Afleveringen
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« Ce soir, notre Shiri est rentrée à la maison ». Ces mots de la famille de Shiri Bibas, sont à la Une du quotidien israélien Haaretz. « L'Institut national de médecine légale a confirmé que Shiri avait été assassinée en captivité et que sa dépouille se trouve désormais en Israël. » La famille de l'otage israélienne, accablée, a espéré jusqu'au bout pour Shiri et ses deux enfants. « Malgré nos craintes, nous continuions à espérer pouvoir les serrer dans nos bras. Et maintenant nous souffrons et nous sommes brisés », disent-ils.
Hier, les dépouilles des deux petits garçons avaient été ramenées dans l’État hébreu, ainsi qu’un 3ᵉ corps qui s’était avéré ne pas être celui de la mère de famille israélienne. Cette fois-ci, il n'y a plus de doute, le 4ᵉ corps délivré par le Hamas est bien celui de Shiri Bibas. Haaretz publie la réaction du Forum des otages et des familles disparues, qui fait part de sa « grande douleur ». Les journaux israéliens insistent sur le fait que Shiri Bibas a été « assassinée en captivité », et non pas tuée par un bombardement israélien, comme l'affirme le Hamas.
Geste provocateurÀ la Une également, un nouveau salut, interprété comme un salut nazi, aux États-Unis. Après Elon Musk, c’est cette fois-ci Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump qui a fait ce geste, bras droit tendu devant lui. Le New York Times précise que Bannon dément toutefois qu’il s’agissait d’un salut nazi. Dans un message, il assure « qu’il a salué comme d’habitude, le mouvement MAGA, Make America Great Again ». Les faits se sont déroulés lors de la Conférence d’Action Politique Conservatrice à Washington, à laquelle assistait le Français Jordan Bardella, le président du Rassemblement National (l'extrême droite française), qui a préféré, précise le New York Times, annuler son intervention, après le geste de Steve Bannon, expliquant « qu’un des intervenants avait fait un geste provocateur faisant référence à l’idéologie nazie ». Steve Bannon a aussitôt répliqué, en qualifiant Jordan Bardella de « joli garçon » « trop faible pour gouverner la France ». En Italie, le Corriere Della Serra, publie la photo de Steve Bannon le bras tendu, et cite Antonio Giordano, de Fratelli d’Italia, l’extrême droite italienne, selon lequel la salle devant laquelle s’exprimait Steve Bannon était « pleine de gens portant des kippas ». « Pensez-vous qu’il ait pu faire un salut nazi ? » ajoute Antonio Giordano. « Ne plaisantons pas » dit-il. « Je crois que Bardella s’en est tenu à un compte-rendu superficiel ».
Radio à pilesL'actualité internationale, particulièrement anxiogène ces dernières semaines, inquiète semble-t-il l'armée belge. La question est en Une du quotidien belge Le Soir : « Cash, eau, médicaments, faut-il vraiment préparer un stock de guerre ? » « Le chef de la défense, Frederik Vansina », explique le journal, « a appelé les belges à se préparer à la guerre, en stockant de l’argent et des vivres », notamment au cas où « les réseaux bancaires ou d’approvisionnement en vivres seraient paralysés par des cyberattaques ». « Il pense bien sûr, nous dit le Soir, à une guerre hybride, mais la liste des menaces est longue. »
La Commission européenne a d’ailleurs commandé un rapport sur ce sujet. L’accent est mis sur la communication à destination de la population, qu’on incite à se poser plusieurs questions comme celles-ci : « mes enfants connaissent-ils le numéro 112 ? (le numéro d'appel au secours), ai-je des copies de mes papiers d’identité ? est-ce que je sais comment couper le gaz et l’électricité rapidement ? » « Il n’est pas prévu toutefois d’envoyer une brochure d’information à tous les citoyens », « ce qui risquerait d’affoler la population » estime le Centre de crise belge, qui assure travailler prioritairement sur la « sensibilisation » « pour que la population apprenne à développer les bons réflexes ». Il est notamment question « d’un kit d’urgence », dans lequel on trouverait « une radio à piles », parce « qu’en cas de problème au niveau du réseau de télécommunication, la radio pourrait être un moyen de transmettre des messages à la population ».
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C’est à la Une du Jerusalem Post : « les conclusions médico-légales confirment le retour de Kfir et Ariel Bibas, et révèlent qu’ils ont été brutalement assassinés à Gaza ». Les deux enfants étaient âgés de neuf mois et quatre ans, au moment de leur enlèvement. Selon les autorités israéliennes, « ils ont été assassinés en captivité, en novembre 2023, un mois seulement après leur enlèvement ». « Le corps de leur mère Shiri », poursuit le Jerusalem Post, « était censé être libéré à leurs côtés. Mais le corps qui a été restitué « n’est pas celui de Shiri Bibas, selon l’Institut de médecine légale ». On ignore de qui il s’agit. « Les experts ont tenté de réaliser des correspondances ADN avec les autres otages israéliens détenus à Gaza, mais ils n’ont pas trouvé de correspondance ». Le Jerusalem Post cite les propos de l’ambassadeur d’Israël à l’ONU, sur X : « le Hamas a envoyé un corps non identifié, comme s’il s’agissait d’une cargaison sans valeur. C’est une nouvelle aberration, une cruauté sans équivalent ».
PropagandeDe son côté, le Times of Israël revient sur la cérémonie organisée hier par le Hamas. « Une cérémonie grotesque » s’indigne le journal. « Les corps ont été restitués à la Croix Rouge vers 9H30, lors d’une cérémonie de propagande, dans le quartier de Bani Suheila, à Khan Younis, dans le sud de Gaza, où le Hamas avait installé une scène couverte d’affiches de propagande au mépris des appels à une cérémonie plus respectueuse ». Une « cérémonie », dont « la plupart des médias israéliens », nous dit le Times of Israël, « ont décidé de ne pas diffuser les images en direct, par respect pour les morts ». « Avec ses grandes affiches et son atmosphère de fête », ajoute le Times Of Israël, « la cérémonie publique était bien loin de la remise privée et digne que le Comité International de la Croix Rouge, avait demandée au groupe terroriste ».
Tournant historiqueEn Allemagne, les derniers débats avant les élections de dimanche ont eu lieu hier soir à la télévision. « Lorsqu’une campagne électorale fédérale entre dans sa phase finale, tout a généralement été dit, même si ce n’est pas par tout le monde », estime die Welt. Or, ajoute le quotidien allemand, « les déclarations du président américain au cours des deux derniers jours, ne marquent rien de moins qu’un tournant historique. Le changement fondamental dans la politique étrangère des États-Unis, n’affecte pas seulement l’Ukraine. L’abandon de tout ce qui était autrefois sacré dans les relations transatlantiques, plonge l’ensemble de l’Union Européenne, et notamment l’Allemagne, dans une crise existentielle. La seule chose qui est sûre, c’est que rien ne sera jamais plus comme avant ». Die Welt fait le tour des commentaires entendus hier soir lors des débats des candidats avant les élections, sans sembler être convaincu par leur pertinence. Pour le quotidien allemand, « l’opération aux urgences européennes n’aura lieu qu’après les élections. Ce sera douloureux, c’est sûr », conclut le quotidien allemand.
PionnierEn France, c'est la photo de Souleymane Cissé, qui fait la une de Libération. Photo en noir et blanc. On le voit allongé sur une terrasse en bois au bord de la mer, le doigt tendu vers le lointain. Pour Libération, « Souleymane Cissé était l’éclaireur du cinéma africain. Il était l’auteur d’une œuvre pionnière et magistrale. Il est mort mercredi à l’âge de 84 ans » nous rappelle le quotidien français, qui se souvient. « En 1987, au Festival de Cannes, le premier film africain jamais projeté en compétition officielle repart avec le prix du jury. Appelé sur scène, Souleymane Cissé « monte en boubou bleu ciel parmi les nœuds papillons ». C’est son film Yelen, qui est récompensé. Souleymane Cissé « dédie ce prix historique à ceux qui l’ont aidé de l’autre côté, qui n’ont pas le droit de parler. « Référence », explique Libération, « aux techniciens sud-africains alors écrasés par le régime de l’apartheid ».
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Zijn er afleveringen die ontbreken?
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« Cent jours : c’est le temps qu’il faut généralement avant de pouvoir juger l’action d’un gouvernement, relève Le Soir à Bruxelles. Mais avec Donald Trump, trente jours ont suffi pour qu’on ait le sentiment non seulement que les États-Unis ont totalement changé, mais que nous avons tous basculé dans un nouveau monde. On ne sait quel moment épingler pour exprimer cette stupéfaction, s’exclame le quotidien belge. Les négociateurs russes attablés avec les Américains pour discuter du sort de l’Ukraine ? Cette “Riviera“ à construire sur les gravats et les cendres de Gaza ? Le vice-président Vance humiliant en direct les Européens et crachant sur leurs valeurs ? Ou Elon Musk et ses techs boys fracassant, façon Die Hard, le cœur de l’État américain et terrorisant des milliers de fonctionnaires par une chasse aux sorcières 3.0 ? Impossible de choisir tant un moment succède à l’autre à une vitesse folle. (…) Sous Trump 1er, relève encore Le Soir, les Européens se réveillaient le matin en se demandant “qu’a-t-il tweeté ?“ ; pour Trump 2, la question au réveil est “qu’a-t-il décidé ?“. Un cessez-le-feu, des tarifs douaniers, une expulsion, une annexion, des négociations ou la suppression des pailles en carton : rien n’est plus inimaginable ! »
Business is business…« Trump : après un mois, le déluge », rebondit Libération à Paris.
En fait, « Trump applique le principe de “l’inondation de la zone“ chère à son ancien gourou, Steve Bannon, constate le journal : on submerge les médias, les adversaires politiques et les dirigeants internationaux d’annonces tonitruantes afin de les tétaniser. De fait, l’Amérique est tétanisée. Car elle a pour ainsi dire hérité de deux Donald Trump pour le prix d’un, et ça, ce n’était pas prévu, pointe Libération. On savait que le patron de Tesla, Elon Musk, était un de ses plus fervents soutiens, on n’imaginait pas qu’il deviendrait une sorte de président bis, détruisant de l’intérieur l’administration américaine comme on donne un coup de pied dans un château de sable. Avec un plan bien défini en tête : briser tous ceux qui peuvent nuire à son business. Le business, voilà le maître mot de ce nouveau mandat, s’exclame encore Libération. Tout est ramené à l’argent, qu’il s’agisse de Gaza, appelé à devenir la “Riviera du Moyen-Orient“ avec des gratte-ciel pour hommes d’affaires, ou de l’Ukraine, dont les sous-sols gorgés de terres rares pourraient servir à rembourser les milliards investis dans la guerre par l’administration Biden. Les humains ne comptent plus, seul subsiste le pouvoir de la machine et du billet vert ».
Des accords… pas la paix« Quand les États-Unis connaissent le prix et ignorent les valeurs », renchérit le Guardian à Londres. « Pour Trump, ses deux intérêts principaux – l’argent et le pouvoir – sont non seulement interdépendants mais également interchangeables, tout comme les objectifs des États-Unis et ses intérêts personnels lui semblent souvent indissociables (n’a-t-il pas créé sa propre cryptomonnaie quelques jours avant de revenir à la Maison-Blanche…). Lorsqu’il évoque l’avenir de l’Ukraine ou de Gaza, poursuit le Guardian, il ne parle pas de droits de l’homme et de sécurité, de vies et de foyers, mais il parle respectivement de l’acquisition par les États-Unis de 500 milliards de dollars de minerais et d’un “grand complexe immobilier“. Il croit en la nécessité de conclure des accords, pas de faire la paix ».
Vers un monde plus dangereux ?Sidération et inquiétude également dans les grands quotidiens américains…
« Trump est une machine à produire de l’indignation, soupire le Washington Post. Il semble prendre un plaisir pervers à dire des choses qui choquent. »
Le New York Times ne prend pas de gants non plus : « Trump se prosterne devant Poutine : attendez-vous à un monde plus dangereux », prévient le journal.
Le New York Times qui estime qu’au-delà de l’Ukraine, au-delà de l’Europe, « le plus grand cauchemar des relations internationales dans les années à venir serait peut-être une guerre entre les États-Unis et la Chine. Le président Joe Biden avait freiné les intentions belliqueuses des Chinois en travaillant en étroite collaboration avec ses alliés en Asie et en montrant clairement que la Russie payait un prix élevé pour son invasion de l’Ukraine. Si Donald Trump laisse la Russie gagner et rompt les relations avec nos alliés, alors, relève le quotidien new-yorkais, pourquoi la Chine n’attaquerait pas Taïwan (…). L’après-Seconde Guerre mondiale a été une époque historique remarquable de huit décennies de prospérité et de progrès. Mais aujourd’hui, conclut le New York Times, les lampes s’éteignent dans toute l’Europe et nous devons nous préparer à un monde plus dangereux ».
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C’est un dessin publié par le Times à Londres : on y voit Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe brandissant une hache ensanglantée et demandant à Marco Rubio, son homologue américain, assis en face de lui : « quel morceau de l’Ukraine voulez-vous ? »
La rencontre entre les deux ministres des Affaires étrangères, américain et russe, hier à Ryad en Arabie saoudite et les propos tenus au même moment par Donald Trump sont à la fois, surréalistes, inédits et historiques…
« Le revirement de Trump vers la Russie de Poutine bouleverse des décennies de politique étrangère américaine », s’exclame le New York Times. En effet, précise-t-il, « alors que les pourparlers de paix s’ouvraient en Arabie saoudite hier, le président Trump a clairement indiqué que l’époque de l’isolement de la Russie était révolue et a suggéré que l’Ukraine était responsable de son invasion. D’après lui, les dirigeants ukrainiens sont responsables de la guerre parce qu’ils n’ont pas accepté de céder des territoires à la Russie, et, par conséquent, ils ne méritent pas de participer aux pourparlers de paix. “Vous n’auriez jamais dû commencer, vous auriez pu conclure un accord“, a déclaré Trump, en direction des dirigeants ukrainiens qui, de fait, souligne le New York Times, n’ont pas commencé ».
Bref, remarque encore le quotidien américain, « Trump a en quelque sorte a fait savoir qu’il était prêt à abandonner les alliés de l’Amérique pour faire cause commune avec le président russe Vladimir Poutine. Il semble désormais considérer la Russie comme un partenaire potentiel et en faire l’un des meilleurs amis de l’Amérique ».
Accusé de crimes de guerre et maintenant artisan de la paix…Le Wall Street Journal, plutôt clément envers Trump, n’en revient pas non plus… « En l’espace d’un mois, le guerrier russe est devenu un prétendu artisan de la paix, aux yeux de Trump. (…) Une soudaine réhabilitation difficile à concevoir ».
Et le Wall Street Journal de rappeler « qu’il y a trois ans, le seigneur du Kremlin a déclenché la plus grande guerre terrestre en Europe depuis Hitler, et son “opération militaire spéciale“ a entrainé la mort de centaines de milliers de Russes et d’Ukrainiens. Ses missiles ont visé des immeubles d’habitation, des gares et des centrales électriques. Ses troupes ont enlevé des centaines d’enfants ukrainiens à leurs parents pour les emmener dans de nouveaux foyers en Russie. Elles ont torturé et exécuté des soldats ukrainiens, en violation de toutes les règles internationales. (…) Poutine a été accusé de crimes de guerre par un tribunal international et les États-Unis ont sanctionné son ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en 2022, comme l’un des “architectes de la guerre de la Russie contre l’Ukraine“ ».
Et pourtant, pointe le Wall Street Journal, « Sergueï Lavrov était assis hier à la même table que Marco Rubio ».
Pourquoi ?Comment expliquer ce revirement spectaculaire ? D’après Le Figaro à Paris, « pour Donald Trump, l’Ukraine est une nuisance qui a coûté trop cher aux États-Unis et qui interfère dans les relations d’intérêts “ normales“ entre grandes puissances. Cela explique que la présence de tiers l’encombre et qu’il ait abattu ses cartes avant même de négocier : il veut la paix au sens qu’on lui fiche la paix, et il est pressé. Poutine, lui, poursuit Le Figaro, s’inscrit dans le temps long de l’histoire russe : il voit l’occasion de reprendre sa juste place internationale, d’alléger les sanctions et de poursuivre le découpage du monde en rééquilibrant le poids de l’Ouest ».
Dégâts…Alors, enchaîne Le Monde, « difficile de présager de la suite des négociations, mais à ce stade, la victoire est déjà claire pour Moscou. La Russie est réhabilitée par ce révisionnisme américain que désapprouvent de nombreux élus au Congrès ».
Le Monde qui souligne qu’il s’agit là d’une belle revanche pour les Russes : « pour Moscou, une phrase prononcée par Barack Obama en 2014 est demeurée impardonnable. Ce dernier avait qualifié la Russie de “puissance régionale qui menace certains de ses voisins immédiats, non par force mais par faiblesse“. Ce que Donald Trump propose aujourd’hui, c’est une reconnaissance de la zone d’influence russe et une réparation historique de ce camouflet, comme si les crimes de guerre massifs commis par l’agresseur depuis 2022 étaient de simples circonstances périphériques ».
Et Le Temps à Genève de conclure ainsi : « les États-Unis ont acté la fin de l’ordre international qu’ils ont porté à bout de bras. Un revirement dont on peine à mesurer encore les dégâts qu’il va occasionner parmi ceux qui se pensaient encore alliés de l’Amérique ».
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« L’avenir de l’Europe se joue en ce moment, s’exclame Libération à Paris : samedi dernier à la Conférence sur la sécurité de Munich, hier lundi au mini-sommet européen de Paris, ce mardi à Riyad lors de la première rencontre de haut niveau depuis trois ans entre responsables américains et russes. Et si, prévient Libération, à la fin de cette semaine, le rapport de force avec les États-Unis et la Russie reste défavorable au Vieux Continent, il faut se préparer à une période d’instabilité et de solitude extrêmement dangereuse, a minima pour les quatre ans à venir. En gros, l’Amérique ne peut plus être considérée comme une alliée ».
Malgré tout Libération se veut optimiste :« même s’il est tard, il est encore temps pour les Européens de réagir, de serrer les rangs et bâtir enfin une défense européenne. Le britannique Keir Starmer semble prêt à regagner le giron de l’Europe, Emmanuel Macron a beaucoup de défauts mais c’est un fervent Européen, le futur chancelier allemand ne pourra pas être plus mou qu’Olaf Scholz (espérons que l’extrême droite ne fasse pas une percée surprise dimanche), et la Pologne de Donald Tusk est au taquet, militairement et économiquement ».
Divisions…Reste que pour l’instant, les Européens n’arrivent pas à se mettre d’accord… C’est ce que souligne le Corriere Della Sera à Rome. « Le seul succès certain de la journée d’hier est que les onze Européens ont réussi à se réunir rapidement, invités en urgence par le président Emmanuel Macron pour répondre aux diktats américains. Mais la “réunion informelle“ de Paris semble avoir cristallisé, plutôt qu’aplani, les différences ». Notamment sur l’envoi de troupes en Ukraine. « La France et le Royaume-Uni seraient prêts à envoyer une force de 25 à 30 000 hommes, croit savoir le Corriere Della Sera.
Mais de nombreux autres pays se montrent réticents : l’Espagne, la Pologne, et surtout l’Italie et l’Allemagne. “Une solution inefficace“, selon la Première ministre Giorgia Meloni, qui souligne que les discussions à Paris ne doivent pas être interprétées comme un “front anti-Trump“. Olaf Scholz est également clair sur l’envoi de soldats européens pour maintenir la paix : “Je pense qu’il est complètement prématuré et inapproprié d’en parler maintenant. Nous ne sommes pas encore en paix, mais au milieu d’une guerre que la Russie mène toujours“ ».
Un accord américano-russe d’ici Pâques ?Et pendant ce temps, l’administration Trump appuie sur l’accélérateur… C’est ce que constate Le Soir à Bruxelles : « les émissaires américains, au premier rang desquels le secrétaire d’État Marco Rubio, devraient entamer, ce mardi en Arabie saoudite, des pourparlers inédits avec une délégation russe. Pour Washington, il ne s’agit encore que de poser les “prémices“ d’une future négociation ».
Toutefois, « à Washington, on parle d’un accord d’ici Pâques, relève le Süddeutsche Zeitung ; deux mois seraient un délai extrêmement court pour résoudre une tâche aussi complexe, commente le quotidien allemand. Et cela nourrit à nouveau les craintes des Européens que l’administration Trump soit plus intéressée par une solution rapide que par un accord garantissant les besoins de sécurité de l’Ukraine et de l’Europe ». Autre crainte, souligne encore le Süddeutsche Zeitung : « que Trump se laisse marcher sur les pieds par Poutine, comme lors de sa première présidence ».
La montée en puissance diplomatique de l’Arabie saouditeEnfin, cette question : pourquoi cette réunion américano-russe se tient à Riyad ? Réponse de La Croix à Paris : « en creux, c’est aussi la montée en puissance stratégique de l’Arabie saoudite de Mohammed Ben Salman que mettent au jour ces pourparlers. Le pays est le principal partenaire arabe des Américains : ils partagent notamment de forts intérêts économiques autour du pétrole dont ils sont, avec la Russie, les plus gros producteurs mondiaux. Mais la pierre angulaire de la relation américano-saoudienne est politique et porte un nom, relève La Croix : les accords d’Abraham. Impulsés par Donald Trump lors de son premier mandat, ils normalisent les relations entre Israël, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Maroc et le Soudan… Le président américain fait désormais de l’entente entre l’État hébreu et l’Arabie saoudite une priorité ».
Toutefois, pointe le journal, « pas sans l’établissement d’un État palestinien viable et durable, répond Riyad, qui accueillera vendredi un sommet arabe pour discuter des alternatives au plan Trump pour Gaza ».
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« Au lendemain d’une conférence de Munich tumultueuse et d’une semaine diplomatique parmi les plus douloureuses de leur existence, les dirigeants européens tentent d’esquisser une sortie de crise, relève le Figaro à Paris. Celle-ci prend la forme d’une conférence sur la "sécurité européenne" convoquée ce lundi à Paris par Emmanuel Macron. Le chef de l’État a invité dans la capitale française les dirigeants des "principaux" États membres de l’Union européenne, le Royaume-Uni, ainsi que le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte. Avec pour but de renforcer la sécurité du continent et d’accroître son influence diplomatique dans une négociation de paix ukrainienne qui semble leur échapper. »
Il y a urgence à réagir face à l’attitude des américains, souligne El Pais à Madrid. « L’Union européenne est confrontée à une crise stratégique sans précédent en raison du changement de politique étrangère des États-Unis, qui sont passés du statut de partenaire fiable à celui de partenaire hostile envers leurs alliés du Vieux continent. (…) Les contacts de Trump avec Poutine pour négocier la paix en Ukraine dans le dos de Kiev et de Bruxelles – légitimant ainsi l’expansionnisme russe et portant atteinte au droit international – constituent non seulement un mépris pour les Ukrainiens et les Européens, mais marquent également un tournant qui exige une réponse décisive et, surtout, unie face au nouvel ordre mondial promu agressivement par les États-Unis. »
Tirer d’abord, discuter ensuiteLe Soir à Bruxelles reprend la balle au bond et s’interroge : « Les États-Unis se sont-ils mués en adversaire de l’Europe ? Peut-on encore appeler "allié" un État qui remet en cause, unilatéralement, ses engagements au sein de l’Otan ? Voire menace de s’en prendre à l’intégrité territoriale d’un État (l’Ukraine), pour piller ses ressources naturelles ? Tout cela au pire moment de fragilité pour l’Europe, confrontée à la menace existentielle posée par Vladimir Poutine ? »
Le Corriere Della Sera à Rome analyse que « Donald Trump, en moins d’un mois, nous a fait comprendre ce qu’il avait en tête : choquer le monde, et voir ce qui se passe. Exclure l’Europe des négociations sur l’Ukraine est une insulte à l’Otan. Récompenser l’agression de Poutine revient à accorder à la Russie le rôle de puissance dominante sur le continent. Venir à Munich et se moquer des libertés européennes, comme l’a fait le vice-président J.D. Vance, est offensant. »
Trois salvesLe Temps à Genève précise qu'« en une semaine, l’administration Trump a envoyé trois signaux aux Européens : les États-Unis sont prêts à abandonner l’allié ukrainien si ce dernier n’accepte pas de céder des territoires à l’ennemi et de livrer ses ressources pour rembourser sa dette (c’était mardi); Washington va négocier directement avec Moscou (c’était jeudi); et la Maison-Blanche embrasse l’extrême droite, notamment en Allemagne, et s’immisce dans les processus électoraux (c’était vendredi) ».
Alors, « pour tenter de sauver le lien transatlantique, l’Europe doit à son tour user du langage de la force pour formuler un nouveau deal avec les États-Unis, affirme Le Temps. C’est dans ce but qu’Emmanuel Macron convoque en urgence un sommet ce lundi à Paris. Il s’agira d’abord de s’assurer de l’union des Européens face à ces nouveaux défis existentiels. »
« Mauvais signe »Le Washington Post, pas franchement favorable au nouvel occupant de la Maison-Blanche, pointe également la brutalité et même l’incohérence de la diplomatie américaine : « l’administration Trump a entamé sa première semaine de négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine avec un ensemble étourdissant de signaux contradictoires qui ont déconcerté et inquiété les alliés européens de l’Amérique et qui ont semblé récompenser principalement le président russe Vladimir Poutine. (…) Des négociations pour le moins anarchiques, pointe encore le Post : le message et les messagers ont changé presque quotidiennement ; des concessions à Poutine ont été proposées, puis retirées. L’administration américaine a semblé exclure le président ukrainien Volodymyr Zelensky, puis le courtiser, avant de l’écarter à nouveau. (…) Il est probable que Trump ne sache pas trop où il va. Dans les négociations, il aime bombarder et lorsque les obus explosent, il redirige les tirs. »
Alors, conclut le Washington Post, « les négociations devraient s’accélérer cette semaine avec la rencontre prévue en Arabie Saoudite entre le secrétaire d’État Marco Rubio et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. À l’heure où nous écrivons ces lignes, il semble qu’aucun représentant ukrainien de haut rang ne sera présent. C’est un très mauvais signe. »
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« À Munich, la démocratie selon J.D. Vance sidère les Européens » titre Le Monde. « À la conférence de Munich sur la sécurité », poursuit le quotidien français, « le vice-président américain a tenu un discours à charge contre ses alliés historiques, à propos du droit de vote et de la liberté d’expression (…) il était attendu sur l’Ukraine, il a préféré donner aux Européens une leçon sur la démocratie ».
À Londres, le Guardian parle « d’un sermon sur ce que le vice-président américain considère comme l’incapacité du continent à écouter les préoccupations populistes des électeurs ». J.D. Vance a ainsi déclaré : « La démocratie ne survivra pas si les préoccupations de son peuple sont jugées non valables, ou pire encore, ne méritant pas d’être prises en compte ».
A Bruxelles, Le Soir cite le député ukrainien Oleksiy Goncharenko, selon lequel, ce discours prononcé « devant le gotha mondial de la diplomatie et de la défense, a laissé les dirigeants européens "choqués" par cette humiliation totale ». Enfin, à Madrid, El Païs, parle d’une « attaque idéologique virulente contre les pays européens qui montre une fracture vertigineuse entre les deux rives de l’Atlantique Nord, alors que le monde plonge dans une spirale dangereuse de confrontation entre puissances ». La presse européenne sidérée et indignée, donc, là où la presse américaine passe les propos du vice-président américain, quasiment sous silence.
Coups de matraqueLa vie des Palestiniens en Cisjordanie au cœur d'un article d'Haaretz. Le quotidien israélien d’opposition a rencontré Basel Adra, co-réalisateur palestinien du film No Other Land, en lice aux Oscars. Un documentaire qui, espère-t-il, « sensibilisera en Israël et à l’étranger, sur la situation difficile de sa communauté, assiégée, en Cisjordanie ». Il reconnaît toutefois : « C'est la pire période que nous ayons jamais vécue. C’est difficile de dire quelque chose d’encourageant (…) Je vois que Trump a annulé les sanctions qui avaient été imposées à certains colons. Il est clair qu’il n’aura aucun scrupule à céder officiellement la Cisjordanie à Israël. Ni le droit international, ni la morale, n’empêcheront Israël et les États-Unis de nous expulser. » Basel Adrane peut toutefois s'empêcher d'espérer, il cite notamment le cas d'un vieil homme « frappé à la tête à coups de matraque, transporté d’urgence à l’hôpital ». « Et la première chose à laquelle il pense, c’est à rentrer chez lui, être à la maison, voir ses petits enfants ». « Ça me donne », explique Basel Adra, « l’envie de continuer à lutter, à raconter ces histoires. »
Kamel Daoud en difficultéEn France, à présent, la polémique autour de Kamel Daoud rebondit. L’écrivain franco-algérien, vainqueur du prix Goncourt avec son dernier livre Houris, est assigné devant la justice française, pour « atteinte à la vie privée » d’une femme grièvement blessée lors d’un égorgement, en juillet 2000, pendant la décennie noire en Algérie, marquée par le terrorisme islamiste. Elle était à l’époque une petite fille et a perdu dans ce massacre ses parents et cinq frères et sœurs. Cette jeune femme, aujourd’hui âgée de 31 ans et que Mediapart a pu interviewer, s’appelle Saâda Arbane, et elle accuse Kamel Daoud d’avoir « volé » son histoire, qu’elle avait confiée à une psychiatre qui se trouve être l’épouse de l’écrivain. « Il y a toute mon histoire dans ce livre », explique-t-elle. « Il a juste changé les dates, le contexte, le prénom. Je ne suis pas la seule à le penser, tous mes proches m’ont reconnue dans ce roman. »
« Elle tient à s’exprimer », ajoute Mediapart, « malgré toutes les polémiques, notamment celles qui ont laissé entendre qu’elle pouvait être instrumentalisée par le pouvoir algérien ». « Le complot, tout ça, j’en ai rien à faire », assure Saâda Arbane, qui dit aussi avoir « à trois reprises, décliné l’offre de sa psychiatre qui aurait tenté d’obtenir son autorisation pour utiliser son histoire dans le roman de son conjoint ». Mediapart cite les nombreuses similitudes entre l’histoire de la jeune femme et le roman, notamment le fait qu’elle porte encore une longue cicatrice à la gorge, et qu’elle respire, par le biais d’une canule. Kamel Daoud nie en bloc, parle de « diffamation » et assure « que cette jeune femme a raconté son histoire partout ». Saâda Arbane, elle, déclare que « ce qui lui a fait mal, c’est la trahison, pas autre chose ».
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À quelques heures de la conférence de Munich, où pourrait se jouer le sort de l’Ukraine, le vice-président américain JD Vance a accordé une interview au Wall Street Journal, dans laquelle il assure « que l’Ukraine doit avoir une indépendance souveraine ». Et, dans le même temps, il « menace la Russie de sanctions, au cas où le président russe Vladimir Poutine n’accepterait pas un accord de paix avec l’Ukraine ». Lors de cette interview au Wall Street Journal, quelques heures seulement « après que Trump a annoncé qu’il entamerait des négociations avec Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine », le vice-président a aussi assuré « qu’un accord devrait être trouvé et qu’il va étonner beaucoup de monde ». Un accord sur quelles bases ? Selon le vice-président américain, « il est trop tôt pour dire quelle part du territoire du pays resterait aux mains de la Russie, ou quelles garanties de sécurité les États-Unis et les autres alliés occidentaux pourraient offrir à Kiev. Cela devrait être réglé lors de négociations de paix. »
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3e attentatCette conférence sur l’Ukraine se déroule donc à Munich, en Bavière, où a eu lieu hier une attaque, qui a fait une trentaine de blessés. Le journal allemand Die Welt parle d’un « carnage » et s’attarde sur le profil de son auteur présumé, celui qui a foncé sur la foule avec une voiture. Il s’agit d’un Afghan de 24 ans, dont on avait dans un premier temps affirmé « qu’il aurait dû quitter le pays ». Ce n’est pas le cas, assure Die Welt, il n’avait pas obtenu l’asile, mais « la capitale du Land de Bavière lui avait accordé un permis de séjour et un permis de travail ». Le ministre de l’Intérieur assure par ailleurs « qu’il n’est pas possible de répondre clairement à la question du motif de l’attaque ». « C’est l’office bavarois chargé de l’extrémisme et du terrorisme qui est chargé de l’enquête », sur cette attaque « qui pourrait servir l’AfD, à quelques jours des législatives allemandes », remarque Le temps, en Suisse. Car « en deux mois à peine, l’Allemagne vient de connaître un 3e attentat ». « Ces attaques, explique de son côté Le Monde, ont placé les questions de sécurité intérieure et migratoires au cœur de la campagne, et ont nourri la progression du parti d’extrême droite AfD, hostile aux migrants ».
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Licenciements annoncésDirection les États-Unis, où Donald Trump poursuit sa purge au sein de l’administration américaine. C’est le New York Times qui s’est penché sur la question… » « Les licenciements s’intensifient », nous dit le quotidien américain. « La division des ressources humaines du gouvernement fédéral, a conseillé aux différentes agences de licencier la plupart des 200 000 employés actuellement en période d’essai ». Le Washington Post de son côté, cite le plus grand syndicat représentant les employés fédéraux, selon lequel « les salariés n’ont reçu aucun préavis, n’ont été informés d’aucune procédure régulière et d’aucune possibilité de se défendre ». Un représentant du service public ajoute que « cela prive probablement le gouvernement de toute une nouvelle génération de talents, qui sont ciblés non pas en raison de manquements professionnels, mais parce qu’il est plus facile de s’en débarrasser ».
Racisme et dénigrementEnfin, au Canada, le quotidien Le devoir évoque des faits de racisme visant des Africains. Cela se passe dans la ville de Gaspé, au Québec. « Des infirmières et des infirmiers en formation ont vécu du dénigrement et du racisme pendant leur stage à l’hôpital de Gaspé », raconte Le devoir. « Les étudiants africains se voyant confier une double tâche, conciliant le travail de préposés aux bénéficiaires en plus d’être évalués comme infirmiers ». Le travail de préposé étant considéré comme une mission subalterne. « Cela allait », poursuit le quotidien canadien, « jusqu’à empêcher les étudiants africains de poser des actes d’infirmiers ». Certains de ces étudiants « se sont même vus dire qu’ils ne deviendraient jamais infirmiers ». Aucune plainte n’a toutefois été déposée. Quant aux responsables de ces stages à l’hôpital de Gaspé, ils assurent « ajuster leurs apprentissages ».
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Et en premier lieu sans les Ukrainiens, les premiers concernés… En effet, c’est la douche froide à Kiev et dans les capitales européennes après le « deal » passé hier par téléphone entre Donald Trump et Vladimir Poutine pour démarrer des pourparlers.
En quoi consiste ce « deal » ? Eh bien, il fait la part belle au président russe, relève Libération à Paris : « Vladimir Poutine avait-il jamais connu journée plus faste à Washington que ce mercredi d’hiver ? En quelques heures à peine, le président russe a reçu un premier long coup de fil officiel de Donald Trump depuis le retour de ce dernier à la Maison Blanche, pour convenir de négociations sur l’Ukraine à initier "immédiatement", et cela, juste après avoir entendu le tout nouveau chef du Pentagone, Pete Hegseth, y préparer le terrain, très favorable aux prétentions russes, lors d’une adresse deux heures plus tôt au quartier général de l’Otan. »
Et Libération d’en préciser les grandes lignes : « Un désengagement américain déjà acté et une renonciation d’avance aux prérequis fixés par le régime ukrainien à la paix, de la restauration de ses frontières souveraines avant 2014 à son adhésion à l’Otan – liquidant ainsi un objectif maintenu vaille que vaille par les États-Unis depuis 2008. »
Les Russes sont donc gagnants… En effet, pointe Le Soir à Bruxelles, « les plus ardents soutiens de l’indépendance et de la souveraineté de Kiev ne manqueront pas de relever que le maintien des territoires conquis par Moscou dans le giron russe et l’abandon de toute ambition à se placer sous la protection de l’Otan sont deux des objectifs martelés par Vladimir Poutine. »
Une paix rapide plutôt qu’une paix juste…Commentaire du Monde : c’est une « approche bâclée qui donne un sentiment de précipitation de la part des Éats-Unis ». De plus, poursuit le journal, « par cette démarche individuelle, Donald Trump brise le front uni présenté par les pays occidentaux depuis le début de la guerre. Le nouveau président américain ne prévoit pas la moindre place pour les Européens dans les négociations (…). Mais la rupture la plus sérieuse est celle avec un principe cardinal de l’administration Biden : "Rien au sujet de l’Ukraine sans l’Ukraine". Le président démocrate ne voulait pas d’un accord dans le dos de la victime. Et refusait de parler publiquement d’une fin réaliste du conflit. Donald Trump, lui, se débarrasse brutalement de cette approche collective, hostile à l’agresseur. »
Résultat, soupire Die Welt à Berlin : « Le scénario que le gouvernement ukrainien voulait éviter à tout prix semble s’accélérer. Un scénario dans lequel les États-Unis et la Russie s’entendent sur le contenu d’un éventuel accord sur l’avenir de l’Ukraine. Un scénario dans lequel l’Amérique préfère une paix rapide – aux conditions du Kremlin – à une paix juste pour le pays attaqué. Kiev se trouve devant le fait accompli et ne peut même pas venir à la table des négociations. »
Des « signes encourageants » ?Autre analyse pour le Washington Post. Pour le quotidien américain, il y a des « signes encourageants » dans cet accord, avec des « garanties de sécurité solides » par le biais de l’envoi de « troupes de maintien de la paix européennes ».
Le Post qui poursuit : « Trump a raison de dire que "plus aucune vie ne doit être perdue" dans cette terrible guerre. Mais son rôle de président se mesurera à l’aune de l’obtention d’un accord de paix juste qui ne profite pas à l’agresseur. Le processus ne fait que commencer mais, jusqu’à présent, Trump ne semble pas avoir cédé au Kremlin. »
L’Europe doit se serrer les coudes…En tout cas, demain vendredi, relève La Croix à Paris, « Européens et Américains se retrouveront à la conférence sur la sécurité de Munich. La guerre en Ukraine va dominer les discussions. » Et d’ores et déjà, pointe le journal, « de nombreux pays européens ont soudainement compris qu’ils devraient davantage travailler entre eux. Des États eurosceptiques sur les questions de défense, comme le Danemark ou la Pologne, en appellent désormais à une solidarité continentale. Même si la perception de la menace russe peut être très différente selon l’histoire et la géographie des États membres de l’UE, chacun comprend l’urgence de mieux coordonner les efforts d’armement et les doctrines de sécurité. De fait, conclut La Croix, une nouvelle Europe devra surgir si les États-Unis s’éloignent. »
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Scène surréaliste hier dans le bureau ovale de la Maison Blanche, une scène immortalisée par des photos et des vidéos à la Une des sites internet des grands quotidiens américains et reprise également par nombre de journaux internationaux. On y voit Elon Musk, tout habillé de noir, casquette MAGA sur la tête, debout, à côté de Donald Trump assis à son bureau.
« Incroyable mise en scène », s’exclame le New York Times. « Répondant aux questions des médias pour la première fois depuis son arrivée à Washington pour diriger le DOGE, le soi-disant département de l’efficacité gouvernementale, Elon Musk a justifié pendant une trentaine de minutes la raison d’être de la refonte radicale de la bureaucratie fédérale. Il a affirmé que son travail était dans l’intérêt du public et de la démocratie et que son initiative de réduction des coûts du gouvernement était tout à fait transparente. Elon Musk a aussi tenu des propos à l’emporte-pièce, pointe le New York Times, comme quoi la bureaucratie fédérale avait été corrompue par des tricheurs qui avaient octroyé de l’argent à des “fraudeurs“. Tout cela, sans la moindre preuve. Et pendant ce temps, le président Trump, assis derrière le bureau, approuvait les propos de l’homme le plus riche du monde ».
Le Congrès battu en brèche…Le Washington Post s’emporte : qui plus est, « Donald Trump a signé hier un (nouveau) décret qui exige que les agences fédérales travaillent avec le service des douanes américaines pour réduire leurs effectifs existants et limiter les embauches futures. Un décret qui donne au DOGE du milliardaire Elon Musk encore plus de pouvoir qu’il n’en a accumulé au cours des trois premières semaines de la nouvelle administration ».
Le Washington Post enfonce le clou en publiant une tribune signée d’un ancien conseiller juridique de Reagan et Bush expliquant pourquoi le DOGE est inconstitutionnel… « Le DOGE se moque de deux principes fondamentaux de notre gouvernement, affirme-t-il : nous sommes une nation régie par des lois, pas par la volonté des uns ou des autres, et c’est le Congrès qui contrôle les dépenses et adopte les lois. Le président doit exécuter fidèlement les lois du Congrès et gérer les agences exécutives conformément à la Constitution et aux crédits alloués par le législateur - et non en vertu d’un droit divin ou d’un pouvoir absolu ».
« Expérience utile… »Autre point de vue à lire dans le Wall Street Journal : « le DOGE est une expérience utile », affirme le quotidien économique proche du pouvoir. « Le véritable cœur de ce projet est d’apporter un regard extérieur sur le bon emploi de l’argent public. Et qu’est-ce que l’équipe de Musk voit et rapportera ensuite ? » Deux exemples, pointe le journal : « l’USAID, l’Agence américaine pour le développement international, n’est rien d’autre qu’une caisse noire pour la gauche activiste. Ou encore, la moitié des subventions de l’Institut national de la santé sont affectées non pas à la recherche médicale, mais au renforcement des privilèges et des salaires des administrateurs ».
Musk et ses « Muskrats »Le Figaro à Paris explique comment les hommes de Musk ont pris le pouvoir… Ils sont surnommés les « Muskrats », les rats de Musk. « Une quarantaine d’individus, la plupart très jeunes, qui travaillent jour et nuit sous ses ordres et dorment même dans les ministères. Ils suivent une tactique bien rodée, s’emparant des ordinateurs, récupérant les fichiers informatiques sensibles (paiements, contrats, informations sur les employés) sans aucun contrôle ni respect des protocoles de sécurité. Puis, très vite, ils font le ménage et éliminent emplois, programmes et données sur les sites officiels, tout en bombardant les employés de messages menaçants. (…) Tout ceci se déroule dans la plus totale opacité, relève Le Figaro. Les noms des hommes de main de Musk restent dans l’ensemble secret, ils n’ont pas d’autorité légale claire et ne rendent de comptes qu’au milliardaire ».
Résistances…Toutefois, poursuit Le Figaro, « la résistance commence à s’organiser. Outre les critiques virulentes des démocrates, 4000 employés ont adhéré début février au plus gros syndicat de fonctionnaires. Chaque jour, de nouvelles actions en justice sont lancées contre Musk et l’Administration par des syndicats, des États et des groupes divers. Certaines mesures ont déjà été temporairement bloquées ».
Mais, constate encore Le Figaro, « Elon Musk continue à jouer les électrons libres avec la bénédiction du président Trump. “C’est un as en matière de réduction de coûts“, a-t-il dit, sans doute ravi de lui laisser faire le “sale boulot“. Le président a tout de même nuancé : “Elon ne peut pas faire et ne fera pas tout ce qu’il veut sans notre aval“. »
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Le ton monte entre Israël et le Hamas. « S’accusant réciproquement de violer l’accord de cessez-le-feu, le Hamas et Israël font planer le spectre d’un échec de la trêve, constate Le Soir à Bruxelles, alors que les négociations autour de la seconde phase n’ont toujours pas commencé. Plus que jamais, l’accord de trêve a (donc) du plomb dans l’aile ».
D’autant que Donald Trump menace, comme le rapporte notamment le New York Times : « le président a déclaré depuis la Maison-Blanche que si le Hamas ne libérait pas tous les otages israéliens restants d’ici samedi, l’accord de cessez-le-feu conclu avec Israël devrait être annulé. “L’enfer va éclater“, a-t-il prévenu, si tous les otages ne sont pas libérés avant samedi midi ».
Trump illisible ?Haaretz à Tel Aviv renvoie toutes les parties dos à dos : « le Hamas et Netanyahu continuent de saboter le cessez-le-feu à Gaza. Alors que Netanyahu poursuit sa stratégie afin d’éviter de rendre des comptes sur sa responsabilité dans le drame du 7 octobre, le Hamas réagit à la réticence d’Israël à passer à la deuxième étape de l’accord et profite de la pression créée par la crainte croissante pour la vie des otages. Les otages, dont le sort est entre les mains d’un Trump qui change d’avis comme de chemise… »
En effet, renchérit L’Orient-Le Jour à Beyrouth : « Donald Trump est illisible. Comment anticiper la position de la nouvelle administration américaine, seule à même d’agir comme garde-fou des décisions du cabinet israélien ? D’un côté, pointe le quotidien libanais, le consensus à Washington semble porter sur une non-reprise des combats et la libération de tous les otages. De l’autre, les derniers commentaires de Donald Trump sur une expulsion des Palestiniens pour reconstruire Gaza et en faire “la Côte d’Azur du Moyen-Orient“ fragilisent les négociations et donnent le sentiment qu’il s’aligne sur l’agenda du Premier ministre israélien ».
Trump décisif ?Non, rétorque le Jerusalem Post, « Trump a le pouvoir, l’influence et la crédibilité nécessaires pour faire libérer les otages. (…) Ils sont 76 toujours détenus par le Hamas, piégés dans des tunnels, affamés et maltraités, soupire le quotidien israélien. Les trois hommes libérés ce week-end - Or Levy, Eli Sharabi et Ohad Ben Ami - étaient à peine reconnaissables. Squelettiques, le visage émacié, les yeux creux, leurs corps nous rappellent avec effroi les images de la libération des camps de concentration. (…) Avant toute chose, avant la diplomatie, avant la reconstruction, avant les grandes visions de l’avenir, s’exclame encore le Jerusalem Post, les otages doivent rentrer chez eux. (…) La guerre doit cesser, les otages doivent être libérés et Israël doit aller de l’avant ».
« Tous les signaux au rouge… »Ce qui est sûr, analyse Le Temps à Genève, c’est que « seule la poursuite de la trêve pourrait rendre la liberté aux otages. De nombreux Israéliens en sont conscients ; d’ailleurs, 70% d’entre eux sont favorables au passage à la seconde étape du cessez-le-feu, selon un sondage dimanche publié par l’Institut d’Israël pour la démocratie. Si elle avait lieu, elle permettrait la libération de tous les otages restants et le retrait complet des troupes israéliennes de Gaza. Hélas, pointe également le quotidien suisse, tous les signaux sont au rouge ».
Et on va rentrer dans le dur, remarque le Guardian à Londres avec les négociations de la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu. Si elles ont lieu… Cette « deuxième étape doit permettre le retour de tous les otages encore en vie et le retrait complet des troupes israéliennes de Gaza, selon un cadre convenu quelques jours avant l'investiture de Trump en janvier. Les négociations sur les détails de cette étape devaient être encore plus difficiles, pointe le quotidien britannique, que celles du cessez-le-feu initial ».
En attendant, trois autres otages israéliens devraient être libérés samedi prochain en échange de la libération de près de 190 prisonniers palestiniens. Est-ce que cet échange aura bien lieu ? Rien ne permet de l’affirmer avec certitude…
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C’est un dessin à la Une de Libération à Paris : on y voit deux robots en train de faire la course, l’un américain, l’autre chinois… et derrière, un petit robot estampillé « France-Union Européenne », chevauché par Emmanuel Macron, qui tente désespérément de rattraper les deux autres…
« La chasse à l’intelligence artificielle », titre le journal. « Chefs d’État et gratin mondial de l’IA se réunissent pendant deux jours (à Paris). Face au leadership américano-chinois, la France et l’Europe tentent de rester dans la course et la réguler ».
Pour Le Figaro, « l’Europe ne peut pas passer à côté de la révolution de l’intelligence artificielle. Sa survie en dépend ».
Le Figaro qui s’interroge : « l’Europe veut-elle se cantonner au rôle de régulateur en rédigeant les codes de la route des technologies conçues ailleurs ? Se contenter d’ériger des garde-fous pendant que d’autres bâtissent des empires ? Ou bien va-t-elle enfin comprendre qu’il est urgent de déverser des milliards et de faire tomber des barrières pour se doter d’infrastructures dignes de ce nom, de favoriser les alliances transfrontalières, de faire émerger ses propres titans technologiques en les aidant massivement, en capitaux et dans l’accès aux données ? Car l’enjeu dépasse largement la seule compétitivité économique, pointe encore Le Figaro : il s’agit d’une question de souveraineté. Un continent qui ne contrôle pas ses outils numériques devient dépendant, vulnérable, tôt ou tard une colonie numérique des puissances de la Silicon Valley ou de Shenzhen… »
Un « contexte turbulent et incertain »Le Monde s’interroge : « ces efforts hexagonaux et européens sont-ils trop limités pour exister face aux puissances américaine et chinoise ? “L’exemple de DeepSeek montre qu’il n’y a pas besoin de centaines de milliards de dollars pour développer des IA. Et que, dans l’IA, tout n’est pas joué, répond-on à l’Élysée. Il reste énormément de transformations à venir, et la situation, la force des différents pays et start-up d’IA peuvent encore évoluer très rapidement“ ».
Commentaire du Monde : « un optimisme de rigueur dans un contexte des plus turbulents et incertains ».
« L’urgence d’une gouvernance mondiale de l’IA », s’exclame Le Soir à Bruxelles. Pour le quotidien belge, « au sommet de Paris, il sera crucial de choisir, collectivement, si l’IA sera un levier d’émancipation ou une menace incontrôlable. Laisser les géants de la tech décider à notre place n’est pas une option ».
Macron se met en scène…Le Corriere Della Sera à Rome s’attarde, lui sur la vidéo diffusée samedi par l’Elysée, une vidéo créée grâce à l’intelligence artificielle et qui met en scène Emmanuel Macron… « Les images qui défilent, rigoureusement fausses, montrent un Macron sous diverses facettes, comme personne ne l’a jamais vu, relate le quotidien italien. Macron avec les cheveux longs donnant des conseils de beauté, Macron avec une coiffure des années 80, Macron dans une rave-party, Macron parlant de son amour pour les voitures dans une scène du film OSS117, Macron en rappeur, Macron habillé en femme… Et à la fin de cette vidéo, le président français explique à quoi sert le sommet international qui s’ouvre ce lundi à Paris : “plus sérieusement, dit-il, l’intelligence artificielle peut faire de grandes choses pour la santé, l’énergie et la vie en société. La France et l’Europe doivent être au cœur de cette révolution pour défendre les principes auxquels nous croyons" ».
La France moteur européen de l’IA ?D’ailleurs, souligne le Corriere Della Sera, signe que l’Europe n’est pas à la traine : « l’assistant d’intelligence artificielle le plus rapide du monde est européen et s’appelle Le Chat. Il a été conçu par la société française Mistral en partenariat avec le fabricant de puces d’intelligence artificielle Cerebras Systems, soutenu par le conglomérat technologique émirati G42. (…) Et, affirme encore le quotidien italien, ce n’est qu’une des nouveautés qui émergent au sein de l’Union européenne, pour contrer la suprématie américaine en matière d’intelligence artificielle ».
Et on revient au Monde à Paris, qui a publié ce week-end une tribune signée Sam Altman, le patron d’OpenAI, qui développe l’outil ChatGPT. Sam Altman affirme que la France est devenue un « centre névralgique de l’IA » sur le Vieux Continent.
Pour lui, l’intelligence artificielle est indispensable pour stimuler l’économie. Et « si l’on veut de la croissance, des emplois et du progrès, affirme-t-il, il faut permettre aux innovateurs d’innover, aux bâtisseurs de bâtir et aux développeurs de développer. Le risque de l’inaction est trop grand pour être ignoré, c’est pourquoi le pays qui nous a apporté les Lumières (la France) prend aujourd’hui des mesures pour réussir sa transition vers l’ère de l’intelligence ».
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« Immigration, le gouvernement touche le front », titre Libération, allusion bien sûr au Front National de Marine Le Pen. « Le Premier ministre François Bayrou, Gérald Darmanin, le ministre de la Justice et Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, veulent rediscuter de l’accès à la nationalité et ressuscitent un débat sur l’identité française rappelant les années Sarkozy », ajoute Libération qui cite les propos de François Bayrou hier sur la radio RMC. « Qu’est-ce qu’être français, qu’est-ce que ça donne comme droits, qu’est-ce que ça donne comme devoirs ? », a-t-il notamment questionné, sans plus de précision. Mais on sait que c’est le droit du sol qui est au cœur des débats actuels. « Le droit du sol », rappelle Libération, « est une modalité d’acquisition de la nationalité française. Il confère la nationalité à tout enfant né en France dont au moins un des parents y est également né. Et si les deux parents sont de nationalité étrangère, l’enfant reçoit la nationalité à sa majorité, s’il réside en France et y a passé au moins cinq ans depuis l’âge de onze ans ». « Gérald Darmanin », explique le Figaro, « presse François Bayrou de restreindre le droit du sol à Mayotte, et d’ouvrir le sujet pour l’ensemble du territoire national. » « Sujet hautement inflammable », estime le quotidien français.
Trois otages libérésÀ la Une, également : la libération de trois nouveaux otages israéliens. Ils s’appellent Or Levy, Ohad Ben Ami et Eli Sharabi. Ils sont à la Une du quotidien israélien Haaretz et du The Jerusalem Post. Eli Sharabi, 52 ans, était marié à Lianne et il avait deux filles de 13 et 16 ans. Toutes trois ont été assassinées le 7 octobre. Son frère a également été enlevé et tué à Gaza. L’un de ses autres frères s’apprête à l’accueillir. « Ma mission est de ramener Eli à la vie », dit-il à Haaretz, « mais je ne sais pas comment il pourra continuer à vivre quand il découvrira qu’il n’a plus de famille ».
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Situation catastrophique à GazaComme lors des précédentes opérations de libération, c’est le CICR, le Comité International de la Croix Rouge, qui mène à bien le transfert des otages israéliens de Gaza, vers l’État hébreu. Le quotidien français Libération a interrogé le porte-parole français de l’organisation, Christian Cardon. Il explique que ces opérations sont « extrêmement compliquées à mener », car « les informations arrivent au compte-goutte, et très souvent à la dernière minute ». Christian Cardon est également interrogé par Libération sur la situation humanitaire à Gaza. « Elle est catastrophique », dit-il. « Même s’il n’y a plus de combats, les besoins restent gigantesques. L’accès à l’eau, par exemple, reste extrêmement précaire, les gens doivent encore marcher plusieurs kilomètres pour se procurer de l’eau potable. À cela s’ajoute la détresse de ceux qui repartent vers le nord de l’enclave et retrouvent leur maison écroulée, en sachant que des proches sont sous les décombres » (...). « Il est impératif », conclut le porte-parole du CICR, « qu'une aide humanitaire massive rentre à Gaza ».
Peur et confusionAux États-Unis, l’avalanche de décrets signés par Donald Trump suscite l'inquiétude. C’est le Washington Post qui nous en parle. « Les électeurs ont inondé les lignes du Capitole cette semaine (…) le Sénat a reçu 1 600 appels par minute, contre 40 habituellement ». Beaucoup s’inquiètent du fait que le département de l’efficacité gouvernementale, le Doge, dirigé par Elon Musk, « ait un accès étendu aux informations sensibles ». « D’autres » explique une sénatrice, « demandent pourquoi il n’y a plus de transparence sur ce qui se passe ». « En une semaine seulement », précise le Washington Post, « Musk et une équipe d’ingénieurs et d’autres employés ont fait des ravages au sein du gouvernement fédéral. Ils ont démantelé l’agence américaine pour le développement international, poussé à la démission massive de fonctionnaires, accédé au système de paiement du département du Trésor ou encore obtenu des données sur les prêts que les étudiants reçoivent du gouvernement ». Un sénateur raconte : « nous avons du mal à répondre suffisamment vite au téléphone. Les gens expriment « un mélange de peur, de confusion et de chagrin ».
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C'est à la Une du New York Times : « l'administration Trump prévoit de réduire le nombre de travailleurs de l'Agence Américaine pour le développement de plus de 10 000 à environ 290 postes », selon des sources interrogées par le quotidien américain. « La quasi-totalité du personnel de l’agence humanitaire va être licenciée ». « Le secrétaire d'état Marc Rubio, qui a pris le contrôle de l'USAID en tant qu'administrateur par intérim », ajoute le New York Times, « a assuré lors d'une interview sur Fox News, que cette prise de contrôle n'avait pas pour but de se débarrasser de l'aide à destination de l'étranger ». « Mais », a-t-il ajouté, « nous sommes confrontés à une insubordination flagrante, les employés de l’USAID se montrent peu coopératifs, nous n’avions pas d’autre choix que de prendre des mesures drastiques pour maîtriser la situation ». Pour le New York Times, « la perte de la quasi-totalité du personnel de l'USAID menace d'avoir des conséquences désastreuses sur une grande partie des programmes gérés par l'agence, qui dirige depuis des années l'aide humanitaire et les efforts de développement mondial du gouvernement. »
Beaucoup d'entre eux vont mourirDe son côté, le Washington Post a interrogé des salariés de l’USAID. « Vous vous trouvez dans un pays étranger, probablement un endroit où vous avez déménagé malgré le terrorisme et l’insécurité, et vous êtes traités comme si vous étiez en quelque sorte un ennemi de l’état », explique un responsable de l’agence humanitaire américaine, au Washington Post. « Et ce n’est pas le pire », ajoute-t-il, « votre carrière compte bien moins que la vie de ceux que vous essayez d’aider et beaucoup d’entre eux vont mourir sans l’aide américaine ».
Toutefois, la riposte s’organise, deux syndicats ont déposé plainte, hier, contre Donald Trump. « La plainte soutient que la réduction du personnel et l'annulation des contrats d'aide mondiale sont inconstitutionnelles et violent la séparation des pouvoirs ». Ce qui n’empêche pas l’administration américaine de poursuivre dans sa voie. Selon des informations exclusives du Wall Street Journal, ce sont bientôt « des milliers d’employés du ministère américain de la santé et des services sociaux qui pourraient être licenciés. Le décret devrait être publié la semaine prochaine. »
Tactique israélienneÀ lire également dans la presse internationale, une enquête sur les tunnels de Gaza.C'est le magazine + 972 qui publie cette enquête, disant « s’être appuyé sur des échanges avec 15 officiers du renseignement et du Shin Bet ». L’enquête révèle la tactique de l’armée israélienne contre le Hamas, « qui consiste à utiliser des bombes anti-bunkers, qui libèrent du monoxyde de carbone, un gaz mortel pouvant tuer des personnes par asphyxie dans un tunnel ». « Certaines de ces frappes », assure le magazine, « ont tué des otages israéliens » et « des dizaines de civils ». « C’est difficile de localiser une cible dans un tunnel », explique une source des renseignements militaires, alors on attaque dans un « large rayon » « qui peut atteindre des dizaines et parfois des centaines de mètres », « ce qui signifie » nous dit-on « que ces opérations font s’effondrer plusieurs immeubles d’habitation sur leurs occupants, sans avertissement. »
Nombreuses alertesEn France, la marque Decathlon accusée de profiter du travail forcé des Ouighours. « Le travail forcé des Ouighours, la faute inexcusable de Decathlon », titre Libération, qui précise : « Une enquête de Disclose et de Cash Investigation montre que l’enseigne française achète du coton au Xinjiang et fait fabriquer ses produits par le groupe chinois Jifa, en dépit des très nombreuses alertes sur le risque de travail forcé ». « Le géant français du sport », écrit de son côté le journal Le Monde, « est accusé de faire appel à des sous-traitants chinois, faisant travailler des enfants et impliqués dans le travail forcé des Ouighours ». « Décathlon ne pouvait pas ne pas savoir », accuse Libération, « pendant huit ans, Decathlon est resté sourd aux alertes lancées par les Ouighours, les ONG, les universitaires et les organismes professionnels ».
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Comment parler d’autre chose que des agissements de Donald Trump lorsque ceux-ci sont en première page des journaux quasiment tous les jours et monopolisent commentaires et éditoriaux ? Eh bien, mission impossible dans une revue de presse… Impossible en effet d’échapper à cette occupation permanente de l’espace médiatique. Trump est encore présent à la Une aujourd’hui sur tous les sujets.
Le New York Times revient sur les propositions du président américain sur Gaza en précisant que son administration tente de tempérer ses propos.
Le Washington Post pointe l’inquiétude des employés fédéraux face aux projets du Département de l’efficacité gouvernementale dirigé par Elon Musk.
Le Wall Street Journal nous explique comment les expulsions massives décidées par Trump ont plongé le FBI dans le chaos.
Le Boston Globe fait sa Une sur les manifestations à travers les Etats-Unis contre les politiques de Trump. De même que Newsweek.
Avalanche de titres…Et ailleurs dans le monde, c’est pareil…
« Trump est de retour en tant que sauveur de la droite israélienne, mais ses promesses d’une Riviera à Gaza sont irréalistes » : c’est la Une de Haaretz à Tel Aviv.
« Nous ne devrions pas rejeter si rapidement la vision de Trump pour Gaza », réplique à contrario le Jerusalem Post.
Le Devoir à Québec nous explique « pourquoi le plan de Donald Trump pour Gaza est une très mauvaise idée »
Le Guardian à Londres met en avant les déclarations du secrétaire général de l’ONU, António Guterres qui « met en garde contre un “nettoyage ethnique“ après la proposition de Trump pour Gaza »
El Pais à Madrid affirme en Une que « Trump apporte à l’extrême droite israélienne son rêve historique », tout en dénonçant dans son éditorial le « défi intolérable du président américain au droit international. »
« Le projet de Donald Trump pour Gaza est un projet de nettoyage ethnique », renchérit Le Monde à Paris qui poursuit : « le président américain fait sienne la vision de l’extrême droite raciste et suprémaciste israélienne et annonce un crime de guerre. »
« Trump et Gaza : l’agent du chaos », s’exclame Libération. Libération qui relève : « à chaque jour son nouvel effroi. Le Canada, le Panama, le Groenland, le golfe du Mexique, et maintenant… Gaza. »
Et le quotidien parisien de remarquer aussi que « Trump bien sûr a obtenu tout ce qui lui était important, une onde de choc qui monopolise l’attention et laisse le champ libre à ses agissements au cœur du système fédéral, aussi anti constitutionnels soient-ils. »
La presse dans le collimateur…On le voit, la presse internationale, dans sa grande majorité, ne cache pas son inquiétude face aux agissements de Trump. Et Trump ne cache pas non plus son aversion pour certains médias qu’il juge mensongers et indésirables… C’est une enquête à lire dans le Süddeutsche Zeitung : « Le président américain lance les tribunaux et les autorités de surveillance à l’assaut des médias indésirables. Un appel à expulser les correspondants étrangers du pays circule déjà. »
Dans le collimateur : « la chaîne CBS, le réseau de télévision PBS ou encore le réseau de radio NPR. (…) Donald Trump et ses amis républicains ont en tête un tout autre monde médiatique, pointe encore le quotidien allemand, dans lequel les entreprises classiques ne joueraient plus qu’un rôle marginal » au profit « des canaux de propagande de droite comme Breitbart » ou encore du réseau social X d’Elon Musk.
Et la presse étrangère n’est pas épargnée, donc… Récemment, rapporte le Süddeutsche Zeitung, une proche de Trump, Marjorie Taylor Greene, s’est moquée de l’accent de notre consœur de France 24, Sonia Dridi, qui avait posé une question critique à la porte-parole du président. « “C’est quoi l’accent de cette journaliste ?“, avait-elle dit. “On devrait mettre toute la presse étrangère à la porte“ ! »
Et « Trump lui-même n’apprécie pas particulièrement les correspondants étrangers, pointe encore le quotidien allemand. Lors de sa conférence de presse avec Benjamin Netanyahu avant-hier, une journaliste afghane lui a demandé quels étaient ses projets pour son pays. “J’ai un peu de mal à vous comprendre“, lui a répondu Trump. “Vous avez une belle voix et un bel accent, mais le problème, c’est que je ne comprends pas un mot de ce que vous dites“. Alors : “bonne chance, vivez en paix“. »
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« Groenland, Panama, Canada et maintenant Gaza : le soleil ne se couchera jamais sur l’empire colonial de Trump », ironise le Washington Post. Il faut dire que la dernière sortie du président américain sur Gaza a laissé le monde entier pantois…
En effet, le Wall Street Journal rapporte les propos du président américain lors de sa conférence de presse hier avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison-Blanche : « “Les États-Unis prendront le contrôle de la bande de Gaza“, a-t-il déclaré, tout en affirmant souhaiter le départ de la population palestinienne et sans préciser comment les États-Unis persuaderaient les Palestiniens de céder volontairement leurs terres et si Israël exercerait finalement sa souveraineté sur le territoire. »
Comme il fallait s’y attendre, pointe le New York Times, cette « proposition de Trump de prendre le contrôle de Gaza a suscité une levée de bouclier immédiate au Moyen-Orient, à Washington et au-delà. (…) La Jordanie, l’Égypte, l’Arabie saoudite et l’ensemble du monde musulman ont clairement fait savoir que cette idée délirante était inacceptable. »
Stupeur générale« Donald Trump provoque la sidération générale », s’exclame Le Monde à Paris. « L’histoire compte peu pour Donald Trump, lorsqu’il parle de Gaza. Les traumatismes du passé, les guerres successives, l’attachement à un lieu, l’ombre longue des ancêtres, les droits des vivants : tout cela semble enfoui sous les décombres. Car le magnat de l’immobilier reconverti en politique ne voit que cela dans le territoire palestinien, des décombres. Un “site de démolition“, qu’il faudrait vider de sa population, par souci humanitaire. (…) Comme un promoteur devant une maison témoin, Donald Trump s’est engagé à transformer ce “symbole de mort et de destruction“ qu’est Gaza en “Riviera du Moyen Orient“. »
Pour Le Monde, « deux possibilités se dessinent : le président américain est sérieux ; ou bien il déplace les termes du débat selon son habitude, pour banaliser l’inacceptable et modifier les équilibres. »
Un sursis pour Netanyahou…En tout cas, « bluff ou pas… un seul homme en profite », affirme le Times à Londres : « la proposition du président américain de déplacer les Palestiniens et de “prendre le contrôle“ de la bande de Gaza offre à Benyamin Netanyahou une bouée de sauvetage politique. » En effet, « Netanyahu, en mission diplomatique à Washington, doit faire face aux menaces des membres d’extrême droite de son cabinet de quitter la coalition qui soutient son gouvernement si la guerre se termine avec le Hamas. » La proposition de Trump lui permet donc de gagner du temps.
Musk le « liquidateur »Et puis autre personnage controversé : Elon Musk, président bis aux côtés de Trump, dont les pouvoirs semblent sans limites…
« Musk veut tout le pouvoir », c’est le titre de l’éditorial d’El Paisà Madrid. « Les pouvoirs exécutifs accordés par Trump à l’homme le plus riche du monde constituent une violation de l’État de droit aux États-Unis », dénonce le quotidien espagnol.
« Elon Musk le liquidateur », renchérit Libérationà Paris. « L’homme de main de Donald Trump, sans aucun mandat démocratique, démembre les agences gouvernementales américaines. Un coup de force administratif aux allures de coup d’Etat », dénonce également le quotidien français. « Elon Musk, poursuit Libération, semble animé par un désir infantile de prouver sa capacité à couper des budgets et saquer des fonctionnaires, à pourchasser les “dérives woke“, autrement dit les systèmes de santé, d’éducation et de sécurité fédéraux (…). Les fameux contre-pouvoirs prévus par la Constitution – le Congrès, les tribunaux, les agences de régulation, le Sénat, la Cour suprême – sont inaudibles, voire inopérants. Les experts en droit américain répètent à longueur de journée qu’il n’y a aucun précédent à cette crise constitutionnelle. »
Et attention, conclut Libération, « ceux qui sont persuadés que la France est immunisée contre ce techno-populisme feraient bien de regarder la vérité en face, à Washington comme ailleurs. »
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Le « big deal » : la grosse affaire ou encore le marchandage comme arme politique… C’est l’un des joujoux favoris du président américain. Il tempête, il exige, il menace pour négocier ensuite au mieux. Bref, il bluffe, pour reprendre le terme utilisé par Le Monde. Et ça passe… tout juste…
« Droits de douane : les limites du bluff de Donald Trump face au Canada et au Mexique », titre en effet le quotidien parisien. « La hausse de 25 % annoncée est suspendue pour un mois, à la suite d’accords avec Mexico et Ottawa. Une marche arrière brutale du président américain, sous la pression de Wall Street. La folle journée d’hier avait commencé par un début de krach à New York, les marchés paniquant soudain, alors qu’ils n’avaient jamais pris au sérieux les menaces de Donald Trump. Puis est arrivé un premier accord avec le Mexique dans la foulée d’un entretien entre Donald Trump et son homologue mexicaine, Claudia Sheinbaum. » Celle-ci a fait des concessions pour renforcer la surveillance à la frontière avec les Etats-Unis.
Et un deuxième accord, un peu plus tard dans la journée, pointe Le Monde, avec le Premier ministre canadien: « les mesures de rétorsion sont suspendues. Justin Trudeau promet en échange la mise en place d’un plan frontalier de 1,3 milliard de dollars, avec le “renforcement de la frontière avec de nouveaux hélicoptères, de nouvelles technologies“, la nomination d’un haut responsable chargé de lutter contre le fentanyl et l’ajout des cartels mexicains à la liste des entités terroristes. »
Commentaire du Monde : « cette technique de menaces et de chantage a interloqué les observateurs sur la méthode Trump. Ce bluff conduit peut-être à des concessions immédiates mais il crée des incertitudes massives et une instabilité permanente pour les investisseurs et partenaires politiques des Etats-Unis. »
Sur courant alternatif…Le Guardian à Londres s’alarme… « Quand les Etats-Unis sortent brusquement la tronçonneuse, avant de la ranger tout aussi brusquement, personne ne sait où ils en sont… Si la première économie mondiale est vraiment prête à continuer à jouer à ce jeu – en menaçant d’imposer des droits de douane ruineux au Mexique et au Canada - avant de les reporter, en semant constamment la peur et la discorde parmi ses alliés – cela risque d’aspirer tout le monde dans un trou noir. »
C’est bien connu : les opérateurs économiques détestent l’incertitude… Et sur ce point, ils ont été servis… « Trump sur courant alternatif », déplore le Wall Street Journal. « Le président Trump n’admet jamais d’erreur, mais il change souvent d’avis », relève le quotidien économique. « Son coup de force tarifaire contre ses deux voisins a ouvert une nouvelle ère d’incertitude en matière de politique économique, qui ne se calmera pas tant que le président ne l’aura pas lui-même fait. Comme nous l’avons signalé à maintes reprises avant le jour de l’élection, affirme encore le Wall Street Journal, il s’agit là du plus grand risque économique du second mandat de Donald Trump. »
La fin du soft power américainEnfin, sur le plan des relations internationales, « le soft power américain, la puissance douce, a mis des décennies à se construire et Trump le démantèle en quelques semaines », déplore le Washington Post.
« Quelles que soient les concessions mineures que Donald Trump pourrait extorquer à des alliés américains tels que le Mexique ou le Canada avec ses exigences musclées, elles ne valent pas la peine d’abimer les relations à long terme de l’Amérique avec ces pays, affirme le Post. Le principal bénéficiaire serait probablement la Chine qui comblera le vide causé par la fin des programmes d’aide des États-Unis. Maintenant que Trump impose de manière fantasque des droits de douane aux alliés des États-Unis, la Chine (…) deviendra un partenaire commercial plus attrayant et un contrepoids à la puissance américaine pour de nombreuses nations à travers le monde. »
Et le Washington Post de conclure : « loin de rendre l’Amérique à nouveau grande, cette érosion de la puissance douce américaine pourrait saper la sécurité économique et nationale des États-Unis pour les années à venir. »
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« Les États-Unis et leurs plus grands partenaires commerciaux s’engouffrent dans une nouvelle ère de protectionnisme, soupire le New York Times. Le Canada, le Mexique et la Chine affirment qu’ils vont adopter des contre-mesures contre les nouveaux tarifs douaniers imposés par le président Trump ».
Résultat, commente le Wall Street Journal : « la guerre commerciale la plus stupide de l’histoire est déclarée, avec des retombées catastrophiques, dans un contexte de nouvelle incertitude économique ».
Le quotidien économique américain fustige « un assaut insensé » contre le Mexique et le Canada, deux alliés dont les économies sont profondément imbriquées avec celle des États-Unis – et qui, ironie du sort, se retrouvent plus durement frappés que le grand rival chinois.
Insensé…« Une guerre commerciale insensée », renchérit El Pais à Madrid. « Une guerre qui pourrait sérieusement porter atteinte à l'économie mondiale, y compris celle des États-Unis. (…) Les tarifs douaniers entraîneront d’énormes distorsions pour les entreprises, mais ils affecteront aussi directement les poches des citoyens en s’étendant aux produits de consommation, notamment aux produits agroalimentaires, sous la forme d’une taxe à la consommation régressive qui nuira aux familles à faible revenu. Dans le même temps, la hausse des prix pourrait contraindre la Réserve fédérale à maintenir ses taux d’intérêt élevés plus longtemps, comme l’a prévenu le FMI, entravant ainsi sa propre croissance ».
Qui plus est, pointe encore El Pais, « cette guerre commerciale menace de s’étendre au reste du monde et, en particulier, de frapper durement l’Union européenne. Au-delà des représailles stratégiques, la réponse européenne devrait être de renforcer le marché unique et de parler au monde d’une seule voix pour conclure des accords commerciaux avec d’autres pays et blocs économiques en faveur de ses propres intérêts. Malheureusement, la situation politique en Europe n’aide pas ».
Dévastateur…Au Canada, c’est l’indignation… « Un conflit commercial aux répercussions dévastatrices vient d’être lancé sans fondement aucun, outre l’ambition protectionniste insatiable du dirigeant narcissique », dénonce Le Devoir à Québec. « Donald Trump ne se contente plus d’être l’intimidateur en chef de ses alliés. Il veut en être le bourreau », poursuit le quotidien canadien qui estime au passage que « les pays de l’Union européenne, d’Amérique du Sud et d’ailleurs auraient intérêt à voir venir la menace Trump à leur tour et à faire front commun avec le Canada et le Mexique pour lui tenir tête une fois pour toutes. Le président américain ne cédera (peut-être) qu’au poids financier du nombre ».
En tout cas, conclut Le Devoir, « le Canada n’en est qu’au 15e jour de la seconde présidence de Donald Trump. Il faudra s’armer de patience et de sang-froid pour affronter les 1448 suivants ».
Absurde…« Plus vite, plus haut, plus fort. Et surtout plus absurde ? », s’exaspère Libération à Paris. « Présentée par le milliardaire républicain comme une démonstration de puissance, cette offensive douanière s’apparente pourtant, aux yeux de nombreux économistes, à une balle dans le pied. “Il s’agit peut-être du plus grand but contre son camp jamais marqué“, pointe Mary Lovely, chercheuse au Peterson Institute for International Economics, qui voit dans la décision de Trump “une recette pour ralentir l’économie et augmenter l’inflation“ ».
En effet, précise Libération, « des fruits et légumes aux voitures, en passant par la bière, la viande, les matériaux de construction, les téléviseurs ou les smartphones, la liste des produits importés dont les prix risquent de grimper aux États-Unis semble infinie. D’après le Budget Lab de l’université de Yale, un centre de recherche indépendant, ces nouvelles taxes entraîneront pour un foyer américain moyen une perte de pouvoir d’achat d’environ 1200 dollars par an ».
Trump en « plein délire historico-économique » ?Enfin, le Corriere Della Sera à Rome s’interroge : « pourquoi Donald Trump déclenche-t-il une guerre tarifaire sans même entamer de négociations et malgré les avertissements de presque tout le monde, même à droite - du Wall Street Journal aux économistes conservateurs et aux groupes de réflexion - selon lesquels cette guerre va nuire à l’économie américaine du fait de la résurgence de l’inflation et du gel des échanges ? »
Réponse du Corriere Della Serra : « Trump est plein délire historico-économique : il rêve de remplacer les impôts payés par les Américains par des droits de douane payés par les exportateurs étrangers. Et puis, il y a sa conception de la politique en termes non pas de coopération multilatérale, mais d’affirmation du leadership américain par l’usage de la force, notamment économique ».
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C’est une véritable « guerre commerciale mondiale » engagée par Trump, annonce le Washington Post, du jamais vu « depuis des décennies ». « Si elles étaient mises en œuvre de manière permanente », poursuit le quotidien américain, « ces mesures entraveraient l’économie mondiale ». « Le président a reconnu que des tarifs douaniers aussi importants pourraient causer aux américains eux-mêmes « des perturbations temporaires à court terme », mais il a ajouté « les gens comprendront ». Plus 10 % de droits de douane pour la Chine, plus 25% au Mexique et au Canada, où le journal Le Devoir, se demande quelles sont les conséquences pour l’économie canadienne. Le tableau n’est pas rose : « la Banque Nationale du Canada prévoit un recul de la croissance nationale de 6% ». Au Québec (qui compte 9 millions d’habitants), poursuit Le Devoir, « 500 000 emplois dépendent des exportations vers les États-Unis » et la Fédération des chambres de commerce du Québec estime « qu’il n’y a pas beaucoup d’entreprises capables d’encaisser une hausse des tarifs de 25 % à l’exportation ».
L'Europe dans le collimateurEt Donald Trump pourrait ne pas s’arrêter là. C’est ce que rappelle Le Soir, à Bruxelles, qui cite les déclarations du président américain à des journalistes qui le questionnaient dans le bureau ovale : « Est-ce que je vais imposer des droits de douane à l’Union européenne ? vous voulez la vraie réponse ou la réponse diplomatique ? Absolument, je vais le faire, l’Union européenne nous a très mal traités ». De son côté, le Monde rappelle qu’il est toujours « difficile » avec Donald Trump, « de savoir ce qui relève de la posture de négociation et de la menace réelle ». Le quotidien français prend pour exemple la Colombie, dont Trump avait menacé d’augmenter les droits de douane de 25%, avant de se raviser.
Situation précaireÀ lire également ce matin dans la presse internationale, le retour de nombreux Gazaouis chez eux, après l’annonce de la trêve. L’Orient Le-Jour publie le carnet de bord d’une traductrice de 25 ans Nour el-Yacoubi, qui, nous dit le quotidien francophone libanais, « n’a pas quitté Gaza depuis les premiers jours de la guerre » et qui raconte : « Gaza semble revivre. Les rues, vides pendant des mois, sont de nouveau remplies de familles qui reviennent, de charrettes remplies d’effets personnels et d’enfants qui courent partout (…) Mais la joie des retrouvailles s’accompagne de nouvelles gageures ». Nour el-Yacoubi raconte ainsi que les gens ont du mal à se nourrir, « dans les centres d’aide, de longues files d’attente se forment pour obtenir du pain de l’eau et des couvertures ». Quant au logement, la situation est plus que précaire, comme l’explique la jeune femme : « des tentes ont été érigées sur des terrains vides, tandis que le bruit des marteaux et des scies emplit l’air, les familles réparant leur maison ou ce qu’il en reste. Pour beaucoup, le retour est synonyme de perte – de maisons, de souvenirs et d’être chers ».
Otages libérésDe son côté, Haaretz évoque la libération aujourd’hui, de trois nouveaux otages israéliens. Il s'agit de Yarden Bibas, Ofer Kalderon et Keith Samuel Siegel. Le quotidien israélien s’attarde sur le parcours de chacun d’eux. Quelle était sa vie avant le 7 octobre, où il travaillait, à quelle époque il a rencontré sa femme. C’est le cas notamment pour Ofer Kalderon, franco- israélien de 54 ans, qui a été libéré ce matin, « connu », nous dit Haaretz, « pour être un charpentier talentueux dans le kibboutz où il vit. Les autres habitants lui demandent souvent de l’aide pour réparer des choses à la maison ». Il avait été enlevé en même temps que son fils et sa fille, qui ont été libérés « dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages conclu en novembre 2023 ». Le cas le plus douloureux est celui de Yarden Bibas, 35 ans. Son épouse et leurs deux jeunes enfants, qui avaient été enlevés avec lui, auraient été tués dans un bombardement israélien.
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Une collision qui a fait 67 morts, et dont la presse américaine cherche à déterminer les causes. « La tour de contrôle de l’aéroport national était en sous-effectif avant la collision mortelle », assure, d'entrée de jeu, le Washington Post, qui se base sur un « rapport gouvernemental ». Selon ce rapport, « deux personnes remplissaient les tâches de quatre personnes, à l’intérieur de la tour de contrôle, au moment de la collision ». Le rapport précise que mardi soir « le poste de contrôleur d’hélicoptère avait été combiné avec celui de contrôleur local » et que « les effectifs de la tour de contrôle n’étaient pas normaux à cette heure de la journée », avec un trafic aérien aussi important au-dessus de Washington. Si l’on en croit le Wall Street Journal, « le contrôle aérien aux États-Unis est depuis longtemps soumis à des contraintes de personnel. Plusieurs accidents ont été évités de justesse, au sol ou dans les airs », ajoute le Wall Street Journal, qui pointe « la vague d’embauches post-pandémie, ayant entraîné un afflux de pilotes novices, ce qui a suscité des inquiétudes au sein des compagnies aériennes ».
Accident et diversitéDe son côté, Donald Trump a livré une version toute personnelle des causes de l’accident. Le New York Times, notamment, se fait l’écho des propos du président américain. « Alors que les plongeurs de la Marine continuaient de rechercher des corps dans le Potomac, le président a fait des déclarations inédites, assimilant la diversité à l’incompétence ». « Nous ne savons pas ce qui a conduit à ce crash », a déclaré Trump, « mais nous avons des opinions très tranchées ». Et « pendant les 30 minutes qui ont suivi », poursuit le New York Times, il a accusé l’Administration fédérale de l’aviation, d’avoir « favorisé la diversité, et d’avoir abaissé les normes pour les contrôleurs aériens ». Il a également affirmé : « nous voulons les contrôleurs aériens les plus intelligents, les plus vifs, mentalement supérieurs. Et c’est ce que nous allons avoir ». Interrogé par un journaliste « qui lui demandait comment il avait pu conclure que la diversité dans le recrutement à l’origine du crash », Donald Trump a répondu : « parce que j’ai du bon sens et malheureusement beaucoup de gens n’en ont pas ». Également interrogé sur la politique d’Obama en matière de sécurité aérienne, le président américain a d'ailleurs estimé que « l’incompétence a peut-être joué un rôle ».
Une vie de poèmeDans la presse également ce matin, la disparition de Marianne Faithfull… « Icône singulière de la pop britannique, Marianne Faithfull est décédée à l’âge de 78 ans », titre le Guardian, qui note que « la chanteuse et actrice a surmonté sa dépendance à la drogue, pour collaborer avec tout le monde, les Rolling Stones, Metallica ou encore Jean-Luc Godard ». Le quotidien britannique cite notamment la réaction attristée de l‘un de ses anciens amants, Mike Jagger, qui s’exprime ainsi : « Marianne Faithfull a fait partie de ma vie si longtemps », « c’était une merveilleuse amie, une grande chanteuse et une grande actrice. On ne l’oubliera pas ». Marianne Faithfull qui n’avait pas sa langue dans sa poche lorsqu’elle évoquait sa dépendance à la cocaïne et à l’héroïne. « Etre un homme toxicomane est toujours valorisant et glamour. Une femme dans cette situation devient une salope et une mauvaise mère », disait-elle. Le Times remarque de son côté, que Marianne Faithfull était devenue « un modèle féministe pour une génération de féministes engagées qui voyaient en elle « une pionnière fièrement provocante ». Enfin, de ce côté-ci de la Manche, Libération titre joliment : « Mort de Marianne Faithfull, une vie de poème » . « Figure légendaire du "Swinging London" », « la chanteuse britannique liée aux Rolling Stones, aura marqué le théâtre, le cinéma et la musique de sa patte singulière ».
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