Afleveringen
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La Slovaquie demeure sous le choc après la tentative d'assassinat contre le Premier ministre Robert Fico. Celui-ci est toujours à l'hôpital dans un état grave, mais sa vie n'est plus en danger. Suite à cet événement, le président élu, Peter Pellegrini, demande à tous les partis politiques de suspendre la campagne pour les élections européennes. Analyse de la situation avec Jacques Rupnik, directeur de recherche à Science Po à paris, auteur du livre « Géopolitique de la démocratisation, l'Union européenne et ses voisinages », paru aux Presses de Sciences po.
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Les Nations unies, l'Union européenne et les États-Unis dénoncent aujourd'hui la loi sur les influences étrangères, texte voté avant-hier en Géorgie. Celle-ci est surnommée la loi russe par ses détracteurs qui y voient un moyen d'étouffer les voix dissidentes dans les médias et les associations. Cette loi est même dénoncée par la présidente du pays, Salomé Zourabichvili, qui doit y opposer son veto. Néanmoins, le gouvernement a suffisamment d'appuis au Parlement pour le contourner. La rupture entamée au début de la guerre en Ukraine est désormais consommée entre le parti majoritaire et la présidente géorgienne. Elle en parle au micro de notre envoyé spécial à Tbilissi, Daniel Vallot.
RFI : La loi sur les influences étrangères a donc été adoptée définitivement ce mardi 15 mai par le Parlement géorgien. Vous vous opposez depuis des semaines à cette loi. Qu’est-ce qui vous inquiète dans cette loi ?
Salomé Zourabichili : Tout obstacle sur notre voie européenne, tout ralentissement est une forme de retour en arrière. C’est quelque chose qui est voulu, et qui est dans l’intérêt de notre puissant voisin. Le grand objectif de la « Grande Russie » c’est de voir s’arrêter cette progression quasi inéluctable de la Géorgie vers l’UE. Progression qui a eu lieu au cours de ces 30 dernières années et qui s’est accélérée grâce la guerre en Ukraine.
C’est une loi qui est dictée par la Russie, selon vous ?
Elle n’a pas besoin d’être dictée. C’est une copie de la loi russe. Cette loi est devenue un symbole, une sorte de concentré de tout ce que l’on voyait depuis quelque temps, mais qui, aujourd’hui, est clairement affiché. Il faut lire le discours du 29 avril de Bidzina Ivanichvili (président d’honneur de Rêve géorgien, parti au pouvoir depuis 2012), qui est une sorte de déclaration de guerre à nos partenaires occidentaux. En tout cas, une déclaration qui inverse complètement les valeurs de la Géorgie, qui traite nos partenaires d’« agents d’influence », qui « cherchent à ouvrir ici un deuxième front », à « déstabiliser le gouvernement » et, dans l’ensemble, à « introduire l’instabilité dans le pays »… On se demande qui sont les occupants !
Paradoxalement, le parti au pouvoir et le gouvernement affirment qu’ils sont toujours pour l’intégration à l’Union européenne….
C’est autant un mensonge que la promesse qui a été faite, l’année dernière, de ne pas tenter de réintroduire cette loi ! Donc, les mensonges, cela fait partie de cette méthode de gouvernement que j’appelle bolchévique ou russe ou soviétique, comme vous voudrez : on trompe la population et la fin justifie les moyens. Ce sont des méthodes que l’on connait, que l’on pensait révolues en Géorgie, mais que l’on connaît. Le fait qu’il y ait, parallèlement, un langage très offensif contre nos partenaires européens et américains, et continuer de dire que l’on est pour l’Europe et que l’on va entrer dans l’Europe malgré tout… Tout cela, c’est un double langage. C’est très intéressant parce que ce double langage est destiné aux derniers partisans du parti Rêve géorgien – qui sont d’ailleurs de moins en moins nombreux. Parce que, eux aussi, veulent l’Europe. Le fait que 85% de la Géorgie veut l’Europe, ce n’est pas un mythe. C’est une réalité dont le gouvernement est obligé de tenir un peu compte. Donc, ils prennent des décisions qui vont à l’encontre de ce cheminement européen qui est un cheminement basé sur de vraies concessions, de vraies réformes. Mais, en même temps, ils annoncent que l’avenir est radieux et que nous allons entrer dans l’Union européenne !
En tant que présidente, vous avez des pouvoirs assez limités, mais vous avez un droit de veto. Est-ce que vous allez l’actionner contre cette loi ?
Oui, absolument. Je vais utiliser le droit de veto. Tout le monde sait, et moi la première, que ce veto est un veto politique. Parce que la majorité absolument monolithique (84 voix) qui a voté cette loi en un temps record, c’est la même majorité qui peut surmonter mon veto. Il n’y a pas photo… Mais ce veto est très important pour la population, parce qu’il représente la position politique de la population vis-à-vis de cette loi. Je ne fais que l’incarner, en quelque sorte.
Le gouvernement dit qu’il pourrait y avoir des négociations à l’occasion de ce veto. C’est-à-dire qu’ils pourraient proposer des modifications à la loi… Vous allez accepter d’engager des négociations avec eux ?
Je l’ai déjà dit plusieurs fois, très catégoriquement : d’abord, on ne négocie pas avec le diable et l’on ne négocie pas quand il n’y a aucun sujet réel de négociation. Parce qu’aujourd’hui, on ne peut pas négocier sur une loi quand c’est tout un ensemble qui est à changer – et c’est ce que la population, qui a beaucoup d’expérience de tous ces régimes autoritaires, sait très bien. À quoi servirait-il que moi, je rentre dans une négociation sur tel ou tel aspect de quelque chose qui est un problème d’ensemble et qui ne se règlera que dans son ensemble ? Cela se réglera avec les prochaines élections au cours desquelles la population devra choisir : ou l’avenir européen à travers les différents partis qui seront unis autour du projet d’adhésion à l’UE, ou de continuer sur la voie que leur propose le Rêve géorgien.
L’opposition est affaiblie, divisée. Vous pensez qu’elle peut renverser la table ?
Ce n’est pas l’opposition qui va renverser la table. Ce sont les gens que vous avez vus dehors qui vont se mobiliser et se mobiliseront sur quelque chose qui sera un référendum. Peu importe, en réalité, aujourd’hui, les partis d’opposition… J’essaye de les consolider, non pas sur les listes électorales, mais autour de ce projet européen. Sur ce projet européen, il n’y a pas beaucoup de difficulté à les consolider, parce qu’ils savent très bien que la population, elle, est rassemblée sur ce programme. Donc, l’important, c’est de faire de ces élections, non pas un choix entre différents partis qui, aujourd’hui, effectivement, ne sont pas très attirants, mais un choix de référendum sur l’Europe. Sur cela, je dois dire que M. Ivanichvili nous a beaucoup facilité la tâche parce qu’il a posé la question en ces termes. Qui sont nos amis, qui sont nos ennemis… Je crois qu’il faudra que la réponse soit apportée le 26 octobre prochain (date des élections législatives, Ndlr).
Vos amis, ce sont les États-Unis, c’est l’Union européenne. Les États-Unis ont réagi très vite et assez fermement au vote. L’Union européenne tarde un petit peu. Vous êtes déçue de ce délai ?
Non, parce que l’Union européenne, c’est l’Union européenne. Les États-Unis, c’est un pays, c’est une voix, c’est plus facile pour prendre des décisions plus immédiates. Je connais bien le fonctionnement des institutions européennes. Il va falloir que les pays discutent, il y a un Conseil européen dans peu de temps… Ce que je dis, c’est que le message doit être clair : cela doit être un message de soutien à une population qui a montré dans quelle direction elle veut aller. Un message de critique et d’avertissement aux autorités. Mais les décisions drastiques, radicales qui mettraient en cause la libéralisation des visas ou le statut de candidat, tout cela devra attendre. Cela devra attendre les élections. Que la population soit consciente que c’est dans les élections qu’elle choisira son avenir, y compris vis-à-vis de ces deux sanctions majeures.
Il y a la possibilité de sanctions personnelles contre M. Ivanichvili, son entourage…
Ce n’est pas à moi de le dire… C’est une question qui est posée aux différents pays au sein du Conseil européen ou individuellement. Ce n’est sûrement pas moi qui vais préconiser telle ou telle mesure et l’opposition fait cela très bien. Ce n’est pas mon rôle. Mon rôle est de dire : ne punissez pas la population, qui a montré très clairement ce qu’elle veut et sa volonté, laissez-lui le temps de le montrer là où vous savez où se trouve la démocratie, c’est-à-dire dans les urnes.
Vous avez encore de l’espoir pour l’avenir européen et démocratique de la Géorgie ?
Totalement. Si je n’avais pas d’espoir, je ne serais pas ici. On a connu des jours beaucoup plus difficiles, on a connu la guerre, l’occupation. L’occupation de 20% du territoire géorgien n’a jamais, à aucun moment, fait dévier la Géorgie de sa trajectoire. Jamais il n’y a eu la tentation de se dire « il vaut mieux être complaisant avec le pays qui nous occupe parce qu’on n’a pas beaucoup d’autres moyens. » Donc, je suis tout à fait confiante dans ce pays et dans sa santé politique et mentale !
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Zijn er afleveringen die ontbreken?
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L'armée russe a assuré ce mardi une avancée en profondeur en Ukraine et a revendiqué la prise d'un nouveau village de la région de Kharkiv, dans le nord-est du pays, où elle a lancé une offensive terrestre, alors que Kiev accueille le secrétaire d'État américain. Quelles sont les conséquences et les avancées de cette offensive près de la deuxième ville d'Ukraine ? Le décryptage de l’historien militaire Guillaume Lasconjarias, professeur associé à l’Université Paris Sorbonne.
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Un remaniement surprise en profondeur intervient au moment où l’armée russe avance dans la région ukrainienne de Kharkiv. Vladimir Poutine change de ministre de la Défense sans écarter complètement l'emblématique Serguei Choïgou, qui devient secrétaire du Conseil de sécurité. C’est un économiste de formation et sans aucun bagage militaire qui le remplace. Sa nomination répond toutefois à une logique, celle d’une militarisation toujours plus poussée de l’économie russe. Entretien avec le géopolitologue Ulrich Bounat, chercheur associé à l’Institut Open Diplomacy et auteur de La guerre hybride en Ukraine, quelles perspectives ?, éditions du Cygne.
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La tornade Taylor Swift déferle depuis quatre jours sur la France. La star américaine donne ce soir, le dernier de ses quatre concerts, à la Défense Arena qui affiche archi complet depuis des mois déjà. Paris est la première étape d’une tournée qu’elle entreprend en Europe. La pop star qui pèse plus d’1 milliard de dollars grâce aux revenus de sa musique, est, à 34 ans, une icône. Comment la star Taylor Swift est devenue un phénomène planétaire ? Pour en parler, RFI reçoit Manuel Bocquier, doctorant à l’École des hautes études en sciences sociales et à l’université Paris-1-Panthéon-Sorbonne, spécialiste de l’histoire de la musique populaire et de la ségrégation raciale aux États-Unis.
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En Ukraine, la Russie a lancé hier, vendredi, une offensive terrestre d’envergure dans la région de Kharkiv, dans l’est du pays. Une opération qui provoque de vastes mouvements de populations civiles qui fuient les combats. Les experts s’interrogent sur les objectifs de ce nouvel assaut russe. Jérôme de Lespinois, chercheur à l’Institut de stratégie comparée (ISC) et lieutenant-colonel, co-auteur de « La mesure de la force. Traité de stratégie de l’école de guerre », Tallandier (3ᵉ édition 2023) est notre invité de la mi-journée.
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On vote encore en Inde pour les législatives et la campagne prend une tournure de plus en plus violente, avec des déclarations provocatrices, jusqu'au plus haut niveau de l'État. La rhétorique anti-musulmane du Premier ministre Narendra Modi franchit régulièrement de nouveaux paliers et le « jihad de l'amour », une théorie conspirationniste pour faire la chasse aux couples mixtes, est prise au sérieux par des millions de personnes. Entretien avec Charlotte Thomas, chercheuse associée au programme Asie du Sud de Noria, auteure de Pogroms et ghetto. Les musulmans dans l'Inde contemporaine, aux éditions Karthala.
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Le Programme alimentaire mondial alerte sur la catastrophe humanitaire en cours dans l'est de la République démocratique du Congo, où près de 500 000 personnes vivent dans des zones inondées. Outre la faim qui menace, le PAM décrit une situation sanitaire préoccupante, d'autant plus pendant la saison des pluies, sur fond de changement climatique. Les rivières et les lacs débordent, engloutissant les villes, les villages et les rives. Les explications de Claude Kalinga, chargé de communication du PAM au Nord-Kivu.
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Mesure inédite de la part des États-Unis face aux « inquiétudes » sur Rafah. Ils ont suspendu un envoi composé de 3 500 bombes à Israël après le début de l'offensive contre cette ville surpeuplée du sud de Gaza, où les frappes intenses se poursuivent. C’est la première suspension de ce type depuis que le pays le plus proche allié d'Israël et son principal fournisseur d'armes a offert son soutien « à toute épreuve », après l'attaque du Hamas le 7 octobre. Que pourraient changer ces pressions américaines ? L’analyse du général Jean-Paul Paloméros, ancien chef d’état-major de l’armée de l’air française et ancien commandant suprême au sein de l'Otan.
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Une offensive qui ne dit pas vraiment son nom à Rafah. L'armée israélienne parle d'une opération limitée mais bombarde et avance au sol. Des ministres de l'UE ont exprimé ce mardi de vives inquiétudes après les frappes sur la ville dans le sud de Gaza et la prise de contrôle par Israël de la partie palestinienne du point de passage avec l'Egypte, s'alarmant notamment avec l'ONU, de l'impact humanitaire de cette opération. L'analyse de Jean de Gliniasty, diplomate, ancien consul général de France à Jérusalem et directeur de recherches à l'IRIS.
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Emmanuel Macron a accueilli ce lundi Xi Jinping pour une visite d'État de deux jours. Le président français a appelé, d’une part, à des « règles équitables pour tous » dans les échanges commerciaux entre l'Europe et la Chine et, d'autre part, d'user de son influence pour mettre fin à la guerre en Ukraine. La présidente de la Commission européenne a prévenu que l'UE était prête à des « décisions fermes » dans ses rapports commerciaux avec Pékin à l'issue d'un entretien trilatéral avec les présidents chinois et français. L’analyse de Françoise Nicolas, conseillère du centre Asie de l’Institut français des relations internationales (Ifri).
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Dans tout juste six mois, le 5 novembre, les États-Unis éliront leur président : Joe Biden ou Donald Trump, comme c'était le cas en 2020. Sur les campus, la solidarité des étudiants avec le peuple palestinien ne retombe pas. Entretien avec Pierre Bourgois, maître de conférences en science politique à l'université catholique de l'Ouest à Angers.
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La face cachée de la Lune va peut-être livrer certains de ses secrets grâce à la Chine. Une sonde a quitté la Terre, hier vendredi 3 mai, pour aller se poser sur la lune et récolter des échantillons de roche et de poussière. La Chine s’affirme de plus en plus comme une puissance spatiale. Entretien avec Isabelle Sourbès-Verger, géographe, directrice de recherche au CNRS et spécialiste des questions de géopolitique de l'espace et des politiques spatiales.
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Le président turc a décidé de suspendre l'ensemble des échanges commerciaux avec Israël en réponse à la guerre à Gaza, nouvelle étape dans la dégradation des relations entre les deux pays. En 2023, les échanges commerciaux entre les deux pays s'élevaient à 6,8 milliards de dollars. Entretien avec Guillaume Perrier, journaliste au service international du magazine Le Point, ancien correspondant en Turquie et auteur de l'ouvrage Dans la tête de Recep Tayyip Erdogan, aux éditions Actes Sud.
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Mobilisation massive en Géorgie où des dizaines de milliers de personnes sont à nouveau descendus dans les rues de la capitale pour dénoncer comme tous les jours depuis trois semaines le projet de loi controversé sur l’« influence étrangère » ou « la loi russe », comme elle est surnommée. Ce texte a été validé mercredi en deuxième lecture, mais les protestataires ne baissent pas les bras. Le décryptage de Charles Urjewicz, professeur émérite d'histoire de la Russie et du Caucase à l’Institut national des langues orientales (Inalco).
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Une escalade des violences et un potentiel assaut contre El Fasher, capitale de la région du Darfour-Nord et carrefour pour l'aide humanitaire, fait craindre une crise humanitaire majeure. Cette ville, encore sous le contrôle des forces armées soudanaises, accueille de nombreux réfugiés. Elle est assiégée depuis plusieurs mois par le mouvement paramilitaire des forces de soutien rapide. L’ONU parle d’un possible Hiroshima en devenir, si les FSR venaient à s’emparer de la ville. Entretien avec Alice Franck, maîtresse de conférences en géographie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste du Soudan.
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La colère ne retombe pas aux États-Unis. Cela fait dix jours que des étudiants de prestigieuses universités se relaient sur leur campus pour montrer leur solidarité avec les Gazaouis. L'université Columbia, à New York, a commencé hier à « suspendre » administrativement des étudiants qui refusent de quitter leur campement. Une situation de plus en plus délicate pour Joe Biden, et qui risque de compromettre sa réélection. Le décryptage de Jérémy Ghez, professeur associé d’économie et d'affaires internationales à HEC Paris Business School.
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Après avoir évoqué sa possible démission suite à l’annonce de l'ouverture d'une enquête préliminaire pour trafic d'influence et corruption contre son épouse, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a finalement annoncé ce lundi sa décision de rester à son poste. Entretien avec Hubert Peres, chercheur au Centre d'études politiques de l'Europe latine (Cepel-CNRS) et professeur émérite à l'université de Montpellier I.
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Manifestation et contre-manifestation en Géorgie autour du projet de loi controversé sur l'influence étrangère, voulue par le gouvernement. L’opposition accuse le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, d'agir sous pression du voisin russe. L’UE, pour sa part, a déjà fait comprendre à la Géorgie que cette loi était incompatible avec le statut de candidat à une adhésion. La présidente Salomé Zourabichvili, qui œuvre depuis des années en faveur d'un avenir européen pour son pays, s’oppose au gouvernement et soutient les manifestants. Elle a accordé un entretien exclusif à RFI.
De notre envoyé spécial à Tbilissi,
RFI : Comment jugez-vous ce projet de loi sur l'influence étrangère, porté par le gouvernement ?
Salomé Zourabichvili : Pour la population, dans sa très grande majorité, comme pour moi, ça ne fait aucun sens. Au moment où la Géorgie vient de recevoir le statut de candidat, en décembre 2023, et se prépare à pouvoir ouvrir avec l'Union européenne les négociations d'adhésion - c'est en tout cas ce qui est une perspective possible -, il est totalement absurde de repasser une loi qui a été rejetée non seulement par toute la population l'année dernière, mais qui a également été rejetée par nos partenaires européens.
[Ces derniers] ont très clairement indiqué que ce n'était pas souhaitable d'avoir une loi qui est un décalque de la loi poutinienne sur le même sujet et qui a eu pour conséquence de pratiquement tuer le socle non gouvernemental, la société civile, en Russie.
Avez-vous le sentiment qu'on vit maintenant un moment historique ?
Je partage avec vous l'idée que nous sommes à un moment historique. Je pense que le moment historique sera le moment des élections [le 26 octobre 2024, NDLR], et que là, la Géorgie devra conforter son choix, son choix européen et que ça sera absolument déterminant.
Vous avez appelé Emmanuel Macron et Charles Michel pour leur demander d'aborder cette situation en Géorgie lors du Conseil européen. Quelle réaction de l'Union européenne pourrait-être à la hauteur de cette situation ?
Le but de mes communications, c'était qu’à un moment où il se passe beaucoup, beaucoup de choses sur le reste de la planète, des crises qui mobilisent l'attention, que cette attention nous soit également accordée. C'est-à-dire que la Géorgie ne sorte pas du champ d'attention de nos partenaires principaux parce que nous sommes à un moment déterminant et que nous serons dans cette situation, jusqu'à la fin de l'année, jusqu'aux élections et jusqu'au moment où se déterminera l'ouverture des négociations d'adhésion.
Et cette attention, je dois dire qu'elle existe, j'ai eu des réponses de l'un et de l'autre. Je sais que la question a été discutée lors du Conseil européen, même si ça ne figurait pas sur l'agenda formel, et c'est très important que cette attention demeure, que les visites de haut niveau se poursuivent et que la Géorgie demeure sur l'écran, je dirais.
Pour le reste, c'est à nous de mettre en œuvre tout ce qui est possible pour que les élections donnent le résultat souhaitable et que les recommandations qui sont sur notre table soient effectivement remplies, de façon à nous permettre de commencer les négociations d'adhésion. La Géorgie n'a pas le droit de rater cette chance.
Le Parlement européen a adopté une résolution qui conditionne le début des négociations à l’adhésion du pays à l'Union européenne par le rejet de cette loi…
Je vais mettre ce veto et j'ai mis le veto sur l'ensemble des lois - il y en a eu plusieurs - qui allaient à l'encontre des recommandations européennes, et c'est un geste hautement symbolique qui tient compte de la volonté de la population géorgienne. La réponse au fait que le veto sera sûrement outrepassé par un Parlement, qui a le nombre de voix qui est nécessaire, sera dans les urnes en octobre.
Ce sont les élections qui vont déterminer la perspective européenne et le choix européen, et il est clair que le gouvernement de coalition qui sortira des élections, si la population confirme son choix européen, est un gouvernement qui rejettera l'ensemble de ces lois qui ne sont pas des lois européennes.
Je crois et je pense et je suis persuadée que les autorités européennes, et elles l'ont dit à plusieurs reprises, attendent les élections, le déroulement des élections et le résultat des élections pour savoir ce que veut la Géorgie. Et c'est ça qui conditionnera [leurs] réactions, et rien entre-temps ne va déterminer des changements brutaux de la position européenne.
On appelle cette loi, « la loi russe ». Quand on parle de l'influence russe ici, en Géorgie, qu’est-ce que cela veut dire ?
Cette loi russe ne correspond à aucun besoin. Le fonctionnement et le financement des organisations non gouvernementales ou des organisations internationales qui aident la Géorgie depuis son indépendance, tout cela était [déjà] très transparent. Il n'y a aucun besoin de cette loi.
Si cela sert les intérêts de quelqu'un, ce sont ceux de Moscou parce que ça distancie la Géorgie de l'Union européenne, ce qui est une des ambitions de la politique russe depuis toujours et réactivée aujourd'hui. Donc ça, c'est un signe de l'influence russe. La loi sur les offshores transformée ici [une loi fiscale qui permettrait le contournement des sanctions occidentales, NDLR] qui sert les intérêts des oligarques russes, possiblement sanctionnables ou déjà sanctionnés, est également une marque de l'influence russe ainsi que la propagande sur les lois LGBT… Enfin, tout ce que l'on connaît de la propagande russe en Russie et que l'on retrouve en action ici.
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Les agences de notation Fitch et Moody's n'ont finalement pas modifié leurs notes sur l'état de la dette française, qui s'est pourtant aggravée ces derniers mois. Aujourd'hui, la France est le troisième pays le plus endetté de la zone euro, avec une dette qui représente 110% de son PIB. Entretien avec Éric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
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