Afleveringen
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Le paiement mobile se généralise et est désormais adopté par une large partie de la population en Afrique de l’Ouest. Selon le dernier rapport de la GSMA, l’organisation mondiale qui rassemble tout l’écosystème de la téléphonie mobile, en quatre ans, le nombre de comptes « Mobile money » a doublé en Afrique de l’Ouest.
Les opérateurs ont investi dans le paiement mobile, convaincus que les appels vocaux ne suffisent plus pour faire gonfler leurs chiffres d’affaires. Le paiement mobile et ses QR codes se sont répandus comme une traînée de poudre dans les commerces, les taxis. Des services financiers accessibles à tout le monde. Pour les particuliers comme les entreprises qui n’ont pas de compte en banque, le paiement mobile change la donne.
Une adoption massive tirée par les opérateurs et les fintechsAvec 485 millions de compte pour 357 milliards de dollars échangés l'année dernière, « l’Afrique de l’Ouest a rattrapé son retard », observe Arnold Gnama, en charge du développement business en Afrique francophone chez Thunes, une fintech singapourienne. « Des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina, le Niger, etc. Le taux de bancarisation, quand on remonte en arrière, quinze ans en arrière, il était en dessous de 15%. Et grâce aujourd’hui à l’adoption du mobile money, on se retrouve à 71% dans l’UEMOA. Des personnes, des individus et même des entreprises aujourd’hui arrivent en fait à non seulement développer le taux d’inclusion financière, mais à développer des usages. »
L’autre immense accélérateur, c’est l’arrivée d’acteurs comme l’américain Wave, spécialiste du paiement mobile. Avec ses 1% de commissions et son application intuitive, il a su conquérir les marchés : 21 millions de comptes actifs en Côte d’Ivoire, par exemple. « Wave a cassé les prix et s’est engagé dans une guerre tarifaire qui aujourd’hui porte ses fruits. Ça a boosté le paiement marchand non seulement par les coûts qui ont été réduits, mais également par la simplicité d’usage. Et aujourd’hui, tous les acteurs sont en train d’aller vers ce modèle. En fait, la simplification. Et de s’aligner également sur les prix. »
Vers une interopérabilité régionale ?L’enjeu désormais se joue du côté de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest. Un projet visant à interconnecter tous les portefeuilles de monnaie électronique, quel que soit l’opérateur, est en cours.
« Aujourd’hui, les comptes sont un peu en vase clos, observe Mathias Leopoldie est le cofondateur de Julaya, startup spécialisée dans la finance et présente en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Bénin et au Togo. Donc quand vous avez un compte Orange Money, vous ne pouvez pas envoyer sur un compte Wave. Donc aujourd’hui, ça freine l’usage. Beaucoup de gens ont des multi-comptes même. Et vous voyez, les gens font : "Ah, tu veux de l’argent sur Orange ? Attends, j’en ai que sur Wave, alors il faut que j’aille retirer, puis je te le mets sur..." etc. Donc ça ralentit énormément les transactions. Et donc ce que fait la Banque centrale, c’est qu’elle propose un système technique central où tous les acteurs viennent se connecter. Ça unifie le cadre parce qu’aujourd’hui chacun fait un peu ses règles. »
Une interopérabilité du paiement mobile dont la phase de test a débuté en août dernier, et à laquelle participent 90 institutions financières de la sous-région.
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La Côte d’Ivoire veut en faire la vitrine du tourisme d’affaires dans le pays. En près deux ans d’exploitation, le parc des expositions d’Abidjan, a accueilli un peu moins de 80 manifestations dont des salons professionnels, concerts, etc. En début d’année, la gestion du site a été officiellement confiée à un poids lourd du secteur évènementiel, le groupe français GL Events. Un site stratégique, qui a coûté près de 115 millions d’euros, qui a pour but d’être moteur dans le secteur évènementiel ivoirien.
Avec notre correspondant à Abidjan,
Difficile d’échapper au dôme du parc des expositions d’Abidjan (PEA) – l’installation géante est visible dès l’arrivée dans la capitale de la Côte d'Ivoire, à deux kilomètres de l’aéroport. De quoi convaincre Yaya Sylla, organisateur du Siade, le salon de l’intelligence artificielle (IA), de la défense et de l’espace. « Nous avons invité des sommités tant au niveau de l’IA, de l’espace et de la défense qui sont habitués à des environnements adaptés », explique-t-il. Yaya Sylla a loué l’unique hall du parc des expositions – 6 500 m² négociés à partir de huit millions de francs CFA, soit 12 000 euros la journée. « C’est un peu coûteux, mais ça vaut la peine de montrer le sérieux de ce que nous faisons et surtout de montrer qu’en Afrique, il y a des infrastructures comparables à celles de l’Occident », souligne le professionnel.
La filiale ivoirienne de GL Events doit gérer le PEA jusqu’en 2030 au moins. Son directeur, Thierry Biskup, est, entre autres, chargé de promouvoir la destination Côte d’Ivoire pour les salons professionnels. « On est sur un marché d’expos, de gros congrès. Vous avez un équipement structurant, nous permettant d’aller jouer en concurrence avec des destinations comme le Maroc ou l’Égypte », met-il en avant.
La "locomotive" du secteur ?Pour Thierry Biskup, le développement du tourisme d’affaires passe par des investissements supplémentaires en matière de transport aérien ou d’hôtellerie : « Imaginez que demain, on signe un congrès de 3 ou 4 000 personnes, donc derrière, c'est 3 ou 4 000 chambres ! Nous, ici, on n'est qu’un seul maillon de la chaîne sur Abidjan. » Les attentes du gouvernement sont fortes autour du PEA – qualifié de “locomotive” d’un secteur qui emploie 6 000 personnes et représente 50 milliards de francs CFA de chiffre d’affaires chaque année.
Agara Konan Yao est l’un des responsables de Voodoo. Le premier groupe de communication ivoirien se serait bien vu gérer le PEA, mais l’arrivée de GL Events est tout de même vue comme une opportunité. « Il est indéniable que GL Events a une expérience internationale qui a une offre en termes d’équipement et de technicité qui peuvent permettre aux organisateurs d’évènements locaux de pouvoir avoir plus de possibilité qu’ils n’auraient eu sans eux », reconnaît-il. Le ministère du Commerce et de l’Industrie espère 20 milliards de francs CFA de retombées économiques chaque année grâce au parc des expositions d’Abidjan.
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Zijn er afleveringen die ontbreken?
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La diaspora pèse plus de 90 milliards d’euros sur le continent africain. Un chiffre en constante augmentation. Achats de terrains, location d’appartements, infrastructures, l’immobilier draine une part croissante de ces fonds. Mais ce type d’investissements ne va pas de soi. Les craintes des futurs investisseurs sont encore nombreuses.
Elaje Sequifanon souhaite acheter un terrain dans son pays d’origine, la Guinée. Le trentenaire est responsable commercial dans une société de transport maritime au Havre. Il est venu s'informer au Salon pour l’investissement dans l’immobilier et les énergies renouvelables en Afrique qui se tenait à Paris du 11 au 13 avril. Il a besoin d’être rassuré par les acteurs de la filière, car il a des doutes. « Est-ce que les promoteurs immobiliers ont des outils ou une plateforme qui mettraient en lumière et en transparence pour avoir une vision claire sur l’investissement et le projet qu’on réalise sur place ? », fait-il remarquer. D’autres zones d’ombre persistent, notamment sur le financement : « Comment ça se passe sur le plan notarial ? Est-ce qu’il y a des investissements qui seront levés de leur côté ou est-ce que l'investissement se fait directement sur fonds propres ? »
L’éloignement et le difficile accès au crédit freinent les investissements de la diaspora dans l’immobilier. Les acquisitions immobilières représentaient moins de 5 % des transferts d’argent de la diaspora guinéenne il y a quelques années, selon la Banque centrale de la République de Guinée.
« Il y a un vieil adage qui dit : quand on achète un terrain, on achète parfois un procès » témoigne Allou Boigny Nobel. Ce magistrat en Côte d’Ivoire est spécialiste du droit foncier et immobilier. Il est venu au salon présenter son livre Acheter un terrain en toute sécurité en Côte d’Ivoire. « On a çà et là des affaires dans lesquelles des personnes estiment avoir perdu beaucoup d’argent. Beaucoup d’investisseurs ou d’acheteurs achètent des terrains dans des lotissements qui ne sont pas approuvés. Il appartient aux acteurs de comprendre les règles, de s’y mettre », estime-t-il.
En Afrique de l’Ouest, le secteur immobilier grandit, mais moins vite que la demande. En Côte d’Ivoire, il manquerait plus de 800 000 logements. En Guinée, c'est plus de 500 000. Pour combler ce manque, les États changent les règles. « On a un cadre légal aujourd’hui – qui a été mis en place à travers la nouvelle Constitution à l’époque et qui n’était pas exploitée –, qui a mis en place tous les principes de copropriété et qui a permis de construire [des bâtiments] de manière verticale et donc de pouvoir ensuite morceler des immeubles sous forme d’appartements, détaille Samuel Lequertier, promoteur immobilier en Guinée. C’est pour cela que des promoteurs immobiliers comme nous aujourd’hui pouvons nous appuyer sur ce cadre légal pour développer nos programmes fonciers et donc nos programmes immobiliers. »
Promoteurs, banquiers, constructeurs, tous les exposants se veulent enthousiastes et rassurants. Mais l’optimisme ambiant n’efface pas un doute persistant chez de nombreux visiteurs, l’instabilité politique de la région qui empêche les investisseurs de se projeter.
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Parmi les principaux thèmes qui seront abordés avec les autorités de Madagascar, lors de la visite du président Macron, figure l’énergie. Le secteur est tellement sinistré, avec des délestages plus de huit heures par jour, que le problème est devenu une menace politique pour le pouvoir malgache. Les défis, en particulier de gouvernance de la compagne publique Jirama sont énormes, y compris pour relancer les projets de barrages hydrauliques.
À Madagascar, il n’y a même plus assez de courant pour distribuer l’eau dans les bornes fontaines urbaines. Les manifestations se multiplient devant le siège de la compagnie publique d’électricité, la Jirama. Une société qui absorbe 10 % des revenus de l’État tant elle est mal gérée. « Les marchés publics et les contrats de production d'électricité sont souvent attribués via des procédures opaques, observe Ketakandriana Rafitoson, directrice exécutive de Publiez ce que vous payez. Je pense notamment aux contrats léonins conclus entre la Jirama et les fournisseurs de groupes électrogènes, qui font fonctionner la plupart de ces installations et qui les facturent habituellement à des prix exorbitants. Les fournisseurs de combustible, tout comme les loueurs de groupe, ont tout intérêt à ce que la crise perdure. Il y a aussi la falsification des paramètres de facturation de la Jirama, un manque à gagner pour la compagnie elle-même. »
Les barrages, même s’ils sont plus fréquemment à sec une partie de l’année, restent la piste principale pour augmenter l’accès des Malgaches au réseau – il est un des plus faibles au monde (30 %, moins que les 50 % de moyenne en Afrique). Mais en vingt ans, aucun projet majeur n’a pu voir le jour. « En 2004, ces barrages, particulièrement Volobe et Sahofika, étaient déjà inscrits dans les soi-disant priorités du gouvernement, se souvient Ketakandriana Rafitoson. Les raisons évoquées sont les retards dus à des problèmes de financement, de coordination et de gouvernance, mais je pense que c'est ce dernier point surtout qui prédomine : le manque de transparence dans les appels d'offre. »
Le président Macron pourrait annoncer la relance du projet de barrage de Volobe par la compagnie française EDF, grâce à un prêt de l’Agence française de développement. Mais pour qu'il soit viable, il faudra que la Jirama soit en mesure de payer cette électricité. « Quand vous financez un système de production d'énergie, une centrale hydraulique ou photovoltaïque, vous allez avoir un bailleur, mais il y a un modèle économique auquel il faut répondre, souligne Lova Rinel, qui représente la France dans le réseau francophone des régulateurs de l'énergie. Madagascar ne trouve pas encore le dessin financier et économique pour expliquer qu'il y aura une rentabilité et que cette coopération ne sera pas qu'un projet qui va fonctionner pendant cinq-six ans et qui après ne va plus marcher par manque d'entretien et parce que les Malgaches n'auront pas su faire. » La réforme de la Jirama est donc un préalable au succès des projets énergétiques malgaches. Et elle est exigée par le Fonds monétaire international, au lendemain d'une mission dans la Grande Île.
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La réunion du Réseau de prévention des crises alimentaires d’Afrique de l’Ouest et du Sahel s’est tenue les 15 et 16 avril à l’OCDE, à Paris. Plus de 30 millions de personnes font face à l’insécurité alimentaire dans la région, les prévisions tablent sur une augmentation même de ce nombre. La situation a été décortiquée et l’une des premières conclusions de la dernière campagne agropastorale, c’est que les récoltes sont en baisse.
Malgré une bonne campagne de saison des pluies – ce qui est rare au Sahel, souligne le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel, le CILLS – les récoltes n’ont pas été au rendez-vous. En moyenne, selon les statistiques, la production céréalière a baissé de 5 % par habitant et l’insécurité alimentaire progresse. Différents facteurs expliquent cela, met en avant Abdoulaye Mohamadou, le secrétaire exécutif du CILSS. « Nous avons des facteurs aggravants comme l'insécurité civile qui fait que beaucoup de populations sont déplacées, donc ont perdu leur capital productif, souligne-t-il. Nous avons également la situation des marchés. Une forte inflation qui fait qu'il y a une tendance haussière depuis quelques années. Les prix ne redescendent pas. Traditionnellement, on est dans la période de récoltes, les prix baissent, mais là, on a une tendance sur la région extrêmement inquiétante. Il y a aussi la dépréciation des monnaies dans certaines régions. »
Pour lui, il y a aussi une dimension politique évidente. Les accords de Malabo prévoyaient un engagement financier de 10 % des ressources des États dans l’agriculture, ce qui « n'a jamais été vraiment atteint », regrette le secrétaire exécutif du CILSS. « Aujourd'hui, avec le terrorisme et l'insécurité, les arbitrages budgétaires se font malheureusement en défaveur du secteur agricole au profit de tout ce qui défense et sécurité », constate-t-il encore.
Nana Touré, la directrice du club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest au sein de l’OCDE, abonde dans ce sens : « Cette crise est récurrente, on ne peut plus la considérer comme conjoncturelle ou une question d'urgence. La question de planification est au cœur des décisions. Qui dit planification dit priorités. Dit aussi volonté politique de, non seulement reconnaître l'existence de cette récurrence, mais aussi la nécessité d'investir les budgets et les mécanismes nécessaires qu'il faut pour répondre à cette récurrence-là. »
Cette dynamique doit se faire régionalement, selon Nana Touré. La création de l’AES et de la sortie de trois pays de la Cédéao n’ont pas freiné cette dynamique, assure-t-elle. « Je crois que l'espace communautaire existe encore, il y a des corridors qui existent encore entre les communautés et des corridors de commerces au niveau des différents espaces, affirme nana Touré. Je ne pense pas que la dimension politique interfère à ce niveau-là et que les systèmes sont en place et sont encore fonctionnels. » Les coupes drastiques de l’USAID (l'Agence américaine pour le développement international) et les baisses générales de l’aide publique au développement auront sans doute un impact lors de la prochaine campagne. Les évaluations sont en cours.
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À Madagascar, plus de 90% de la population utilise le charbon de bois comme principale source d'énergie domestique. Pour lutter contre la déforestation, une ONG suisse, ADES, a créé en 2010 un modèle de cuiseur, en métal et argile, plus économe en charbon. Aujourd'hui, ce foyer amélioré a fleuri partout sur le territoire. Mais d'autres produits innovants, comme les cuiseurs solaires, n'ont jamais conquis le cœur des Malgaches.
De notre correspondante à Antananarivo,
C'est un joyeux vacarme qui règne dans la salle de production des cuiseurs portatifs ADES. « Ça, c'est le seau métallique pour contenir l'argile des foyers améliorés, expliqueAlain Wasserfallen, le directeur d'ADES. Ces seaux sont produits de façon conique pour pouvoir les empiler, parce qu'il faut les transporter. »
Ici, tout est fait à la main, de façon mécanique, pour parer aux délestages extrêmement fréquents. L'usine de Tuléar est l'un des trois sites de production du pays et alimente l'essentiel de l'île en « fatapera » amélioré – le nom malgache pour désigner le réchaud.
Moitié moins de combustibleReconnaissables entre mille grâce à leur couleur verte, ils sont vendus partout, même dans les zones les plus reculées. Aussi loin qu'il s'en souvient, Bruel, chauffeur de taxi à Tuléar, a toujours vécu avec ce foyer amélioré chez lui. « Ça nous aide à moins gaspiller de charbon, explique-t-il. Avec le fatapera en fer, on ajoute du combustible à chaque fois qu'on veut cuire quelque chose. Mais avec le fatapera ADES, l'argile garde la chaleur, et donc, pas besoin de mettre de combustible à chaque cuisson. À l'achat, c'est trois ou quatre fois plus cher que le fatapera en fer, mais c'est rentable. »
Le fatapera ADES est rentable sur la durée parce qu'il nécessite moitié moins de combustible pour fonctionner que le fatapera ordinaire. Et dans une île où les forêts ont diminué de 40% ces 20 dernières années, selon le Global Watch Forest, faire baisser la consommation de charbon est une vraie bataille.
Réchaud solaire trop lourdMais tous les produits ADES, aussi efficaces soient-ils, n'ont pas obtenu le même succès. À commencer par les cuiseurs solaires, pourtant très adaptés au climat de Madagascar. « Le faible volume des ventes des cuiseurs solaires, par rapport au foyer amélioré à charbon de bois, nous montre que ça ne prendra pas sous la forme actuelle, reconnaît Alain Wasserfallen. Si les parents vont tous les deux travailler aux champs, ils ne vont pas emporter un four solaire ou une parabole solaire, avec eux : c'est lourd ! Donc, il faut se remettre en question. Faire de l'aide au développement, ça ne veut pas simplement dire prendre une idée géniale dans un pays développé et essayer de la faire accepter dans un pays en développement. Il faut pouvoir s'adapter aussi aux habitudes locales, au contexte culturel. »
Le défi est encore énorme pour offrir une solution adoptable par tous et qui réduise drastiquement la coupe de bois sur le territoire. Aujourd'hui, on estime qu'un ménage malgache consomme 90 kilos de charbon par mois.
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Au Congo-Brazzaville, les zones agricoles protégées, lancées par le gouvernement en 2021 pour diversifier l'économie, commencent à devenir une réalité. À Bouansa, dans le sud du pays, la zone agricole protégée est consacrée à la culture du maïs. Et la première récolte de l'année 2025 commence.
Dans la plaine de Bouansa, les paysans de la zone agricole protégée, tous de vert vêtus, observent le travail de la moissonneuse-batteuse sur près de 60 hectares de maïs. La superficie, étendue, a été cédée par l'État congolais aux agriculteurs de la région pour qu'ils y plantent la céréale. L'un d'eux, Alain Roger Mabika, a été désigné président de la zone agricole protégée. Il espère que les rendements progresseront avec les années :
« Ici, nous n'avons produit que le maïs, rien d'autre que le maïs. Quant à l'estimation, tel que je vois là, on peut dire que par hectare, nous avons au moins trois tonnes. Si nous prenons trois tonnes par hectare, ça veut simplement dire que nous devons donc nous retrouver avec 180 tonnes. Pour nous, c'est une façon d'aider ceux qui font de l'industrialisation. »
Après la récolte, le maïs est stocké dans un endroit bien protégé. Il sera ensuite vendu aux sociétés brassicoles et aux éleveurs qui en manquent souvent. À ce jour, les importations d'alimentation humaine et animale sont évaluées à 600-700 milliards de francs CFA.
Les zones agricoles protégées, un soutien pour les locauxPrès de 300 agriculteurs ont planté du maïs à Bouansa. « Nous produisons beaucoup ici. Nous ne sommes pas des fainéants. Avec la main, nous travaillons. Nous avons vraiment de la bonne production », affirme un cultivateur. « On plante le maïs pour nous soutenir. Ça nous aide et ça nous donne de l'argent », ajoute une cultivatrice.
Les zones agricoles protégées ont déjà commencé à produire du manioc, des bananes, des tomates et du riz, dans d'autres régions du Congo-Brazzaville. Ce dont le président de la République s'est félicité à Bouansa. « Merci de la façon dont vous avez suivi l'initiative lancée lors de la campagne électorale passée. Il faut qu'au Congo, l'agriculture aille de l'avant ! », a lancé le président Denis Sassou Nguesso.
À travers les zones agricoles protégées, les autorités espèrent lutter contre le chômage, contre la sous-alimentation et diminuer la facture des importations alimentaires.
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Au Sénégal, les comptes du pays sont dans le rouge après la révélation d’une dette cachée de 7 milliards de dollars laissée par le régime de Macky Sall. Le Trésor public sénégalais a lancé une levée de fonds de 150 milliards de FCFA auprès des populations sur le marché des titres de l’UEMOA fin mars, avec pour objectif trouver des sources de financements pour réaliser l’ambitieux programme du président.
« Saisissez une opportunité d’investissement sécurisé avec l’État », pouvait-on lire sur les téléphones des clients de la Société générale au Sénégal ces dernières semaines. L’opération en question est une levée de fonds de 150 milliards de FCFA du Trésor sénégalais par appel public à l’épargne. Devant une banque du centre-ville, beaucoup de Dakarois sont séduits par l’idée de prêter de l’argent à l’État. « Si c'est pour aider, il n'y a pas de problème, c'est le patriotisme. Donc, je le ferai volontiers », assure Abdourahmane Sow, standardiste de profession.
Cette levée de fonds intervient alors que la dette atteint plus de 100% du PIB, 25 points de plus que ce qui avait été avancé par le régime sortant. Pour Charles, chauffeur coursier, cela fait une raison de plus pour investir dans ces bons : « C'est l'ancien régime qui nous a mis dans cette situation. Mais pas le régime actuel. Nous savons tous que le Sénégal traverse des moments difficiles. Et c'est à nous, la population, de pouvoir soutenir ce nouveau pouvoir, pour qu'on aille de l'avant. »
Les taux d’intérêt vont de 6,40 à 6,95% et les bons sont à 10 000 FCFA l’unité, mais Yela Ba qui travaille dans la logistique ne voit pas l’intérêt pour les particuliers. « Je me dis que peut-être, pour un million de FCFA, le rendu sur trois ans n'est pas vraiment intéressant pour moi, estime-t-il. Maintenant, je me dis que peut-être pour ceux qui ont un gros capital, ça peut les intéresser. Moi, je vais passer mon tour. »
Trouver des ressources, faire des économiesL’État sénégalais a souvent recours à ce type d’emprunt, mais la situation est particulièrement tendue aujourd’hui. Après les révélations de la Cour des comptes, la note du Sénégal a été abaissée deux fois par l’agence de notation Moody’s et le programme du FMI suspendu. Il faut donc diversifier les sources de financement. « C'est sûr que l'emprunt extérieur demanderait des taux de plus en plus élevés parce que les bailleurs de fonds, les investisseurs vont prendre en charge effectivement les situations risquées. Donc, en passant par les marchés de l'UEMOA, par les marchés des titres publics, l'État peut bénéficier de ressources longues », analyse Abdou Khadre Dieng, professeur d’économie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Pour Elimane Haby Kane, du think tank Legs Africa, un emprunt obligataire ou même la négociation d'un nouveau programme avec le FMI ne sont pas les stratégies les plus soutenables pour redonner des moyens à l’État. Des économies pourraient sans doute être faites « sur des lignes qui existaient déjà sur des types d'investissements qui n'étaient pas très efficients » pour l'État et ainsi lui permettre de « souffler un peu ». L’opération a été un succès. Une semaine avant la fin, plus de 400 milliards de FCFA avaient été collectés et la levée de fonds clôturée. La première phase du programme du président Bassirou Diomaye Faye pour la période 2025-2029 a été chiffrée à 18 000 milliards de FCFA, soit plus de 28 milliards d’euros.
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La zone de libre-échange continentale africaine, la Zlecaf, est-elle en mesure d’atténuer l’impact des taxes Trump sur les marchandises africaines ? Le commerce intra-africain a rebondi de 8 % l'an dernier pour atteindre 208 milliards de dollars, mais les pays du continent ne commercent entre eux qu’à hauteur de 15 % de leurs échanges. Ils gagneraient pourtant, selon les experts, à accélérer la mise en œuvre de cette zone de libre-échange continentale, entrée en vigueur il y a plus de quatre ans.
La zone de libre-échange continentale africaine, la Zlecaf, est encore loin d'être un marché de substitution pour les produits africains surtaxés par les États-Unis. Sur la cinquantaine de pays africains signataires de l'accord de libre-échange continental, seuls huit l'ont réellement mis en œuvre, et sur une poignée de produits qui seront à terme débarrassés de taxes.
« Vous avez le Cameroun qui a commencé à lancer une cargaison de thé, observe Benjamin Allahamné Minda, chercheur en droit international à l'université Lyon 3. Vous avez le Kenya avec des piles. Vous avez le Rwanda avec le café instantané. Vous avez le Ghana, l'Afrique du Sud avec quelques produits manufacturés. Ils ne sont pas encore nombreux. Cette volonté, elle, est toujours conditionnée à la capacité des pays à se spécialiser sur des chaînes de valeur utiles pour les autres pays africains. Je pense qu'on peut se dire qu’à l'horizon 2030-2040, cela peut commencer à fonctionner. »
Aluminium du Cameroun en AlgérieLes obstacles, en particulier l'insuffisance des infrastructures, ne doivent pourtant pas empêcher de tirer profit de la Zlecaf dès aujourd'hui, juge Honoré Mondomobé, enseignant à l'université de Douala. « On ne va pas attendre que toutes les routes en Afrique soient asphaltées, que tous les pays aient le meilleur système de communication pour que la zone de libre-échange se mette en place. À chaque étape, il faut en profiter, encourage-t-il. Actuellement, le Cameroun exporte des lingots d'aluminium vers l'Algérie, avec un taux de douane qui va s'annuler au bout de dix ans. Pourquoi voudriez-vous que les pays exportent vers les États-Unis ? La zone de libre-échange continentale est plus importante aujourd'hui que jamais ! », plaide-t-il.
Moins recourir aux services américainsLa zone de libre-échange inter-africaine pourrait aussi, selon cet expert, être un outil d'indépendance vis-à-vis des États-Unis, qui achètent finalement moins de marchandises à l'Afrique (100 millions de dollars), qu'ils ne lui vendent présentement de services.
« Il s’agit de services bancaires, de services d'ingénierie, dans le secteur pétrolier ou le secteur minier, précise Honoré Mondomobé. Si les Africains décident de ne plus leur importer de services, c'est une perte de plus de 125 milliards de dollars pour les États-Unis. D'où la nécessité de mettre en place le protocole numéro 2 de la zone de libre-échange continentale, qui permettrait aux Africains d'échanger les services intra-africains sans contingentement. »
Une autonomie atteignable en cinq ans, selon le chercheur camerounais. L’Afrique pourrait aussi en parallèle faire davantage appel aux services indiens ou européens.
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En avril, la Guinée et les pays de la Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) ont introduit de nouvelles coupures et pièces de monnaie de la Banque des États de l'Afrique Centrale (BEAC). Ces changements visent à répondre à la pénurie d'espèces et à améliorer la durabilité, mais suscitent des inquiétudes quant à leur impact économique dans ces régions.
En ce mois d'avril, les consommateurs de plusieurs pays africains découvrent de nouvelles espèces en circulation. La Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) a introduit un nouveau billet de 20 000 francs guinéens, décrit comme plus fiable et moderne. Cette initiative répond principalement à la prolifération de faux billets de cette coupure.
Un nouveau billet pour contrer la fraudeSafayiou Diallo, économiste guinéen, exprime ses préoccupations face à cette transition. Il souligne que la coexistence de deux types de billets de 20 000 francs sur les marchés pourrait engendrer des malentendus, notamment dans le secteur informel. « Compte tenu du fait qu'on a un secteur informel qui est très développé, beaucoup de personnes risquent d'interpréter comme quoi ces nouvelles coupures sont celles qui seront utilisées désormais dans les transactions et que les anciennes risquent de ne pas trop passer. Moi, c'est quelque chose qui m'inquiète en tant que tel », déclare-t-il.
La BCRG précise que ce nouveau billet n'a pas pour objectif d'injecter plus d'argent dans l'économie, mais simplement de remplacer les billets usés et trafiqués. Cependant, Safayiou Diallo met en garde contre les risques de dévaluation et d'inflation. « Ce qui soutient la valeur d'une monnaie, c'est la production. Lorsque la production ne suit pas, la monnaie est mise de trop, au risque d'avoir des conséquences inflationnistes. Et tout le monde sait que l'inflation a des conséquences néfastes, notamment la perte du pouvoir d'achat », explique-t-il.
Pièces de la BEAC : un risque d'inflationParallèlement, la Banque des États de l'Afrique Centrale (BEAC) a lancé une nouvelle gamme de pièces pour répondre à la pénurie d'espèces. Neuf nouvelles pièces, allant de 1 à 500 francs CFA, ont été mises en circulation dans les six pays membres de la CEMAC, avec l'introduction notable d'une pièce de 200 francs CFA.
Alphonse Ndongo, analyste économique à Brazzaville, voit dans cette nouveauté un risque d'inflation mécanique. « C'est une bonne chose, mais seulement le revers est que cette pièce de monnaie va créer ce qu'on appelle une inflation mécanique », affirme-t-il. Il anticipe que les commerçants pourraient arrondir les prix des petites marchandises à 200 francs CFA, augmentant ainsi les coûts pour les consommateurs. « Les prix de certaines petites marchandises qui sont compris entre 150 francs CFA et 195, il y a forcément la possibilité pour certains commerçants de faire passer ces prix tout simplement à 200 francs CFA. Pour moi, cette nouveauté risque de déboucher sur des plaintes inflationnistes », ajoute-t-il.
De plus, les nouvelles pièces, fabriquées avec un alliage différent, n'auront pas la même valeur que les anciennes, ce qui devrait réduire leur exportation vers l'Asie où elles sont prisées pour la fabrication de bijoux.
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Premier producteur mondial de noix de cajou avec 1,2 million de tonnes en 2024, la Côte d’Ivoire transforme 30 % de sa récolte et veut porter ce pourcentage à 50 % d'ici à 2030. Des stratégies sont mises en œuvre pour atteindre cet objectif, mais le défi est de taille, face à la concurrence des acheteurs asiatiques, au manque de main-d’œuvre qualifiée et aux difficultés d’accès au financement.
De notre correspondant à Abidjan,
Dans l’usine Cilagri Cajou, à Vridy, en Côte d'Ivoire, les machines tournent à plein régime. Ici, la noix de cajou arrive brute avant d’être décortiquée, pelée, triée et conditionnée. En 2024, l’usine a produit 17 000 tonnes d’amandes de cajou. Mais derrière cette performance, un défi persistant subsiste : le coût de production. « Le secteur de la noix de cajou a connu des turbulences en 2022 qui ont fait que le coût de production ne permettait pas de faire face au coût des amandes sur le marché, regrette Cynthia Namoutié, directrice générale de l’usine. Donc une restructuration des équipements pour permettre de réduire le coût de production était le seul moyen de continuer à survivre. »
Modernisation et formationMais moderniser les outils ne suffit pas. Il faut aussi former les travailleurs pour piloter ces machines. « On a une main-d’œuvre disponible, mais elle manque encore de compétences, reconnaît-elle. Il y a un vrai besoin de formation pour que nos employés puissent piloter ces machines sans qu’on ait recours à des expatriés. »
Autre enjeu de taille : les usines ivoiriennes sont en concurrence avec leurs puissantes rivales d’Asie du Sud, prêts à acheter la noix brute à des prix élevés. Malgré ces défis, la transformation locale progresse. L’an dernier, le pays a exporté pas moins de 72 000 tonnes d’amandes et compte une quarantaine d’usines actives.
Pâte et lait de cajouLa transformation ne s’arrête pas aux amandes brutes. Un nouveau marché émerge : les produits dérivés. « On a la transformation des noix qui donne des amandes de cajou blanches qui sont réutilisés par les acteurs de la deuxième transformation qui vont maintenant produire des pâtes de cajou, du lait de cajou, détaille Marcel Ouattara, secrétaire exécutif du groupement des industriels du cajou en Côte d’Ivoire. On peut même en faire de la farine. Aujourd’hui, on espère qu’on aura un changement dans les habitudes de consommation qui va permettre de pouvoir distribuer tous ces produits dérivés localement. »
Exonérations fiscalesPour accélérer la transformation, le gouvernement multiplie les incitations. Cette année, il va donner la priorité aux transformateurs locaux pour l’approvisionnement en noix brutes. « La faveur sera donnée aux transformateurs locaux de disposer de la noix de cajou, a annoncé le ministre de l’Agriculture Kobenan Kouassi Adjoumani. C’est après que nous allons ouvrir la possibilité d’acheter des noix de cajou en vue de l’exportation dans les autres pays. »
Autre coup de pouce : l’exonération des taxes sur les amandes transformées localement et les équipements importés. Avec ces mesures, la Côte d’Ivoire espère franchir un cap : ne plus être seulement le premier producteur mondial, mais aussi un acteur clé de la transformation du cajou.
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À deux jours de la présidentielle du 12 avril, huit candidats, dont le chef de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, sont en lice pour un septennat à la tête du pays. Son principal adversaire, Alain-Claude Bilie-By-Nze, n’hésite pas à l'attaquer sur les sujets de gestion financière et de dette en particulier, ce qui lui vaut une réponse musclée.
Depuis qu'il est en campagne pour le poste de président du Gabon, Alain-Claude Bilie-By-Nze lâche ses coups contre la transition, qu'il accuse de gestion financière dispendieuse et mensongère. Encore en début de semaine sur la chaîne Africa 24, il a affirmé : « Les pouvoirs publics actuels ne donnent pas la vérité. Il y a de la dette cachée, il y a de la dette intérieure non comptabilisée, de la dette extérieure vis-à-vis notamment de fonds vautour, non comptabilisée. Il y a des dettes contractées pour acquérir des parts dans des entreprises dont personne ne connait le niveau exact de l'actionnariat. » Et d'ajouter : « Il faut voir clair dans cette question d'endettement. La dette gabonaise a aussi un problème, c'est qu'on s'endette pour financer le fonctionnement. »
Alain-Claude Bilie-By-Nze parle de 8 500 milliards de francs CFA de dettes quand, selon les chiffres du gouvernement, elle vient de descendre en dessous des 7 000 milliards de francs CFA. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le niveau d'endettement est de 67% du PIB. Plutôt de 54%, disent les autorités qui refusent d'y inclure des arriérés comme les retraites et les soldes des fonctionnaires. Ces attaques, de la part du dernier Premier ministre d'Ali Bongo, lui valent des réponses musclées des soutiens de la transition.
« Ceux qui se plaignent aujourd'hui ont habitué les Gabonais à des postures fallacieuses, arrogantes. Quand on a un bilan comme le leur, comme lorsque nous arrivons en septembre 2023 avec le président Oligui Nguema, et qu'il y a des échéances de dettes qui ne sont pas remboursées… Le Gabon était au ban de la communauté internationale parce qu'il ne tenait plus ses engagements internationaux », répond la ministre de la Communication, Laurence Ndong, et porte-parole du candidat Oligui Nguema. « La première chose qui a été faite a été de rembourser ces échéances de dette. On a trouvé un pays endetté à 7 500 milliards, une dette creuse pour laquelle on a vu aucune infrastructure [réalisée, NDLR]. Donc, aujourd'hui, le Gabon tient ses engagements en matière de dette. Tous nos bailleurs ont été remboursés », met-elle en avant.
Depuis le 1ᵉʳ septembre 2023, le remboursement de la dette a absorbé 45,6% des ressources de l'État. Le Gabon a notamment réglé la Banque mondiale, malgré un retard très médiatisé. Une source au fait du dossier se dit « bien moins alarmiste qu'il y a 18 mois ». « Les grands bailleurs viendront et ils ne vont rien nous imposer », a déclaré à la télévision Brice Clotaire Oligui Nguema. Les agences de notation demeurent toutefois perplexes : l'agence Fitch a baissé sa note en janvier, inquiète particulièrement de fortes dépenses budgétaires et sociales. Elle anticipe un retour du FMI dans le pays d'ici à la fin de l'année.
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La France fait face à une pénurie de main d'œuvre dans un certain nombre de secteurs. Selon France Travail, l'établissement public en charge des questions de l'emploi dans le pays, les secteurs les plus en tension sont la restauration, l'agriculture, ainsi que ceux de la propreté et du soin à la personne. En 2024, six entreprises sur dix déclaraient anticiper des problèmes au recrutement. En France, 600 000 étrangers ont le statut de réfugiés et sont en droit de travailler légalement. Pourtant, ce public peine à trouver des emplois.
Mado, de République démocratique du Congo (RDC), a obtenu son statut de réfugié il y a trois ans. Elle a fait une formation de commis de cuisine, secteur en tension. Pourtant, elle dit peiner à trouver un emploi. « C'est difficile. J'ai postulé en ligne, mais il n'y a pas de réponse », affirme Mado, qui explique avoir envoyé plusieurs dizaines de CV. « S'il y a une réponse, on me dit ''il n'y a pas de place Madame''. Je ne sais pas si c'est parce que suis Congolaise qu'ils ne veulent pas me donner de travail », désespère la quadragénaire, qui n'hésite pas à égrainer ses qualités : « Je suis motivée, je suis dynamique. Je respecte les temps. Je sais faire le travail de cuisine, préparation, je sais travailler à l'accueil… »
À l'occasion d'un salon dédié à la recherche d'emploi pour les réfugiés, Mariam, jeune femme venue de Côte d'Ivoire, maman d'un enfant de cinq ans, sillonne les stands des hôteliers. « Jusqu'à présent, je n'ai pas encore eu de premier emploi, et là, je ne sais pas comment faire pour trouver », se désole-t-elle. À l'image de Mado, elle se questionne sur la raison de ces difficultés : « Je vais dans les ateliers, je vais dans les événements, toujours pas. Je ne sais pas si c'est parce que j'ai un enfant qu'on ne me prend pas. Je ne sais pas. »
Malgré un profil qui semble intéresser les employeurs, la question de l'expérience bloque le processus. « J'ai travaillé quand j'étais dans mon pays. Mais ici, je n'ai jamais travaillé, donc on me demande mon expérience. Je ne sais pas, je dis ce que j'ai fait dans mon pays et que je n'ai pas d'expérience en France, détaille Mariam. S'ils me demandent une expérience que je n'ai pas... Il faut me donner un boulot, comme ça, j'aurais de l'expérience ! »
Lourdeurs administratives, et filtres discriminants ?Comme beaucoup, elle fait également face aux lourdeurs administratives. Elle a obtenu son statut de réfugié et dispose d'un récépissé faisant foi. Mais pas encore le document définitif, ce qui rend réticents certains employeurs. « C'est très long et France Travail n'arrête pas de me mettre la pression. Quand j'explique, eux, ils ne comprennent rien, mais ils veulent me mettre la pression », témoigne-t-elle.
Des difficultés à trouver un emploi pour les personnes peu qualifiées, mais aussi chez celles ayant des diplômes supérieurs. Les équivalences de diplômes ne sont pas toujours reconnues. Mamadou est de Guinée, diplômé dans le milieu bancaire. « On peut postuler, mais souvent, il n'y a pas d'entretien derrière », fait-il savoir. Car en plus des problématiques de diplômes, celle de l'automatisation des processus de sélection pose également problème.
« Le plus compliqué, c'est comment trouver un entretien, comment passer les filtres. Aujourd'hui, comme beaucoup de recrutements sont automatisés, si on n'envoie pas le bon format de CV, le système informatique refuse automatiquement, alors qu'on a tout à fait les qualifications », regrette-t-il. Une situation qui pousse un grand nombre de réfugiés à accepter un emploi sous leur niveau de qualification. Une étude de l'Institut français des relations internationales estime qu'il leur faut en moyenne dix ans pour retrouver un travail à la hauteur de leur diplôme.
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À l'heure du protectionnisme économique, de nombreux gouvernements africains privilégient le contenu local : transformer sur place les matières premières d'un bout à l'autre de la chaîne de valeur. C'est le cas du Bénin, premier producteur de coton sur le continent qui a bâti une vaste zone industrielle, la zone industrielle de Glo-Djigbé ()GDIZ. On y fabrique notamment du textile, en partant du coton brut jusqu'au produit fini.
Au cœur de la zone économique spéciale de Glo-Djigbé, à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Cotonou, la capitale du Bénin, les machines à coudre tournent à plein régime. Dans cet atelier moderne et bien éclairé, des centaines de jeunes hommes et de jeunes femmes sont formés aux métiers du textile. « Passionnée de couture », Claudia Phoebe Kiki, qui habite à Glo-Djigbé, explique avoir réussi un test de recrutement pour vérifier la qualité de sa vue, la rapidité de ses mains. Elle travaille sur la ligne avec laquelle sont fabriqués les polos Lacoste, au niveau des épaules. Elle se dit « heureuse » de pratiquer ce travail à la chaîne.
Kiabi au Bénin plutôt qu'en Chine ?Une véritable course de relais pour fabriquer chemises, t-shirts ou toutes sortes de vêtements commandés par de grandes marques internationales comme Kiabi, The Childrens Place ou encore Gemo. « Nous recevons les commandes des bailleurs en fonction des documents qu'ils nous présentent, explique Adankpo Debora Christa, chargée de marketing et merchandising. Nous suivons à la lettre ce qu'ils nous demandent : le tissu, les boutons, le fil. Il y a un département dans lequel nous faisons les échantillons qui sont envoyés au bailleur afin qu'il puisse valider ce que nous avons fait avant qu'il passe commande. Ici, chaque couture, chaque étiquette est vérifiée. Est-ce que c'est bien placé ? Est-ce que les fils ne sont pas sautés ? Est-ce que le vêtement est propre ? S'il y a une erreur, il y a des flèches pour montrer l'endroit où il y a le défaut. » À l'entrée de chaque ligne de production, un panneau indique les résultats de performance. « Kiabi, ils avaient l'habitude de commander en Chine et autres, mais maintenant, ils commandent chez nous », raconte fièrement la jeune femme.
Firdaous Moussa, 26 ans et originaire de Cotonou, travaille, elle aussi, au département marketing en tant qu'assistante. Titulaire d'une licence en commerce international, elle a été informée par une « connaissance » du projet de la GDIZ. « Chaque jour, c'est toujours plus impressionnant de venir ici et de voir ce qui se passe. Et le fait de se dire que c'est dans mon pays que ça se passe, cela me pousse à me donner encore plus », témoigne-t-elle.
En amont de la confection, on trouve plusieurs ateliers dans ce parc textile qui tisse sa toile d'année en année : teinture, tricotage et filature. Dans un autre bâtiment géré par la société Bénin Textile, le département de spinning chargé de transformer la fibre de coton brut en fils. « À chaque niveau, dès la réception du coton passé par l'égraineur, une équipe prélève des échantillons pour vérifier la couleur, la qualité du coton », explique Valère Houndete, superviseur de production embauché depuis deux ans. Et d'expliquer : « À chaque étape, nous vérifions si les attentes sont satisfaites avant de continuer la transformation. »
Objectif : exporter en Europe et aux États-UnisProduire du textile 100% made in Bénin, c'est l'objectif du premier producteur continental de coton, mais dont seulement 12% des stocks sont transformés sur place. La GDIZ serait capable de transformer 40 000 tonnes de fibres de coton par an. Yemi Ahouanmenou, directeur général adjoint de Bénin Textile SA, annonce que l'idée est de développer des produits de linge de maison, draps et serviettes, pour couvrir les marchés européens et américains : « Nos concurrents principaux sont au Bangladesh, au Pakistan, en Inde. Le fait de pouvoir traiter la matière première ici au Bénin nous permet de créer de l'emploi. »
Le dirigeant affirme que 3 000 jeunes sont déjà formés et qu'à terme, lorsque deux autres unités seront opérationnelles, ce seront plus de 15 000 personnes qui seront employées. Mais en termes de coûts de production, comment lutter à armes égales avec les géants asiatiques ? « En termes de coût, nous sommes à peu près à égalité avec nos concurrents asiatiques dans une marge de 5 à 10%, estime Yemi Ahouanmenou. Mais notre gros avantage est le gain de temps lors du transport maritime jusqu'au marché final. La position géographique du Bénin (10 à 15 jours de délai pour l'Europe) nous offre une position stratégique » pour atteindre les marchés occidentaux, assure-t-il.
Reste le nouveau contexte commercial compliqué par les augmentations de droits de douane décidées par Donald Trump. La GDIZ a commencé à exporter des vêtements vers les États-Unis dès 2023 pour la marque The Children Place. Fin 2024, ce sont des articles de la marque U.S. POLO ASSN qui ont commencé à être écoulés dans le monde. La GDIZ, née d'un partenariat public privé entre l'État béninois et la société Ariise IIP – qui développe des zones économiques spéciales dans plusieurs pays africains – cherche plus que jamais à attirer de nouveaux investisseurs.
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Le coton africain est une source de devises et d'emplois pour le continent, avec 20 millions de producteurs et plus de 20 000 productrices. Vingt ans après la création de l'Association des producteurs de coton africains (Aproca), il est temps d’évaluer le chemin parcouru. Les producteurs de coton l'admettent volontiers, il faut changer de stratégie face aux difficultés pour accroître la production.
De notre correspondant à Lomé,
L'Afrique produit trois millions de tonnes de coton par an, cela dans des conditions encore rudimentaires. Les producteurs ne maîtrisent pas les prix sur le marché, déplore le président de l'Association des producteurs africains de coton (Aproca), le Togolais Koussouwè Kourouféi :
« Nous, les producteurs de coton africains, on est preneur du prix à l'international. Les grands producteurs, ce sont eux qui fixent les prix, et l'Afrique minoritaire est obligée d'accepter les prix qu'ils proposent. Malgré la qualité de notre coton, récolté à la main, on est obligé d'accepter. »
Surface en baisse au TogoS'ajoutent à cette situation les insectes ravageurs qui attaquent les champs et les effets du changement climatique qui réduisent considérablement les surfaces cultivables. « La pluviométrie est contre nous au moment des semis, explique Padibalaki Péguédou, coordonnateur de la Fédération nationale des producteurs de coton au Togo. Quand les moments des semis commencent, la pluie est en manque. Or, le producteur est enclin à l'adaptation. Et donc, on a une diminution considérable des superficies. »
L'année dernière, par exemple, les prévisions de 75 000 hectares ont été revues à la baisse à cause de la pluviométrie au Togo. Et selon le coordonnateur, il n'est pas certain que la barre des 65 000 hectares soit atteinte cette année. Une réalité qui touche les 15 pays producteurs d'or blanc.
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Aller vers l'irrigation ?Il faut donc changer de stratégie, selon le président de l'Aproca. « Le changement climatique joue sur la production et nous pensons que pour remédier à ce phénomène de changement climatique, il nous faut aller vers l'irrigation et produire le coton à contre-saison », préconise Koussouwè Kourouféi
Malgré les réformes et les appuis de partenaires, le chemin reste encore long pour améliorer les conditions de travail et accroître la production. L'Aproca va commémorer ses 20 ans de collaboration par un plaidoyer à Garoua, au Cameroun, fin avril. Les membres décideront d'un nouveau plan stratégique pour les années à venir.
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En Tunisie, après l’entrée en vigueur d’une loi réglementant davantage l’usage des chèques début février, leur usage a considérablement chuté. Moins 94 % selon les chiffres de la Banque Centrale alors qu’ils représentaient 53 % des échanges en 2024. Cette nouvelle loi a de fait un impact sur l’économie. Les chèques étaient, pour la plupart des commerçants, entrepreneurs et particuliers, un moyen de garantie et non de paiement, pour faire face à un manque de trésorerie ou de liquidité récurrent.
Hedi Sefi, 57 ans, entrepreneur en bâtiment, supervise son chantier en banlieue de Tunis. Beaucoup de ses autres chantiers sont à l’arrêt à cause de la nouvelle loi sur les chèques entrée en vigueur en Tunisie début février. « J’avais vraiment l’habitude de travailler avec l’ancien système, car ni les propriétaires de la maison que je construis, ni moi, ni mes fournisseurs n’avions assez de liquidité pour tout payer d’un coup, explique-t-il. Donc, c’était un système de confiance où chacun donnait des chèques comme garantie ou caution et cela nous permettait d’avancer dans le chantier. Mais là avec le nouveau système, il faut de l’espèce tout de suite sinon ce n’est pas possible et du coup ça impacte tout le monde. »
Avec la nouvelle loi, Hedi peut encore demander un chéquier, mais il sera plafonné selon sa solvabilité, avec des chèques ayant une date d’expiration et un QR code pour assurer leur traçabilité. « J’ai fait une demande à ma banque, et ça n’a pas abouti, tout simplement parce que je n’ai pas assez d’argent sur mon compte, comme la majorité des Tunisiens », constate-t-il, résigné.
Pour les victimes de ces sanctions comme Abdelkrim, la nouvelle loi est un soulagement. « Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis content de cette loi, parce qu’avant, vous aviez des gens qui traitaient leur carnet de chèques comme un moyen de crédit et qui les distribuaient partout pour payer, sans avoir l’argent derrière quand le chèque était encaissé », détaille ce menuisier dans l’aluminium qui parle en connaissance de cause. « J’en ai fait partie, je suis d’ailleurs interdit de chéquier depuis des années et ça m’a bien gâché la vie », regrette-t-il.
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« Est-ce qu’on a trouvé un financement qui donne la sécurité au créancier et au débiteur ? »Ce nouveau système a été instauré pour lutter contre le phénomène des chèques sans provision, puni de lourdes peines de prison, mais très répandu en Tunisie. La Fédération des artisans et des petites et moyennes entreprises défend aussi la loi, car beaucoup d’entrepreneurs ont fait faillite à cause de chèques sans provision. « Là, j’ai devant moi tous les chèques qui me sont revenus impayés. En tout, j’ai plus de 100 000 dinars qui ne m’ont pas été payés, vous vous rendez compte de ce que ça fait à une entreprise ? », interroge Mohsen Bourchada, trésorier de l’association et également directeur d’une entreprise de cosmétiques.
Pour Louai Chebbi, de l’ONG Alert qui traite de corruption et de problèmes économiques, même si la nouvelle loi vient pallier un vrai problème, les Tunisiens manquent d’alternative actuellement pour remplacer l’ancien système. « Le problème du chèque n’était pas un problème de moyen de paiement, mais un problème de financement, estime-t-il. Est-ce qu’on a trouvé un financement moderne, est-ce qu’on a trouvé un financement qui donne la sécurité au créancier et au débiteur ? Non, aujourd’hui, il n’y a pas de solution moderne qui puisse faciliter les échanges des Tunisiens entre eux dans l’économie. » Beaucoup de Tunisiens ont encore du mal à s'adapter au nouveau processus. Le taux d’adhésion à la nouvelle plateforme Tunichèque n’a pas dépassé pour le moment les 4,7 % parmi les comptes éligibles.
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Près de 25 millions de deux roues motorisés circulent en Afrique dont 30 000 motos électriques. Un marché à 90 % entre les mains d’un acteur : Spiro. L’entreprise s’est développée à partir du Togo et du Bénin et elle vend désormais au Kenya, en Ouganda, au Rwanda et au Nigeria.
Les deux dernières années ont été consacrées à améliorer les modèles de motos électriques et leur prix, explique Kaushik Burman, le PDG de Spiro. « Si vous voulez réussir dans ce domaine, vous devez vraiment proposer des produits abordables et des produits robustes, parce qu'en Afrique, les terrains sont très difficiles. Le Rwanda a des pentes raides, de 18 degrés. L'Ouganda a des routes cahoteuses. Il faut donc des motos de très grande qualité, mais à un prix abordable, moins cher qu'une moto à essence. Aujourd'hui, nous y sommes parvenus », assure-t-il.
600 stations d’échange de batteriesDans ce modèle économique, le client n’achète que la moto. La batterie, Spiro l'échange dès qu'elle est à plat et l'entreprise est donc devenue un fournisseur d'énergie. « Nous avons dépassé les 17,5 millions d'échanges de batteries aujourd'hui. Cela montre à quel point nous avons progressé au cours des 20 derniers mois, se félicite Kaushik Burman. Nous avons environ 600 stations d'échange de batteries actives. »
Ce maillage met fin à l'anxiété sur l’autonomie de la moto électrique, pour un coût inférieur au carburant d'une moto thermique, reconnaît Yao Amedokpo. Mais selon ce spécialiste des mobilités urbaines et électriques à l’École des ponts et chaussées (ENPC), la maintenance est encore un problème. « Quand vous prenez l'exemple de Lomé, il n'y a qu'un seul centre de maintenance de motos qui se situe en périphérie de la ville et quand les conducteurs de motos ont des pannes en ville, parfois, il faut appeler ce centre-là pour chercher un moyen de transporter la moto et aller jusqu'au centre, et comme c'est le seul centre, il y a un temps d'immobilisation qui est assez long », explique-t-il.
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Améliorer la maintenanceAutre réserve du chercheur, le modèle industriel crée encore peu d'emplois en Afrique. « Pour l'instant, je n'y vois pas beaucoup de valeur ajoutée. Ce sont toujours des motos en caisse qui arrivent et qui sont assemblés par les concessionnaires à Lomé ou à Cotonou. On ne voit pas vraiment comment cela pourrait dynamiser le tissu industriel », affirme le spécialiste.
Créer plus d'emploisSpiro attend des incitations publiques pour fabriquer davantage en Afrique. L'entreprise assemble déjà des pièces plus sophistiquées au Kenya, comme les moteurs et les contrôleurs des motos. Elle compte implanter dans les mois prochains des usines au Nigeria, au Rwanda et en Ouganda. Pour doper encore ses ventes, elle a choisi Davido comme ambassadeur et le partenariat avec l'artiste pourrait se renforcer.
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En RDC, les transporteurs congolais ont désormais le droit de transporter 50 % des marchandises à l’importation et à l’exportation. La décision prise à la fin du mois de février par le ministère congolais des Transports pourrait avoir un impact positif, en particulier pour la région du Katanga où l’activité minière est intense. Pour les transporteurs congolais, le défi est grand : ils ne représentent aujourd’hui que 3 % de la flotte en activité dans le pays et font face à un coût de péage routier supérieur à celui de leurs collègues d’Afrique australe.
En République démocratique du Congo, près de 300 véhicules par jour traversent la frontière avec la Zambie. Plus de 95 % de ce trafic est assuré par des sociétés étrangères. « L’une des raisons est le coût élevé pour les transporteurs routiers congolais, déplore un transporteur congolais, qui a requis l’anonymat. À titre d’exemple, au niveau de la Zambie, nous payons 1 000 dollars de coût supplémentaire que tous les autres transporteurs. Ce qui fait que nous ne sommes plus concurrentiels. »
Les mines ont leur société de transport à l’étrangerEn effet, depuis 2021, la Zambie applique la réciprocité, car du côté congolais, les frais de péage routier sur le tronçon Kasumbalesa – Kolwezi sont de 900 dollars alors que dans les pays de la SADC, ils sont fixés à 10 dollars pour 100 km. « Sur le corridor sud qui part de Kolwezi jusqu’en Zambie, les transporteurs congolais ne représentent que 3 % parce que les entreprises minières installées au Congo ont leurs propres sociétés de transport en Zambie, en Namibie, en Afrique du Sud et en Tanzanie », souligne de son côté Philippe Seneve, le président du comité des transporteurs congolais au sein du patronat à Kolwezi.
En vue de stimuler le secteur, les autorités ont récemment signé un arrêté accordant un droit préférentiel aux transporteurs locaux. « Cet arrêté accordant aux transporteurs locaux un droit de préférence à hauteur de 50 % des marchandises va sans nul doute accroître le nombre des transporteurs et travailleurs locaux et impacter positivement l’économie tant nationale que provinciale », espère Jean-Marie Abolia, secrétaire général au ministère des Transports de la République démocratique du Congo.
Créer 4 000 emploisPour le patronat congolais, grâce à cette mesure, 4 000 emplois seront créés dans la région du Katanga, et un revenu mensuel évalué à 23 millions de dollars généré par ce secteur restera au pays. Mais les défis sont énormes vu le nombre réduit des transporteurs locaux. « Nous devons les accompagner afin d’atteindre une flotte d’au moins 3 500 camions avec un chargement journalier de 110 camions qui représentent effectivement les 50 % », estime Ritha Ilunga, la responsable du comité des transporteurs au sein du patronat à Lubumbashi, qui veut rester optimiste. Entre-temps, les transporteurs locaux attendent du gouvernement congolais une diminution du coût du péage routier ou tout simplement l’exonération de ces frais.
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Il manque 13 milliards de dollars pour répondre aux besoins de financements concernant la nutrition, selon les organisateurs du sommet Nutrition for Growth qui s'est tenu à Paris les 27 et 28 mars. Dans le monde, cinq millions d'enfants sont morts en 2021 avant d'avoir atteint l'âge de 5 ans, selon des estimations publiées en 2023. À l'extrême inverse, les maladies liées à l'obésité tueraient près de trois millions de personnes chaque année dans le monde. Dans le contexte de multiplication des conflits, de perturbation des chaînes de production et de distribution, produire plus localement est devenu une priorité pour beaucoup d'États. Des questions largement débattues en fin de semaine dernière lors du sommet Nutrition for Growth.
Face aux problèmes de sécurité alimentaire, les autorités éthiopiennes ont engagé de grands chantiers pour faire du « made in Éthiopie » et, notamment, transformer localement. « Cette initiative vise à substituer les importations par de la production locale. Mais, comme vous le savez, de nombreux acteurs rencontrent des difficultés financières et ne bénéficient pas du soutien d'autres partenaires privés. C'est là le principal défi », explique Shibru Kelbessa, assistant technique au ministère de l'Industrie éthiopien.
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Dans certains pays, de grandes entreprises de l'agro-industrie sont présentes. « Elles façonnent nos systèmes alimentaires », met en exergue un ministre ivoirien lors du sommet sur la nutrition à Paris. Avec, dans certains cas, des produits très transformés, très sucrés ou très gras… Pour Augustin Grandgeorge, du Forum de Paris sur la Paix, les entreprises peuvent avoir intérêt à évoluer et y être incitées.
« Si elles évoluent dans un environnement de marché qui le permet et récompense les bonnes pratiques et punit aussi les mauvaises, elles ont un intérêt économique, a priori, d'être mieux disant sur le marché, souligne-t-il. Elles ont aussi un intérêt du point de vue de leur responsabilité sociale, et cela sous deux aspects : l'image de l'entreprise, mais aussi des raisons financières, parce que les investisseurs s'intéressent de plus en plus à ces questions. »
Investir de manière stratégiqueDans le cadre du sommet Nutrition for Growth, « on a discuté de l'intégration des critères nutritionnels pour les investisseurs », explique encore Augustin Grandgeorge. L'idée était de voir « comment est-ce qu'on fait pour que les investisseurs regardent la qualité nutritionnelle des portefeuilles des entreprises dans lesquelles ils investissent pour que ce soit un petit peu un gouvernail pour les investisseurs ».
À écouter dans Priorité SantéSommet Nutrition for Growth contre la malnutrition
Les États ont aussi un rôle à jouer, mais ils peinent encore à prioriser le secteur de l'agro-alimentaire. L'organisation Nutrition International mise sur le coût de l'inaction et a développé un outil pour le quantifier. « On voulait vraiment être capable d'aider des gouvernements à voir le coût de ne pas investir. L'outil est gratuit sur notre site. On offre également une expertise aux gouvernements pour les accompagner dans ces recherches et les aider à déterminer où leurs investissements, s'ils sont limités, auraient le plus grand impact », détaille Margaux Stastny, vice-présidente des relations extérieures de l'ONG.
Lever des fonds privés et des fonds propres est de plus en plus nécessaires dans le contexte des aides budgétaires. Le Programme alimentaire mondial a annoncé une baisse de 40% de ses financements pour 2025.
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En Tunisie, lors de la fête de l’Aïd, la tradition veut que les parents offrent de nouveaux vêtements aux enfants pour célébrer cette fête religieuse et familiale. Depuis le début de l'année, le prix du textile sur le marché local a augmenté de 9,7% et malgré une prolongation des soldes d’hiver en vue de l’Aïd, beaucoup de Tunisiens ont boudé les grands magasins. La débrouille et la seconde main l'emportent souvent.
Dans le centre de Tunis, quelques jours avant l’Aïd, Khadija Maleej mère d’une jeune fille de 10 ans, arpente le marché des fripes pour trouver la perle rare, une tenue complète pour son adolescente. « Nous sommes à la fripe de Hay El Hadra à Tunis qui est connue pour être bien achalandée, décrit-elle, vous voyez, il y a pleins d’étals de vêtements. Moi je viens pour acheter les vêtements de l’Aïd pour ma fille, mais aussi des tapis, descentes de lit, du linge de maison et je viens ici car les prix sont beaucoup moins élevés »
Les fripes, une alternative indispensableAvec un salaire moyen, son budget est d’environ 200 dinars pour sa fille, soit 60 euros, mais cette somme couvre à peine le prix d’un vêtement neuf dans les grands magasins. « Surtout avec l’augmentation actuelle, moi ça m’arrange vraiment de venir ici aussi pour trouver des marques, poursuit Khadija Maleej, j’ai fait un tour dans les grandes surfaces, 200 dinars, ça couvre à peine le prix d’un pantalon alors qu’à la fripe, je peux prendre plusieurs pièces pour le même prix ».
Et la recherche s’annonce fructueuse pour elle et sa fille. Elles ont trouvé un sac, ne reste plus que la tenue. « Moi, je viens aussi pour lui trouver de nouveaux vêtements pour l’école car les fripes saisissent l'occasion de la période de l’Aïd pour sortir aussi un nouvel arrivage en fonction de la saison ».
« Vous pouvez trouver du luxe ici »Pour ceux qui ne veulent pas passer trop de temps à chercher, les dépôts vente pullulent à Tunis ces dernières années.َ À Babytroc, l’un des premiers à ouvrir il y a dix ans, la fondatrice Olfa Barkelli gère une grande affluence avant l’Aïd : « Au début, ça m’a surpris de voir que les gens achetaient de la seconde main parce qu’on est habitués à ce que les gens achètent du neuf, mais en fait d’année en année, je voyais que les gens affluaient pour ça. C’est notre mois de travail, voilà ».
La clientèle est aussi à la recherche de marques étrangères ou importées, souvent introuvables en boutique. « Vous pouvez trouver du luxe ici. On peut trouver du Dior et du Dolce Gabbana, ici. On peut trouver ça à petits prix ».
Si cette année, le début du mois a été difficile avec la nouvelle loi sur les chèques qui ne permet plus de faire crédit, la boutique ne désemplit pas à la veille de l'Aïd
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