Afleveringen

  • Avec Grace, l'icône Jeff Buckley marque à jamais l’histoire du rock. Sa voix d’ange au lyrisme exacerbé, aussi déchirante que désespérée, atteint des sommets dans cet album de onze chansons habitées, capables de toucher l’âme et de créer un état d’extase.

    Dès sa sortie en 1994, cet opus rencontre un succès absolu. Disque d’or aux États-Unis, en Australie et aussi en France où se trouvent les admirateurs les plus fervents de cet Américain, passionné d’Edith Piaf qui a donné, un an plus tard, un concert historique au Bataclan à Paris.

    Grace est le premier et unique disque de Jeff Buckley, publié de son vivant. Le chanteur, auteur et compositeur de génie s’est noyé dans les eaux du Mississippi en 1997. Il avait 30 ans, mais il a légué un chef-d'œuvre intemporel aux futures générations, caléidoscope unique et inimitable de sons en tous genres : rock, jazz, gospel, soul, folk, opéra, métal, ballades, musique indienne. Et, sans vouloir y voir une prophétie, sur le titre Last Goobye – dernier adieu, en français –, il y chante déjà un destin tragique.

    Interprète exceptionnel, Il était aussi un guitariste hors normes. Son père, Tim Buckley, pop star des années 70, était aussi un as de la gratte, lui-même mort d’une overdose d’héroïne à l’âge de 28 ans. Élevé par sa mère, pianiste et violoncelliste classique, Jeff Buckley lui doit sa vocation.

    Parmi les titres les plus célèbres de Grace, il y a ce tube planétaire, Hallelujah. Écrite par Leonard Cohen et passé inaperçu à sa sortie en 1984, la chanson devient mythique, dix ans après sa sortie, quand Jeff Buckley la reprend seul à la guitare

    Comme son papa, la comète Jeff Buckley illumina la planète, le temps de quelques mélodies célestes, pour l’éternité.

    Le chorégraphe et danseur Benjamin Millepied célèbre les 30 ans de Grace avec un spectacle hommage à Jeff Buckley jusqu’au 10 novembre 2024 à la Seine Musicale de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

  • Comme à chaque campagne électorale, la musique s’invite dans la course à la Maison Blanche. À cette occasion, RFI propose un petit florilège de chansons utilisées par Donald Trump et Kamala Harris pour faire passer des messages politiques.

    Le duel entre les deux candidats oppose l’Amérique du passé à celle du futur. Mais entre Donald Trump et Kamala Harris, la musique aussi est en désaccord. Par exemple, la méga-vedette métisse Beyoncé se sert de son titre Freedom pour défendre la liberté des femmes face à l’extrémisme du Parti républicain. De son côté, le milliardaire prend le répertoire de la star de la country de 81 ans, Lee Greenwood, pour exalter la force du patriotisme.

    Mais à cette playlist de campagne, s’ajoutent surtout des artistes amateurs qui publient des chansons de propagande ou humoristiques en l’honneur de leur candidat préféré.

    Comme Los 3 de la Habana. Populaire à Cuba avant de s’exiler en 2008 aux États-Unis, ce trio de salsa, apporte pour la deuxième fois son soutien à Donald Trump. Et il reprend le même refrain : « Je vote pour Trump ». Un slogan qui traduit le choix majoritaire des Cubains-américains de Floride. Ils sont convaincus que seuls les républicains peuvent arrêter la dictature du communisme à Cuba.

    Dans un rap violent, le musicien Burden glorifie le candidat Trump et son programme, tout en dézinguant sa rivale avec « Fuck Kamala ». Les phrases choc ne manquent pas dans ce titre explosif. Le rappeur viril et tatoué ne fait pas dans la dentelle et poursuit son combat contre la politique d’immigration de la démocrate sur les réseaux sociaux.

    D’autres musiques radicalement différentes illustrent les contrastes entre les deux présidentiables. Concernant la féministe Kamala Harris, ce sont surtout des chansons pop, funk, hip hop et gospel qui sont plébiscitées par ses partisans : les jeunes, les femmes, les Afro-américains et la communauté LGBT. Le groupe britannique Marsh Familly, connu pour ses parodies de chansons virales sur la toile, célèbre le progrès politique et social du programme de la candidate démocrate avec la reprise de l’emblématique Gimme Hope Jo’anna d’Eddy Grant, hymne anti-apartheid de la fin des années 80. Joyeux et plein d’espoir, il s’écoute tout en rêvant d’une femme noire à la tête de la Maison Blanche.

    Pour ces présidentielles américaines de 2024, on est bien loin de la cascade de chansons engagées de célébrités comme Stevie Wonder ou Nas pour Barack Obama. Mais avec une poignée de titres, ces artistes militants ou admirateurs, souvent inconnus, ne manquent pas d’imagination pour défendre la démocrate bec et ongles. C’est le cas de Rita Brent. L’humoriste et écrivaine américaine, coiffe sa casquette de musicienne afin de soutenir Kamala Harris au son d’un hip hop bien rythmé.

  • Zijn er afleveringen die ontbreken?

    Klik hier om de feed te vernieuwen.

  • Il est en tournée en France à partir du 7 novembre avec son nouvel album Hypersensible, Gringe rappeur, acteur, écrivain, propose un album intime pour mieux parler des désordres du monde.

    « J'ai lu la définition de l'hypersensibilité. On la décrit comme un trait de caractère. Et je ne suis pas d'accord. Pour moi, c'est toute une nature et pas seulement un trait de caractère. » De sa nature hypersensible, Gringe fait une force de résilience. La brutalité du monde le blesse et le rend plus fort, tout à la fois. Après un premier album solo en 2018, Enfant Lune, le rappeur revient avec une plume toujours aussi méticuleuse, précise et poétique.

    Le complice d'un autre rappeur français à la personnalité affirmée, Orelsan, possède une façon unique de marier dans ses textes la noirceur de l'époque, mais aussi l'espérance qu'elle suscite en nous. Se libérer des emprises de la drogue, de l'ego trip si à la mode chez les rappeurs actuels, ou encore de la dépression, voilà le parcours qu'emprunte cet album qui brille d'une lumière d'autant plus forte qu'elle est composée de matière noire.

    Les quatorze titres d'Hypersensible portent la marque de Tigri, beatmaker de 28 ans qui a déjà collaboré avec des rappeurs comme Niska, Hamza et MisterV. Tigri qui s'impose pas à pas comme une référence dans le rap français, donne à cet album une coloration faite à la fois de légèreté, d'urgence et d'anxiété.

    La rencontre entre Gringe et Tigri est l'une des belles surprises de cet album, elle annonce peut-être de futures collaborations. Notons aussi la présence d'un jeune rappeur parisien, Sidney. En duo « old school » sur le titre Bad mood, il assure la première partie de Gringe durant toute la tournée d'automne qui débute ce jeudi à Metz dans l'est de la France, et passe par Paris le 5 décembre à la Cigale.

  • Chanteuse et compositrice majeure de la chanson, Brigitte Fontaine publie Pick Up. Vingtième album pour l’icône subversive française où s’entrechoquent poésie délicate et guitares noise.

    C’est un album rock sous haute tension, porté par sa voix singulière, autour de laquelle, la vie, l’amour, les interdits, mais aussi la brutalité du monde et la mort, gravitent.

    En 56 ans de carrière, Brigitte Fontaine n'est jamais rentrée dans le moule. Insoumise, provocante, rebelle, elle est une figure punk. À rebours des codes, l’artiste symbole de la contreculture, est connue pour sa franchise, son caractère parfois hargneux et surtout son imagination fantasque à l’origine d’une création considérable : pièces de théâtre, romans, poésie et donc 20 albums au compteur, ou cette Bretonne, Parisienne d'adoption, ne mâche jamais ses mots pour dézinguer le système. C'est le cas du titre Crevards miteux, texte politique tiré de son livre, sorti en 2009, dédié aux exclus de la vie.

    Dans ce nouveau disque de 12 morceaux, sa révolte légendaire et sa passion des mots sont intacts. Titulaire d’un bac littéraire, Brigitte Fontaine a chevillé sa vie à l’écriture depuis l’âge de 17 ans. Et ça s’entend dans son phrasé parlé qui a débarrassé la chanson française des refrains et des couplets dès son premier album 13 Chansons décadentes et fantasmagoriques sorti en 1966.

    Depuis cette époque, elle possède ce talent pour nommer les choses avec des paroles bien précises, souvent pour tacler les anomalies de la société française. La chanson Neuf trois en est la preuve. Elle dénonce les violences policières subies par les jeunes de banlieue et avant tout, rend hommage à Théo qui a été blessé à l'anus lors d'une interpellation violente en 2017.

    Pour ce projet, Brigitte Fontaine a travaillé avec son compagnon de toujours, Areski Belkacem, mais surtout avec les Limiñanas. Le duo culte de Perpignan est populaire en France comme aux États-Unis pour son goût du garage rock avec des guitares saturées, amplificateurs sans âge et orgues anciens. D’où les sonorités des années 70 de cet album où l’indomptable octogénaire Brigitte Fontaine, n'a rien abandonné de sa jeunesse rock'n'roll et s'en offre une nouvelle avec Pick Up.

  • Surnommé « le Hendrix de la kora », le Sénégalais Seckou Keita aux dizaines de millions de streams retourne à ses racines ancestrales mandingues avec son nouvel album « Homeland, Chapter 1 » (« Terre natale, chapitre 1 »). Douze titres où le maître de la kora explore les thèmes de patrie et d'appartenance, de migration et d'identité à travers une multitude de styles et de collaborations.

  • Nous célébrons les cinquante ans du fameux combat de boxe entre les Américains Mohamed Ali et George Foreman. Il s'est tenu à Kinshasa le 30 octobre 1974. Une date historique pour le Congo, appelé à l'époque Zaïre. Six semaines avant le « combat du siècle », un festival de musique avait réuni durant trois jours au stade du 20 mai, 31 artistes dont 17 africains.

    Ce festival devenu mythique dont James Brown, The godfather of soul, était l'immense vedette rassemblait aussi des stars comme BB King, The Suprêmes, Bill Withers ou encore les Sisters Sledge. Côté africain, citons Tabu Ley Rochereau, Franco, le TP OK Jazz, pour les Congolais ainsi que Miriam Makeba, la diva sud-africaine.

    Pour cette première venue sur le continent de stars afro-américaines, les concepteurs du concert, à savoir le trompettiste sud-africain Hugh Masekela et le producteur américain Stewart Levine voulaient souligner le côté inédit de la rencontre entre afro-descendants et africains. Ils espéraient alterner sur scène Américains, Cubains et Africains, mais les organisateurs, à savoir le puissant producteur américain Don King et le président zaïrois Mobutu ne les ont pas laissés faire. Ils ont imposé que les Américains soient les vraies vedettes. Don King cherchant à promouvoir les poulains de son écurie et Mobutu soucieux de montrer au monde qu'il avait l'Amérique à ses pieds. Néanmoins, ce concert fut aussi pour les musiciens africains une véritable vitrine. Franco et Tabu Ley Rochereau ont acquis une visibilité internationale.

    Beaucoup en Amérique ont regretté que ce magnifique concert ne soit pas l'occasion de messages à tonalité politique, comme c'était le cas à l'époque dans les festivals afro-américains des États-Unis. Cette dimension a été largement occultée sous la pression des autorités politiques zaïroises. Reste néanmoins une formidable célébration musicale qui mettait en valeur la circulation intercontinentale des musiques noires.

  • Charlotte Planchou est une jeune chanteuse de jazz française qui est aussi autrice-compositrice. Elle vient de sortir son deuxième album Carillon. C’est un disque « piano-voix » constitué en grande majorité de reprises.

    Son premier album de chansons inédites Petite, avait été salué par la critique il y a trois ans. Charlotte Planchou en avait écrit les paroles et les musiques. Cette fois, ce nouveau disque contient surtout des reprises venues d’horizons divers : des standards de jazz, de la chanson française (dont deux titres de Léo Ferré), et même des mélodies traditionnelles occitanes. Le tout est ponctué par le son du vieux carillon que possédait sa grand-mère et qui fut selon elle l’une de ses sources d’inspiration.

    Charlotte Planchou promène sa voix sur tous ces titres avec une facilité déconcertante. Il faut dire que la jeune femme a une solide formation : elle a étudié le chant lyrique avant de se lancer, de manière inattendue, dans le jazz en croisant, par hasard, des musiciens de jazz dans la rue et en chantant à leurs côtés.

    Sur ce nouveau disque, Charlotte Planchou est accompagnée au piano par Mark Priore, l’un des talents les plus prometteurs de la scène jazz actuelle.

    Charlotte Planchou se produira le 19 novembre à Paris au Studio de l’Ermitage pour présenter ce nouvel album.

  • Il est de retour avec un album ambitieux et percutant. Seun Kuti, le fils cadet de Fela Kuti revient avec Heavier Yet (Lays The Crownless Head), un titre que l'on pourrait traduire par « Plus lourde encore est la tête sans couronne ». Seun Kuti s'est inspiré d'un vers très politique du dramaturge anglais William Shakespeare, pour une œuvre qui, elle aussi, est très politique.

    « Inquiète est la tête qui porte la couronne » déclamait Henri VI dans la pièce éponyme de Shakespeare. Pour Seun Kuti, les rois n'ont pas à se plaindre, c'est le peuple qui souffre. Un message qui résume toute l'ambition politique de cet album. Sur un morceau comme T.O.P – dont l'acronyme signifie Things over People, traduit par « les chose plutôt que les gens » –, il dénonce le matérialisme effréné des élites qui oublient les valeurs humaines.

    Le fils cadet de Fela Anikulapo Kuti qui a relancé le M.O.P – le Movement of the People fondé par son père –, ne conçoit pas la musique comme une pure distraction. Sur Emi Aluta, il rend hommage aux grandes figures révolutionnaires comme Thomas Sankara ou Patrice Lumumba. Avec le titre Stand Well Weel, il s'en prend aux idéologies dévastatrices. Il plaide pour l'unité africaine sur Dey en compagnie de Damian Marley, le fils de Bob Marley.

    Six pistes, parfois longues de plus de huit minutes, dans lesquelles Seun Kuti explore le patrimoine paternel en le confrontant aux musiques actuelles. La présence de Sampa The Great, rappeuse zambienne sur le titre Emi Aluta n'est pas le fruit du hasard. C'est une façon d'assumer sa filiation sans jamais la subir. En somme, le roi de l'afrobeat a peut-être laissé la couronne à son frère Femi, ou à son père Fela, mais il règne sur un magnifique royaume musical.

  • Elle est l’une des étoiles montantes du jazz en France. La saxophoniste Jeanne Michard vient présenter ce vendredi 25 octobre au Sunset à Paris son deuxième album Entre las Flores paru récemment. Un concert qui entre dans le cadre de la 13e édition du festival Jazz sur Seine, une manifestation qui associe des grands noms du jazz et de jeunes talents.

    Jeanne Michard (31 ans) avait obtenu l’an dernier le prix « Révélation » aux Victoires du Jazz. Le Jury avait choisi de récompenser une artiste au style flamboyant dont l’instrument de prédilection est le sax ténor. Sa référence est une légende vivante : l’Américain Sonny Rollins.

    C’est à l’âge de 7 ans que Jeanne Michard a abordé le saxophone mais elle n’est entrée au conservatoire que sur le tard (21 ans) sur les conseils de son grand frère. Entretemps, elle a beaucoup écouté d’autres musiques (rap et hip-hop notamment). Elle n’a cependant pas cessé de pratiquer l’instrument, aimant improviser sur des disques, notamment ceux de Cesária Évora ou du Buena Vista Social Club.

    Le voyage qu’elle a effectué à Cuba il y a quelques années fut pour elle décisif, une sorte de voyage initiatique : la musique dans les rues, les bœufs dans les bars, les leçons particulières avec des musiciens cubains. Après un séjour de plusieurs mois à la Havane, Jeanne Michard a fondé à son retour en France le Latin Quintet, ce groupe qui l’accompagne actuellement sur scène et avec qui elle a enregistré cet album.

    Son premier album Songes transatlantiques était paru en 2020. Un disque dansant et percussif, bien accueilli par la critique et le public. Parmi les invités de ce deuxième disque Entre las Flores, le jeune chanteur, violoniste et percussionniste cubain Nelson Palacios ou encore la chanteuse de flamenco Paloma Pradal. Quant au directeur artistique de cet album, ce n’est autre que Julien Lourau, saxophoniste exceptionnel et pédagogue réputé.

  • Nouvelle aventure collective pour La Femme, groupe français à géométrie variable mené par ses fondateurs Sacha Got (à la guitare) et Marlone Magnée (aux claviers). Depuis 15 ans, les trentenaires écument les scènes jouant sur leur côté frenchy. Rock Machine, c'est 13 titres et un son rock des années 80. Un album éclectique à l'image de ces faux nonchalants de la chanson française qui réussissent l'exploit à chaque album de se renouveler sans se perdre.

  • C'est le grand retour de Tshegue, après cinq ans de silence. Le duo franco-congolais formé par Faty Sy Savanet et Nicolas Dacunha revient avec un EP baptisé Argent. Au menu, un afro-punk enivrant et inventif qui ranime la flamme allumée par le duo en 2017.

    Ils nous avaient terriblement manqué ! Faty Sy Savanet et Nicolas Dacunha, révélés en 2017 avec Survivor – EP devenu culte – sont de retour avec, en main, une poignée d'Argent. Six titres volcaniques comme ils en ont pris l'habitude. Si la thématique, à savoir les méfaits de l'argent sur l'espèce humaine, évoque les difficultés, la débrouille et la meilleure façon de gérer l'héritage postcolonial dans des sociétés bouleversées, ce sont les rythmes délirants imaginés par le duo qui risquent de faire l'unanimité des accrocs du dance-floor.

    Tshegue nous plonge dans un grand bain composé de kuduro, de zagué, mix-électro inventé à Kinshasa. Mais aussi de kotazo, cette dance urbaine créée par le kinois Papy Mbavu et qui fait fureur sur la rive orientale du fleuve Congo. « L'Afrique, c'est pour moi la Mecque de la musique », explique Faty Sy Savanet qui est allée se ressourcer en début d'année à Kinshasa, sa ville de naissance qu'elle a quittée à l'âge de sept ans.

    La musique de Tshegue est sublimée par les compositions rythmiques toujours plus complexes imaginées par Daku. Nicolas Dacunha, grand créateur de sons et aussi un instrumentiste accompli qui manie guitares, claviers et parfois cuivres. Les compositions ultrarapides et survoltées des deux amis prennent sur cet EP une ampleur qui fera date dans le milieu de l'afro-punk. Pour le plus grand bonheur de ceux qui aiment fusionner au sein d'un réacteur musical inventif et gai.

  • Le choix musical avec aujourd’hui l’un des plus grands guitaristes de l’histoire du jazz. L’Américain Pat Metheny revient avec MoonDial, un album acoustique emmené par sa seule guitare et dans lequel il mêle compositions originales et reprises.

    Sa discographie a dépassé les 50 albums et ses concerts se comptent par centaines tous les ans. Pat Metheny détient une carrière impressionnante avec en outre 20 Grammy Awards dans 10 catégories différentes pour une quarantaine de nominations. Aucun artiste ne peut à ce jour se vanter d'un tel palmarès.

    Pour cet album solo, le guitariste (qui a fêté ses 70 ans en août dernier) cherchait un nouveau son. Il s’est fait confectionner une guitare spéciale, appelée guitare baryton dans un registre plus bas qu’un instrument conventionnel. Le résultat se rapproche de l'esthétique sonore de la guitare classique.

    En plus de ses compositions originales, Pat Metheny a sélectionné pour cet album un certain nombre de reprises dont une sublime version du standard des Beatles Here, There and Everywhere.

    Pat Metheny est actuellement en tournée en Europe pour présenter ce nouveau disque. Il était à L’Olympia, à Paris, le 13 octobre avant des étapes en Allemagne, aux Pays-Bas, en Italie et en Suisse d'ici la fin du mois d'octobre.

  • Thee Sacred Souls, un trio formé par le batteur Alex Garcia, le bassiste Sal Samano et le chanteur Josh Lane. Un groupe qui s’est donné pour mission de rendre hommage aux fondations de la soul music. Les Californiens sortent leur deuxième album Got a story to tell. Après le succès de leur premier disque, ils étaient très attendus.

    On pourrait se poser la question de la pertinence de la démarche, pourquoi donc recréer le son d’une époque disparue ? Mais force est de constater qu’ils maitrisent leur sujet et qu’à l’écoute de leurs morceaux, on en oublie les questions.

    Leur premier titre Can I call you Rose ?, sorti en 2020, est un succès immédiat. Avec plus de 100 millions d’écoutes sur Spotify et dès leur deuxième concert, ils sont repérés par le patron de Daptone. Le label est spécialisé dans le son soul des années 60/70. Ils ont découvert Amy Winehouse et relancé la carrière d’artistes trop vite oubliés comme Sharon Jones ou Charles Bradley. Daptone et Thee Sacred Souls étaient faits pour se rencontrer.

    Sur leur morceau Live for you extrait de leur nouvel album, on entend bien l’influence de Marvin Gaye portée par la superbe voix de velours de Josh Lane. Cet album tient ses promesses mais à condition d’être client de l’ambiance nostalgique des années 60. Tout est parfaitement maitrisé chez Thee Sacred Souls, que ce soit au niveau des compositions, de l'interprétation ou de la production des morceaux.

  • C'est un voyage musical au cœur de l'Irak. Sorti à la suite du film d'animation Le Parfum d'Irak (2024), l'album Flavors of Iraq dresse en 17 titres captivants et intimes le portrait du pays à travers le regard d'un jeune Franco-Irakien, Feurat Alani. La musique, aussi nuancée que le récit, est signée par le compositeur et clarinettiste français Duchazaud.

  • Si la valeur n’attend pas le nombre des années, elle s’amplifie parfois avec l’âge. À près de soixante ans, le musicien et compositeur sénégalais Mangane sort son premier album produit par un label. Savante alchimie entre le folk, le blues, le jazz et l’afro funk où il propose une palette musicale vibrante d’émotions.

    C’est un signe du destin, Mangane est né, il a près de soixante ans dans la ville de Thiès au Sénégal, sorte de gros carrefours ferroviaires où travaillent et vivent des immigrés venus de toute l’Afrique de l’Ouest, chacun apportant sa musique et son patrimoine culturel. Dans cette ambiance sonore, Mangane a très tôt été bercé aux sons du Bembeya Jazz de Guinée, ou à ceux du Rail Band de Bamako, ainsi que des groupes locaux comme Dieuf Dieul et le Royal Band, deux formations de Thiès.

    Guitariste autodidacte

    Parti à Dakar au début des années quatre-vingt pour intégrer le conservatoire, où il apprend le balafon, il découvre les stars sénégalaises de Touré Kunda et Xalam dont la musique commence à faire le tour du monde. Mangane qui entre temps a appris la guitare en autodidacte monte ses premiers groupes, dont Nakodjé (le potager) qui connaitra un beau succès d’estime. Il compose ses premières musiques et écrit ses premières chansons. Une passion qui le ne quittera plus.

    Le destin le guide ensuite à Limoges, ville où il s’installe au début des années 2000. Il travaillera vingt ans à l’éveil musical des enfants, tout en tentant une carrière solo ponctuée de deux albums autoproduits.

    Alune Wade aux arrangements

    Zoom Zemmatt est son premier album produit par un label, en l’occurrence Laborie Jazz, fondé par Jean-Michel Leygonie qui avait repéré Mangane lors du festival limougeaud Éclats d’émail jazz qu’il dirigeait alors. Pour l’occasion, Jean-Michel Leygonie le met en relation avec le bassiste, compositeur et arrangeur Sénégalais Alune Wade dont le travail sublime les compositions de Mangane, de l’aveu même de celui-ci. Entre folk, afro-jazz et afro-funk, Zoom Zematt et ses dix pistes emmènent dans un voyage sonore riche et intense en émotion. La vie de Mangane n’est pas un long fleuve tranquille, c’est un train qui serpente au milieu de paysages sonores multiples et étonnants.

  • The Linda Lindas porte bien son nom : l’énergie des filles est joyeuse et l’écoute du moindre titre du second album No Obligation est libératoire. Du punk rock grinçant et de la pop « noisy », une fusion percutante du groupe venu de Californie.

    Ses chansons acides pour l’égalité des sexes et contre les discriminations, propulsées par des guitares survoltés, font des misères sur cet album de 12 titres explosifs.

    En 1977, apparaissaient à Londres les Slits, l’un des premiers groupes punks féminins à lutter pour les droits des femmes. Une décennie plus tard, les Américaines de Riot Grrrl créent un mouvement qui conjugue grunge et défense des minorités. Et en 2024, les Linda Lindas se réclament les héritières de toute cette rébellion féministe historique.

    The Linda Lindas fait partie de la troisième génération de groupes punk-rock féministes qui comptent, malgré leur jeune âge. Ce sont quatre Américaines d’origine asiatique et latino. La plus jeune n’a que 14 ans et la plus âgée 20.

    Derrière leurs instruments, en robe rose pour dénoncer le sexisme, ces rebelles avec une cause, tapent du poing et jouent déjà dans la cour des grands depuis six ans puisqu'en 2018, les filles se sont fait connaitre mondialement sur un coup de maitre (ou plutôt de maitresse), grâce à une performance façon Sex Pistols, en direct depuis une bibliothèque publique californienne. À la vitesse d'un éclair, la vidéo a été vue plus de huit millions de fois. Et si les fils de fer des appareils dentaires tentent de faire régner l’ordre, ceux des guitares électriques permettent toujours de créer le bordel sur l’un des titres qu’elles y chantent : « Racist, Sexist, Boy ». Un morceau qui dénonce les agressions racistes qu’elles subissent au quotidien.

    Avec le nouvel album, The Linda Lindas déclenche une nouvelle déferlante sur un genre musical né il y a quasiment un demi-siècle. Avec ces adolescentes, enfants d’immigrés, le punk n’est pas mort. Et Il ne s’agit pas seulement de hurler dans un micro parce qu’il y a des textes qui donnent leur vision sur une Amérique marquée, entre autres, par le retour d’une ridicule pudibonderie. Leur musique sauvage est une manière de lever bien haut le majeur en l’air à la face d'une société envahissante bien-pensante.

    The Linda Lindas n’a pas froid aux yeux ni une minute à perdre. Avec No Obligation, les punkettes s’apprêtent à mettre des coups de pied dans le système américain lors des élections présidentielles du 4 novembre 2024.

  • C’est l’une de plus belle voix du Cap-Vert : la chanteuse Mayra Andrade vient de sortir, ce 11 octobre 2024, un sixième album intitulé ReEcanto (qui signifie « se réenchanter »). Ce disque a été enregistré en public à Londres. La chanteuse de 39 ans revisite une partie de son répertoire dans une formule guitare-voix très dépouillée et intimiste.

    Née à Cuba, Mayra Andrade est une citoyenne du monde : elle a vécu au Sénégal, en Allemagne, au Cap-Vert, en France… et depuis quelques années est installée au Portugal. Pas question cependant pour elle d’oublier ses racines cap-verdiennes : sur l’album qui vient de paraitre, elle s’est entourée de la seule guitare de Djodje Almeida, très fin connaisseur de la musique traditionnelle du Cap-Vert.

    C’est en 2022, lors de la tournée qui a accompagné la sortie de son précédent disque Manga, qu’est née chez elle l’idée de revenir à la formule guitare-voix qui avait vu ses débuts dans la chanson.

    Sur ce disque, Mayra Andrade reprend des morceaux issus de son premier album Navega, paru en 2006, ou de Stória, Stória, publié 3 ans plus tard. On retrouve aussi des chansons issues d’opus sortis en 2013 et en 2019.

    Tous ces titres en formule guitare-voix ont été enregistrés à Londres en novembre dernier dans l’église Union Chapel.

  • Cassius est un groupe légendaire qui a marqué l’histoire de la musique électronique mondiale. À l’occasion de la sortie d’un best-of (1996-2019) Boombass, membre fondateur du duo mythique, s’est décidé à poursuivre l’aventure, sans Philippe Zdar décédé en 2019.

    Trente ans de carrière et des succès planétaires à l'esthétique soignée, avec ce best of de 20 titres hyper dansants, Cassius démontre que l’électro peut s’ouvrir à d’autres styles : free jazz, disco, pop ou funk.

    Dans les années 90, le groupe initie une révolution musicale sans précédent. Et c’est en France que ça se passe. Mais c’est d’abord de l’autre côté de la Manche qu’elle surprend. Les Anglais sont les premiers à la nommer « French Touch », mouvement électronique français qui réunissait Daft Punk et Air à l’époque.

    Parmi les tubes de Cassius, il y a sur ce disque le morceau 1999, grand classique de l’électro. Sur des rythmes frénétiques ciselés, on entend ceci : « Cassius Is in the house. New Funk ». Et à juste titre. Car ici, il ressuscite des sonorités funk et soul tout en les projetant dans le futur sur des boucles synthétiques entêtantes. Et on y trouve surtout le légendaire et irrésistible Feeling for you qui casse toujours la baraque, 25 ans après sa sortie. Dans ces années-là, grâce à son talent visionnaire pour le groove, Cassius a connu la gloire et a produit de grands artistes anglo-saxons comme Cat Power, Pharrell Williams, Beastie Boys, sans oublier, le rappeur français MC Solaar.

    Le triomphe de sa prestation avec les DJs Etienne de Crecy et Falcon à la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques de Paris, a convaincu Boombass qui représente désormais seul le duo, six ans après la mort de son binôme, Philippe Zdar, père de l'électro made in France. Grâce aux réactions enthousiastes du public lorsqu’il a joué ses tubes, ce dieu des platines donne une suite à la fantastique histoire musicale de Cassius.

    Le best-of de Cassius, dans les bacs le 11 octobre 2024. En attendant de le voir sur les dancefloors du monde entier avec ses amis DJs en 2025.

  • À la fois contre-ténor, breakdancer et mannequin, le Polonais Jakub Józef Orliński, 33 ans, sort un album à son image. Il réunit des tubes de chants baroques revisités dans des arrangements de musiques actuelles. Conçu avec des complices de la scène pop polonaise, ce 8e album de l'acrobate de la voix rend la musique ancienne plus audacieuse que jamais.

    Jakub Jozef Orlinski #LetsBaRock (Warner Classics) 2024

    Site officiel de Jakub Józef Orlinski

  • Rahim Redcar, que l’on connaissait sous les noms de scène Redcar, Chris et Christine and the Queens, change pour la quatrième fois d’identité pour son cinquième album Hopecore. Nouvelle métamorphose de la star française qui choisit une fois de plus d’être genré au masculin pour son nouveau projet électronique dansant.

    Sa voix affirmée s’impose de nouveau sur ce disque de sept titres abrasifs et sauvages, taillés pour les pistes de danse. Il suit la quête d’un chanteur et danseur hors normes qui se renouvelle à chaque album : chanson française, pop, et ici, techno aux accents disco.

    En 10 ans, l’artiste caméléon s’est imposé comme une figure majeure de la musique française contemporaine à l’échelle internationale. Derrière son nom de scène, se cache Héloïse Letissier.

    En 2010, la Nantaise avait 22 ans et le moral à zéro. C’est à Londres qu’elle va ressusciter. Et c’est dans un cabaret de drag queens que le miracle va arriver, en s’inventant un double pour mettre en chanson ses difficultés d’exister dans ce corps de jeune femme, prisonnier d’une sexualité hétéronormée.

    Quatre ans plus tard, en 2014, Éloïse Letissier devient Christine and the Queens et publie son premier album Chaleur humaine. Une réussite spectaculaire adoubée par des poids lourds comme Elton John ou Madonna. Un succès mondial que seul le duo français Daft Punk avait pu atteindre jusque-là. Avec 1,3 million d’albums vendus, Christine and the Queens devient une star planétaire, portée notamment par la chanson Christine, tout simplement.

    Pour ce nouvel album Hopecore, Rahim Redcar a tout fait, en totale autonomie. À 36 ans, il livre une heure de musique, écrite, enregistrée et mixée par lui-même. L’artiste opte pour une inspiration spontanée et brute grâce aux beats primitifs de synthétiseurs sans âge, à l’image du morceau au titre énigmatique, Forgive 8888888. Il sonne comme un appel de la chair pour la justice et la liberté de toutes les orientations sexuelles.

    On peut dire que ce dernier projet est captivant et libre, malgré des boucles électroniques monotones à l'écart de ses habituelles mélodies entêtantes. Considérer aussi que l’essentiel n’est peut-être pas là. Avec ses multiples visages et talents, le cheminement artistique de celui qui a repris avec panache Non, je ne regrette rien d’Edith Piaf, lors des jeux paralympiques de Paris, reste fascinant.

    Rahim Redcar est en tournée des clubs mythiques, le 1er novembre à la Fabric à Londres et le 12 novembre au Rex Club à Paris.