un alpage des Vosges et stocké vivres, armes, livres et médicaments. Quand les structures étatiques s’écroulent, il file se réfugier là-bas, où il végète quelques années avant qu’une jeune sauvageonne, Mira, et un dandy androgyne et sa vache ne viennent troubler son isolement.



    Rachel Maisonneuve est allée promener son micro à BDFIL pour y rencontrer d'autres plumes qui contribuent à enrichir la science-fiction. La Suisse romande n’a de loin pas à rougir de ses talents en matière de mauvais genres en général et de science-fiction en particulier. José Lillo constate que la SF est partout, y compris dans des domaines où on ne l’attend pas.



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    Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 3 mai 2024

    Publiée le 5 mai 2024

    Crédits photo: Blade Runner de Ridley Scott © Warner Bros.

  • Salut à toi agrégat de molécules et de protons de carbone, d’eau et d’azote. Alors oui, je sais, il y a façon plus guillerette de commencer une chronique que de ramener tout le monde à un tableau chimique périodique, à sa matérialité première, mais c’est que des fois, j'ai l’impression qu’il n'y a plus que ça qui nous relie, nous là, avec toutes nos différenciations clivantes. Et puis bon, si ça refroidit l’ambiance, prenez ça comme ma contribution à la lutte contre le réchauffement climatique, c’est toujours ça de pris sur la grande inaction mondialisée.



    Bon, j’ai appris, en préparant cette chronique, qu’il y a même du lithium dans le corps humain. Oh pas beaucoup, mais quand même, même très peu, c’est flippant. Je ne sais pas quelle quantité d’humains il faut pour faire une batterie électrique mais faudrait pas que le lithium vienne à manquer dans les mines, si tu vois ce que je veux dire. La clientèle Tesla est pas très regardante sur la provenance des matériaux de son joujou de deux tonnes. C’est pas parce qu’on serait contraint de prélever du lithium à même les gens que ça freinerait le marché. Quand t’as vu le marché ne pas foncer sur une opportunité? Même s’il faut pour ça marcher sur des cadavres. Quand je pense à tout ce lithium de perdu chaque fois qu’une embarcation de migrants fait naufrage et coule avec la cargaison. Dommage en plus, maintenant qu’on le sait, que ça rajoute du microplastique dans les océans avec tout ce que ça ingère de nanoparticules plastiques un corps humain globalisé, même de provenance subsaharienne.



    Comme si c’était pas déjà assez pollué comme ça la mer. Un camion de déchets plastiques par minute qui se déverse dedans, il paraît, 15'000 kilos. Une tonne toutes les trois secondes. Le poids des blagues dans un sketch de Bigard ou la fréquence poétique dans une chanson de Lalanne. Bon, nous, on sait qu’en moyenne générale, on se bouffe cinq grammes de plastique par semaine. Le poids d’une carte de crédit, disent les sites informés, ce qui est assez cynique comme comparaison pour une humanité qui vit à crédit sur ses ressources naturelles, en plus de laisser se noyer ses plus pauvres dans ses villes et sur les flots. Plus d’un milliard quand même à l’échelle mondiale. Les misérables. Mais les misérables, on a envie de dire, ce sont surtout ceux qui ont laissé pourrir la situation ou qui y ont contribué à un degré aussi apocalyptique.



    Cinq grammes de microplastique par semaine, ça fait du 250 grammes par an. Ce serait de l’or, ça vaudrait 17'251 balles et 60 centimes, les 250 grammes, mais rêve pas, c’est juste du microplastique. Ça vaut que dalle, à part des problèmes de santé qu’on a encore du mal à identifier. On en a même retrouvé qui circule dans le sang, du microplastique, pas juste dans le bide comme une fondue avant le digestif. Ça peut s’avaler, mais ça peut aussi s’inhaler. Par l’air donc. Putain, moi je ne baise plus en plein air, ni dans l’eau, ni sur la plage, rien. À la maison et fenêtres fermées. Et que ce soit le plus court possible pour réduire les risques. Le palpitant à basse fréquence pour ne pas pomper du plastoc par le nez pendant la cadence. Et pas question de s’hydrater après avec du Perrier, Vittel, Contrex.



    J’ai lu ce qu'il s’est passé avec l’eau, les petites magouilles signées Nestlé, avec les traitements interdits et la suspension de ses puits dans le Gard et dans les Vosges jusqu’à nouvel ordre. Déviation microbiologique ponctuelle qu'ils disent, c’est pas le genre de label qui inspire confiance ou alors autant qu’un programme de restauration des océans qui aurait été baptisé Fukushima. C’est con, mais pendant que les responsables économiques et politiques brassent de l’air en matière d’écologie, le lac Léman, lui, ne brasse plus assez ses eaux.



    Douze ans que ça dure. Résultat, les nutriments restent au fond et s’asphyxient. Et la teneur en oxygène, elle, reste en surface, alors qu’avant ça se mélangeait. C’est grave au point que maintenant, l’écosystème du lac se la clamse en direct. Si on compare à l’échelle planétaire, la température des eaux du lac Léman se réchauffe quatre à cinq fois plus vite que les océans sous l'effet du réchauffement climatique. Et plus il se réchauffe, plus ça fait de cyanobactéries, lesquelles produisent des toxines. Passé un seuil, c’est la potabilité du lac qui est compromise. Dommage pour un lac qui est le réservoir d’eau d’un million d’habitants en plus d’être le plus grand lac d’Europe occidentale. La seule bonne nouvelle, c’est que quand tout ça arrivera, on ne sera même plus assez hydraté pour pleurer.



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    Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 26 avril 2024

    Publiée le 29 avril 2024

    Crédits photo: Anne Bouchard

  • Écouter la nature



    Olivia Csiky Trnka est comédienne, danseuse, autrice et dramaturge. Elle participe à l'appel à projets Radio Bascule 2023 et sa création sonore fait partie des lauréats. L'artiste décide de s'exprimer, derrière le micro, sur les thématiques chères à son cœur de la nature et du rapport de l'être humain à celle-ci. Elle consacre en effet plusieurs de ses créations à l'écologie:




    J'aimerais que mon discours sur le sujet évolue, mais pas du tout, car le monde ne change pas assez vite.




    Le compositeur Robin Girod et le créateur sonore et monteur Rémy Rufer l'ont accompagnée dans cette aventure à la rencontre des éléments.



    Immersion et reconnexion



    Dans Promenade Élémentaire, Olivia Csiky Trnka propose trois balades relatives à l’eau, à la terre et à l’air. Elle mêle analyses scientifiques, coups de gueule, humour, méditation et poésie en s'intéressant à la matière qui compose l'univers. Elle propose même aux personnes qui l’écoutent une marche à suivre: sa création sonore ne s’écoute pas n’importe où, mais dans un lieu qui favorise la connexion aux éléments. Alors n’hésitez pas à suivre cette émission assis·e dans l’herbe ou depuis votre bain.



    De son côté, José Lillo se désole du plastique s'invitant toujours plus là où il ne devrait pas, dans les océans comme les estomacs humains: cinq grammes par semaine, le poids d’une carte de crédit. Face à ces constats désolants, Olivia Csiky Trnka en propose un autre:




    La solution, c'est la décroissance et c'est tout.




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    Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 26 avril 2024

    Publiée le 26 avril 2024

    Crédits photo: Promenade Élémentaire © Jana Trnka

  • Entre l'art et le sport extrême



    Le circassien et performeur Marc Oosterhoff explore le risque physique au sein de sa pratique artistique. Il a vu le cirque évoluer ces dernières années, en particulier en Suisse où une image traditionnelle et familiale s'est longtemps imposée. Le cirque se rapproche désormais d'autres arts vivants comme le théâtre ou la danse. Comme cette dernière, ses performances s'apparentent à des prouesses sportives. Marc Oosterhoff s'éloigne de l'illusion du spectacle pour se tourner vers des numéros qui ont des conséquences.



    Risque et danger



    Du lancer de couteaux, il montre son équilibre sur une chaise en ayant pris soin de placer les lames n'ayant pas atteint leur cible, pointes vers le haut, en direction de son dos. À l'image d'athlètes en quête de sensations extrêmes, Marc Oosterhoff trouve dans le risque un lien incomparable, une connivence avec le public, qui fait ainsi partie intégrante de la représentation. Il explique la différence entre le danger et le risque. Au cirque, l'artiste peut choisir de montrer ou de cacher le danger. Si ce dernier est visible, il n'est pas toujours lié au risque, qui diminue avec l'entraînement, comme c'est le cas pour les athlètes.





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    Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 19 avril 2024

    Publiée le 22 avril 2024

    Crédits photo: Cie Moost © Alex Brenner

  • Athlète artiste ou artiste athlète



    Pour la danseuse et chorégraphe Mena Avolio, la frontière entre sport et art n'a jamais été aussi fine, particulièrement en ce qui concerne la danse. Les prouesses physiques demandées aujourd'hui en écoles professionnelles surpassent le cursus qu'elle se souvient avoir suivi. Si l'entraînement des danseur·euse·s s'aligne sur celui des athlètes, comment réellement les différencier? Selon elle, la technique se travaille, mais pas l'émotion. Il n'y aurait donc pas toujours de frontière entre l'art et le sport:




    Un athlète peut être un artiste, ce qui tranche c'est le cœur, l'esprit.




    Danser et chorégraphier



    Si les danseur·euse·s se rapprochent des athlètes par leur entraînement, leur implication dans la création de la chorégraphie a évolué pour s'imposer comme une nouvelle méthode de travail. Cela leur permet de s'exprimer, d'apporter de la matière plutôt que d'interpréter celle d'une seule personne, le ou la chorégraphe. L'échange est au cœur de la discipline. C'est dans cet élan que Mena Avolio a créé en 2005 la compagnie Ô bains, qui réunit professionnel·le·s et amateur·rice·s. Elle en est convaincue:




    Tout le monde peut danser.




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    Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 19 avril 2024

    Publiée le 22 avril 2024

    Crédits photo: © Magali GIRARDIN

  • Pendant le festival Antigel en février, Rachel Maisonneuve s’est rendue à la collective aux Eaux-Vives pour un cours d’aérobic hors norme donnée par la professeure postérieure. Cette performance participative, appelée le Sprot, est une positive attitude classée cinq étoiles. Fitness artistique, ce show ne rentre dans aucune catégorie ou toutes à la fois.



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    Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 19 avril 2024

    Publiée le 22 avril 2024

    Crédits photo: Rachel Maisonneuve

  • Marie-Eve: Il y a quelque temps, un spectacle de danse africaine donné au Forum Meyrin fut suivi d’un DJ set d’afrobeat, dans le foyer même du théâtre. Or, une source anonyme m’a confié que si le public, un peu timide, rechignait à se trémousser en nombre dans ce cadre, un drôle d’oiseau a mis sans vergogne le feu au dancefloor. Croyez-le ou non, je parle de notre chroniqueur Olivier! Allez, avoue, c’est vrai cette histoire ou c’est une légende urbaine?



    Ouaaaiiis bon d’accord, ramenons les choses à de plus justes proportions: j’ai dansé ce soir-là, j’ai dansé avec plaisir, mais pour ce qui est de mettre le feu, on n'était pas dans un incendie d’envergure travoltienne, hein! Un modeste feu de camp, à peine quelques flammèches...



    M.-E.: Mais des flammèches d’afrobeat! C’est dingue ça, moi qui t’imaginais plus volontiers donner dans la gavotte ou le menuet...



    Alors cet âgisme est insupportable, madame l’ingénue. Et puis quoi encore? Je devrais fréquenter les thés dansants peut-être? Ou alors m’installer en Tchétchénie, où Kadyrov, le chef de l’État, mi-tyran mi-bouffon, a décidé d’interdire toute musique qui ne se situe pas entre 80 et 116 bpm? Comme ça, bye-bye l’electro, la house, le rap, aucun risque que je me déhanche sur des musiques de godelureau, c’est ça l’idée? Je sais que mon style yaourt ne sera jamais enseigné dans les écoles, mais ce n'est pas une raison pour doucher mon enthousiasme.



    M.-E.: Dis voir, qu’est-ce que t’es chatouilleux sur cette question de la danse. Tu aimes ça à ce point?



    Tranquille, c’est bon, je n'en fais pas une religion non plus. Mais en effet, après mes jeunes années où la gêne l’emportait sur le plaisir, et maintenant que le regard des autres m’est bien plus indifférent, je trouve cette discipline assez plaisante, limite jouissive. Un peu comme le sport d’ailleurs: tu te donnes, tu te lâches, tu transpires et par moments, quand les astres s’alignent, tu peux même accomplir un beau geste, un enchaînement fluide. En résumé, la danse c’est sensass, ça fait du bien au corps et au moral, ça booste l’ego, je recommande chaudement!



    M.-E.: À 100%? Si c’est le cas, y'a un loup là... T’es pas vraiment du genre camelot toi.



    On ne peut rien te cacher à toi. Disons que je recommande à 60 ou 70%. La danse, ça doit se pratiquer avec modération, discernement, voire une prudence de Sioux. Pourquoi? me diras-tu. Pour deux raisons principales.



    En numéro un, il y a l’aspect puissamment anti-physiologique de certaines postures, en particulier dans le ballet classique. Je pense ici à l’en-dehors, une technique qui consiste à développer le mouvement en rotation externe des jambes, de toute la jambe, du bout du pied à la hanche. Eh bien il se trouve que j’ai le privilège d’être aux premières loges pour assister, sur ma Mme Columbo à moi, sur ma blonde passionnée de danse classique, à l’effet dévastateur de cette technique. Donc je le révèle à la face du monde, l’en-dehors, il n'y a pas mieux si vous voulez par exemple que l’articulation de votre hanche se mette à faire le bruit d’une vieille porte de grange rouillée. Et qui s’en étonnera? À force d’exercer des contraintes mécaniques délirantes sur la tête de votre fémur par exemple, vous vous retrouvez avec des articulations qui râpent, qui râlent, avec des muscles qui dérouillent et des tendons à l’agonie.



    Seconde et dernière contre-indication, et pas des moindres: gare aux excès de confiance et à la curiosité galopante! Là aussi, ma blonde fournit un sujet d’étude idéal. Résumé de son état d’esprit récent: la danse c’est génial, je touche le puck, je suis une bête, je peux tout essayer! Y compris, tiens, un cours d’AntiGravity. Je vous explique le truc: il s’agit d’un genre de yoga bâtard qui se pratique emmailloté dans une espèce de hamac suspendu au plafond. Résultat des courses: après sa leçon d’essai, j’ai récupéré en ville une Mme Columbo pliée en deux, avec la démarche d’une petite vieille pluricentenaire, des douleurs profondes en veux-tu en voilà et une impossibilité totale de pratiquer la danse pendant deux semaines minimum. Ah mais bravo, super! Faudrait peut-être que j’investisse mes économies en lançant une nouvelle gamme de cannes orthopédiques, allez savoir, y'aurait du blé à se faire avec toutes les bobos à tutu qui se désarticulent le coccyx...



    M.-E.: Au final, malgré ces réserves, tu restes de la team danse?



    C’est un grand oui quand même. Il y a dans la danse comme une dimension de folie, de possession, d’exutoire féroce, à l’image des Ménades qui accompagnaient Dionysos en un cortège tourbillonnant. Comme la bacchanale, la danse relève de l’animalité codifiée, chorégraphiée, et il est bon de se retremper parfois dans cette douce sauvagerie aux vertus cathartiques. À condition de faire l’impasse sur les déclinaisons du type yoga en scaphandrier la tête en bas, suspendu à une grue en mouvement et lancé dans des postures emberlificotées...



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    Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 19 avril 2024

    Publiée le 22 avril 2024

  • Le corps au cœur des deux disciplines



    Le cirque contemporain repousse les limites corporelles toujours plus loin. La danse, quant à elle, montre des prouesses physiques qui demandent un entraînement intensif tel que les grandes institutions, comme l’Opéra de Paris, ont intégré à leur programme des sessions de kinésithérapie, d’ostéopathie et de massages.



    La compétition



    Selon Google, ce qui distingue la culture du sport est l’aspect compétitif de ce dernier. Pourtant, il n’en tient plus l’exclusivité: le breakdance fait son apparition aux Jeux Olympiques cette année, les concours d’entrée auxquels se prêtent les futur·e·s élèves pour intégrer les formations professionnelles sont extrêmement exigeants et enfin les candidat·e·s de Danse avec les stars sont noté·e·s puis éliminé·e·s. Si la compétition n’est plus un signe distinctif et si les danseur·euse·s s’entraînent physiquement six heures par jour, qu’est-ce qui les différencie fondamentalement des sportif·ive·s?



    Athlète artiste ou artiste athlète



    Pour la danseuse et chorégraphe Mena Avolio, la frontière entre sport et art n'a jamais été aussi fine, notamment en ce qui concerne la danse. Les prouesses physiques demandées aujourd'hui en écoles professionnelles surpassent le cursus qu'elle se souvient avoir suivi. Si l'entraînement des danseur·euse·s s'aligne sur celui des athlètes, comment réellement les différencier? Selon elle, la technique se travaille, mais pas l'émotion. Il n'y aurait donc pas toujours de frontière entre l'art et le sport:




    Un athlète peut être un artiste, ce qui tranche c'est le cœur, l'esprit.




    Risque et danger



    Le circassien et performeur Marc Oosterhoff explore le risque physique au sein de sa pratique artistique. Il a vu le cirque évoluer ces dernières années, pour se rapprocher d'autres arts vivants comme la danse et le théâtre. À l'image d'athlètes en quête de sensations extrêmes, Marc Oosterhoff trouve dans le risque un lien incomparable, une connivence avec le public, qui fait ainsi partie intégrante de la représentation. Il explique la différence entre le danger et le risque. Au cirque, l'artiste peut choisir de montrer ou de cacher le danger. Si ce dernier est visible, il n'est pas toujours lié au risque, qui diminue avec l'entraînement, comme c'est le cas pour les athlètes.



    Sprot et danse: pour le corps comme le cœur



    Pendant le festival Antigel en février, Rachel Maisonneuve s’est rendue à la collective aux Eaux-Vives pour un cours d’aérobic hors norme donné par la professeure postérieure. Cette performance participative, appelée le Sprot, est une positive attitude classée cinq étoiles. Fitness artistique, ce show ne rentre dans aucune catégorie ou toutes à la fois. Quant à Olivier Mottaz, il clame que la danse c’est sensass, ça fait du bien au corps et au moral, ça booste l’ego!, mais avec modération tout de même.



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    Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 19 avril 2024

    Publiée le 20 avril 2024

    Crédits photo: CIE MOOST © Gregory Batardon

  • Fabiana Piacenza est chargée de médiation et des relations scolaires au Service de la culture de Meyrin. Elle se souvient, enfant, de son premier contact avec l'art. Elle a immédiatement plongé dans la pratique artistique en interprétant une pièce de Molière devant ses camarades, dans la grande salle de la cantine scolaire. Un beau souvenir, qui prouve l'impact de l'art sur les jeunes. En tant que médiatrice, Fabiana Piacenza organise des ateliers autour des spectacles, notamment avec les groupes scolaires, en lien avec le système pédagogique. 




    Il faut donner la possibilité aux enfants de se confronter au processus théâtral, c'est très formateur.




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    Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 22 mars 2024

    Publiée le 27 mars 2024

    Crédits photo: Fabiana Piacenza © Jade Bouchet

  • Des enfants au théâtre



    Le directeur artistique et général du Théâtre Am Stram Gram Joan Mompart connaît le lien entre l'artiste et le jeune public depuis longtemps. Sur les planches, il a joué L’histoire du soldat de Ramuz devant des enfants. Dans l'une de ses répliques, une question est posée par trois fois. Il sent un frémissement parcourir la salle à la première occurrence. La répétition pousse les enfants à se concerter. À la dernière itération, ils répondent au personnage!



    Un théâtre vivant



    L'enfant spectateur rappelle à Joan Mompart le chaos originel du théâtre. Le public n'a pas toujours été silencieux face à la scène, il réagissait à ce qu'il s'y déroulait, mangeait: il y a un temps où les gens faisaient l'amour au théâtre. L'académisme du XVIIe siècle a fait oublier ces pratiques et le public adulte d'aujourd'hui s'efface sur son siège. Les enfants, eux, s'expriment davantage sur ce qu'ils voient et prennent part à la représentation. Pour Joan Mompart, la jeunesse est un public à part entière, à considérer aussi sérieusement qu'une audience adulte. Lorsque certain·e·s lui disent qu'il a le public de demain, il réfute:




    Pas du tout, j'ai le public d'aujourd'hui.




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    Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 22 mars 2024

    Publiée le 25 mars 2024

    Crédits photo: Joan Mompart © Francesca Palazzi

  • Marie-Eve: Aujourd’hui, on cause jeune public, médiation, pédagogie, engagement et participation des enfants. Olivier, toi qui es père de trois garçons, j’imagine que le sujet de l’initiation à l’art doit te parler, non?



    Absolument: moi j’initie volontiers, j’explique, je guide, j’éclaire, je corromps n’importe quel enfant, en commençant par les miens. Aucun souci. Et je crois qu’on devrait initier et surtout faire participer les gosses à tout plein de choses, et pas seulement à la culture! Loin de là!



    M.-E.: Ah bon? À quoi par exemple?



    Je pense qu’il faut commencer très jeune, quand le sujet est encore un nourrisson malléable, afin de pouvoir le modeler bien comme il faut. Et d’en faire un parfait encul... pardon un parfait citoyen de demain, inclusif, nombriliste, pacifiste, écolo et super indigné par principe. Pour cela, dès que le lardon est en âge de grailler autre chose que du lait, on peut commencer le dressage... Non, je voulais dire, on peut instaurer une chiée d’actions de médiation et de participation, histoire de compromettre dès le début la future sociabilité du petit con.



    On commence donc par la bouffe et on se répète l’évangile suivant: je pratique une éducation bienveillante, je suis au service du fruit de mes entrailles, je m’attache à en développer le potentiel immense, je ne fais preuve d’aucune autorité – et je ne vais donc pas me casser les roubignoles à imposer à mon gosse des menus et à lui apprendre à manger sans redécorer la cuisine façon Valérie Damidot, avec de la purée de carottes à la place de peinture fuchsia. C’est pourquoi Junior choisira lui-même ses repas, même s’il ne sait que baver et ne parle pas encore. En plus, on lui laissera tout loisir de consommer sa pitance où, quand et comment il le désire. Pareille approche n’a que des avantages.



    M.-E.: J’ose à peine demander lesquels...



    Pour aller vite, je n’en citerai que deux. Ainsi, on sait que les morveux ont la fâcheuse habitude de laisser traîner leurs doigts potelés partout, y compris dans les prises électriques. Or si, au plus fort de la préparation participative de son dîner, Junior s’est loupé en introduisant une carotte ET une main dans le mixer, le voici manchot! Et c’est parfait, car votre bambin amputé d’une main fera moitié moins de conneries! Pas de mains, pas de bêtises, c’est logique. Autre avantage, en particulier si vous êtes des parents peu hospitaliers: tout repas en freestyle de votre enfant transformant la cuisine en annexe de la bande de Gaza, vos amis détesteront venir manger chez vous et vous foutront une paix royale!



    M.-E.: Alors quoi? L’éducation à la schlague, c’est mieux? La verticalité, l’autoritarisme? Les sévices corporels, peut-être?



    Oh les vilains mots que voilà! Tu caricatures ma position... J’entends au contraire que les enfants participent à et se prononcent sur tout ce qui les concerne. En vertu de quoi un vulgaire pédiatre et des parents flippés décideraient-ils du traitement d’un enfant malade? Pourquoi priver nos petits de la joie de posséder un iPhone dès qu’ils le désirent? En vertu de quoi les programmes scolaires prétendent-ils transmettre des connaissances qui n’ont même pas été validées par les mômes? C’est complètement fasciste! Junior a le droit de refuser les piqûres et de se soigner à coups de fraises Tagada; il a le droit de scroller et de swiper dans les langes; il a le droit de contribuer au choix des matières enseignées à l’école! Non mais!



    M.-E.: Euh... Tu pousses le bouchon un peu loin là, quand même.



    Que nenni. Faire participer les enfants, et au final les laisser se gouverner eux-mêmes, c’est juste la base, la promesse d’un monde où couleront le lait et le miel, dans la concorde de l’amour universel. Il n’y a qu’à lire Sa Majesté des mouches ou le dernier Liu Cixin traduit en français, L’ère de la supernova, pour le constater: quand les enfants sont aux affaires, ça ne peut déboucher que sur un Pays de Cocagne, un paradis sur Terre, tant les gosses sont naturellement bons, mesurés, rationnels et partageurs. Comment tout cela pourrait-il finir en carnage, hein, je vous le demande? Il y a juste un hic. Tôt ou tard, en grandissant, le minot constate que le réel ne se plie pas toujours à son désir.



    Arrivé à ce stade, il lui reste une échappatoire: devenir un adulescent, de ce mot-valise qui amalgame ado et adulte. Si le réel ne lui convient pas, il est toujours possible de le congédier et de macérer dans le plus complet narcissisme. C’est on ne peut plus mérité! Après tout, même Jason, le Tanguy de votre collègue de bureau, même Jason, 32 ans, passionné par les mangas et le cosplay, glandeur nourri logé blanchi par ses darons, même lui a une excuse imparable: il est HPI bien sûr. Alors qu’on lui lâche la grappe et qu’il continue à participer à la cocococonstruction de son déclassement social et de sa désinsertion professionnelle. Parce qu’il le vaut bien.



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    Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 22 mars 2024

    Publiée le 25 mars 2024

  • Salut à toi, qui est né quelque part et qui n’en est pas pour autant devenu imbécilement heureux. Pathologie qui s’attrape au contact prolongé d’un drapeau, allant même jusqu’à provoquer à l’âge adulte une morbidité de la crispation identitaire, dite dans le jargon de clinique des troubles anxieux une finkielkraulite, pouvant entraîner la dissolution de l’empathie humaine et de toutes ces petites choses autour desquelles on s’agitait tant autrefois. Surtout dans l’après 45.



    Mais trêve de radotage, le comité éditorial de Midi Bascule m’a cette semaine passé commande d’une chronique sur la situation des enfants dans le monde, à laquelle, inconscient que je suis, j’ai répondu favorablement. Je leur ai dit: Houla, ça risque de plomber l’ambiance c’t’affaire... À quoi il m’a été répondu, avec le sérieux de circonstance: On sait. Mais José, depuis quand tu as des réticences à plomber l’ambiance? À quoi j’ai répondu, sincère et contrit: C’est vrai. Mais n’allez pas croire que j’y trouve un quelconque plaisir... Si la concorde et l’amour régnaient sur la planète, ou même rien que sur la francophonie, croyez-bien que je me consacrerais ici à livrer des calembours follement divertissants, tels que: Midi Bascule oui, mais Midi Bouscule! Ah, c’est frais, c’est fin, c’est souriant, on en redemande...



    Bon, allez, l’enfance dans le monde en 2024. Alors déjà, passons sur ce que tout le monde sait, c’est-à-dire qu’ils sont destinés à vivre sur une planète de plus en plus inhabitable et qu'ils assisteront à l’extinction d’un nombre considérable d’espèces vivantes, végétales et animales, tel l’éléphant, le tigre, le rhinocéros, la panthère des neiges, bon j’arrête, la liste est trop longue et dépasserait le temps imparti de cette chronique. Les enfants des sociétés prospères de 2024, il leur restera toujours le souvenir de leurs peluches animalières pour se consoler de l’avenir et le souvenir de séries animées Netflix où les rôles principaux sont tenus par de sympathiques animaux anthropomorphisés dans des aventures trépidantes où la mort est absente, afin de ne pas les effrayer selon nos normes civilisées de censure.



    Il est vrai que ces programmes ne sont pas prioritairement destinés aux enfants de Gaza, à qui il n’est d’ailleurs rien destiné si ce n’est, manifestement, de mourir sous l’assaut fanatique du pays voisin qui a décidément bien du mal à distinguer les combattants du Hamas d’une montagne de cadavres d’enfants. Mais passons rapidement là-dessus comme il est d’usage dans la société de l’information contemporaine qui peut pourtant tenir deux semaines sur: pour ou contre Sardou. Et autres diversions permanentes.



    Bref, le fait que les enfants vivront de plus en plus dans un monde de merde (au propre et au figuré), c’est le futur et le futur, ce n’est pas le sujet. Non, le futur, c’est déprimant, alors le sujet, c’est le présent, moins déprimant que le futur. C’est toujours ça de pris. Et qui de mieux que l’Unicef pour nous éclairer sur la situation de l’enfance dans le monde d’aujourd’hui? Et là, navré mais on est tout de suite dans le haut de gamme de l’épouvante: L’année 2023 a été une année noire pour les enfants, prévient l’Unicef. De Haïti au Soudan, du Yémen à l’Ukraine, de l’Afghanistan au Proche-Orient, les enfants du monde entier ont subi des violations de leurs droits les plus fondamentaux qui n’ont jamais été si menacés.



    460 millions d’enfants vivent dans des zones aux crises majeures. Survivre y est devenu un véritable défi. Dans la Corne de l’Afrique, la menace de la famine plane constamment sur les enfants. En République Démocratique du Congo, 15 millions d’enfants subissent de plein fouet la guerre, les flambées épidémiques et les violences sexuelles endémiques. Sans compter l’enrôlement dans des groupes armés. À Haïti, le système de santé s’est effondré. Les fournitures essentielles à la survie des enfants sont pillées par des groupes armés. La bande de Gaza a été déclarée l’endroit le plus dangereux au monde pour les enfants. En Syrie, plus de 7 millions d’enfants ont besoin d’aide humanitaire, 650'000 enfants de moins de 5 ans y souffrent de malnutrition chronique, plus de 30% des enfants sont en état de détresse psychosociale, là où les tremblements de terre ont frappé, 83% des enfants présentent une détresse psychologique comportementale. 43,3 millions d’enfants dans le monde sont en situation de déplacement forcé.



    Partout, les enfants sont les premières victimes des crises et conflits, qu’ils soient politiques, climatiques, humanitaires, économiques, sanitaires ou alimentaires en dépit des engagements des États à respecter leurs droits, alerte l’Unicef. Ils sont également les premières victimes de la stagnation des progrès en matière de réduction de la pauvreté. À l’échelle mondiale, plus de la moitié des personnes vivant dans une extrême pauvreté sont des enfants.



    Pendant ce temps-là, chez les bien lotis, dans les pays industrialisés, on surexpose les enfants aux écrans, au cyberharcèlement, à la cyberdépendance, à la désinformation, aux contenus violents et aux fake news.



    Voilà. C’était un rapide survol de la situation des enfants dans le monde. Arrivé à la fin de ma chronique, j’ai juste envie de réentendre un refrain d’autrefois:



    Accours vers nous, prince de l'espace,

    Viens vite, viens nous aider,

    Viens défendre notre Terre,

    Elle est en danger...



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    Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 22 mars 2024

    Publiée le 25 mars 2024

    Crédits photo: Anne Bouchard

  • L'enfantisme



    Lorsque le jeune public devient acteur de la création, il exerce non seulement sa capacité à penser mais prête également attention aux grands oubliés de l’école: le corps, la rêverie, l'imaginaire ou encore l’intime. Où cette génération nous emmène-t-elle lorsqu’on lui laisse la liberté d’agir? À une époque où cette tranche de la population demeure opprimée, un nouveau mot a vu le jour: enfantisme. Construit sur le modèle de féminisme, ce terme désigne les luttes en faveur des intérêts des enfants. Celles et ceux qui s’engagent dans ce mouvement proposent d’abolir le rapport de domination des adultes pour inventer une nouvelle réalité sur la base d’une relation horizontale. La théorie est belle, mais concrètement, comment sensibiliser les enfants aux enjeux sociétaux? Et comment mieux les inclure dans le débat?



    Un public présent et important



    Le directeur artistique et général du Théâtre Am Stram Gram, Joan Mompart, connaît le lien entre l'artiste et le jeune public depuis longtemps. Sur les planches, il a joué L’histoire du soldat de Ramuz devant des enfants. Dans l'une de ses répliques, une question est posée par trois fois. Il sent un frémissement parcourir la salle à la première occurrence. La répétition pousse les enfants à se concerter. À la dernière itération, ils répondent au personnage! Pour Joan Mompart, la jeunesse est un public à part entière, à considérer aussi sérieusement qu'une audience adulte. Lorsque certain·e·s lui disent qu'il a le public de demain, il réfute:




    Pas du tout, j'ai le public d'aujourd'hui.




    Une approche active du théâtre



    Fabiana Piacenza est chargée de médiation et des relations scolaires au Service de la culture de Meyrin. Elle se souvient, enfant, de son premier contact avec l'art. Elle a immédiatement plongé dans la pratique artistique en interprétant une pièce de Molière devant ses camarades, dans la grande salle de la cantine scolaire. Un beau souvenir, qui prouve l'impact de l'art sur les jeunes. En tant que médiatrice, Fabiana Piacenza organise des ateliers autour des spectacles, notamment avec les groupes scolaires, en lien avec le système pédagogique. 




    Il faut donner la possibilité aux enfants de se confronter au processus théâtral, c'est très formateur.




    Olivier Mottaz s'intéresse à l'initiation à l'art des enfants, tandis que José Lillo constate la situation des jeunes à travers le monde.

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    Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 22 mars 2024

    Publiée le 22 mars 2024

    Crédits photo: Agora au Théâtre Am Stram Gram © Ariane Catton

  • Bernie Forster est l’auteur et réalisateur de la web-série House of Switzerland. Inspiré par le temps passé en Angleterre et à New York et par un ami y travaillant au consulat suisse, il explore l'unité qui naît loin de chez soi. Si, à la maison, le Röstigraben semble séparer romands et alémaniques, cette distinction s'estompe lorsque l'on voyage et habite ailleurs. L'anglais relie les Suisses dans l'agence de House of Switzerland et les ressemblances prennent le pas sur les différences:




    Une petite famille se forme.






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    Émission diffusée le 15 mars 2024 sur Radio Vostok, enregistrée au Service de la culture de Meyrin le 23 février 2023

    Publiée le 18 mars 2024

    Crédits photo: Bernie Forster © Ruxi Balea Photography

    Photo de une: House of Switzerland

  • Enseigner et jouer



    L’autrice et comédienne du spectacle The Game of Nibelungen, Laura Gambarini est pentalingue: elle parle cinq langues. Dans son spectacle, le public romand retrouve les bancs de l'école pour du théâtre d'objets, à la découverte ou redécouverte de l'épopée des Nibelungen, classique littéraire allemand. Mime, artiste de rue et professeure d'allemand, elle joue avec le désamour romand pour cette langue apprise durant la scolarité obligatoire. C'est en classe, en expliquant à ses élèves le récit des Nibelungen avec les objets disposés sur la table devant elle qu'elle se voit faire du théâtre. Elle décide alors de faire de cet instant d'enseignement une pièce.



    Une pièce qui traverse les frontières



    Lorsqu'un·e spectateur·rice sort de la pièce en lui affirmant avoir tout compris, mon allemand n'est pas si pourri, Laura Gambarini est touchée. L'appréhension de l'allemand est en partie transmise, en Suisse romande, par les générations précédentes et les romand·e·s ne sont pas toujours conscient·e·s de leur niveau réel. Le public comprend plus qu'il ne l'imagine. Lorsque la pièce est jouée en France, les spectateur·rice·s s'amusent également du lien particulier avec cette langue, tandis qu'en Allemagne, le public rit de bon cœur, grâce à l'humour de situation et à la réinterprétation d'un classique. Le but de l'artiste est atteint: aller à la rencontre des gens.





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    Émission diffusée le 15 mars 2024 sur Radio Vostok, enregistrée au Service de la culture de Meyrin le 23 février 2023

    Publiée le 18 mars 2024

    Crédits photo: The Game of Nibelungen © Vincent Guignet

  • Salut à toi les sinistrés du XXIe siècle, et sache qu’en usant de cette épithète, je ne m’adresse pas par là à une petite communauté de niche, particulièrement dépressive ou pessimiste, mal lunée, ou à celles et ceux qui sont – que pitié leur soit faite - frappés par la guerre ou les catastrophes économiques ou environnementales, par la misère de vivre ou par l’extrême-droitisation des esprits dans leur pays, leur quartier, leurs médias, leur propre cervelle en surchauffe, mais bien à la grande cargaison de vivants embarqués par force mais aussi par consentement, avouons-le nous, dans les soutes mondialisées du capitalisme de prédation, dans ce grand cargo de la perdition commune.



    Masses humaines, à la fois matérielles, combustible de la croissance et vulgaires munitions entassées les unes contre les autres, jusqu’à l’explosion, pâture d’industries mortifères et mensongères à terme obsolètes et dévastatrices. Et nous voguons, avachis la nuit devant des séries génériques, à la poursuite de l’impossible oubli du monde et de la vie, gorgés de simulacres pour solde de tout compte. Et le jour empêtrés dans des besoins consuméristes idiots, nababisés par la marchandise et la pacotille, la quincaille et le clinquant, la sape extravagante, les intelligences de remplacement serviles et les automobiles aux dimensions grotesques et pathétiques.



    Quelle folie.



    Si un article de loi prévoyait la non-assistance à espèces en danger, humaine, animale, végétale, insectoïdale, polypoïdale, tétrapoïdale, nous serions dedans jusqu’au cou. Toutes et tous autant que nous sommes. Au grand Nuremberg des imbéciles, des indigents de l’empathie, des abolitionnistes de l’avenir et du vivant.



    Voyons, pourquoi tant de fougue, de rage si noire? Parce que la communication est devenue la forme d’effacement du réel, de la mise à la marge de la connaissance. Parce que la connaissance est devenue un domaine adverse aux intérêts en cours. Elle est pourtant là, à portée de clic. À portée de livres, la connaissance, comme par exemple ici, dans La Ruée minière au XXIème siècle, de Celia Izoard, récemment paru au Seuil.



    Et que dit-elle, la connaissance? Que la transition vers les énergies décarbonées n’aura pas lieu. Parce que l’extraction des matières premières pour y parvenir, des métaux nécessaires pour passer à l’électrification du système énergétique mondial, à l’hyper-numérique, à l’éolienne, au solaire, à la décarbonation, est elle-même énergivore en énergie carbonée. Polluante. Chimique. Destructrice de l’environnement.



    Parce que tout ce qui nous entoure vient déjà de l’extraction des sous-sols et voyez l’état du monde. Parce qu’en seulement 20 ans, les volumes de métaux extraits dans le monde ont doublé. Parce que dans les 20 années à venir, les entreprises minières veulent produire autant de métaux qu’on en a extraits au cours de toute l’Histoire de l’humanité. Parce que 99,6% de ce qui est extrait est du déchet. Parce que l’extraction dans une grande mine de cuivre, par exemple, nécessite 110'000 mètres cubes d’eau par jour. Parce que les alentours des trois quarts des sites miniers dans le monde sont désormais menacés de sécheresse.



    Parce qu’en 2016, dans le Montana, il a littéralement plu des milliers d’oies sauvages mortes sur la ville pour avoir bu dans un lac, contaminé par une mine de cuivre à ciel ouvert. L’eau n’était pas de l’eau, c’était une mer d’acide pleine de calcium et d’arsenic. Parce que les enfants, là-bas, y développent des cancers du cerveau. Parce que la pollution minière est irréversible.



    Parce que le modèle de la mine à ciel ouvert qui domine aujourd’hui a fait exploser la quantité de déchets. Parce que les pluies qui tombent sur ces déchets drainent des eaux acides et des métaux toxiques et empoisonnent la terre et l’eau. Parce que les mines d’extraction du Chili font fondre les glaciers de la Cordillère des Andes qui sont les châteaux d’eau de l’Amérique du Sud. Parce que les gisements miniers les plus riches sont situés dans les zones préservées de la biosphère.



    Parce que pour électrifier le parc automobile d’un petit pays, comme par exemple l’Angleterre, il faudrait un an de production mondiale de cobalt.



    Parce que les véhicules électriques de deux tonnes ont des batteries de 700 kilos dont 50 kilos de lithium. Parce que dans un smartphone, il faut plus de cinquante métaux. Parce que la mine et le colonialisme sont intimement liés depuis l’Antiquité. Parce que l’intelligence artificielle présentée comme le nouvel Eldorado de la performativité paresseuse nécessite des quantités phénoménales d’extraction minière pour garantir la puissance de calcul de ses data centers et de ses périphériques connectés. Parce que la facture énergétique des data centers est constituée pour ses deux tiers des données du marketing, de la publicité et de la pornographie. Parce que les droits humains sur les sites d’extraction minière sont piétinés avec la même intensité que leurs écosystèmes.



    Au final, je me demande si ce que les médias appellent communément éco-anxiété ne mériterait pas plutôt d’être désigné par l’expression, bien plus appropriée et vitalisante, de bullshitophobie.



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    Émission diffusée le 15 mars 2024 sur Radio Vostok, enregistrée au Service de la culture de Meyrin le 23 février 2023

    Publiée le 18 mars 2024

    Crédits photo: Anne Bouchard

  • Un sujet artistique



    Au cinéma, Ciao-Ciao Bourbine a explosé le Box Office avec 300’000 entrées enregistrées en salle, fin janvier. En 2024, sur une population de 8,7 millions, le chiffre est conséquent. Cette comédie loufoque imagine un résultat de votation qui ferait du français la seule et unique langue nationale. Au théâtre, la plupart des dates du spectacle The Game of Nibelungen – une tentative de réconciliation avec nos cours obligatoires d’allemand – affichent complet. Avons-nous affaire à des exceptions ou les Helvètes seraient-ils en train d’accepter leurs différences?



    Romands et Alémaniques



    Selon Christophe Büchi, auteur du livre Mariage de raison, Romands et Alémaniques, une histoire suisse, le Röstigraben s’estompe. Il relève également que la majorité germanophone n’a pas trop de problèmes avec ses compatriotes francophones et observe une sorte d’indifférence plutôt bienveillante à leur égard. Ce sont les Welches qui se méfient d’avantage. Le politologue René Knüsel confirme ce dernier point en expliquant que, face à une domination systémique, ceux-ci ont l’impression que leur destin leur échappe.



    La difficulté de la langue



    L’humour suffira-il à nous réunir? Un autre élément rassembleur, en tous cas pour les jeunes générations, est l’anglais. Mais si les deux côtés de la Sarine aiment échanger par ce biais, qu’adviendra-t-il de notre multiculturalisme? L’autrice et comédienne du spectacle The Game of Nibelungen, Laura Gambarini est pentalingue: elle parle cinq langues. Dans son spectacle, le public romand retrouve les bancs de l'école pour du théâtre d'objets, à la découverte ou redécouverte de l'épopée des Nibelungen, classique littéraire allemand. Lorsqu'un·e spectateur·rice sort de la pièce en lui affirmant avoir tout compris, mon allemand n'est pas si pourri, Laura Gambarini est touchée et fière d'atteindre son but: aller à la rencontre des gens.





    Se réunir en-dehors de la Suisse



    Bernie Forster est l’auteur et réalisateur de la web-série House of Switzerland. Inspiré par le temps passé en Angleterre et à New York et par un ami y travaillant au consulat suisse, il explore l'unité qui naît loin de chez soi. L'anglais relie les Suisses à l'étranger et c'est là que les ressemblances prennent le pas sur les différences. Candice Savoyat s'intéresse au folklore et légendes qui font peur aux enfants par-delà le Röstigraben, comme la Femme de la nuit. Quant à José Lillo, il fait un état des lieux du bilan écologique des industries de l’extraction minière.



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    Émission diffusée le 15 mars 2024 sur Radio Vostok, enregistrée au Service de la culture de Meyrin le 23 février 2023

    Publiée le 18 mars 2024

    Crédits photo: Ciao Ciao Bourbine © DCM Film Distribution